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Carto, janvier-février 2012, dossier spécial « Golfe arabo-persique, une nouvelle puissance mondiale ? » et « 50 ans après l’indépendance, guerre d’Algérie »

Par Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Publié le 22/02/2012 • modifié le 20/04/2020 • Durée de lecture : 4 minutes

Philippe Cadène, professeur de géographie à l’université Paris-Diderot, laboratoire SEDET, et à l’université Paris-Sorbonne Abou Dhabi, ainsi que Brigitte Dumortier, maître de conférences en géographie à l’université de Paris-Sorbonne, laboratoire SEDET et chef du département de géographie et aménagement à l’université Paris-Sorbonne Abou Dhabi, s’interrogent sur la région du Golfe, « nouvelle puissance mondiale ? » En effet, il apparaît que « les ambitions des sociétés du Golfe Arabo-Persique semblent n’avoir aucune limite. Les hydrocarbures, les tours les plus hautes du monde, al-Jazeera sont quelques-uns des symboles d’une région qui se veut un nouveau centre de la mondialisation ». Sur le plan géographique, la région est constituée, selon les auteurs, des Emirats du Golfe, mais également des « portions d’Etat » possédant une façade maritime sur le Golfe Arabo-Persique : le gouvernorat de Bassora, la province orientale de l’Arabie saoudite, le nord d’Oman, le littoral iranien. Quatre facteurs sont considérés comme communs à cette région : les hydrocarbures, les métropoles qualifiées de « cosmopolites », l’urbanisation élevée, les enjeux de l’après pétrole.
Les hydrocarbures constituent en effet le dénominateur commun du Golfe, cette région ayant produit en 2009 plus du quart de la production mondiale, et possédant environ 60% des réserves mondiales. Une des conséquences de l’exploitation du pétrole a été l’arrivée d’étrangers dans la région du Golfe, en provenance d’Egypte et du Proche-Orient dans les années 1950, puis d’Asie du Sud et du Sud-Est à partir des années 1980. Ces populations se sont installées dans les villes, faisant que les taux d’urbanisation sont élevés (entre 80% et 90%). Le développement des villes a évolué, des années 1950 à 1990, avec l’émergence de nouvelles capitales suite aux indépendances, avec la guerre Iran-Irak, avec l’exploitation de nouveaux champs de pétrole. Le développement de l’agglomération de Dubaï est notamment analysé, ainsi que celui de Bassora. Au final, la question de « l’après-pétrole » est évoquée, « les hydrocarbures (étant) donc non seulement le dénominateur commun aux pays du Golfe, mais se trouv(ant) aussi à l’origine des mutations et des tensions dans la région ». Sont ainsi évoqués les fonds souverains, la diversification économique avec l’industrie et le commerce.
Les analyses des auteurs sont appuyées par de nombreuses cartes : carte des Etats du Golfe, carte du croissant chiite et de l’arc sunnite, cartes sur le pétrole et le gaz (production et réserves), carte du transport maritime, de la répartition de la présence étrangère par pays et par villes. Un graphique des fonds souverains complète ces illustrations.

Guy Pervillé est l’auteur du dossier sur « la guerre d’Algérie en cartes (1954-1962) ». En effet, « la guerre d’Algérie est généralement considérée d’une manière globale, comme si le pays était un tout homogène et uniforme. Il n’en est rien. La géographie et la cartographie montrent une diversité physique et humaine fondamentale pour comprendre l’un des événements les plus traumatiques de la décolonisation, depuis les premières insurrections du Front de libération nationale (FLN) jusqu’à l’indépendance ».
Guy Pervillé rappelle dans un premier temps les grandes étapes que connut l’Algérie : la conquête française de 1830 à 1934, la Seconde Guerre mondiale, les prémisses de la guerre d’Algérie. Il rappelle ensuite que le soulèvement du 1er novembre 1954 marque le début de la guerre, puis les étapes de ce conflit. L’accent est également mis sur le fait que « le mouvement national indépendantiste se forme dans l’entre-deux-guerres parmi les travailleurs algériens émigrés en France ». En Algérie, l’armée française poursuit son offensive. La « bataille d’Alger », l’un des moments les plus connus de la guerre est notamment relaté par l’auteur. Le 18 mars 1962, les accords d’Evian marquent la fin de la guerre et le 3 juillet, l’Algérie devient indépendante. Selon l’auteur, « la guerre d’Algérie a été sanglante, mais elle n’a pas fait un million de morts, contrairement aux idées encore trop répandues en France et en Algérie ». Un graphique appuie ses propos. Guy Pervillé évoque également la question des « mémoires de la guerre » : « la guerre d’Algérie ne s’est pas terminée en 1962. Alors que le nouvel Etat algérien effaçait les traces de la mémoire coloniale et lui substituait ses propres lieux de commémoration, les autorités ont été devancées et restent concurrencées par des groupes mémoriels rivaux ». Il explique ainsi les différentes phases que connurent la France et l’Algérie dans ce travail de mémoire, en lien avec leurs évolutions politiques respectives. Cette analyse le fait s’interroger : « près d’un demi siècle après la fin de la guerre d’Algérie, on peut encore se demander si celle-ci va enfin être considérée dans les deux pays comme un événement historique ou si elle va rester un enjeu d’affrontement mémoriel perpétuel ».

Un article de G. Lebailly et de Y. Sarazin clôt ce dossier spécial Algérie. Les auteurs y évoquent les ressources cartographiques de la Bibliothèque nationale de France concernant l’Algérie.

Publié le 22/02/2012


Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.


 


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