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JUIFS ET ARABES ISRAELIENS, A PARITE
Ils sont environ 1 350 000, soit 20% de la population israélienne. On les appelle les Palestiniens de l’intérieur, ou encore Palestiniens de 1948, parce qu’ils sont restés chez eux, à l’intérieur des frontières de l’état que les juifs ont proclamé cette année-là. Ils ont donc adopté la nationalité israélienne, et à ce titre, sont supposés avoir les mêmes droits que tout citoyen. Mais ils restent arabes et leur assimilation au sein de l’état juif est toujours précaire.
UNE SÉPARATION DE FAIT
La séparation entre Juifs et Arabes est d’abord géographique : hormis dans les villes de Haïfa et de Tel Aviv-Jaffa où ils cohabitent pacifiquement, ces deux peuples se mélangent peu. La majorité de la population arabe vit dans des villages à part, ou dans des quartiers séparés au sein de villes à majorité juive.
La frontière est aussi sociale. Les Arabes d’Israël obtiennent plus difficilement un travail, rencontrent des difficultés pour devenir propriétaires. En outre, l’état investit moins dans l’éducation des enfants arabes que dans celle des juifs.
Finalement, la séparation est évidemment identitaire. C’est bel et bien un état juif dans lequel vivent ces arabes, dont l’identité est aussi palestinienne et souvent musulmane. Autant de différences qui, en plus des événements du conflit, ravivent fréquemment les tensions entres communautés.
UNE UTOPIE
C’est dire si l’ambition du frère dominicain Bruno Hussar - créer un village où les uns et les autres feraient le choix de vivre ensemble - était utopique. Rejoint par Anne Le Meignen, une Française catholique fascinée par Israël, il fonde ce village en 1970 sur une colline entre Jérusalem et Tel-Aviv et le baptise du double nom hébreu arabe Neve Shalom - Wahat Al Salam, soit en français Oasis de Paix.
L’aventure du développement de ce village est épique. Au départ, Bruno Hussar et Anne Le Meignen dorment à la belle étoile entre les rochers et les ronces. La première famille - juive - arrive en 1978, rejointe un an plus tard par Abed et Aïsha, premier couple arabe. Très vite, la crèche et l’école mixtes figurent parmi les priorités. Les familles s’installent, elles sont aujourd’hui 52 - 26 arabes et 26 juives - et 17 autres viennent d’être acceptées. Environ 300 familles sont encore sur liste d’attente.
L’École pour la Paix ouvre en 1979 avec l’objectif de promouvoir le dialogue et la rencontre entre Juifs et Arabes - depuis plus de 45 000 jeunes et 5000 adultes ont pris part à ses rencontres. Le village est officiellement reconnu par l’État en 1985. Son rayonnement devient international et il obtient la reconnaissance de plusieurs prix pour la paix. Des personnalités comme Hillary Clinton, le groupe Pink Floyd ou le scientifique Stephen Hawking s’y rendent en visite.
DEUX AMIS D’ENFANCE
Omer et Rami, la vingtaine bien entamée, ont tous deux grandi dans le village. Ils se connaissent depuis la maternelle. Leur amitié serait banale dans un autre pays ; en Israël, elle est remarquable.
Rami est Arabe israélien et termine des études de pharmacie. Il se sent profondément Palestinien, même s’il est conscient qu’il n’a pas la même vie que ceux des Territoires Occupés. Omer est juif, non pratiquant mais respectueux des traditions. Il n’a qu’une envie : partir travailler à l’étranger.
Comment être amis quand les deux peuples auxquels on appartient sont ennemis ? Quelle attitude adopter face au service militaire obligatoire quand on est, en tant que jeune juif israélien, lié d’amitié avec des Arabes ? Comment vivre si proches dans un contexte social, politique et religieux si complexe ?
C’est donc un choix difficile, éreintant qu’ont fait les familles d’Omer et Rami et tous les habitants de Neve Shalom - Wahat Al Salam. Leur communauté pacifique fait cependant vivre l’espoir d’une possible réconciliation entre Juifs et Arabes d’Israël.
Jeune réalisateur de 27 ans, Igal Kohen passe sa jeunesse entre la France et la Turquie. Il débute sa carrière professionnelle dans le montage de documentaires et de films d’entreprise. Sa double nationalité et ses origines l’incitent à travailler sur des problématiques liées au développement et à l’identité. En 2007, il réalise son premier documentaire Votim Mama, qu’il tourne en Papouasie Nouvelle Guinée auprès d’une politicienne en lutte contre la corruption.
Fin 2009, il fonde avec Marine de Saint Seine la société Piw ! destinée à la réalisation et à la production de contenus documentaires. C’est avec elle qu’il se rend en Israël réaliser Une Oasis sur la Colline.
VOIR LE DOCUMENTAIRE SUR LE SITE DE FRANCE 5 : http://www.france5.fr/portraits-d-un-nouveau-monde/#/theme/vivre-ensemble/une-oasis-sur-la-colline/
Lisa Romeo
Lisa Romeo est titulaire d’un Master 2 de l’université Paris IV-Sorbonne. Elle travaille sur la politique arabe française en 1956 vue par les pays arabes. Elle a vécu aux Emirats Arabes Unis.
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