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Les sociétés militaires privées russes au Moyen-Orient (2/2). En Libye, le groupe Wagner à la manœuvre

Par Emile Bouvier
Publié le 18/11/2022 • modifié le 18/11/2022 • Durée de lecture : 16 minutes

Lire l’article 1

I. Le théâtre libyen, « première guerre sous-traitée de l’Histoire moderne » ?

1. Contexte de l’intervention

Le théâtre libyen incarne un autre engagement majeur des SMP russes au Moyen-Orient, et débute quelques années après les premiers enseignements tirés des déploiements en Syrie (à partir de 2013) et en Ukraine (2014).

Le déploiement des SMP par la Russie en Libye doit être compris dans le contexte du soutien plus large de Moscou au général Khalifa Haftar et à ses alliés politiques dans l’est de la Libye. Dès 2015, la Russie commencera en effet à fournir un soutien militaire, diplomatique et financier au « gouvernement de Tobrouk » (dirigé par la Chambre des représentants), une entité rivale du gouvernement de Tripoli (dirigé par le Gouvernement d’unité nationale - GUN).

Forte du succès de ses SMP sur le champ de bataille en Syrie en 2017 et 2018, Moscou verra en la crise libyenne l’occasion d’exploiter l’expérience acquise par les mercenaires sur le théâtre syrien en les déployant en Libye. Ce faisant, le Kremlin espérera accroître les chances du maréchal Haftar, l’homme fort de Tobrouk, de prendre le contrôle de toute la Libye et gagner un allié central pour la Russie dans un pays et une région d’importance stratégique.

Le mouillage du seul porte-avions russe, l’Amiral Kuznetsov, dans le port de Tobrouk en janvier 2017 et l’accueil du général Khalifa Haftar à son bord marqueront une nouvelle phase de l’engagement russe en Libye, justifiant par la même occasion le déploiement croissant de mercenaires. Les rôles et les missions des SMP russes évolueront en nature et en intensité au fil de la crise libyenne mais serviront toujours les objectifs géopolitiques, diplomatiques, militaires et économiques de Moscou ; les mercenaires affiliés à la Russie n’ont, d’ailleurs, toujours pas montré une quelconque intention de quitter le territoire libyen [3], malgré les appels en ce sens de l’ONU qui imposait aux combattants étrangers de quitter la Libye d’ici le 23 janvier 2021 ; les mercenaires ont poursuivi, à la place, leurs opérations de creusement de tranchées et d’édifications d’ouvrages défensifs à travers le pays [4], dans une volonté apparente de manifester leur volonté de s’inscrire dans la durée en Libye [5], quitte à saper le processus de stabilisation du pays qu’essayent d’encourager l’ONU et plusieurs pays impliqués dans le dossier [6].

2. Une présence initialement discrète…

Comme en Syrie, les premières activités des SMP russes, essentiellement le groupe Wagner et, dans une moindre mesure, les sociétés MAR PMC et RSB Group, consisteront tout d’abord en des activités paramilitaires. À partir de 2016 environ, les mercenaires russes concentreront ainsi leurs efforts sur l’équipement, la formation et la dispense de conseil au profit de l’Armée nationale libyenne (ANL), bras armé du gouvernement de Tobrouk, et son commandant, le général Khalifa Haftar.

Ce soutien russe se montrera bénéfique à l’ANL qui conduisait alors des opérations militaires dans le centre et l’ouest de la Libye aux côtés des autres soutiens du gouvernent de Tobrouk, l’Égypte et les Émirats arabes unis (EAU). Plusieurs centaines de sous-traitants - jusqu’à 2 000 au plus fort de l’intervention russe en 2020 [7] - seront déployés par le groupe Wagner sur plusieurs sites militaires, aérodromes et bases avancées sous contrôle de l’ANL.

En matière d’équipement, la Russie commencera à expédier des armes aux forces de Khalifa Haftar dès 2015 avec le soutien logistique de l’Egypte [8]. Ce soutien russe permettra dans un premier temps au maréchal et à ses partisans de consolider leur pouvoir au sein de la Chambre des représentants à Tobrouk [9] puis, dans un second temps, de se saisir de plusieurs sites d’importance dans l’est de la Libye. Confortée par ces premiers succès, la Russie intensifiera son soutien aux forces de Tobrouk [10] : à partir de 2016, ces dernières recevront, sous l’égide des SMP, de nombreux équipements de combat [11]. Les forces de Tripoli et divers groupes djihadistes [12], notamment Daech [13], ne cesseront de reculer face aux assauts du maréchal Haftar, qui capturera de nombreux terminaux pétroliers dans le centre de la Libye après plusieurs années de bataille [14]. L’année suivante, la livraison des armes russes se poursuivra et permettront aux forces de Tobrouk de se saisir enfin de la ville de Bengazi, là encore après plusieurs mois de batailles indécises [15].

