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La volonté du président américain Barack Obama de parvenir à la paix au Moyen-Orient s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs, soucieux de trouver une solution au conflit israélo-arabe. En dépit des oppositions auxquelles la diplomatie américaine a été confrontée depuis l’arrivée au pouvoir de Barack Obama, la récente déclaration de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton concernant la reprise des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens prévue pour le 2 septembre 2010 confirme la volonté américaine. Cette annonce intervient alors que les dernières troupes de combat américaines quittent l’Irak le 31 août, les 50 000 militaires encore présents se redéployant définitivement fin 2011, et que le président Obama se trouve confronté à des défis en politique intérieure.
L’objectif des présidents américains a été la recherche de la paix au Moyen-Orient, à la suite des guerres israélo-arabes de 1948-1949, de 1967 (guerre des six jours) et de 1973 (guerre du Kippour).
A la suite de la guerre des six jours (5-11 juin 1967), sous la présidence de Nixon (1969-1974), le secrétaire d’Etat William Rogers, opposé à la tactique de l’impasse préconisée par le responsable du conseil national de sécurité Henry Kissinger, présente un premier plan en décembre 1969. Ce plan propose d’évacuer le Sinaï égyptien et de parvenir à la paix entre Israël et l’Egypte. Mais il échoue en raison du refus d’Israël de l’appliquer. Le secrétaire d’Etat propose un second plan en juin 1970, dont l’objectif est à nouveau de parvenir à la paix entre Israël et l’Egypte. Il se solde par un nouvel échec. La diplomatie prônée par Kissinger prend alors le relais, mais elle échoue également. En revanche, à la suite de la guerre du Kippour (6-24 octobre 1973), la médiation de Kissinger aboutit avec la signature en janvier 1974 de l’accord du « kilomètre 101 » entre Israël et l’Egypte.
En janvier 1977, la nouvelle administration Carter (1977-1981) arrive au pouvoir. En mars 1977, dans le cadre des guerres israélo-arabes, le président Carter évoque dans un discours sa volonté de trouver une solution pour les Palestiniens. L’initiative du président égyptien Sadate, qui se rend à Jérusalem du 19 au 21 novembre 1977, est reprise par le président Carter. Il propose la poursuite de négociations, qui débouchent sur une rencontre en septembre 1978 à Camp David entre le président égyptien Sadate et le Premier ministre israélien Begin. La paix est signée entre l’Egypte et Israël le 26 mars 1979 à Washington, mais les négociations concernant les Territoires palestiniens n’aboutissent pas.
Sous la présidence de Ronald Reagan (1981-1989), le dossier du règlement du conflit israélo-arabe est repris. Le 1er septembre 1982, le plan Reagan propose l’autonomie des Territoires occupés mais non l’indépendance d’un Etat palestinien. Ce plan est refusé par Israël et par les Palestiniens. Le 7 décembre 1987, la première intifada est déclenchée dans les Territoires occupés. L’administration Reagan s’implique à nouveau : le secrétaire d’Etat Schultz entreprend une tournée diplomatique au Moyen-Orient et présente un plan en février 1988, qui propose l’organisation de négociations entre Israël et les Palestiniens afin d’aboutir à un accord sur les territoires palestiniens. Ce plan est refusé par Israël.
George Bush (1989-1993) quant à lui estime que la recherche de la paix ne peut aboutir tant que l’intifada se poursuit. Son secrétaire d’Etat, James Baker, propose un plan en octobre 1989, avec l’organisation de négociations entre les Palestiniens et Israël et la tenue d’élections dans les Territoires occupés. Mais ce plan n’est pas accepté, car dans le même temps, Israël décide de poursuivre la colonisation dans les Territoires occupés. Le succès de la coalition lors de la guerre du Golfe (février 1991) et la libération du Koweït encouragent le président Bush à reprendre les négociations de paix. Elles aboutissent à la conférence qui s’ouvre à Madrid le 30 octobre 1991, articulée autour de deux grandes revendications : les Palestiniens demandent un transfert de souveraineté et les Israéliens demandent la poursuite de la colonisation et la fin des actes de violence à leur encontre. Israël réaffirme également sa souveraineté sur le territoire israélien. A la suite de la conférence de Madrid, où aucune décision n’est prise, les discussions se poursuivent à Washington, mais là encore, aucune avancée n’est constatée.
