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Depuis 2010, Elisabeth Vandenheede est doctorante en sciences politiques à l’Université Libre de Bruxelles où elle y a obtenu son master de sciences politiques spécialité politique comparée. Elle travaille sous la direction de la professeure Jihane Sfeir à l’Institut d’Etudes européennes et a obtenu une bourse de recherches de quatre années pour mener à bien ses travaux. Elisabeth Vandenheede assiste également sa directrice dans les cours de bachelier et de master (histoire du monde arabo-musulman et approche socio-politique du monde arabe). Ses thèmes de recherche sont relatifs aux territoires de la mondialisation dans les pays du Golfe, dans lesquels elle se rend très régulièrement.
Je connais très bien la région pour y avoir vécu pendant 18 ans, mon père ayant obtenu un contrat d’ingénieur en Arabie saoudite. J’ai vécu à Riyad puis à Dhahran, en face de Bahreïn. A mon retour à Bruxelles, j’ai décidé de poursuivre mes études à l’Université Libre de Bruxelles en sciences politiques jusqu’à aujourd’hui, où je rédige ma thèse sous la direction du professeur Jihane Sfeir. Mon objet d’études a beaucoup évolué. Au début, je travaillais sur les questions d’éducation en Arabie saoudite mais, progressivement, mes recherches m’ont menée à m’intéresser aux questions de la mondialisation et à la notion de territoire. La première année, je pensais étudier presque exclusivement la King Abdullah University of Science and Technology, université saoudienne très novatrice ouverte en 2009 près de Djeddah. Ce qui est novateur tient au fait que la mixité y est autorisée ; que l’enseignement est assez différent de ce qui est enseigné dans les facultés traditionnelles. Cela m’a fait réfléchir sur la manière dont un Etat comme l’Arabie saoudite pouvait morceler son territoire et imposer, en fonction des lieux, des lois différentes que dans le reste du pays ; ce que j’ai appelé des « territoires de la mondialisation ». J’ai aussi élargi mes recherches aux autres pays du Golfe, pour avoir des points de comparaison.
Au sein des espaces urbains et peri-urbains, j’entends par là des espaces réels qui sont exclusivement dédiés aux échanges mondiaux (flux matériels ou immatériels) et qui bénéficient d’un droit particulier, comme la suspension des taxes douanières, et de structures financières, résidentielles et industrielles qui leur sont exclusivement réservées. Il s’agit de territoires, parfois artificiels, conçus exclusivement pour la mondialisation. Ils sont nombreux et variés. Je construis pour l’instant un idéaltype, au sens wébérien, du « territoire de la mondialisation » pour ensuite pouvoir confronter le modèle et la réalité et pouvoir distinguer les caractéristiques de chaque territoire. La taille et la forme de l’Etat, ainsi que la dépendance aux rentes feront parties de mes critères pour les différencier.
Je travaille aussi sur le concept d’« espace hétérotopique », forgé par Michel Foucault dans les années 1960. Ce sont des espaces concrets, comme un théâtre, qui font appel à l’imaginaire et qui sont souvent des lieux isolés au sein d’un ensemble plus vaste, sorte de lieu à l’intérieur mais à la marge d’une société donnée. Ces territoires sont en rupture avec leur environnement immédiat, à la fois accessible et impénétrable. Ils fonctionnent en réseau les uns avec les autres, avec des aires d’influence plus ou moins vastes.
Il semblerait par exemple que les territoires hétérotopiques prennent une forme et une fonction spécifique en fonction du degré des autoritarismes dans lesquels ils s’insèrent. De plus, des villes comme Dubaï ou Abu Dhabi, à la pointe de ce phénomène, seraient imitées par les autres pays du Golfe.
Pour commencer, je peux parler de ma propre expérience. J’ai vécu à Riyad, dans un de ces espaces hétérotopiques. Dans la ville, il n’y avait pas de volonté particulière d’interagir avec les locaux. C’était un espace composé presque exclusivement d’étrangers, fermé à la société locale, mais très ouvert sur le reste du monde. Ce qui est paradoxal car on peut y côtoyer toutes les nationalités du monde sauf les Saoudiens. C’est évident cependant qu’il y a des interactions. Même les étrangers sont imprégnés du rythme et de la culture locale. J’ai moi-même côtoyé plusieurs Saoudiens et Saoudiennes. Ils nous perçoivent généralement comme une main d’œuvre de passage. Ils savent que l’on ne s’intégrera jamais car nous ne sommes pas appelés à rester – même au bout de dix-huit, nous sommes toujours de passage. Nous respectons cependant les lois du pays et les femmes, par exemple, portent le voile, surtout à Riyad, car la police religieuse veille au respect de la morale wahhabite.