Concomitamment à ces livraisons d’armes, les SMP russes commenceront en 2016 à dispenser des formations spécialisées aux forces de l’ANL sur les formations tactiques et l’usage des principaux systèmes d’armes que la Russie fournissait alors, en particulier les véhicules blindés, les pièces d’artillerie et les appareils de combat. A l’instar de l’imbrication opérationnelle constatée en Syrie entre les SMP et les forces russes, une dizaine de membres d’une unité de forces spéciales du groupes Wagner établira en 2017 deux centres de formation, à Benghazi et Tobrouk, avec des membres des forces spéciales russes, les Spetsnaz, et d’autres de la Direction générale des renseignements (GRU) du Ministère russe des Armées [16]. Ces bases, où les combattants de l’ANL seront formés au maniement des armes, à l’utilisation des drones et des systèmes d’artillerie, verront le déploiement de centaines de mercenaires russes : en 2018, le groupe Wagner à lui seul aurait déployé près de 300 personnels sur la seule base de Benghazi. Ces SMP, appuyées par l’armée russe, dispenseront également des formations à l’ANL en territoire égyptien [17], sur les aérodromes de Sidi Barrani (à une centaine de kilomètres de la frontière égypto-libyenne) et Marsa Matrouh, sur la côte égyptienne. La SMP RSB-Group sera quant à elle mandatée, en 2017 et 2018 dans des activités de sécurisation d’infrastructures industrielles libyennes dans la région de Benghazi [18].

L’implication des SMP russes dans le conflit libyen s’accroîtra davantage encore en 2018, concomitamment à l’accélération de la poussée du maréchal Haftar dans le centre et l’ouest de la Libye ; les mercenaires commenceront à guider directement les frappes aériennes, à conduire eux-mêmes des missions de reconnaissance et collecte de renseignement, et assurer des missions de guerre électronique [19] au profit des opérations de l’ANL. Les SMP n’hésiteront pas à s’imbriquer dans le dispositif offensif de l’ANL afin de conseiller les forces libyennes durant leur progression. Si les Spetsnaz renforceront pendant ce temps leur présence à Sidi Barrani [20] afin de diriger les activités aériennes de l’ANL, les mercenaires russes installeront de nouvelles bases en 2018, notamment sur l’aérodrome d’Al-Jufra après sa capture par le maréchal Haftar quelques mois plus tôt, en 2017. Cette base servira de point d’appui central des mercenaires russes afin de coordonner les opérations vers leur objectif final au nord, la capitale adverse Tripoli [21].

3. … jusqu’à la participation de grande ampleur aux combats de 2019

L’été 2019 constituera une étape majeure de l’engagement des SMP en Libye. Alors que ces dernières n’avaient fait que former et équiper les forces de l’ANL de 2015 à 2018, leurs activités s’intensifieront fortement et commenceront à prendre la forme d’un engagement armé durant l’automne 2019 afin de renforcer les efforts de la campagne militaire de l’ANL vers Tripoli, notamment après un premier échec à prendre la ville au printemps 2019. Début 2020, entre 800 et 1 200 mercenaires de Wagner [22] seront ainsi déployés en Libye et appuyés par des appareils de combat russes [23] ; plusieurs centaines seront placés en première ligne, aux côtés des combattants de l’ANL, afin d’assurer plusieurs missions de combat spécialisé - avec un succès toutefois mitigé. Des dizaines de tireurs de précision du groupe Wagner, dont certains dotés d’une expérience du combat en Syrie et dans le Donbass, en Ukraine [24], seront ainsi déployés à l’automne 2016 aux côtés d’environ 200 mercenaires [25], d’abord pour tenir le rôle de formateurs puis, en 2019, pour prendre part aux affrontements à Tripoli où ils infligeront des pertes substantielles aux troupes du GUN [26].

Toujours en 2019, la sophistication des armes livrées par les SMP russes aux troupes du maréchal Haftar croîtra aussi : les mercenaires mettront en service de nombreux systèmes d’armes terrestres avancés dans et autour de Tripoli à l’automne 2019, notamment des missiles antichars guidés Kornet [27]. Ce nouveau matériel permettra aux SMP et aux forces de l’ANL de frapper les installations et positions du GNA avec une précision accrue, s’affranchissant des obstacles terrestres (à l’instar des collines parcourant Tripoli ou des habitations) empêchant traditionnellement une visée directe sur les objectifs.

