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La Grande-Bretagne, le Koweït et les Affaires de l’Arabie de la fin du XIX siècle à 1914 (3/5). Le train de Bagdad et la diplomatie des puissances, 1900-1903. De l’année 1900 au retrait de la Grande-Bretagne du projet de liaison ferroviaire

Par Yves Brillet
Publié le 04/07/2016 • modifié le 08/03/2018 • Durée de lecture : 22 minutes

Au cours de l’année 1899, consciente de l’existence d’un accord secret entre Moubarak et la Grande-Bretagne, la Turquie multiplia les initiatives pour rappeler et affirmer ses droits sur le Koweït. En février 1899, la crainte d’une opération navale dans le Golfe, en mai, l’intention manifestée par le gouvernement ottoman d’établir à Koweït un bureau des douanes, en septembre enfin la décision d’y nommer un officier chargé de la capitainerie, conduisirent le gouvernement britannique, à la demande du Government of India et de l’India Office à informer Constantinople par la voie diplomatique d’une part de l’existence d’engagements entre le cheikh et la Grande-Bretagne, d’autre part que celle-ci n’était pas disposée à admettre de remise en question de son indépendance et qu’elle ne reconnaitrait pas l’autorité d’un représentant officiel du gouvernement ottoman (1).

Ces exemples montrent que la politique britannique vise principalement, dans le cadre de l’accord secret de janvier 1899, à préserver le statu quo et à décourager toute action susceptible de remettre en cause les intérêts britanniques tout en s’efforçant de ne pas créer de tensions diplomatiques inutiles avec la Turquie. Cet objectif va constituer la pierre angulaire de l’action de la Grande-Bretagne dans le Golfe vis-à-vis de la Turquie et de l’Empire allemand pendant les années qui précèdent la Première Guerre mondiale.

L’Allemagne : un nouvel acteur dans le Golfe

En janvier 1900, une délégation allemande conduite par le Consul général d’Allemagne à Constantinople accompagné de l’Attaché militaire, se rendit au Koweït dans le but de sélectionner et d’acheter un emplacement susceptible de constituer un terminus pour la ligne ferroviaire reliant Bagdad au Golfe. Le 6 janvier, le Consul britannique à Bassora télégraphia que la sélection du site ferait l’objet d’une négociation directe avec le Sultan et que la commission allemande chercherait à se rapprocher de Moubarak pour obtenir son consentement à la vente du Ras Karthala (2). Le lendemain, le vice-roi fit observer au Secrétaire d’Etat pour l’Inde, Lord George Hamilton, que ce procédé allait à l’encontre de la politique de la Grande-Bretagne au Koweït et que cela ne manquerait pas d’entrainer une dégradation des rapports des autorités britanniques avec Moubarak et de générer des tensions avec l’Allemagne. Il ajoutait qu’il était éventuellement préférable d’informer Berlin de la nature des relations avec le Koweït et que toute prolongation de la voie ferrée ne pouvait se faire qu’avec le consentement de Londres dans le cadre d’un arrangement spécifique, à l’exclusion d’une entente directe avec Constantinople qui serait contraire aux termes de l’accord du 23 janvier 1899. Le Government of India n’estimait cependant pas nécessaire d’interdire à Moubarak de recevoir la délégation allemande (3). Salisbury pour sa part préférait attendre que l’Allemagne s’adresse directement à la Turquie pour agir. Le 16 janvier, le commandant en chef des forces navales dans le Golfe reçut la confirmation que la délégation allemande avait choisi la baie de Kathama comme terminus de la ligne et qu’ils entendaient en négocier l’achat directement avec le gouvernement ottoman (4). Le Résident politique adjoint Gaskin fut dépêché sur place pour enquêter auprès de Moubarak qui confirma les intentions allemandes. Lors de l’entrevue du 20 janvier, il mentionna aussi que les Allemands lui garantissaient leur soutien sur mer et sur terre s’il acceptait leur proposition (5). Tout ceci conduisit le gouvernement britannique à informer directement l’Allemagne et la Turquie de la position de la Grande-Bretagne. Lors d’un entretien le 9 avril 1900 avec le ministre turc des Affaires étrangères, l’ambassadeur à Constantinople Sir Nicolas O’Conor insista sur le fait que la Grande-Bretagne ne désirait pas s’immiscer dans les relations de la Turquie avec le Koweït, ni interférer avec l’autorité du Sultan, mais qu’elle était déterminée à préserver le statu quo et ne pouvait accepter qu’une autre puissance se voit accorder des droits sur une portion de territoire appartenant au cheikh (6). Le même jour, lors d’un entretien avec l’ambassadeur d’Allemagne et après l’avoir informé de l’objet et de la teneur de l’accord de 1899 avec le cheikh, O’Conor déclara qu’il n’y avait pas d’obstacle à la participation de groupes financiers britanniques au projet (7). Le ministre turc fut à nouveau mis en garde en octobre 1900 contre toute tentative de modifier l’état des choses au Koweït après qu’une information ait circulé selon laquelle la société allemande avait commencé à y construire des installations portuaires (8).

