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Salon du livre francophone de Beyrouth : Libres livres (24 octobre-1er novembre 2015)

Par Mathilde Rouxel
Publié le 02/11/2015 • modifié le 02/11/2015 • Durée de lecture : 3 minutes

Il s’agit d’un carrefour incontournable de la francophonie au Liban, et est l’occasion de proposer dix jours de débats autour de la langue française, de l’histoire et de l’industrie du livre. Créé en 1992 pour soutenir, au sortir de la guerre civile, les professionnels et l’industrie du livre au Liban, il fait partie des « événements majeurs de la vie culturelle libanaise », selon les mots du Premier ministre de la République Libanaise Tamam Salam. Dans un Liban où la francophonie se meurt, le thème du 22e Salon appelle aux « livres libres », soit à vivre libre.

Dans cette région du monde instable et en constante redéfinition, la question de la liberté et de l’expression est une question fondamentale qui fait sans cesse débat. La présence de la francophonie au Liban est perçue et réfléchie comme l’un des témoins principaux de la richesse et de la diversité du pays. En donnant l’occasion aux éditeurs francophones libanais de rencontrer son public, cet événement annuel permet par ailleurs de soulever avec de nombreux auteurs invités issus du monde entier des questions et des débats d’actualité.

Les axes principaux proposés par ce 22e Salon du Livre francophone fait un écho direct à l’actualité du Proche-Orient. Exalter la littérature et la liberté d’expression lorsque l’État islamique provoque autodafés et dynamite les joyaux archéologiques du patrimoine mondial, tel était le mot d’ordre du président du Sénat français M. Gérard Larcher, invité à inaugurer le 23 octobre l’événement.

Le salon se développe sur plusieurs axes : il met d’abord l’accent sur la production universitaire dans la région, notamment via l’Institut Français du Proche-Orient (IFPO) dont une branche est par ailleurs implantée à Beyrouth même. Ainsi sont mises en avant les recherches sociologiques, historiques et linguistiques menées par l’institut sur la région proche-orientale. Il interroge ensuite la diversité de la francophonie en invitant, comme chaque année, des auteurs maghrébins, africains ou européens ; la présence de l’écrivain canadien d’origine haïtienne Deny Laferrière, l’écrivain français d’origine égyptienne Robert Solé, l’auteur algérien Kamel Daoud et d’autres ont honoré cette année cette diversité. Le salon du livre francophone de Beyrouth laisse par ailleurs pour la troisième année consécutive une place notable aux stands des éditeurs arabophones, qui présentent à Beyrouth leurs publications traduites du français. On a pu y trouver le Sadate de Robert Solé, Jérusalem 1900 de Vincent Lemire ou encore le Meursault contre-enquête de Kamel Daoud. Il n’oublie pas, enfin, de mettre à l’honneur des universités francophones du pays ; les presses de l’Université Saint-Joseph côtoient celles de l’Académie Libanaise des Beaux-Arts (ALBA), qui mettent en avant les publications de leurs chercheurs et de leurs étudiants.

Les auteurs libanais ont également été fortement représentés cette année ; Amal Makarem est venu présenter son très attendu Paradis infernal, qui mêle souvenirs et analyse politique de la guerre. Michèle Gharios a signé par ailleurs Je soussigné Mahmoud Darwich, qui réunit les lettres que le poète envoyait à Ivana Marchalian, romancé par l’auteur. Charif Majdalani est venu signer son roman La Villa des femmes, prix Jean Giono 2015, Najwa Barakat son livre La Langue du secret, Antoine Sfeir son Liban : 1975-2015 : 40 ans d’échecs et d’espoirs. Par ailleurs, le Salon a été l’occasion du lancement de l’ouvrage de Roger Assaf, Le Théâtre dans l’histoire, qui continue sa grande œuvre sur l’histoire du théâtre, engagée en 2008.

Durant dix jours, les tables rondes se sont succédées ; Georges Corm, Jean-Pierre Filiu, Henry Laurens, Jean-Michel Ribes, Alain Gresh, et bien d’autres sont venus défendre en public leur livre, débattre sur des sujets historiques ou contemporains. La plupart des tables rondes a ainsi convoqué l’actualité politique, discutant le problème des migrations (table ronde avec la participation de Michel Eddé), de la vague islamiste qui soulève la région (en présence de Patrick Baz, Stéphan Bazan et Rabih Haddad), l’écriture des conflits (en présence de Ramy Zein), et de nombreuses autres questions sur les problématiques qui dominent dans la région.

Le Prix littéraire francophone régional « Liste Goncourt/Le Choix de l’Orient », décerné pour la quatrième année consécutive, revint à Titus n’aimait pas Bérénice de Nathalie Azoulai. Ce livre comptait parmi les quinze ouvrages en lice pour le Prix Goncourt de l’année 2015, dont la liste fut révélée à la rentrée 2015. Un choix des éditeurs libanais qui offre aux lecteurs une première opinion avant la remise du Goncourt en France, qui aura lieu le 3 novembre 2015.

Publié le 02/11/2015


Suite à des études en philosophie et en histoire de l’art et archéologie, Mathilde Rouxel a obtenu un master en études cinématographiques, qu’elle a suivi à l’ENS de Lyon et à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban.
Aujourd’hui doctorante en études cinématographiques à l’Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle sur le thème : « Femmes, identité et révoltes politiques : créer l’image (Liban, Egypte, Tunisie, 1953-2012) », elle s’intéresse aux enjeux politiques qui lient ces trois pays et à leur position face aux révoltes des peuples qui les entourent.
Mathilde Rouxel a été et est engagée dans plusieurs actions culturelles au Liban, parmi lesquelles le Festival International du Film de la Résistance Culturelle (CRIFFL), sous la direction de Jocelyne Saab. Elle est également l’une des premières à avoir travaillé en profondeur l’œuvre de Jocelyne Saab dans sa globalité.


 


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