En septembre 1992, des responsables israéliens et de l’OLP se rencontrent à Oslo, capitale de la Norvège, où les négociations de paix se poursuivent. C’est ainsi que le 9 septembre 1993, deux lettres sont signées par Yasser Arafat et adressées, l’une au Premier ministre israélien Rabin et l’autre au ministre norvégien des Affaires étrangères Johan Jorgen Holst. Dans la première, Arafat reconnaît le droit pour Israël de vivre dans la paix et la sécurité, il accepte les résolutions 242 et 338 et souhaite avancer dans les négociations de paix. Rabin répond à la lettre d’Arafat le 10 septembre et reconnaît l’OLP comme le « représentant du peuple des palestinien », et dit accepter de traiter avec elle pour les négociations de paix. Dans la seconde missive, Arafat annonce vouloir mettre fin à l’intifada. A la suite de cet échange de lettre, une déclaration appelée Déclaration de principes sur des arrangements intérimaires d’autonomie est signée par Arafat et Rabin le 13 septembre à Washington. Le texte de la déclaration prévoit la mise en place d’une autonomie transitoire à Gaza et sur une partie de la Cisjordanie (dans une zone à définir dans la région de Jéricho) pour une période de cinq ans, puis de parvenir à une autonomie complète de la Cisjordanie. L’armée israélienne doit quitter les territoires mentionnés avant le 13 juillet 1994, même si elle continue à assurer la sécurité des frontières et celle des colonies juives. L’autonomie transitoire signifie également le transfert des pouvoirs aux Palestiniens.
Sous la présidence de Bill Clinton (1993-2001) des négociations sont à nouveau entamées début 1995 et aboutissent à la signature des accords d’Oslo II le 28 septembre 1995 entre Rabin et Arafat. L’autonomie est étendue à l’ensemble de la Cisjordanie, et l’armée israélienne doit quitter dans les six mois les agglomérations de Cisjordanie à l’exception d’Hébron où sont présents de nombreux colons. Quant au retrait dans les villages, il est prévu qu’il se poursuive jusqu’en 1997. L’arrivée au pouvoir du nouveau Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou le 26 mai 1996, qui décide de poursuivre la colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens, poussent le président Bill Clinton à relancer le processus de paix. Le 15 octobre 1998, il organise une rencontre à Wye Plantation entre Arafat et Nétanyahou. Après plusieurs jours de négociation, un accord est signé le 23 octobre, décidant du retrait de l’armée israélienne de 13% de la Cisjordanie, de l’ouverture d’un aéroport à Gaza (qui sera effective le 24 novembre) et du renforcement de la sécurité sous le contrôle américain. Le statut définitif de Jérusalem doit également être évoqué dans des négociations à venir. Le 11 juillet 2000, dans le cadre de la poursuite des négociations de paix entre Israël et les Palestiniens, un sommet débute à Camp David, organisé par le président Bill Clinton. Au cours des négociations, les Palestiniens demandent le retour aux frontières de 1967, mais les Israéliens refusent de quitter la Cisjordanie dans sa totalité, acceptant d’en rendre 78%. Les négociations butent également sur la question de l’esplanade des Mosquées à Jérusalem, où les Israéliens peuvent se rendre mais n’ont pas le droit de prier, depuis 1967. Leur demande est refusée par Arafat, qui craint le désaccord des musulmans. Les Israéliens acceptent que l’autorité palestinienne puisse gérer les quartiers arabes situés à Jérusalem-Est. En revanche, ils refusent de partager la souveraineté sur la ville comme le demandaient les Palestiniens. La conférence se termine le 25 juillet.
En janvier 2001, George W Bush devient président (2001-2009). La situation est à nouveau très tendue dans les Territoires palestiniens en raison du déclenchement de la seconde intifada en septembre 2000. Le directeur de la CIA George Tenet propose alors un plan le 12 juin 2001 (retrait israélien des Territoires palestiniens, gel des colonies, arrêt des violences palestiniennes), mais les violences se poursuivent. En 2002 à nouveau, le processus reprend, avec l’élaboration d’une « feuille de route » par les Etats-Unis, l’ONU, l’Union européenne et la Russie, dont l’objectif est de parvenir à la création d’un Etat palestinien en 2005. Les violences se poursuivent et l’objectif n’est pas réalisé. C’est alors que George Bush lance le 27 novembre 2007 à Annapolis un sommet de paix réunissant le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, le Premier ministre israélien Ehoud Olmert et les représentants de 38 autres Etats. La question de la création d’un Etat palestinien est à l’ordre du jour ainsi que celle du règlement du conflit. Mahmoud Abbas et Ehoud Olmert disent accepter de reprendre la mise en œuvre de la « feuille de route » et de trouver un accord avant la fin du mandat de W. Bush.
Si certaines de ces négociations et conférences semblent prometteuses, notamment le processus qui s’amorce à Oslo, les années 2000 semblent en revanche marquées par des impasses. Dans ce contexte, le nouveau président Barack Obama prend ses fonctions en janvier 2009.
Lire la partie 2 : Vers un nouveau plan de paix américain au Moyen-Orient (2/2) ?
Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.
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Jean-Paul Chagnollaud est Professeur des universités, directeur de la revue Confluences-Méditerranée et de l’iReMMO.
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