Des mercenaires déploieront également à Al-Jufra - puis vers Tripoli - des systèmes d’artillerie et de roquettes de précision tandis que des mécaniciens spécialisés seront dépêchés par Moscou en Libye afin de réparer et entretenir les nombreux équipements militaires soviétiques (chars T-55 ou encore T-62, véhicules blindés de combat d’infanterie BMP-1, etc.) toujours utilisés par l’ANL [28]. Cette montée en gamme du matériel russe déployé par les mercenaires s’expliquera également par l’irruption de la Turquie dans ce conflit aux côtés du GUN ; les drones turcs TB2 Bayraktar permettront en effet aux forces de Tripoli de stopper l’avancée de l’ANL à Tripoli à l’issue de combats très violents au cours desquels une frappe de drone turc tuera entre 10 à 35 mercenaires russes [29].

4. Le groupe Wagner, fer de lance des opérations militaires du maréchal Haftar

A partir du printemps 2020, la Russie intensifiera encore son implication militaire directe en Libye, concomitamment à celle de la Turquie ; la deuxième guerre civile libyenne y connaîtra alors son apogée. Si le président russe Vladimir Poutine admettra le 11 janvier 2020 la présence de mercenaires russes en Libye, il déclarera cependant « qu’ils ne représentent pas les intérêts de la Fédération de Russie […] ni ne reçoivent de l’argent du gouvernement russe » [30]. Pourtant, des avions de combat russes, potentiellement pilotés par des mercenaires du groupe Wagner, seront déployés en Libye afin de soutenir les troupes de l’ANL, de plus en plus mises à mal par les succès croissants des forces de Tripoli soutenues par la Turquie. Des images rendues publiques par l’AFRICOM [31] en mai 2020 montraient le déploiement d’au moins quatorze avions russes, y compris des avions d’attaque Su-24, des chasseurs MiG-29 et des avions d’escorte intercepteurs Su-35, sur les bases libyennes d’Al Khadim et d’Al Jufra [32] ; des contrôleurs aériens du groupe Wagner accompagneront ce nouveau déploiement [33]. Malgré le soutien des SMP russes et de Moscou aux forces du maréchal Haftar, le siège de la capitale du GUN sera un échec ; les mercenaires s’emploieront, dans leur retraite, à piéger un secteur de 720 kilomètres carrés dans la banlieue sud de Tripoli à l’aide de mines antipersonnel et d’engins explosifs improvisés [34].

Afin de protéger les forces de l’ANL et ses installations des frappes de drones turcs, la Russie déploiera également plusieurs systèmes de défense antiaérienne, essentiellement exploités par des spécialistes du groupe Wagner. De systèmes d’armes comme le Pantsir S-1 [35] notamment seront ainsi installés sur la base aérienne d’Al-Jufra et celle d’Al-Watiyah au sud-ouest de Tripoli à partir de 2019 - ces derniers seront d’ailleurs responsables, en novembre de la même année, de la destruction d’un drone américain MQ-9 Reaper [36]. Les mercenaires russes perdront finalement plusieurs batteries de Pantsir S-1 lors de frappes de drones turcs [37], et devront en abandonner d’autres encore [38] lorsque les forces du GUN reprendront la base d’Al-Watiyah le 18 mai 2020 [39].

5. Des opérations de renseignement et propagande inédites par leur ampleur

La Russie investira également fortement, par le biais de ses mercenaires, le champ du renseignement militaire ; elle y déploiera des équipes spécialisées dans l’acquisition de renseignement d’intérêt militaire, composées tant de personnels des Spetsnaz et du GRU que de membres du groupe Wagner ayant été autrefois membres de ces unités [40]. En 2018, les services de renseignement russes établiront ainsi deux bases à Tobrouk et Benghazi [41] accueillant des dizaines d’officiers du GRU et des Spetsnaz afin de remplir des rôles de formation, de liaison et de partage de renseignement avec les unités de l’ANL [42]. Les spécialistes en renseignement militaire du groupe Wagner intégrés aux unités de l’ANL apparaîtront responsables, quant à eux, des missions de reconnaissance et de collecte de renseignement par drones depuis les bases d’Al-Jufra et d’Al-Watiyah [43]. Ces drones fourniront des renseignements tactiques majeurs à l’ANL lors de la bataille de Tripoli en 2019 [44].

II. Au-delà des combats : les mercenaires russes, un outil stratégique de long terme pour le Kremlin

1. Des opérations d’influence offensives

L’objectif principal de ces unités de renseignement russes, au premier rang desquelles les mercenaires du groupe Wagner, aurait été avant tout de renforcer l’influence de Moscou auprès de Haftar en lui fournissant des conseillers et des spécialistes visant à renforcer - et consolider - ses avancées dans le centre de la Libye. A cette fin, les Russes mettront également en œuvre une véritable campagne de propagande à laquelle les SMP prendront part aussi.