L’année 1901 et la reconnaissance mutuelle du statu quo

Entre la fin de l’année 1900 et le mois de février 1901, des informations faisant état d’une reprise des hostilités entre les chefs rivaux Ibn Saud, soutenu par Moubarak et l’émir du Nedjd Ibn Rashid, allié des Turcs, parvinrent à O’Conor qui fit remarquer que cette situation pouvait donner à la Turquie un prétexte pour intervenir au Koweït et y dépêcher un contingent. Il considérait que cela placerait dans ce cas la Grande-Bretagne dans une position difficile vis-à-vis du gouvernement ottoman et l’obligerait soit à exercer un contrôle effectif sur la principauté soit à renoncer aux avantages conférés par l’accord de janvier 1899 (9). O’Conor fit part au Foreign Office de la situation dans une dépêche datée du 10 février 1901 dans laquelle, rappelant la susceptibilité du Sultan pour tout ce qui concernait la politique britannique dans le Golfe, il exprimait l’avis qu’il était impératif de convaincre Moubarak de se tenir à l’écart des événements et qu’il était utile d’informer la Porte de la démarche de Londres (10). A la demande du Foreign Office, Hamilton télégraphia au vice-roi le 26 février pour l’enjoindre d’agir dans le sens évoqué par O’Conor (11). Craignant une possible occupation par des troupes turques, Moubarak se rapprocha néanmoins du Résident politique pour lui demander la protection officielle de la Grande-Bretagne. Le vice-roi, tout en se montrant conscient des motivations véritables de Moubarak, informa l’India Office qu’il considérait inéluctable la mise en place d’un protectorat et que cette option lui semblait la plus appropriée (12). Le 23 juillet, Hamilton lui fit savoir que le gouvernement britannique refusait l’instauration d’un protectorat et se prononçait pour le maintien du statu quo (13).

L’intense activité diplomatique au cours de l’été 1901 et la part de plus en plus importante prise par l’Allemagne dans les conversations entre Londres, Berlin et Constantinople allaient permettre aux différents protagonistes d’affirmer leurs positions respectives sur le Koweït. En juillet, lors d’une conversation avec un représentant du ministère allemand des Affaires étrangères, le Dr Rosen, l’ambassadeur anglais Sir Franck Lascelles décrivit Moubarak comme étant techniquement un sujet du Sultan jouissant d’une très grande indépendance de fait, définition qui jusque-là n’avait pas entrainé de réaction particulière. Berlin répondit en affirmant que le Cheikh n’était que le sujet du Sultan. Sous la pression exercée par les ambassades d’Allemagne et de Russie, le ministre turc Tewfik Pacha informa O’Conor que le Koweït était considéré comme faisant intégralement partie de l’Empire ottoman. Le 29 août, il demanda si la Grande-Bretagne avait l’intention de déclarer un protectorat. Le même jour, l’ambassade d’Allemagne à Londres reçut l’injonction expresse de rappeler que l’établissement d’un protectorat par la Grande-Bretagne serait contraire aux clauses du traité de Berlin garantissant l’intégrité du territoire ottoman, et qu’en raison de l’intérêt porté par l’Allemagne au Koweït en tant que futur terminus du train de Bagdad, un tel acte serait considéré comme inamical (14). Le 3 septembre, l’ambassadeur déclara au Foreign Office que si la Grande-Bretagne menaçait d’utiliser la force pour empêcher la Turquie de débarquer des troupes au Koweït, elle refuserait de reconnaitre l’autorité du Sultan, en dépit des termes du mémoire communiqué par le Roi à l’Empereur selon lesquels elle s’engageait à ne pas intervenir dans cette région considérée par l’empereur d’Allemagne comme partie intégrante du territoire ottoman (15). Sanderson du Foreign Office lui répondit que la Grande-Bretagne ne désirait aucunement modifier le statu quo. Le jour suivant, l’ambassadeur turc protesta contre l’éventualité d’une déclaration de protectorat mais dans le même temps l’Allemagne avait conseillé au Sultan de se contenter de la réponse faite par Sanderson. Le 6 septembre O’Conor fut convoqué au ministère des Affaires étrangères où Tewfik Pacha, après avoir réitéré sa demande concernant la nature et les termes de l’accord secret de 1899 et rappelé les droits souverains du Sultan, ajouta que l’effort militaire turc n’était pas dirigé contre le Koweït et qu’il était autorisé à faire savoir au gouvernement britannique que la Turquie n’avait pas l’intention d’attaquer le Koweït ou d’y débarquer des troupes. O’Conor répondit d’une part que la convention entre Moubarak et la Grande-Bretagne attestait de l’importance de la principauté et de toute la région pour les intérêts britanniques et reconnaissait la prééminence du Sultan en tant que Calife et que d’autre part, son gouvernement n’entendait pas occuper le Koweït à moins d’y être forcé par la Turquie (16).

