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Revue Moyen-Orient, juillet-septembre 2012, « Bilan géostratégique 2012 – La révolution en marche »

Par Astrid Colonna Walewski
Publié le 13/08/2012 • modifié le 26/03/2020 • Durée de lecture : 4 minutes

Le numéro d’été de la revue Moyen-Orient dresse un bilan géostratégique de la région sous la forme d’un atlas.
Le texte introductif de Hamit Bozarslan « Bilan révolutionnaire : entre espoirs et pragmatisme » s’intéresse au sens que revêtent les contestations révolutionnaires de 2011-2012. Elles sont une réponse à l’autoritarisme et à l’islamisme radical, un sursaut des citoyens pour redéfinir leur participation. De plus, leur caractère pacifique marque une rupture avec la violence du système international depuis le 11 septembre 2001. L’auteur analyse les révolutions à la fois démocratiques et conservatrices qui se sont déroulées en Tunisie et en Egypte, en opposant la dynamique de la rue et la légitimité des urnes. L’effet domino qui s’opéra à partir de la Tunisie obéit à la diversité des configurations locales, par conséquent les espaces du monde arabe connaissent des révolutions de rythme et de nature différentes.

Une analyse plus spécifique de chacun des pays de la région est réalisée aux moyens d’une carte détaillée et de repères-clés sur sa population et son économie. Enfin, des spécialistes reviennent sur deux sujets qui ont marqués l’année 2012 : le rôle des monarchies du golfe Arabo-Persique et l’islam politique.

Mansouria Mokhefi interroge les répercussions du « printemps arabe » sur le golfe Arabo-Persique, pour mettre en évidence la place centrale de l’Arabie saoudite, le nouveau rôle du Qatar et l’influence du Conseil de Coopération du Golfe. Les Etats de la région sont avant tout guidés par la volonté de préserver leur sécurité intérieure, qui passe notamment par la stabilité régionale. Cette logique explique les interventions de l’Arabie saoudite pour empêcher toute propagation du « printemps arabe » non seulement à son royaume, mais aussi au Bahreïn et au Yémen. La recherche d’une alliance contre l’Iran et le soutien aux mouvances islamistes montantes dans la région façonnent également la diplomatie des pétromonarchies.

Mathieu Guidère dessine une « nouvelle géopolitique de l’islamisme » bouleversée par les événements de 2011. Il s’interroge sur l’avenir des « démocrates-musulmans » qui ont accédé au pouvoir après la chute des dictateurs. Le retour en force de l’islam politique s’exprime par la consécration des Frères musulmans et l’ascension des salafistes, alors que la mouvance djihadiste est décrédibilisée.

La revue aborde également d’autres thématiques liées à la « révolution en marche ». La place des femmes dans le monde arabe est mise à l’honneur dans un entretien exclusif avec Sophie Bessis, qui retrace l’engagement des femmes dans la lutte contre les dictatures et pour le progrès de leur condition. Globalement, le Maghreb est en avance sur le Machrek en matière de droit des femmes et d’accès à la sphère publique. En Tunisie, la victoire des islamistes pourrait mettre en danger ces avancées, bien que la société soit profondément sécularisée. L’auteur distingue « l’islamisme au féminin » du « féminisme islamique », avant de livrer ses espoirs et ses craintes pour l’avenir.

Le volet « Géopolitique » de la revue est composé de quatre articles. Bernard Hourcade observe les changements dans les relations entre l’Iran et l’Occident et s’interroge sur une possible fin de « guerre froide ». La politique américaine ayant évolué avec Barack Obama et l’Iran ayant recentré ses priorités sur le Golfe, les deux parties sont maintenant favorables à des négociations au sujet du nucléaire. Le Guide Ali Khamenei joue un rôle nouveau, décisif dans le processus d’ouverture contrôlée et de normalisation avec l’Occident.

Le territoire du Sinaï est la cause de vives tensions depuis la chute du président Moubarak. Olivier Sanmartin situe les enjeux à des échelles régionale, nationale et locale. L’article retrace l’histoire de ce territoire stratégique et examine les facteurs qui ont exacerbé les tensions dans les années 2000, notamment l’intensification du trafic vers la bande de Gaza, le développement du tourisme mais aussi de la violence armée.

Mark Katz analyse les réactions de la Russie aux différents soulèvements du monde arabe. Le refus de toute ingérence dans les affaires internes d’un Etat ainsi que la peur de l’expansion du fondamentalisme sunnite dictent les positions défendues par la Russie.

Valentina Napolitano apporte un éclairage sur le repositionnement du Hamas en faveur de la révolution syrienne, sur les causes de ce basculement ainsi que ses conséquences pour le mouvement.

Le volet « Géo-économie » de la revue est consacré à la Tunisie. Selon Lahcen Achy, si l’économie tunisienne a été victime de la révolution, ses difficultés sont avant tout d’ordre structurel. Le chômage, le tourisme et l’industrie souffrent depuis quelques années déjà. L’accroissement des disparités sociales et territoriales a largement contribué au déclenchement des révoltes contre le régime de Ben Ali. Il est indispensable que le nouveau gouvernement tunisien relève ces défis et mette en place des politiques de réforme structurelles.

A l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, le dernier article de la revue retrace une histoire des « occasions et mariages manqués » entre la France et l’Algérie tout au long de la période coloniale. L’historien Gilbert Meynier revient sur les initiatives françaises qui auraient pu changer les relations entre les deux pays, mais qui ne furent pas mûries en véritables politiques et se soldèrent par des échecs. Une réflexion de fond est menée sur le rôle de l’école française. Les espoirs d’une émancipation portés par le « projet Viollette » ou le statut de 1947 furent déçus et se devinrent des obstacles à l’assimilation.

Publié le 13/08/2012


Après avoir obtenu une licence d’Histoire à l’université Paris IV Sorbonne, Astrid Colonna Walewski étudie actuellement à l’Université Catholique de Louvain en Master de Relations Internationales. Elle suit des cours de spécialité sur le monde arabe et écrit un mémoire sur la révolution égyptienne.


 


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