Moscou cherchera en effet à propager des récits pro-russes, soutenant le maréchal Haftar et discréditant le Gouvernement d’union nationale de Tripoli ainsi les actions turques et américaines auprès des acteurs publics et régionaux. La version arabophone du média russe pro-Kremlin Sputnik couvrira ainsi le conflit à travers le prisme prorusse, à l’instar d’autres médias [45] qui, tant à la télévision qu’à la radio, sur les sites d’information ou sur les réseaux sociaux, chercheront à renforcer l’image de Haftar en dénigrant Tripoli, la Turquie et les Etats-Unis [46].

Toutefois, à partir de 2018, les SMP russes et plus particulièrement le groupe Wagner joueront, un rôle direct et bien plus significatif dans la diffusion de la propagande prorusse : une entreprise liée à Prigojine acquerra en effet des parts d’Al-Jamahiriya TV [47], l’ancienne organisation de radiodiffusion publique libyenne désormais pro-Tobrouk ainsi que le réseau satellite libyen de Kadhafi et son agence de presse associée Jana ; la chaîne d’information par satellite de l’est libyen, Libya Alhadath [48], sera également approchée par l’une des sociétés de Prigojine. Le personnel employé par Prigojine veillera ainsi à user de ces plateformes de diffusion pour propager les thèmes-clés de Moscou en Libye.

Le groupe Wagner s’emploiera à investir également le domaine de l’influence en ligne : tout en tirant parti des plates-formes médiatiques traditionnelles pour diffuser de la propagande prorusse, les acteurs parrainés par Prigojine et liés à « l’Internet Research Agency » [49] mèneront ainsi des campagnes d’influence en ligne dans le but de façonner l’opinion des citoyens libyens sur le conflit et de manipuler l’environnement médiatique local au profit du Kremlin. Afin de renforcer les récits prorusses et mener à bien leurs campagnes de désinformation, les agents russes utiliseront tantôt des comptes de médias sociaux authentiques et non-authentiques, tantôt des médias en ligne inventés de toutes pièces et des médias traditionnels tels que Al-Jamhiriya TV [50].

En octobre 2019, Facebook supprimera ainsi un total de quatorze comptes (douze pages, un groupe et un compte Instagram) originaires de Russie et résolument axés sur la Libye, en raison de leur affiliation prouvée à la galaxie Prigojine et à l’IRA [51]. Ces comptes utilisaient une combinaison de comptes authentiques égyptiens et de comptes faux et piratés pour générer du trafic vers des médias et sites d’information pro-Kremlin ; l’écosystème informationnel affilié à Prigojine [52] est ainsi devenu, au fil des années, le vecteur majeur des opérations russes d’influence en Afrique [53].

En 2021 enfin, le groupe Wagner effectuera de nombreuses opérations d’intimidation à l’encontre des tribus du sud de la Libye afin de les pousser à soutenir le maréchal Haftar. Selon le quotidien pro-turc Daily Sabah, les mercenaires russes auraient ainsi menacé certaines tribus de mener à leur encontre « une guerre ouverte au prétexte de combattre […] Daech » si elles ne rejoignaient pas le camp de Tobrouk [54].

2. Une réorientation stratégique vers l’Ukraine…

A l’instar du théâtre syrien dont la Russie extraira progressivement ses SMP - essentiellement le groupe Wagner - afin de les redéployer en Libye au fur et à mesure de l’accroissement de l’investissement militaire du Kremlin au profit du maréchal Haftar, un nombre croissant de mercenaires russes est prélevé du territoire libyen afin d’être envoyé en Ukraine. Les informations semblent toutefois relativement contradictoires pour le moment. Alors qu’une source du quotidien progouvernemental turc Anadolu Ajansi indiquait en mars 2022 que 1 300 mercenaires du groupe Wagner avaient été rapatriés de Libye afin d’être redéployés en Ukraine, ne laissant que 900 hommes sur place [55], plusieurs sources indiquaient toutefois à l’agence de presse italienne Nova en mai de la même année que le groupe Wagner disposait encore sur le sol libyen d’une force comprise entre 1 500 et 2 000 mercenaires [56], tandis qu’une source libyenne du quotidien britannique Financial Times affirmait, en avril dernier, que la totalité des mercenaires agissant pour le compte de Moscou en Libye (incluant donc le groupe Wagner mais également les autres SMP) avoisinait le nombre de 5 000 [57].