Le Foreign Office fit savoir à O’Conor qu’il lui fallait être très prudent dans ses explications avec le ministère turc mais que si Constantinople insistait sur la question de ses droits souverains, il serait nécessaire de clarifier et de concrétiser les engagements pris envers Moubarak (17). L’ambassadeur n’eut pas l’occasion de transmettre cette mise au point au gouvernement ottoman. Après avoir reçu l’assurance que la Porte n’entendait occuper ou attaquer le Koweït, les deux gouvernements s’entendirent pour maintenir le statu quo, accord concrétisé par une note du 11 septembre de Lansdowne à l’ambassadeur turc Anthopoulo Pacha (18). Deux jours auparavant, le Foreign Office avait pu, lors d’un entretien avec le représentant allemand, préciser la position de la Grande-Bretagne, en insistant sur le fait qu’elle n’avait pas l’intention d’interférer avec l’autorité du Sultan en l’état et qu’en conséquence, bien que disposé à maintenir le statu quo, le gouvernement britannique ne pouvait accepter les récentes tentatives de la Turquie visant à modifier l’état des choses au Koweït. Il ajouta qu’après une discussion directe et amicale avec la Porte, l’incident était dorénavant considéré comme clos (19). L’ambassadeur Metternich expliqua que le Koweït était important pour l’Allemagne en tant que terminus possible du train de Bagdad et que le moment venu, des instructions seraient données pour s’entendre avec le gouvernement britannique sur l’achat d’un emplacement pour la construction d’une gare et d’une zone d’embarquement. Metternich confia à Lansdowne que ces projets pourraient être menés à bien à une échéance de 5 ou 50 ans et qu’il était nécessaire d’établir un climat apaisé dans cette région du Golfe (20).

Pour la Grande-Bretagne, la reconnaissance de sa position spéciale confortée par l’échange de notes sur l’acceptation mutuelle du statu quo devenait un atout privilégié dans toute négociation portant sur le débouché sur le Golfe de la liaison ferroviaire (21).

Nouvelles manœuvres turques : l’occupation d’Um Kasr, Bubiyan et Subbiyah

Malgré l’accord sur le respect du statu quo la Turquie - en se fondant sur l’absence de délimitation clairement définie des zones relevant de l’autorité de Moubarak, et considérant qu’en tout état de cause le Koweït était juridiquement un territoire ottoman - occupa la localité d’Um Kasr et établit un poste militaire sur l’île de Bubiyan au début de l’année 1902. Soulignant qu’il s’agissait là d’une manœuvre visant à évincer Moubarak, le Résident politique Kemball en informa ses supérieurs le 4 février en rappelant qu’Um Kasr était revendiqué par le Koweït et que l’endroit pouvait convenir comme terminus de la ligne (22). Kemball proposait en outre de faire savoir à la Turquie que tout mouvement de troupes contre Um Kasr serait considéré comme inopportun et demandait l’envoi d’une canonnière dans les eaux du Khor Abdulla pour surveiller l’évolution de la situation. Le 9 février, il proposa que Londres proteste officiellement contre l’occupation d’Um Kasr et de Bubiyan. Le 11 février, cette proposition fut portée à la connaissance de l’India Office qui approuva l’envoi d’un navire de reconnaissance. Pour le reste, Hamilton faisait savoir que la demande de retrait des troupes turques n’était pas opportune, mais qu’O’Conor, après avoir été informé qu’il n’y avait pas matière à protester officiellement, indiquerait qu’il s’agissait pour Londres d’une entorse à l’accord sur le statu quo (23).

