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Royaume arabe de Syrie (1920)

Par Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Publié le 07/06/2010 • modifié le 02/03/2018 • Durée de lecture : 2 minutes

Des délégations libanaises et une délégation chérifienne représentée par Fayçal, fils du chérif Hussein de la Mecque, y participent. Les Libanais demandent la création d’un Grand Liban indépendant de la Syrie et les Chérifiens demandent l’indépendance de la Syrie (y compris de la côte libanaise). En revanche, si les Libanais sont favorables à un mandat français, Fayçal ne souhaite que l’aide technique de la France et refuse le mandat.

Mais Fayçal n’obtient pas satisfaction à la conférence de la paix et doit signer le 6 janvier 1920 un accord avec la France : l’accord Fayçal-Clemenceau (qui est alors président du Conseil), par lequel il reconnaît le mandat sur le Liban et sur la Syrie, le gouvernement français s’engageant en retour à prêter son concours à la Syrie et à garantir son indépendance dans les frontières qui seront reconnues par la conférence de la paix. A son retour en Syrie, bien que lié par cet accord qu’il n’a pas annoncé à ses partisans, il est poussé par les plus extrémistes d’entre eux à obtenir l’indépendance totale de la Syrie. Le 7 mars, le Congrès syrien (composé des officiers de l’armée chérifienne et de Syriens favorables à Fayçal) proclame Fayçal roi d’une Syrie indépendante, constituée de la Syrie et du Liban (sauf du Mont Liban). Les Français et les Britanniques, inquiets des conséquences des décisions du Congrès dans leurs possessions musulmanes, somment Fayçal d’y mettre fin. Le risque d’un conflit, si Fayçal n’est pas reconnu comme roi de Syrie par la France et par la Grande-Bretagne, est réel. Pendant que les tractations diplomatiques se poursuivent pour savoir quelle attitude adopter face à Fayçal, la conférence de San Remo d’avril 1920 attribue à la France les mandats sur la Syrie et le Liban et à la Grande-Bretagne les mandats sur la Palestine, la Transjordanie et l’Irak. Fayçal comprend alors que les jours de son royaume sont comptés et entend se soumettre aux décisions de San Remo. Mais l’entourage de Fayçal s’y oppose.

Face à ces oppositions, le général Gouraud, haut-commissaire depuis le 21 novembre 1919, estime que seule l’action militaire peut mettre fin à la résistance syrienne et les préparatifs militaires français commencent. Le 14 juillet, Gouraud lance un ultimatum à Fayçal, dont les termes (entre autre adhérer au mandat français et démobiliser son armée) doivent être acceptés avant le 18 juillet. Fayçal réagit le 20 juillet, ordonnant notamment la suspension du Congrès et acceptant les termes de l’ultimatum. Mais son message parvient trop tard au général Gouraud (lignes téléphoniques coupées) et les troupes françaises, qui étaient concentrées à Zahlé, à l’est de Beyrouth, marchent sur Damas. Le 24 juillet, les troupes de Fayçal sont défaites à Khan Meyssaloun et le 25 juillet les troupes françaises entrent à Damas.

Avec la fin du royaume arabe, Fayçal quitte la Syrie, la France occupe alors la partie intérieure jusque là sous administration chérifienne et met progressivement en place son mandat. Fayçal est placé sur le trône d’Irak le 23 août 1921 par les Britanniques.

Sources :
Archives du ministère des Affaires étrangères Paris, Série E-Levant, sous série Syrie-Liban, volumes 25, 31.
Documents on British Foreign Policy 1919-1939, volume 13.
British Documents on Foreign Affairs, volumes 2,1 et 2,2.

Publié le 07/06/2010


Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.


 


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