Cette confusion des chiffres tient peut-être de la confusion existant actuellement entre les SMP russes : le groupe Wagner semble exercer à ce point un monopole sur le mercenariat russe aux yeux de la presse internationale que les autres sociétés militaires privées et leurs alliés sont souvent omises. D’autres chiffres avancés par des responsables libyens anonymes au Financial Times en avril 2022 [58] semblent confirmer cette idée : ces derniers indiquaient que la Russie avait prélevé du territoire libyen un contingent de 1 200 mercenaires pour les envoyer en Libye, parmi lesquels 200 membres du groupe Wagner et 1 000 mercenaires syriens recrutés progressivement par Moscou depuis 2019 afin d’être envoyés en Libye [59]. Ce chiffre de 1 200 mercenaires se rapproche bien plus de celui de 1 300 avancé, un mois plus tôt, par une source de l’Anadolu Ajansi, comme évoqué supra. Il permet en outre de rappeler que si le groupe Wagner est de loin la SMP russe la plus active, puissante et médiatisée, elle ne demeure toutefois qu’une pièce de la mosaïque, bien plus large, des mercenaires employés par la Russie sur ses différents théâtres d’opération.

3. … ne remettant nullement en cause la stratégie russe en Libye

Une partie du groupe Wagner et des autres mercenaires agissant pour le compte de la Russie en Libye est progressivement réorientée vers l’Ukraine, comme cela a pu être rapporté à plusieurs reprises au fil des mois depuis le déclenchement du conflit ukrainien [60]. Ce transfert de troupes ne dommage toutefois en rien l’engagement russe en Libye, ni les intérêts géopolitiques que Moscou en tire : au-delà d’un soutien au gouvernement de Tobrouk, aujourd’hui plongé dans une nouvelle crise politico-sécuritaire avec son rival tripolitain, la présence substantielle de mercenaires russes en Libye permet à Moscou d’exercer une pression énergétique supplémentaire à l’encontre de l’Europe.

En effet, la Libye apparaît comme un véritable géant gazier aux portes du Vieux Continent, dont les ressources apparaissent d’autant plus attrayantes que l’Europe cherche de nouvelles sources d’approvisionnement en gaz afin de réduire sa dépendance à l’égard de la Russie. L’ambassadeur italien en Libye, Giuseppe Buccino, affirmait ainsi en avril 2022 que le pays pourrait accroître sa production de 30% en gaz naturel en investissant un milliard de dollars tout au plus [61], démontrant tant l’attrait de l’Italie pour la Libye que le potentiel gazier que celle-ci représente.

Conscient de cet intérêt des pays européens le gaz libyen [62], Moscou s’est employé, sitôt les mercenaires russes défaits devant Tripoli en mai 2020, à prendre le contrôle des installations pétrolières dans le centre et le sud-ouest de la Libye et à les fortifier. En juillet 2020, la National Oil Corporation (NOC) libyenne confirmait que les mercenaires du groupe Wagner s’étaient saisis des installations pétrolières de Sharara dans le sud-ouest libyen [63], les plus importantes du pays, avant de signaler l’arrivée de nouveaux mercenaires dans le complexe pétrochimique de Ras Lanuf, le champ pétrolier de Zillah ou encore les ports d’Es Sider et Zuetina [64]. Il n’apparaît pas anodin que plusieurs de ces sites aient fait l’objet en mars [65], avril et mai 2022 d’un blocus [66] par des manifestants pro-Tobrouk souhaitant nuire au gouvernement de Tripoli sans que les forces du groupe Wagner disposées en leur sein ne les en empêchent.

Les mercenaires russes semblent, de fait, résolus à tenir les installations énergétiques libyennes ainsi que leurs infrastructures de transport (gazoducs notamment) [67]. Une immense tranchée de plus de 200 kilomètres de long a ainsi été construite de 2020 à 2021 entre les villes de Sirte et d’Al-Jufra, doublée d’un réseau de nombreuses et diverses fortifications [68]. Sans que cette information n’ait pu être recoupée, la chaîne d’information Libya Al Ahrar, pro-Tripoli et basée au Qatar [69], affirmait en février 2021 que les mercenaires du groupe Wagner profitaient de leur contrôle des champs pétroliers de Sharara pour essayer d’exporter illégalement du pétrole en le faisant passer à travers des canalisations suivant le tracé de la tranchée construite entre Sirte et Al-Jufra [70].