Le 4 mars 1902, O’ Conor fit part à Londres de ses observations concernant la situation à Um Kasr et Bubiyan. Il n’y avait pas selon lui d’argument recevable permettant de soutenir les prétentions de Moubarak sur Bubiyan et il n’avait jamais considéré que son autorité puisse y être reconnue. Pour ce qui concernait Um Kasr, selon l’opinion du consul britannique à Bassora, l’affaire pouvait acquérir de l’importance si le chenal entre l’île et le continent s’avérait navigable. Même dans ce cas, O’Conor estimait qu’il était difficile d’avancer, qu’en l’état, l’action des autorités turques à Um Kasr et Bubiyan constituait une remise en cause du statu quo et que le fait de bloquer tous les accès au Golfe serait à l’origine de sérieux problèmes avec la Turquie (24). Le 11 mars, O’Conor confirma qu’il était pratiquement certain que la Turquie refuserait d’évacuer Bubiyan. Une initiative de la Grande-Bretagne l’exposerait à un refus de la part du gouvernement ottoman, ou la forcerait à procéder à une occupation de lieux. Il ne voyait cependant pas d’objection à ce que le ministre turc des Affaires étrangères fût averti que l’action de son gouvernement était considérée comme une remise en cause du statu quo. Le 21 mars, un mémoire de Lansdowne, transmis ensuite à l’India Office et au Government of India, permit de faire le point sur la situation et de clarifier les objectifs et la politique d’ensemble de la Grande-Bretagne dans le Golfe. Lansdowne convenait tout d’abord que la situation au Koweït devenait de plus en plus déplaisante. Après avoir critiqué de façon acerbe la personnalité et la conduite de Moubarak, il reconnaissait que nul ne savait avec précision où commençaient et où finissaient les territoires sous l’autorité de Moubarak. Il rappelait que ce dernier ne jouissait pas de la protection officielle de la Grande-Bretagne mais que celle-ci lui avait seulement promis ses ‘bons offices’. Il ajoutait que ces dispositions ne concernaient que la ville et la baie du même nom et ne s’appliquaient pas aux zones périphériques. Selon lui, la notion de statu quo n’était pas clairement définie et Londres ne pouvait pas empêcher la Turquie d’établir un terminus pour le chemin de fer de Bagdad dans le Golfe (25). Il devenait donc nécessaire de clarifier et de formaliser la politique et les objectifs dans le Golfe : 1- les engagements de la Grande-Bretagne ne vont pas au-delà de la baie de Koweït ; 2- elle ne cherche pas à faire obstacle au choix du terminus sur le Golfe ailleurs qu’à Koweït ; 3- elle ne s’oppose pas à la construction d’une ligne ferroviaire débouchant sur le Golfe à condition que le traitement réservé aux capitaux britanniques soit juste et équitable.
La Grande-Bretagne ne cherchait donc plus à freiner le développement du commerce international dans le Golfe qu’elle ne souhaitait le transformer en un ‘lac britannique’. Elle s’opposerait cependant à toute tentative par une puissance extérieure d’y établir une base navale ou d’y renforcer sa présence militaire. Ceci pour Lansdowne constituait le socle de la politique britannique dans le Golfe, non pas en vertu d’accords signés avec des potentats locaux mais en raison de la place éminente qu’elle y occupait (26).

Le 24 mars, Hamilton télégraphia au vice-roi que le gouvernement étudiait l’ensemble de la question et demanda au Government of India d’informer Kemball qu’il ne devait prendre aucune initiative susceptible d’encourager Moubarak. Le même jour, O’Conor fut chargé d’informer le ministère des Affaires étrangères que la Grande-Bretagne reconnaissait que le Koweït faisait partie des territoires de l’Empire ottoman, qu’elle ne désirait pas empêcher le prolongement du chemin de fer de Bagdad jusqu’au Golfe, que cela soit au Koweït ou ailleurs, mais que son soutien au projet était conditionné au traitement réservé aux investisseurs britanniques. O’Conor omit cependant d’évoquer le point concernant la reconnaissance des droits de Constantinople (27). Le 26 mars, Hamilton informa le Government of India que Constantinople avait été officiellement informé que la Grande-Bretagne lui reconnaissait des droits au Koweït, qu’elle apportait son soutien à Moubarak contre toute tentative à son encontre, qu’elle ne cherchait pas à polémiquer avec le gouvernement ottoman sur son droit de disposer des forces armées dans des lieux où la revendication du Cheikh n’était pas clairement établie, et qu’enfin elle ne désirait pas bloquer l’extension de la ligne de Bagdad (28).

La réaction de Curzon ne se fit pas attendre. Le 29, il faisait part de son émoi et de son incompréhension et demandait si la reconnaissance des droits de la Turquie signifiait l’abandon de positions chèrement acquises. La réponse de Hamilton le 8 avril fournit quelques explications complémentaires, soulignant que la Grande-Bretagne désirait maintenir le statu quo au Koweït et souhaitait préserver les privilèges de Moubarak, mais que ces derniers n’étaient pas assez clairement définis, surtout pour ce qui concernait la délimitation de ses territoires. Elle refusait par contre de se laisser impliquer dans des querelles qualifiées de douteuses entre le Cheikh et les autorités ottomanes, rappelant que Londres fondait sa politique et sa diplomatie sur des considérations plus globales (29). Le 19 octobre 1902, Londres autorisa les autorités britanniques en Inde à informer Moubarak que s’il observait les injonctions communiquées en décembre 1901, la Grande-Bretagne se chargerait de la défense du Koweït, c’est-à-dire la zone située dans le voisinage immédiat de la baie (30).