Il y aurait de nombreux autres exemples car ce type de lieux se multiplie comme les campus universitaires, les ambassades, les zones artificielles ou les zones franches. Ce phénomène est assez ancien dans les Emirats, plus récent en Arabie saoudite qui essaye de s’ouvrir au monde, surtout depuis le 11 septembre 2001. L’Etat a multiplié les universités, les partenariats avec l’étranger et il commence à mettre en place des sortes de zones franches dont une à Djeddah, et une autre qui devrait ouvrir prochainement à Riyad. Il s’agit de créer une véritable ville économique comme la King Abdullah Economic City à Jeddah. On peut aussi mentionner la plus grande zone franche du monde qui est à Dubaï, la zone franche du Jebel Ali, qui concentre plus de 5 000 entreprises et où le droit y est spécifique : aucune taxe à l’exportation ou à l’importation ; système financier spécifique.
Cependant, des villes comme Dubaï ou le Qatar ont pris beaucoup d’avance avec leurs multiples zones franches qui couvrent énormément de domaines différents. Il existe par exemple à Dubaï une zone franche dédiée exclusivement à l’humanitaire qui accueille des centaines de réfugiés, où des contrats sont passés avec des entreprises européennes pour fabriquer des tentes, etc. Il en existe aussi une dédiée à l’éducation et à la connaissance. On observe, dans ces zones de mondialisation, une volonté de stocker de l’information, de l’éducation, de la culture, etc. Le Qatar est le pays qui achète le plus d’art dans le monde, qu’il stocke ensuite dans une île artificielle dédiée à la culture. J’essaie ainsi d’appliquer le concept de Foucault sur les « espaces hétérotopiques » aux territoires de la mondialisation. Leur fonction serait, en quelque sorte, de ranger efficacement l’humanité.
C’est paradoxal, mais je pense, qu’au contraire, l’ouverture au monde permet de pérenniser les systèmes autoritaires, c’est en tout cas une de mes principales hypothèses de recherche.
Les sociétés du Golfe ne sont pas très politisées, comme peut l’être la société égyptienne. Il n’y a qu’à observer les contenus d’internet et des réseaux sociaux. D’ailleurs, à part le Bahreïn, ces pays sont plutôt restés opaques aux révolutions arabes. Les Saoudiens parlent davantage de leur vie personnelle sur les blogs que des problèmes politiques du pays. C’est aussi du au fait que la politique est aussi très censurée et parfois même ce sont les gens qui s’autocensurent car le régime veille. Plusieurs bloggeurs saoudiens ont déjà été emprisonnés. L’ouverture des frontières participe cependant à faire évoluer les perceptions. Les Saoudiens se rendent compte de l’écart entre leur pays, au fort conservatisme ultrareligieux, et les Emirats, où il est possible de « faire la fête ». Mais, en général, on ne parle pas politique.
En sciences politiques, la théorie de l’Etat rentier explique que, en échange de la dépolitisation de la population, l’Etat ne demande plus d’impôt (no taxation no representation). Il est autonome fiscalement mais il est censé redistribuer les richesses du pétrole. L’insertion dans la mondialisation est aussi pour ces pays un moyen de renforcer leur aura politique. Il y a une petite histoire, médiatisée par des journalistes français, qui raconte que le grand-père de l’actuel émir du Qatar se serait rendu en France où on lui aurait demandé où était son pays. Il s’est alors promis que dans 20 ans le monde entier le connaitrait. Ces pays misent sur des symboles forts comme en France le rachat du PSG ou des parts d’entreprises. Ce n’est d’ailleurs pas une coïncidence si Twitter connait un tel succès en Arabie saoudite. Le prince al-Walid Bin Talal a en effet acheté pour 300 millions d’actions de la société.
