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Revue des Deux Mondes, avril 2011, Dossier « Un printemps des peuples arabes ? »

Par Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Publié le 02/05/2011 • modifié le 30/01/2018 • Durée de lecture : 3 minutes

François Bujon de l’Estang, membre du comité de rédaction de la Revue des Deux Mondes et ambassadeur de France, aujourd’hui président d’une société de conseil en stratégies internationales, évoque la question des crises dans son article : « ‘’Printemps arabe’’ : l’embarras des diplomaties occidentales ». En introduction, analysant la réaction des diplomaties occidentales, il explique : « Aucune des diplomaties occidentales n’avait prévu ces explosions. Et pourtant tous les observateurs du monde arabe percevaient depuis des années le développement d’un malaise économique et social persistant, nourri par une démographie incontrôlée, le chômage massif des jeunes rendu plus intolérable encore par les progrès de l’éducation, l’absence de toute perspective entretenue par une vie publique cadenassée, ne laissant aucun espace aux libertés, l’omniprésence de la corruption et la sclérose de régimes en place depuis trop longtemps, fermés à toute évolution ». Il rappelle en outre les liens des gouvernements occidentaux avec les régimes qui ont été « renversés ou contestés ». Dans une première partie, François Bujon de l’Estang aborde les configurations spécifiques de chacun des Etats du Moyen-Orient, (Egypte, Libye, Arabie saoudite, Iran, Yémen, Bahreïn) et leurs relations avec les Etats occidentaux, en particulier avec les Etats-Unis et avec l’Union européenne. Dans les deuxième et troisième parties de l’article, l’auteur se penche sur les diplomaties française et américaine. La diplomatie française est étudiée au regard de sa gestion des événements en Tunisie, en Egypte et en Libye ; la diplomatie américaine, « qui donne l’impression de s’être tirée jusqu’à présent sans accroc d’une situation riche en dangers », est étudiée quant à elle pour ses interventions diplomatiques en Egypte et à Bahreïn.

Jacques de Saint Victor, historien et philosophe du droit, professeur des universités à Paris VIII, se penche sur la question suivante : « Le ‘’printemps arabe’’ connaîtra-t-il le même sort que le ‘’printemps des peuples’’ ? » La problématique développée par l’auteur est l’analogie ou non que l’on peut établir entre le ‘’printemps des peuples’’, événements que connut l’Europe en 1948, et le ‘printemps arabe’’ que vivent les peuples arabes aujourd’hui. Son analyse repose ainsi sur la question suivante : « A procéder ainsi dans le télescopage historique, l’historien ne peut que poser la question qui fâche : le ‘’printemps arabe’’ connaîtra-t-il le même sort que le ‘’printemps des peuples’’ de 1848 ? »

Renaud Girard, ancien élève de l’Ecole normale supérieure et de l’ENA, est grand reporter au Figaro et auteur de plusieurs ouvrages sur le Moyen-Orient. Son article « Carnet de route, les pétromonarchies du Golfe touchées par la contagion démocratique » est le récit des événements vécus à Bahreïn en février 2011 : l’occupation de la place de la Perle ; les manifestations des pro-gouvernement et celles des pro-démocratie ; les interventions de l’armée ; les attentes de l’opposition, notamment la démission du gouvernement ; la grande manifestation des chiites de Bahreïn le 22 février, qui a réuni 150 000 personnes, au cours de laquelle était scandé « Sunnites, chiites, nous sommes tous frères ». L’auteur analyse également la situation politique interne de Bahreïn et la perception par le gouvernement sunnite des événements.
Sur le plan régional, les liens avec l’Arabie saoudite sont rappelés à l’occasion de la visite fin février du souverain de Bahreïn, Hamad ben Issa al-Khalifa, dans cet Etat. Le roi Abdallah le reçoit : « Le message qu’a voulu transmettre le maître de l’Etat arabe le plus puissant du golfe Persique était clair : la monarchie des Saoud était solidaire de celle des Khalifa dans la difficulté (car confrontée à un soulèvement chiite) ; jamais l’Arabie saoudite n’abandonnera Bahreïn, son petit protégé au sein du CCEAG ». Les relations qui unissent les deux Etats depuis 1971, date de l’indépendance de Bahreïn, sont ainsi rappelées, ainsi que les conséquences pour la région d’un embrasement des chiites de Bahreïn : « Figure tutélaire du Golfe arabe, le pragmatique et fin roi Abdallah, sait très bien ce qu’il veut éviter. C’est un scénario du pire, où des massacres de chiites à Bahreïn allumeraient des foyers de rébellion dans toutes les communautés chiites arabes du Golfe, donnant ensuite aux chiites persans d’Iran une occasion en or pour nourrir leurs rêves d’hégémonie sur le plus grand réservoir mondial de pétrole ». Au regard des événements de Bahreïn, et dans une vision comparative, la situation au Yémen, à Oman et en Jordanie est également décryptée.

Publié le 02/05/2011


Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.


 


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