L’ensemble des documents évoqués dans les pages qui précèdent illustre deux éléments à prendre en compte pour saisir le processus d’élaboration de la diplomatie britannique dans le Golfe en général et dans les affaires du Koweït en particulier. La stratégie de la Grande-Bretagne est le fruit d’une communication permanente et d’une négociation constante entre trois acteurs, le Foreign Office, l’India Office et le Government of India, le rôle du Résident politique se limitant par l’instance locale (l’Inde), ou les instances gouvernementales. On remarquera que les décisions ultimes ne sont prises qu’avec l’aval du Foreign Office. En second lieu, il est possible d’avancer qu’après une prise en compte concrète de ses intérêts dans le Golfe, la ligne diplomatique adoptée par Londres affirme ses priorités : ménager la Turquie d’une part sans renoncer aux engagements pris envers le Koweït ; ne pas transformer le Golfe en une zone d’exclusion d’autre part, mais seulement en ce qui concerne les aspects commerciaux des relations entre les puissances (31).

La déclaration de Lansdowne à la Chambre des Lords et « The Curzon Tour » dans le Golfe

Si l’élaboration de la politique britannique dans le Golfe est pratiquement du domaine exclusif du Secretary of State for Foreign Affairs, du Secretary of State for India et du Vice-roi en son Conseil, ainsi que des diplomates professionnels en poste à Londres et dans les ambassades, il n’en demeure pas moins que tout ce qui concerne la sécurité des communications terrestres ou maritimes entre l’Inde et la Grande-Bretagne est scruté avec attention par les publicistes, par les représentants des grands groupes commerciaux et financiers ainsi que par les membres de la Chambre des Communes ou de la Chambre des Lords.

Lors du débat organisé à l’occasion du discours de politique générale aux Communes le 16 janvier 1902, le Sous-Secrétaire aux Affaires étrangères Lord Cranborne (32), répondant aux questions de parlementaires rappela la position de Londres dans les affaires du Golfe. Il insista sur le fait qu’il n’y avait aucune modification de la diplomatie britannique, tant sur le plan politique que commercial, que le maintien de la prépondérance de la Grande-Bretagne dans ces domaines en constituait le fondement et qu’il ne s’agissait pas là d’un argument théorique mais d’une réalité factuelle garantie par sa suprématie maritime. Pour ce qui concernait le Koweït, l’action du gouvernement était fondée sur le maintien du statu quo et sur la reconnaissance de certaines prérogatives vagues et mal définies qui ne donnaient cependant pas au Sultan le droit de modifier l’état des choses (33). Interrogé sur le projet allemand de construction d’une ligne vers le Golfe, d’un accord éventuel entre les gouvernements britannique et allemand à ce sujet et des incidences possibles sur le statu quo commercial et politique, Cranborne répondit que le gouvernement s’opposerait à toute modification du statu quo politique mais que la préservation de la prépondérance commerciale et financière n’était pas de sa compétence immédiate (34). Il revint à Lansdowne en tant que responsable du Foreign Office de faire la déclaration qui allait constituer la référence fondamentale en matière de politique britannique dans le Golfe.

S’adressant le 5 mai 1903 à la Chambre des Lords, il énonça précisément les points cardinaux définissant l’action de la Grande-Bretagne dans le Golfe : la défense et la promotion des intérêts commerciaux, sans exclure les intérêts commerciaux légitimes des autres puissances, le refus absolu de permettre l’établissement d’une station navale ou d’une base militaire étrangère qui constituerait pour les intérêts de la Grande-Bretagne une très grave menace qui serait combattue par tous les moyens possibles (35). Il était aussi nécessaire d’afficher clairement la détermination et de manifester l’influence de la Grande-Bretagne dans le Golfe.

Curzon entreprit à la fin de l’année 1903 une tournée officielle du Golfe afin d’y magnifier la présence britannique (ce que le Foreign Office qualifia de manière ironique de George Curzon’s prancing in the Persian Gulf). L’objet était d’inspecter les établissements britanniques dans le Golfe, de rendre visite aux chefs signataires de traités avec la Grande-Bretagne, et de rappeler la prééminence politique et commerciale britannique dans ces eaux. Le successeur de Hamilton à l’India Office St John Brodrick, tout en approuvant l’entreprise visant à renforcer la position de la Grande-Bretagne, tint cependant à mettre en garde Curzon contre tout ce qui pourrait être interprété comme une tentative visant à remettre en cause le statu quo, plus particulièrement à Mascate et au Koweït où Moubarak essaierait d’obtenir des gages de soutien de la part du Government of India (36). La visite de Curzon fut l’occasion de discours et de déclarations solennelles exaltant la grandeur britannique (37). Le 28 novembre, l’escadre arriva en vue de Koweït où Curzon fut l’hôte de Moubarak pendant deux jours. Kemball fut chargé de s’assurer des demandes du cheikh et de l’avertir que toutes ne pourraient être satisfaites. Moubarak fut en outre averti de ne pas se mêler de la rivalité opposant Ibn Saud et Ibn Rashid. Curzon mit à profit sa visite pour inspecter les lieux susceptibles d’être choisis comme terminus du train de Bagdad, en commençant par la baie de Khatama à l’ouest de la ville ; accompagné de l’amiral commandant les forces navales, il remonta le Khor Abdullah à bord du Lawrence (considéré comme un possible débouché pour la ligne) jusqu’au poste turc d’Um Kasr (38).