Les pays du Golfe ne souhaitent donc pas lutter contre la mondialisation, mais au contraire ils veulent profiter de ces potentialités tout en maitrisant ses effets. Je dirais même que les régimes en place l’usent à bon escient pour se maintenir au pouvoir. Ils profitent pleinement de l’internationalisation des échanges tout en restant attachés au conservatisme politique. Ce sont les mêmes acteurs qui contrôlent politique et économie, c’est-à-dire les familles royales à la tête des Etats rentiers. Et cette ouverture au monde, qui leur garantit la prospérité économique, renforce leur légitimité fragile comme celle des al-Saoud, à la tête de l’Arabie saoudite. Car le wahhabisme ne reconnait que la communauté des musulmans liée par une commune appartenance religieuse qui traverse les frontières d’un « présupposé territoire national ». L’insertion dans la mondialisation est donc pour eux un choix stratégique visant à pérenniser leur pouvoir en utilisant le potentiel économique qu’offre la mondialisation. D’ailleurs, les printemps arabes ont commencé par un jeune au chômage, très pauvre, alors qu’il était diplômé. La contestation du régime est partie d’une situation économique très défavorable en Tunisie. L’Egypte a suivi car elle traversait une crise alimentaire terrible, avec une population extrêmement pauvre. Or, l’insertion dans la mondialisation est justement ce qui a permis aux pays du Golfe d’éviter en partie la crise économique et donc aussi de préserver leur régime politique intact. Bien sur, il ne faut pas sous-estimer les pouvoirs financiers de ces pays, voire de ces villes. Dubai a été sauvé de sa crise immobilière grâce aux fonds d’Abu Dhabi qui proviennent du pétrole. Mes recherches vont donc à contrecourant d’un versant de la recherche pensant que la mondialisation s’accompagne de la démocratisation. Elle s’accommode au contraire très bien des autoritarismes.
Aucune société n’est aujourd’hui cloisonnée. Si on prend l’exemple de la société saoudienne, depuis la fin des années 1990, elle a connu de profonds changements. Les Saoudiens ont davantage la possibilité de voyager et de traverser les frontières. La révolution technologique a modifié leur quotidien et leur façon d’appréhender le monde. Quand les téléphones ont commencé à être vendus avec l’option caméra, la police les cassait car elle ne voulait pas que ces images circulent, notamment celles de la femme, dans un pays où la mixité est interdite. Mais téléphones, TV et internet exercent sur la société une pression si irrésistible que le régime ne peut que difficilement les contrôler. L’Arabie saoudite reste le pays où il y a le plus de tweet par personne au monde, plus encore qu’aux Etats-Unis. Internet permet l’émergence d’un espace publique, timide, certes, mais quasi inexistant jusqu’alors dans un pays où il n’y a pas de partis politiques ou de droit d’association. En règle générale, on peut dire que les Saoudiens, tout comme les populations de la péninsule arabique, sont très attirés par les nouvelles technologies. On estime ainsi qu’une personne possède environ 2.5 téléphones en moyenne aux Emirats arabes unies. En Arabie saoudite, les abonnements téléphoniques concernent 180% de la population, soit près de deux abonnements téléphoniques par personne.
Avec la révolution du numérique, chacun peut voir ce qui se passe ailleurs dans le monde et peut, par comparaison, demander certaines réformes dans son propre pays. On le voit aujourd’hui avec la campagne des femmes saoudiennes qui réclament le droit de conduire. Elles ont fait réagir le ministère de l’Intérieur qui a menacé certaines d’entre elles ayant écrit sur internet qu’elles allaient passer à l’acte. Leur argumentaire repose sur les droits des femmes dans le monde, et surtout dans les pays du Golfe. Certaines affirment ainsi avoir obtenu leur permis de conduire au Koweït et estiment qu’il serait normal qu’elles puissent s’en servir dans leur propre pays. Le léger débat public sur le droit des étrangers en Arabie saoudite montre aussi l’émergence d’une certaine sphère publique.
L’Arabie saoudite tente de développer son industrie mais c’est très difficile car la main d’œuvre qualifiée est rare. D’où la question centrale de la politique éducative. Le pays tente aussi d’investir dans le secteur financier, mais ce n’est pas facile car seules sont autorisées les finances islamiques, qui interdisent entre autres les taux d’intérêt. Les Emirats, Dubaï en tête, ont bien compris qu’il fallait faire un double système de finance, le système islamique et la finance libérale traditionnelle. Ces pays tentent aussi de se tourner vers le tourisme. Le tourisme religieux est très important en Arabie saoudite qui abrite Médine et La Mecque. A Abu Dhabi, à côté du grand prix de formule 1, se situe le Ferrari world, plus grand parc d’attraction au monde climatisé (42° dehors, 22° à l’intérieur). D’ailleurs, leurs besoins énergétiques sont impressionnants. Alors que ces pays n’ont presque pas d’industries, leurs besoins énergétiques sont comparables à l’Allemagne qui est la 4e puissance industrielle du monde.
