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L’opération militaire israélienne amorcée le 23 septembre dernier au Liban a bouleversé un pays déjà fragilisé par la crise financière et l’instabilité politique. En deux semaines, plus d’un million de personnes ont pris la route de l’exode. A la frontière avec la Syrie, ce sont près de 300 000 personnes, Syriens et Libanais, qui ont pris la fuite vers le pays voisin, pourtant lui-même ravagé par la crise économique et la guerre.
Alors que tous au Liban tentaient de trouver leurs repères avec le souvenir de la guerre de 2006, Israël a changé de paradigme. En quelques jours, l’armée israélienne a éliminé les plus hauts cadres du Hezbollah, jusqu’à son chef, Hassan Nasrallah, tué dans son QG souterrain à Dahieh par des bombes qui ont percé le sol. Tous disent au Liban que cette guerre est plus violente que l’invasion israélienne de 1982 et les bombardements durant la guerre de 2006.
L’offensive israélienne est concentrée sur le sud-Liban, une partie de la Bekaa et la banlieue sud de Beyrouth, Dahieh. Les frappes ciblent aussi d’autres régions, comme les districts de Basta et de Nweiri à Beyrouth touchés le 10 octobre, tuant 22 personnes, et à Aïtou, village chrétien du Nord Liban le 14 octobre, tuant 23 personnes. A chaque fois, des déplacés du sud-Liban. Israël assure viser des cadres du Hezbollah, mais il utilise peu de précautions pour épargner les civils. D’autant plus que pour certaines frappes, comme à Aïtou, la présence de membres du Hezbollah est discutée.
Face à la catastrophe humanitaire qui touche les Libanais, les Syriens, les Palestiniens mais aussi les travailleurs migrants, la solidarité s’organise pour faire union malgré les divisions politiques. Mais lorsque les déplacés de guerre se réfugient dans certains villages ou des quartiers de la capitale libanaise, la peur habite aussi les âmes, car certains redoutent la prochaine frappe israélienne. Près de 1 300 personnes ont été tuées depuis le 23 septembre, en majorité des civils selon la presse locale.
La guerre israélienne au Liban a fait chavirer le pays dans l’effroi et l’inconnu. En quelques semaines, elle a dessiné un nouveau visage au Liban, il est encore trop tôt pour en comprendre les contours. Reportage photos.
Au moins 23 personnes ont été tuées dans une frappe israélienne sur Aytou, au nord du Liban le lundi 14 octobre, et 3 blessées, principalement des Libanais originaires du village de Aitaroun (sud-Liban). C’est la première fois que ce village à majorité chrétien, est ciblé. Les frappes israéliennes s’enfoncent un peu plus dans le territoire libanais, plus de deux semaines après le début de l’opération israélienne.
Des centaines de personnes fuient la guerre au Liban vers la Syrie par le poste frontière de Masnaa le mercredi 9 octobre. Le vendredi 11 octobre, dans la matinée, l’armée israélienne a détruit cette route reliant le Liban et la Syrie, disant avoir visé un « tunnel du Hezbollah » créant un immense cratère. Malgré les dommages causés par le raid aérien, des voyageurs effectuent toujours la traversée, à pied. Beaucoup de Libanais, mais aussi des Syriens, qui craignent leur retour en Syrie (principalement les violences du régime syrien et l’enrôlement dans l’armée syrienne pour les hommes). Certains remplissent des gallons d’essence de leur voiture pour pouvoir la réutiliser une fois en Syrie. Le croissant rouge syrien assiste les réfugiés dans leur traversée. Sur le point de passage, quelques Libanais revenaient aussi au Liban après une semaine passée en Syrie.
A Beyrouth, des dizaines de personnes, Libanais, Syriens, Palestiniens, Bangladais ont fui les bombes israéliennes pour se réfugier sur la Place des Martyrs.
Au cœur de la capitale, des matelas jonchent le bitume. Quelques tentes sont installées sous le soleil encore vif du mois d’octobre. Des dizaines de familles errent depuis une semaine, sans savoir où se réfugier.
Après quatre ans de crise financière, les dirigeants libanais n’ont ni les moyens ni la volonté politique d’assister ces personnes. Alors, les initiatives privées se multiplient, comme à l’église Saint Joseph, dans le quartier chrétien d’Achrafieh, où des migrants originaires du Soudan, d’Ethiopie ou du Bangladesh sont accueillis.
Dans la soirée du jeudi 10 octobre, la capitale libanaise a été ébranlée par deux bombardements israéliens sur des immeubles résidentiels. Une première frappe a touché le district de Nweiri, détruisant deux étages et tuant au moins 9 personnes. Dans le quartier de Basta, où je me suis rendue, une seconde attaque aérienne a causé l’effondrement d’un immeuble et tué 13 personnes. C’est la journée la plus meurtrière dans le centre de Beyrouth depuis le début de la guerre le 8 octobre.
Ines Gil
Ines Gil est Journaliste freelance basée à Beyrouth, Liban.
Elle a auparavant travaillé comme Journaliste pendant deux ans en Israël et dans les territoires palestiniens.
Diplômée d’un Master 2 Journalisme et enjeux internationaux, à Sciences Po Aix et à l’EJCAM, elle a effectué 6 mois de stage à LCI.
Auparavant, elle a travaillé en Irak comme Journaliste et a réalisé un Master en Relations Internationales à l’Université Saint-Joseph (Beyrouth, Liban).
Elle a également réalisé un stage auprès d’Amnesty International, à Tel Aviv, durant 6 mois et a été Déléguée adjointe Moyen-Orient et Afrique du Nord à l’Institut Open Diplomacy de 2015 à 2016.
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