Londres avait cependant décidé de se retirer du projet de liaison ferroviaire en avril 1903, malgré la proposition allemande d’accorder à la Grande-Bretagne une participation de 25% à la condition qu’elle donne son consentement à l’augmentation des droits de douanes, qu’elle accepte de prendre en charge les installations portuaires au Koweït et qu’elle y accepte l’établissement d’un bureau des douanes turques (39). Malgré l’approbation globale du Foreign Office des termes de l’offre allemande sous réserve de quelques modifications de détail, une campagne de presse contre l’ensemble du projet mit un terme à la négociation (40). Lansdowne exprima ses regrets, considérant que la Grande-Bretagne avait laissé passer l’occasion de participer au projet à une condition avantageuse, obligeant de ce fait la diplomatie britannique à reconsidérer sa politique vis-à-vis du Koweït.

Lire les autres parties :

La Grande-Bretagne, le Koweït et les affaires de l’Arabie de la fin du XIX siècle à 1914 (1/3) : le cadre général de l’action de la Grande-Bretagne dans le Golfe Persique. Le Koweït : situation géographique, limites territoriales et importance stratégique

La Grande-Bretagne, le Koweït et les affaires de l’Arabie de la fin du XIX siècle à 1914 (2/3) : la Grande-Bretagne et le Koweït : l’accord secret du 23 janvier 1899

La Grande-Bretagne, le Koweït et les Affaires d’Arabie de la fin du XIX siècle à 1914. Quatrième partie. Le train de Bagdad et la diplomatie des puissances. De la rupture des négociations en 1903 à l’accord anglo-turc de 1913 (1/2)

La Grande-Bretagne, le Koweït et les Affaires d’Arabie de la fin du XIX siècle à 1914. Quatrième partie. Le train de Bagdad et la diplomatie des puissances. De la rupture des négociations en 1903 à l’accord anglo-turc de 1913 (2/2)

La Grande-Bretagne, le Koweït et les Affaires de l’Arabie de la fin du XIX siècle à 1914. Cinquième Partie : les Affaires de l’Arabie (1/2)

La Grande-Bretagne, le Koweït et les Affaires de l’Arabie de la fin du XIXe siècle à 1914. Cinquième Partie : les Affaires de l’Arabie (2/2)