En règle générale cependant, l’énergie reste leur principale source de revenus. La fin présumée du pétrole ne les inquiète pas outre mesure. On commence même à découvrir du gaz de schiste au Qatar. Tous ces pays réinvestissent énormément leurs pétrodollars pour assurer leur avenir et les fonds souverains des pays du Golfe sont estimés à plus de 2 000 milliards de dollars. Les contacts avec l’extérieur sont donc essentiels pour la viabilité de leur économie et de leur régime politique, car elle dépend beaucoup du prix du baril.
La majorité de la population sait lire et écrire et a accès à l’éducation primaire, voire secondaire. Mais l’éducation supérieure est plus restrictive, très axée sur l’apprentissage du coran, de l’arabe, et dans une moindre mesure les sciences et sciences humaines. En sortant de l’école avec un tel bagage, les jeunes sont plus amenés à s’orienter vers la théologie. D’ailleurs, environ 30 ou 40% des étudiants en Arabie saoudite sont inscrits en théologie, alors que le marché du travail est hyperspécialisé dans le domaine pétrolier. Nous avons donc une forte discordance entre offre et demande qui explique le taux de chômage. Mais c’est moins vrai dans les Emirats qu’en Arabie saoudite. Au Qatar, la majorité de la population active travaille pour le compte de l’Etat qui redistribue les revenus issus du pétrole et de leurs divers investissements. L’Arabie saoudite tente de pallier à ce manque de main d’œuvre par une réforme de l’éducation. Elle a par exemple noué un partenariat entre l’université de Shanghai et la KAUST, école à l’origine créée pour les Saoudiens bien que, dans les faits, elle soit plus accessible aux étrangers car l’inscription est très chère.
Les pays du Golfe ont fait venir les universités chez eux, suscitant de nombreux échanges universitaires au sein même de la région. Beaucoup de Saoudiens et Saoudiennes vont étudier dans les Emirats, où l’enseignement est de très bonne qualité et qui ont le mérite d’être situés en terrain connu. Les premières générations qui profitent de l’ampleur du phénomène vont certainement participer à une transformation lente mais certaine et profonde des modes de vie. Nous sommes ici dans une mondialisation de luxe et très sélective avec, par exemple, Saint-Cyr au Qatar, ou encore la Sorbonne ou Stanford. Cette politique répond à deux objectifs : former des nationaux dans les secteurs dont la région a besoin ; participer à l’image de marque de ces pays. Un pays comme le Qatar tend à devenir une marque en soit : évoquer le Qatar revient à imaginer un certain univers, une image spécifique. La mondialisation est sélective car cette politique d’ouverture est contrôlée de façon très subtile.
La population du Golfe s’est appropriée plusieurs valeurs véhiculées par la mondialisation. Il s’agit notamment du néolibéralisme et de son corollaire, l’individualisme. La société est encore très liée à la famille, aux clans et tribus, mais elle est aussi de plus en plus individualiste. Par exemple, comme Amélie Le Renard l’a montré dans ses recherches, les femmes saoudiennes se sont réappropriées la mode occidentale sur le développement personnel en s’inspirant du coaching individuel en vogue aux Etats-Unis surtout centré sur le bonheur et les choix individuels. On peut aussi évoquer les modes de vie consuméristes avec le développement de grands shopping malls, avec Ikea et Macdonald. Je me rappelle de la longue file d’attente de plusieurs centaines de mètres à l’ouverture du Macdonald en Arabie saoudite. Mais il s’agit d’un Macdonald adapté aux valeurs locales, avec deux salles, une réservée aux hommes, l’autre aux familles. Les femmes n’y vont jamais seules.
