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Enjeux du pétrole irakien 1900-1930 (1/3)

Par Lisa Romeo
Publié le 07/01/2014 • modifié le 08/11/2024 • Durée de lecture : 3 minutes

British soldiers guard a pipeline in the 1950’s in Iraq.

AFP PHOTO

La fondation de la Turkish Petroleum Company

Après s’être assuré le contrôle de l’Anglo-Persian Oil Company, créée en 1909 pour assurer l’exploitation des gisements perses, le gouvernement britannique cherche à étendre cette concession à la Mésopotamie ottomane. Pour mettre en œuvre son projet, la Grande-Bretagne doit d’abord faire face aux avancées économiques opérées par l’Allemagne dans l’Empire ottoman. Le gouvernement allemand a en effet obtenu de la Sublime Porte le droit de construire un chemin de fer reliant Berlin à Bagdad et qui devra se prolonger jusqu’à Basra et vers le Koweït. L’accord comprend également un droit de prospection et d’exploitation des matières premières sur 20 km de chaque côté de la futur voie ferrée. Après de longues négociations, la Grande-Bretagne parvient à assurer la construction des voies entre Bagdad et Basra avec les avantages qui en découlent.

Afin d’éviter les conflits entre les puissances rivales dans la région, il est décidé de former, le 23 octobre 1912, la Turkish Petroleum Company. Cette compagnie, chargée de l’exploitation du pétrole irakien, est composée à 50 % de la National Bank of Turkey (à capitaux principalement anglais), de la Deutsche Bank (25 %) et de l’Anglosaxon Petroleum Company/Royal Dutch Shell (25 %). Ces deux derniers groupes choisissent de céder chacun 2,5 % de leurs actions au financier d’origine arménienne, Calouste Gulbenkian, pour son rôle d’intermédiaire. L’entrée en guerre de l’Empire ottoman en 1914 aux côtés des empires centraux va, par ailleurs, permettre à la Grande-Bretagne de renforcer sa position en Mésopotamie.

Les négociations autour du pétrole irakien, de la fin de la Première Guerre mondiale à celle du mandat britannique

Lorsque l’armistice est signé en 1918, les troupes britanniques occupent une bonne partie du territoire irakien. En dépit de la fin des hostilités, la Grande-Bretagne, confortée dans la volonté de contrôler les ressources pétrolières pour alimenter son armée, choisit de poursuivre son avancée jusqu’à Mossoul. C’est donc en position de force que le gouvernement britannique peut dorénavant négocier l’avenir de l’Irak avec ses Alliés. L’accord Sykes-Picot de 1916 place, tout d’abord, le vilayet de Mossoul sous influence française. La France accepte d’y renoncer contre une participation de 25 % dans l’exploitation des gisements que pourront fournir ses champs pétroliers. La Grande-Bretagne doit également faire face aux pressions des Etats-Unis qui prônent la politique de la « porte ouverte ». En instaurant un mandat sur l’Irak, la Grande-Bretagne s’assure un accès privilégié sur le pétrole irakien.
En 1925, un premier accord est signé entre la Turkish Petroleum Company et le gouvernement irakien. Il est prévu que l’Irak touche, en guise de royalties, 4 shillings par tonne exportée. La compagnie s’assure par ce traité des droits sur le pays jusqu’au 27 mai 1996 sur la quasi-totalité du territoire. Si la Grande-Bretagne garde la moitié des parts de la Compagnie rebaptisée en 1929 l’Iraq Petroleum Company et assure sa direction, un quart revient dorénavant à la Compagnie Françaises des Pétroles et un autre quart à des compagnies américaines. Après dix ans de prospection, les premiers gisements de très bonne qualité sont découverts dans le nord de Kirkouk en 1927.

A partir de 1930, le Royaume-Uni commence à négocier avec l’Irak les conditions de son indépendance prévue pour 1932. A travers le Premier ministre irakien Nuri Al Saïd, les Anglais vont tout mettre en œuvre pour protéger leurs intérêts économiques et politiques et assurer le bon fonctionnement de leurs puits et installations pétrolières. Alors que le roi d’Arabie Saoudite Ibn Saoud vient d’accorder à Washington une concession sur son territoire, le contrôle du pétrole irakien prend d’autant plus d’importance pour la Grande-Bretagne qui doit dorénavant affronter la pression des mouvements nationalistes.

Lire les parties 2 et 3 :
 Enjeux du pétrole irakien 1930-1990 (article 2/3)
 Enjeux du pétrole irakien 1990-2011(article 3/3)

Bibliographie :
Edmund A. Ghareeb, Beth K. Dougherty, Historical dictionary of Iraq, Maryland/Oxford, the Scarecrow Press Inc, 2004.
Habib Ishow, Structures sociales et politiques de l’Irak contemporain, pourquoi un Etat en crise ?, Paris, L’Harmattan, 2003.
Majid A. Majid, L’Emergence d’un Etat à l’ombre d’un empire : Irak-Grande-Bretagne, Paris, Publications de la Sorbonne, 1984.
Charles Saint-Prot, Histoire de l’Irak, De Sumer à Saddam Hussein, Paris, Ellipses, 1999.

Publié le 07/01/2014


Lisa Romeo est titulaire d’un Master 2 de l’université Paris IV-Sorbonne. Elle travaille sur la politique arabe française en 1956 vue par les pays arabes. Elle a vécu aux Emirats Arabes Unis.


 


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