La Russie utilise ainsi ses mercenaires en Libye afin d’exercer une pression continue sur l’Europe en la privant des voies d’approvisionnement alternatives en gaz naturel que pourrait incarner la Libye et, toujours grâce aux mercenaires et à leurs activité au profit du gouvernement de Tobrouk, maintient ce dernier sous la coupe de Moscou, comme a pu le démontrer la récente volte-face diplomatique du poulain de la Chambre des représentants, le Premier ministre Fathi Bachagha : à peine le Times britannique publiait-il un article le 4 mai écrit par Bachagha [71] condamnant l’invasion de l’Ukraine par la Russie et décriant la « traînée de destruction » laissée par « les milliers de mercenaires du groupe Wagner » [72] qu’il se trouvait obligé, dès le lendemain, de faire marche arrière et de nier avoir jamais écrit cet article [73]. Interrogé par l’ONG britannique Middle East Monitor tant les propos initiaux de Bachaga semblaient surprenants, un porte-parole du Times leur répondait que « Nous maintenons la publication de cet article et l’équipe de Fathi Bachaga nous a confirmé que [ses propos] étaient exacts » [74].

Conclusion

Particulièrement riche, l’histoire des mercenaires russes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord apparaît pourtant relativement méconnue, et pour cause : composantes fondamentales d’un nouveau type d’ingérence hybride que la Russie a testé dès les premières années de la guerre civile syrienne, les SMP russes agissent discrètement - au moins durant les premiers mois de l’opération - et n’agissent, officiellement, que pour le compte d’un client et non de l’Etat russe. Ces mercenaires ont pourtant été systématiquement - et abondamment - soutenus par la Russie, tant militairement que logistiquement. La collusion très forte existant entre les responsables de ces SMP et les hautes sphères politico-militaires russes, la confusion entre les objectifs stratégiques du Kremlin et les agissements des mercenaires russes, ou encore le soutien matériel qui leur est apporté par l’armée russe conventionnelle, apparaissent comme autant d’éléments de leur usage par Moscou non pas comme d’une arme de guerre, mais comme d’un outil géopolitique au service de la présidence russe.

A lire sur Les clés du Moyen-Orient :
 De la Syrie à la Libye, la Turquie sur tous les fronts : résumé et analyse. Deuxième partie : la Libye, un nouveau front aussi épineux diplomatiquement que militairement pour la Turquie
 Nouvelle crise politique en Libye : le pays risque-t-il de sombrer à nouveau dans la guerre civile ? (1/2)
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 Nouvelle crise politique en Libye : le pays risque-t-il de sombrer à nouveau dans la guerre civile ? (2/2)