La structure familiale a aussi évolué, mais pas forcément toujours dans le sens attendu. L’Arabie saoudite autorise officiellement la polygamie : un homme peut épouser jusqu’à 4 femmes s’il peut subvenir à leurs besoins. Dans les autres pays du Golfe, les familles sont beaucoup plus monogames. L’exception saoudienne est à replacer dans un contexte très spécifique. Jusque dans les années 1970-1980, la polygamie était très mal vue par les urbains. La haute société se devait d’adopter la monogamie. Mais l’Etat a ensuite promu une politique de natalité, notamment pour faire le poids face aux géants démographiques que sont l’Iran et l’Egypte, passant entre autre par la polygamie. Aujourd’hui, l’Arabie saoudite a l’un des plus hauts taux de fécondité du monde (jusqu’à 6 enfants par femme).
De plus, la répartition des rôles dans le couple n’a pas tellement changé. En Arabie saoudite, les femmes ne travaillent quasiment pas, elles n’ont pas le droit de conduire, d’avoir de compte en banque, de porter plainte, elles sont considérées comme mineures. Mais, on observe cependant une libéralisation très minime. Les hommes ne peuvent plus légalement battre leur femme depuis récemment. Dans les autres pays du Golfe au contraire, se dégage une certaine parité homme/femme dans la population active.
Enfin, on pourrait parler de changement dans la manière de négocier. Traditionnellement, les relations marchandes entre les divers protagonistes prennent énormément de temps, tout passe par une longue négociation. Aujourd’hui, et surtout dans ces « territoires de la mondialisation », les relations entre agents économiques sont beaucoup plus rapides, les gens vont davantage droit au but.
Les usages du territoire islamique et des territoires de la mondialisation par la population sont très différents. La situation des seconds est plus libéralisée, avec un mode de vie à l’américaine. Dans ces espaces, il y a une police privée (même si la police du pays a aussi le droit d’y accéder), des statuts et des droits spécifiques.
Ce sont donc parfois des lieux de refuge comme lors des manifestations de Bahreïn, où beaucoup d’étrangers et de Bahreïnis sont allés se réfugier sur des îles artificielles. Ces espaces représentent aussi une forme de sas de décompression d’où un usage récréatif et libertaire. Ils se transforment parfois en lieux de rencontre, en espaces de fêtes pour les jeunes adultes non mariés, conscients que le contrôle se relâche, qu’ils seront moins susceptibles de croiser des connaissances.
Les étrangers vivent dans des compounds sur le modèle américain avec des baraquements et un garde devant la porte. En Arabie saoudite, ils ne sont pas obligés de respecter l’heure de la prière ou de porter le voile dans ces lieux. Les magasins restent ouverts même pendant les fêtes religieuses, l’école et la piscine sont mixtes. Les Saoudiens y viennent parfois pour faire la fête et boire de l’alcool (interdit en Arabie saoudite mais pas dans les autres pays du Golfe).
Les îles artificielles, comme celle d’Amwaj à Bahreïn, sont aussi très utilisées comme des espaces neutres, où le poids social est moins fort. Sur Amwaj, il n’y a pas d’édifices religieux et les étrangers peuvent devenir propriétaires. Ces territoires artificiels sont dans ce cas un moyen de contourner la loi islamique car normalement un non musulman n’a pas le droit d’acheter une terre arabe.
Mélodie Le Hay
Mélodie Le Hay est diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris où elle a obtenu un Master recherche en Histoire et en Relations Internationales. Elle a suivi plusieurs cours sur le monde arabe, notamment ceux dispensés par Stéphane Lacroix et Joseph Bahout. Passionnée par la culture orientale, elle s’est rendue à plusieurs reprises au Moyen-Orient, notamment à l’occasion de séjours d’études en Israël, puis en Cisjordanie.
Elisabeth Vandenheede
Depuis 2010, Elisabeth Vandenheede est doctorante en sciences politiques à l’Université Libre de Bruxelles où elle y a obtenu son master de sciences politiques spécialité politique comparée. Elle travaille sous la direction de la professeure Jihane Sfeir à l’Institut d’Etudes européennes et a obtenu une bourse de recherches de quatre années pour mener à bien ses travaux. Elisabeth Vandenheede assiste également sa directrice dans les cours de bachelier et de master (histoire du monde arabo-musulman et approche socio-politique du monde arabe). Ses thèmes de recherche sont relatifs aux territoires de la mondialisation dans les pays du Golfe, dans lesquels elle se rend très régulièrement.
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