Notes :
(1) Persian Gulf Gazetteer, Historical and Political Materials, Précis of Kuwait Affairs, 1896-1904, IOR/L/PS/20/C239, § 96 : “While Her Majesty’s Government had themselves no design on Kuwait, they had friendly relations with the Sheikh, and that a very inconvenient and disagreeable question would be raised if an attempt were made to establish Turkish authority or customs control of Kuwait without previous agreement of HMG.”
(2) G. J. Lorimer, Gazetteer of the Persian Gulf, vol 1, part 2, p.1026.
(3) Précis of Kuwait Affairs, Government of India tel n°101 EA to Political Resident in the Persian Gulf, 11 Jan 1900 : “There seems to be no sufficient reason for prohibition by Sheikh of visit of Germans to Kuwait. But you should tell him in advance that, if they propose any arrangement to him, he should not accept without reference to you and should abide by decision of Government of India.”
(4) Précis of Kuwait Affairs, § 112. Les autorités navales considéraient Kathama comme le meilleur mouillage de la baie du Koweït pouvant être facilement transformé en base navale et militaire.
(5) Ibid., § 115.
Ibid., Appendix E. Communication made at Constantinople in regard to the proposal of the Baghdad Railway Commission to make Kuwait their Railway Terminus, Despatch n°130, 9 April 1900.
Ibid., “I thought it therefore a friendly act to warn him of the position of the Sheikh of Kuwait towards Her Majesty’s Government […]. We could not look with indifference on any proposal trending to alter the condition of affairs.”
Persian Gulf Précis, (Part 1&2) IOR/l/PS/C250, p.27.
Ibid., p.27. Il est à noter qu’O’Conor ne faisait absolument pas confiance à Moubarak : “It is hardly to be expected that the Sheikh of Kuwait will respect an agreement from which he derives no security and little material advantage.”
(10) Précis of Kuwait Affairs, Appendix F. Proposal made by Sir N. O’Conor to advise Sheikh Mubarak of Kuwait to keep quiet. February 1901.
(11) Ibid., § 135, Secretary of State for India to HE the Viceroy, 26/02/1901 : “It is desirable to avoid renewal of hostilities between Sheikh of Kuwait and Amir of Nejd. Kemball should visit Kuwait. […] If he finds Sheikh intractable, he can point out Agreement of 1899 giving British Government right to expect that their advice will be followed.”
(12) Précis of Kuwait Affairs, § 145, H.E. the Viceroy to Secretary of State, 7 Jun 1901 : “Two courses happen to be open. First to declare our protectorate over Kuwait […]. In my opinion this is the inevitable solution. We should then be responsible for the Sheikh. […] Second alternative is to maintain patchwork status, to tell Sheikh that no change in our opinion is contemplated […] and to warn Turkey that we cannot tolerate either Turkish officers or garrisons at Kuwait. These proposals are makeshifts. They will not stop intrigue.”
(13) Ibid., § 148.
(14) Ibid., Précis of Kuwait Affairs, Appendix H. Communications in London and Constantinople on Kuwait Affairs, Aug.-Sept. 1901.
(15) Ibid.
(16) Ibid.
(17) Précis of Kuwait Affairs, § 155, Secretary of State to Viceroy : “O’Conor instructed, 7th Sept., that we cannot recede from our position at Kuwait and that, if Porte should insist on raising the question of their rights, we may have to convert into something much more precise present indefinite understanding with Sheikh.”
(18) Memorandum respecting Kuwait, IOR/L/PS/B113A, The Marquess of Lansdowne to Anthopoulo Pacha, Foreign Office, September 11, 1901 : “I have taken note with satisfaction of the telegram from the Turkish Ministry of Foreign Affairs, communicated to you on the 9th instant in which His Excellency states that the Turkish Government will not send troops to Kuwait, and will maintain the status quo there, on condition that His Majesty’s Government will abstain from occupying that place or establishing a British protectorate there I have the pleasure in confirming the assurance which has been given to Your Excellency by His Majesty’s Ambassador at Constantinople that, provided the Turkish Government abstain from sending troops to Kuwait and respect the status quo there, his Majesty’s Government will not occupy that place or establish a Protectorate there.”
(19) R.V. Harcourt, The Background of the Status Quo Agreement. Memorandum respecting Kuwait, in The Kuwait Crisis. Basic Documents. Edited by E. Lauterpacht, G.J.Greenwood, Mark Weller and David Bethlehem, Cambridge, 1991.
(20) Memorandum respecting Koweit, p.8.
(21) Précis of Kuwait Affairs, Appendix G. Correspondence in Europe regarding the proposed assumption of a protectorate over Koweït, Dépêche du 10 septembre 1901 de O’Conor ; “In proportion as we make it difficult for them to treat directly with the Sultan, we increase, I venture to think, the chances of their being obliged to come to a special understanding with HMG. It can hardly be in their interest, in view of our own friendly attitude towards their scheme, to alienate British sympathy (and capital).”
Ibid., § 226. Kemball résuma sa position dans la lettre n°42 du 28 février dans laquelle il fit remarquer que ‘both Safwan and Um Kars are claimed by the sheikh as within his territory. With regard to Safwan I am not in a position to form an opinion, but it seems to me that his claim to Um Kars may be more valid. It has been, I understand, for very many years an inhabited spot, and has been used by the people of Kuwait, as a port for Bassorah. At any rate, even if Mubarak’s claims to the place are not very strong, the Turkish claims would not appear to be much stronger and the recent occupation by them would seem to be a breach of the status quo.”
Ibid., § 230-231.
Ibid., Appendix I. Communications in Europe about Turkish Occupation of Um Kasr, Bubyian Island and Subbiyah, (Feb.-Mar 1902).
Persian Gulf Précis, IOR/L/PS/20/C250, p.32.
Précis of Kuwait Affairs, Appendix I :“…the Power whose commercial interests in those regions far exceed those of other powers, the Power to whose efforts in the past it is due that the waters of the Gulf are open to trade, whose duty it is to protect the future trade route.”
Persian Gulf Précis, IOR/L/PS/C250, pp.32-33.
