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Dès 1949, l’Arabie saoudite s’implique dans la question du conflit israélo-arabe, en acceptant les accords d’armistice de Rhodes, puis en 1956 en se rangeant du côté de l’Egypte lors de la crise de Suez, en 1967 en finançant la reconstruction des forces arabes, en 1973 par son rôle dans l’embargo pétrolier, même si elle refuse de participer au combat armé contre Israël. La diplomatie saoudienne suit ainsi la position des pays arabes en faveur de la cause palestinienne, tout en conciliant son engagement aux côtés de l’Occident. Dans le contexte de recherche de la paix israélo-palestinienne, le prince héritier Fahd d’Arabie saoudite (il accède au trône à la mort de son demi frère Khaled le 13 juin 1982) lance un plan le 7 août 1981, à la suite des accords de Camp David, qu’il considère comme une impasse. La proposition saoudienne se situe dans le contexte de la reconnaissance d’Israël par l’Egypte en 1978 lors des négociations de Camp David et de la condamnation unanime de l’Egypte par le monde arabe.
Basé sur les résolutions de l’ONU, ce plan en sept points propose le retrait d’Israël des territoires occupés depuis 1967, y compris de Jérusalem-Est ; le démantèlement des colonies juives dans les territoires occupés ; la liberté de culte dans les Lieux saints ; le retour des Palestiniens ou une indemnisation pour ceux qui ne souhaitent pas revenir ; la tutelle temporaire de l’ONU en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza ; la création d’un Etat palestinien indépendant ; le droit pour tous les Etats de la région de vivre en paix. Pour le prince Fahd, « les principes que je viens d’énoncer ne sont pas le fruit de mon invention, mais des résolutions adoptées par les Nations unies, soit par le Conseil de sécurité soit par l’assemblée générale. Il est possible de les regrouper tous, en une seule résolution qui, adoptée par le Conseil de sécurité, servirait de cadre pour le règlement juste et global » [1]. Il ajoute qu’il est possible de parvenir à un tel règlement si les Etats-Unis ne poursuivent pas leur appui « illimité » à Israël, dans la mesure également où le « facteur palestinien » est reconnu « comme le facteur principal de l’équation du Proche-Orient ». Enfin, il rappelle le rôle de la diplomatie européenne : « Parler de la responsabilité des Etats-Unis quant au conflit arabo-israélien, ne dégage pas pour autant les Etats de l’Europe occidentale de leur responsabilité propre » [2].
Le plan du prince Fahd, qui ne reconnaît pas explicitement Israël et qui reste prudent dans sa formulation, n’est cependant pas accepté par les pays arabes. Le président égyptien le refuse ; au sein de l’OLP, si Yasser Arafat y est favorable, le FPLP, le FDLP et certains membres du Fatah le refusent, car pour eux, le point portant sur la « reconnaissance du droit de tous les Etats à vivre en paix », équivaut à une reconnaissance de l’Etat d’Israël. Le Président syrien Hafez al-Assad est également hostile au plan du prince Fahd car il ne prend en compte que les Territoires occupés palestiniens et non les autres territoires pris par Israël lors de la guerre des six jours, notamment le Golan syrien. En revanche, les puissances occidentales montrent leur intérêt à ce plan élaboré par un acteur du Moyen-Orient. Les conséquences du refus arabe sont l’ajournement du XII ème sommet arabe de Fès du 25 novembre 1981, auquel Hafez al-Assad refuse de se rendre, et où le plan du prince Fahd était à l’ordre du jour. Dans ce contexte, Israël annexe le Golan syrien le 14 décembre, invoquant comme raison le refus de la Syrie de négocier avec lui.
En septembre 1982, à la suite de l’opération israélienne Paix en Galilée au Liban et du départ de l’OLP et des combattants palestiniens de Beyrouth, Yasser Arafat décide de changer sa politique, en accordant une place à la négociation politique. C’est ainsi qu’au sommet arabe de Fès qui se tient du 6 au 9 septembre 1982, Yasser Arafat accepte le plan Fahd et notamment la création d’un Etat palestinien dans les seuls territoires occupés, malgré l’opposition de certains membres de l’OLP. De son côté, l’administration américaine présente le 1er septembre un nouveau plan, le plan Reagan, sur la question des territoires occupés par Israël à la suite de la guerre des six jours. Ce plan, qui marque le refus américain de l’annexion des territoires palestiniens par Israël et se prononce pour le gel des constructions dans les colonies, est basé sur les accords de Camp David. Il prévoit l’autonomie des territoires occupés et l’élection libre d’une Autorité palestinienne au bout de cinq ans. Ce plan est en revanche opposé à la formation d’un Etat palestinien, à la différence de ce que prévoyait le plan Fahd. Le plan Reagan est refusé en février 1983 par les Palestiniens lors du VXI ème Congrès national qui se tient à Alger, et également par les Israéliens, opposés notamment au gel des colonies dans les territoires occupés.
Bibliographie
Georges CORM, Le Proche-Orient éclaté 1956-2007, Gallimard, Paris, 2007, 1128 pages.
Henry LAURENS, Le grand jeu, Orient arabe et rivalités internationales, Armand Colin, Paris, 1991, 447 pages.
Nadine PICAUDOU, Les Palestiniens, Un siècle d’histoire, Editions Complexe, Bruxelles, 2003, 366 pages.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.
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