Bibliographie :
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Sitographie :
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https://www.rferl.org/a/libya-foreign-fighters-withdrawal-deal/31501782.html
 Libya : The First Totally Privatized War in Modern History, NovAct, date non-indiquée
https://www.ohchr.org/sites/default/files/Documents/issues/Mercenaries/WG/OtherStakeholders/shockmonitor_submission.pdf
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https://adf-magazine.com/2021/04/russias-wagner-group-ignores-demands-to-leave-libya/
 Foreign fighters were meant to leave Libya this week. A huge trench being dug by Russian-backed mercenaries indicates they plan to stay, CNN World, 22/01/2021
https://edition.cnn.com/2021/01/22/africa/libya-trench-russia-intl/index.html
 Threat from foreign mercenaries clouds Libya’s path to peace, stability, Diyaruna, 12/03/2021
https://diyaruna.com/en_GB/articles/cnmi_di/features/2021/03/12/feature-01
 Russia’s Escalating Use of Private Military Companies in Africa, Institute for National Strategic Studies, 24/11/2020
https://inss.ndu.edu/Media/News/Article/2425797/russias-escalating-use-of-private-military-companies-in-africa/
 As Trump Wavers on Libya, an ISIS Haven, Russia Presses On, The New York Times, 07/02/2018
https://www.nytimes.com/2018/02/07/world/africa/trump-libya-policy-russia.html
 How to Contain Libya’s New Warlord, Foreign Policy, 06/11/2016
https://foreignpolicy.com/2016/06/06/how-to-contain-libyas-new-warlord-khalifa-haftar/
 Russia ponders sending weapons to Haftar in exchange of Benghazi airbase, Libya Express, 06/12/2016
https://www.libyanexpress.com/russia-ponders-sending-weapons-to-haftar-in-exchange-of-benghazi-airbase/
 Rival Libyan factions battle over eastern oil ports, Al Jazeera, 19/09/2016
https://www.aljazeera.com/news/2016/9/19/rival-libyan-factions-battle-over-eastern-oil-ports
 Libya : Rival militias in deadly clashes in Tripoli, BBC News, 02/12/2016
https://www.bbc.com/news/world-africa-38189609
 Libyan militia leader declares Benghazi ‘liberated’ of jihadists, France24, 06/07/2017 https://www.france24.com/en/20170706-strongman-haftar-declares-victory-battle-libya-benghazi
 Exclusive : Russia appears to deploy forces in Egypt, eyes on Libya role – sources, Reuters, 13/03/2017
https://www.reuters.com/article/us-usa-russia-libya-exclusive/exclusive-russia-appears-to-deploy-forces-in-egypt-eyes-on-libya-role-sources-idUSKBN16K2RY
 В ливийской армии объяснили приглашение российской ЧВК, RBC, 25/05/2017
https://www.rbc.ru/politics/25/03/2017/58d3ece89a79474685d537b5
 Exclusive : Russia appears to deploy forces in Egypt, eyes on Libya role – sources, Reuters, 13/03/2017
https://www.reuters.com/article/us-usa-russia-libya-exclusive/exclusive-russia-appears-to-deploy-forces-in-egypt-eyes-on-libya-role-sources-idUSKBN16K2RY
 Road to Libya’s liberation passes through Al-Jufra base, Anadolu Ajansi, 23/06/2020
https://www.aa.com.tr/en/middle-east/road-to-libyas-liberation-passes-through-al-jufra-base/1887307#
 Up to 1,200 deployed in Libya by Russian military group : U.N. report, Reuters, 06/05/2020
https://www.reuters.com/article/us-libya-security-sanctions-idUSKBN22I2XW
 New evidence of Russian aircraft active in Libyan airspace, AFRICOM, 18/06/2020
https://www.africom.mil/pressrelease/32941/new-evidence-of-russian-aircraft-active-in-li
 СМИ сообщили об отправке в Ливию около 200 российских наемников, 06/11/2019
https://www.rosbalt.ru/world/2019/11/06/1811603.html
 The Wagner Group Files, New Lines Magazine, 27/09/2021
https://newlinesmag.com/reportage/the-wagner-group-files/
 Leaked document says Russians are repairing Libyan National Army’s heavy equipment, Janes, 13/09/2019
https://www.janes.com/defence-news/news-detail/leaked-document-says-russians-are-repairing-libyan-national-armys-heavy-equipment
 Они сами толком не знали, куда едут В гражданской войне в Ливии погибли от 10 до 35 российских наемников. « Медуза » узнала имена некоторых из них, Meduza, 02/10/2019
https://meduza.io/feature/2019/10/02/oni-sami-tolkom-ne-znali-kuda-edut
 Путин высказался о « российских наемниках » в Ливии, Rosbalt, 11/01/2020
https://www.rosbalt.ru/russia/2020/01/11/1822049.html
 AFRICOM : Russian fighter jets flown by mercenaries are conducting combat activities in Libya, Military Times, 12/09/2020
https://www.militarytimes.com/news/your-military/2020/09/11/africom-russian-fighter-jets-flown-by-mercenaries-are-conducting-combat-activities-in-libya/
 UN Monitors Say Mercenaries From Russia’s Vagner Group Fighting In Libya, Radio Free Europe, 07/05/2020
https://www.rferl.org/a/wagner-un-russia-libya/30598355.html
 Des Pantsir d’origine inconnue aux mains de Wagner en Libye, 27/06/2020
https://www.menadefense.net/afnord/des-pantsir-dorigine-inconnue-aux-mains-de-wagner-en-libye/
 Analyzing Wagner Group Air Defense and Ground Maneuvers, New America, date non-indiquée
https://www.newamerica.org/future-frontlines/reports/the-abu-dhabi-express/analyzing-wagner-group-air-defense-and-ground-maneuvers/
