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L’arrivée au pouvoir, en France, du Front populaire, remet les indépendances syrienne et libanaise à l’ordre du jour. Dans un contexte régional de recherche de l’indépendance, en Irak en 1932, en Egypte avec la signature du traité anglo-égyptien de 1936 qui accorde à l’Egypte une plus grande autonomie, et dans celui de la montée des tensions en Palestine la même année, la France ne peut rester indifférente aux revendications d’indépendance des Syriens et des Libanais, indépendance qui doit être donnée à court terme, selon la charte du mandat de la Société des Nations.
En Syrie, la montée des tensions et la forte mobilisation nationaliste obligent le haut-commissaire français Damien de Martel à accéder aux demandes syriennes d’ouvrir des négociations entre Paris et Damas, afin de négocier un traité reconnaissant l’indépendance et l’unité de la Syrie. Une délégation syrienne se rend à Paris et les premières négociations se déroulent de mars à mai 1936. Elles sont suivies dès juillet de nouvelles négociations. Un traité est signé le 9 septembre entre le sous-secrétaire aux Affaires étrangères Pierre Viénot et le président syrien Hachem el-Atassi, prévoyant l’indépendance et l’unité syrienne (avec la fin des autonomies druze et alaouites) et l’entrée à la Société des Nations. La France obtient des facilités militaires pendant 25 ans en Syrie. Ce traité permet la réalisation des aspirations syriennes, devant aboutir à l’unité syrienne et à l’indépendance.
Un traité est également signé entre la France et le Liban le 13 novembre 1936. Il garantit l’indépendance du Liban et surtout sa souveraineté et son intégrité territoriale, face aux revendications des nationalistes tant libanais que syriens qui souhaitent la formation de la Syrie naturelle constituée de la Syrie et du Liban. Pour les chrétiens, ce traité est la garantie de la présence française pour 25 ans, afin d’aider à la stabilité du pays. Pour les musulmans en revanche, ce traité met fin à leurs espoirs nationalistes d’une union avec la Syrie.
En France cependant, des oppositions s’élèvent contre la ratification par le Parlement des traités franco-syrien et franco-libanais, en particulier dans les milieux militaires, coloniaux et religieux. Les deux premiers refusent de donner l’indépendance à ces deux Etats dans lesquels la France a beaucoup investi en hommes et en moyens financiers. Quant aux religieux, ils craignent pour le sort des populations chrétiennes, une fois la France partie. Devant ces contestations, et devant l’opposition du Sénat, le Parlement ne ratifie pas les traités franco-syrien et franco-libanais.
Bibliographie
Edmond RABBATH, La formation historique du Liban politique et constitutionnel, Librairie orientale, Beyrouth, 1973, 586 pages.
Pierre VIENOT, Le traité franco-syrien, Imprimerie F. Jalloux, Rocroi, 1939, 31 pages.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.
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