Précis of Kuwait Affairs, IOR/L/PS/C239, § 240, Secretary of State to Viceroy, 26 Mar 1902 : “HMG have acknowledged Kuwait to be part of the Ottoman dominions and do not desire to encourage Sheikh to throw off allegiance to the Sultan. They are, however, bound to support him against encroachment, but are not disposed to raise irritating discussion about movement of Turkish troops to places to which Sheikh’s title would be difficult to prove. They do not wish to obstruct prolongation of Baghdad Railway to Gulf, whether at Kuwait or elsewhere ; but their assistance is conditional upon British capital receiving at least equal shares with any other Powers in respect of construction, materials and management. This condition is based upon the necessity for British financial co-operation and on predominant British interests in commerce of Gulf, which has been opened in the past and must in the future be safeguarded by British efforts.”
(29) Persian Gulf Précis, India Office to Viceroy, 8 April 1902 : His Majesty’s Government desire, firstly to avoid entanglement in doubtful dispute and secondly, to have it understood that their rights and policy in the Persian Gulf do not depend upon shadowy connection with Kuwait, but upon other and broader considerations
(30) Persian Gulf Précis, p 34.
(31) Précis of Correspondence on International Rivalry and British Policy in the Persian Gulf, 1870-1905, IOR/L/PS/20/C247, Communication by Lord Lansdowne to the French Ambassador (Paul Cambon), FO Letter 19th march 1902 : “His Excellency was mistaken in attributing to us or to the Government of India a desire to exclude the trade of other countries from Persian waters. Our attitude towards the Anatolian Railway project had been far from unfriendly. I had, indeed, within the last few days, explained to the German Ambassador that we were quite prepared to facilitate the construction of the line, but that our support was not to be expected unless we were given a share at least equal to that of any Power in the capitalisation of the Company, in its management and in the orders for materials and equipment.”
(32) James Edward Hubert Gascoyne Cecil, fils ainé et héritier de Robert Arthur Talbot Cecil, troisième marquis de Salisbury.
(33) Hansard. Address in Reply to His Majesty’s most Gracious Speech. H.C. Deb 16 January 1902 vol 101 cc86-164, The Under Secretary of State for Foreign Affairs (Lord Cranborne) : “ Our trade interests there far exceed those of any other country, with regard to the political situation, being as it is secured entirely by the seas and by the forces on the seas. Our recognized maritime supremacy secures our political ascendency […]. The policy of the Government with regard to Kuwait […] is to maintain the status quo. His Majesty’s Government do not deny that the Sultan has a certain position there very vague and ill-defined […], but that would not give him the right to disturb the status quo. Although we have no reason to believe that he desires to do so, it has been the duty of the Government to make it clear that they could not submit to any such disturbance.”
(34) Ibid., Lord Cranborne : “When he spoke a few minutes ago, he referred to the political status quo. The commercial status quo was a matter for British merchants. If they were willing to maintain the ascendency in the Persian Gulf, they could do so.”
(35) Précis of Correspondence on International Rivalry and British Policy in the Persian Gulf, 1870-1905, IOR/L/PS/20/C247 : “The Noble Lord asked me for a statement of our policy with regard to the Persian gulf. I think I can give him one in a few simple words. It seems to me that our policy should be devoted, in the first place, to promote British trade in those waters ? In the next place, I do not think that he suggests, or that we should suggest, that these efforts should be directed towards the exclusion of the legitimate trade of other powers. In the third place, I say it without hesitation, we should regard the establishment of a naval base or a fortified post in the Persian Gulf by any other Power as a very grave menace to British interests, and we should certainly resist it with all the means art our disposal.” (souligné par l’auteur)
(36) Ibid., Curzon’s Tour on the Persian Gulf, Nov.-Dec. 1903. Despatch n°34, Secret, 6th Nov. 1903 : “Attention was drawn to the disadvantages which might result from any impression that it indicated an intention on the part of the British Government to alter the status quo in the Gulf […], although His Excellency had assured the Secretary of State that in no part of the journey would any but conventional declaration or assurances be required. His Excellency was warned that his position both at Maskat and Kuwait would be of special difficulty.”
(37) Ibid., Despatch To Secretary of State, 17 Dec 1903 : “The great maritime highway of the Persian gulf has never failed to attract those nations who held or aspired to hold, the ports of India ; and having embarked upon the Indian entreprise in which they ultimately outdistanced all other competitors, it fell naturally to the British to pursue their successful activity in this direction, and thus gradually to acquire an ascendency of trade and interest in the Gulf.”
(38) Ibid.
(39) Briton Cooper Busch, Britain and the Persian Gulf, 1894-1914, p. 222.
(40) Richard M. Francis, The British Withdrawal from the Bagdad Railway Project in April 1903, The Historical Journal, xvi, I (1973), pp. 168-178, pp.168-170. On peut consulter aussi Ravinder Kumar, The Records of the Government of India on the Berlin-Baghdad Railway Question, The Historical Journal, v, n°1, (1962), pp.70-79.

Publié le 04/07/2016


Yves Brillet est ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de Saint Cloud, agrégé d’Anglais et docteur en études anglophones. Sa thèse, sous la direction de Jean- François Gournay (Lille 3), a porté sur L’élaboration de la politique étrangère britannique au Proche et Moyen-Orient à la fin du XIX siècle et au début du XXème.
Il a obtenu la qualification aux fonctions de Maître de Conférence, CNU 11 section, a été membre du Jury du CAPES d’anglais (2004-2007). Il enseigne l’anglais dans les classes post-bac du Lycée Blaringhem à Béthune.


 


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