 Le mystère du système de défense aérienne russe capturé en Libye est enfin levé, 21/05/2010
http://kapitalis.com/tunisie/2020/05/21/le-mystere-du-systeme-de-defense-aerienne-russe-capture-en-libye-est-enfin-leve/
 UN-backed Libyan forces take key airbase from rebel general, The Guardian, 18/05/2020
https://www.theguardian.com/world/2020/may/18/forces-allied-to-libyan-government-retake-key-al-watiya-airbase
 Local Libyan Perceptions of Russia’s Wagner Corporation, Defence In Depth, 17/01/2022
https://defenceindepth.co/2022/01/17/local-libyan-perceptions-of-russias-wagner-corporation/
 US acknowledges drone was downed over Libya, prompting investigation, Middle East Monitor, 25/08/2022
https://www.middleeastmonitor.com/20220825-us-acknowledges-drone-was
 Report : RT and Sputnik’s Role in Russia’s Disinformation and Propaganda Ecosystem, US Department of State, 10/01/2022
https://www.state.gov/report-rt-and-sputniks-role-in-russias-disinformation-and-propaganda-ecosystem/
 Blurring the lines of media authenticity : Prigozhin-linked group funding Libyan broadcast media, Stanford University, 20/03/2020
https://fsi.stanford.edu/news/libya-prigozhin
 The White House Blessed a War in Libya, but Russia Won It, The New York Times, 14/04/2020
https://www.nytimes.com/2020/04/14/world/middleeast/libya-russia-john-bolton.html
 Des campagnes de désinformation russes ciblent l’Afrique :
Entretien avec la Dr. Shelby Grossman, Centre d’études stratégiques de l’Afrique, 02/03/2020
https://africacenter.org/fr/spotlight/des-campagnes-de-desinformation-russes-ciblent-lafrique-entretien-avec-la-dr-shelby-grossman/
 Evidence of Russia-Linked Influence Operations in Africa, Stanford Cyber Policy Center, 30/10/2019
https://cyber.fsi.stanford.edu/io/news/prigozhin-africa
 Russia’s Wagner pressures Libya’s southern tribes to support Haftar, Daily Sabah, 16/04/2021
https://www.dailysabah.com/world/africa/russias-wagner-pressures-libyas-southern-tribes-to-support-haftar
 ’1,300 Wagner mercenaries sent from Libya to help Russian forces in Ukraine’, Anadolu Ajansi, 25/03/2022
https://www.aa.com.tr/en/russia-ukraine-war/1-300-wagner-mercenaries-sent-from-libya-to-help-russian-forces-in-ukraine/2545629
 Russia reduces number of Syrian and Wagner troops in Libya, The Financial Times, 27/04/2022
https://www.ft.com/content/88ab3d20-8a10-4ae2-a4c5-122acd6a8067
 Russia withdraws mercenaries from Libya amid setbacks in Ukraine invasion, Middle East Monitor, 29/04/2022
https://www.middleeastmonitor.com/20220429-russia-withdraws-mercenaries-from-libya-amid-setbacks-in-ukraine-invasion/
 Russia’s Wagner Group withdraws fighters in Libya to fight in Ukraine, 26/03/2022
https://www.middleeastmonitor.com/20220326-russias-wagner-group-withdraws-fighters-in-libya-to-fight-in-ukraine/
 Libya Can Hike Gas Production By 30% With A $1 Billion Investment, Oil Price, 13/04/2022
https://oilprice.com/Latest-Energy-News/World-News/Libya-Can-Hike-Gas-Production-By-30-With-A-1-Billion-Investment.html
 NOC condemns renewed blockade of Libyan oil exports, National Oil Corporation, 12/07/2020
https://noc.ly/index.php/en/new-4/6030-noc-condemns-renewed-blockade-of-libyan-oil-exports
 Libya NOC warns of mercenary presence at Ras Lanuf petrochemical complex, Zuetina port and Zillah oil field, Alwasat, 29/07/2020
http://en.alwasat.ly/news/libya/290743
 L’ONU et Washington appellent à la levée d’un blocus pétrolier en Libye, Arab News, 07/03/2022
https://www.arabnews.fr/node/213266/monde-arabe
 Libya : the oil blockade has caused more than $3.5 billion in losses to the NOC, Or Noir Africa, 04/07/2022
https://ornoirafrica.com/en/libya-the-oil-blockade-causes-more-than-35-billion-dollars-losses-at-noc/
 Libya’s war : Who is supporting whom, Al Jazeera, 09/01/2020
https://www.aljazeera.com/news/2020/1/9/libyas-war-who-is-supporting-whom
 Libya wants to stand with Britain against Russian aggression, The Times, 03/05/2022
https://www.thetimes.co.uk/article/libya-wants-to-stand-with-britain-against-russian-aggression-9r9fh26s3
 Russians unlikely to leave Libya, despite Ukraine war, Al Jazeera, 15/04/2022
https://www.aljazeera.com/news/2022/4/15/russians-unlikely-leave-libya-despite-ukraine-war
 Bashagha Urges Britain’s Help to Remove Russia’s Wagner Mercenaries from Libya, Asharq Al-Awsat, 04/05/2022
https://english.aawsat.com/home/article/3627131/bashagha-urges-britains-help-remove-russias-wagner-mercenaries-libya

Publié le 18/11/2022


Emile Bouvier est chercheur indépendant spécialisé sur le Moyen-Orient et plus spécifiquement sur la Turquie et le monde kurde. Diplômé en Histoire et en Géopolitique de l’Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne, il a connu de nombreuses expériences sécuritaires et diplomatiques au sein de divers ministères français, tant en France qu’au Moyen-Orient. Sa passion pour la région l’amène à y voyager régulièrement et à en apprendre certaines langues, notamment le turc.


 


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