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Guillaume Vareilles est docteur en histoire contemporaine, chercheur associé au Centre de recherches interdisciplinaires en sciences humaines et sociales (C.R.I.S.E.S.) de l’Université de Montpellier III. Il est l’auteur de nombreux articles portant sur le territoire palestinien et sur les questions des frontières au Proche-Orient, et enseigne en classes préparatoires aux grandes écoles.
Il a publié, entre autres, " Les Frontières de la Palestine 1914-1947", éditions L’Harmattan, 2010.
Les frontières de la Palestine firent l’objet de nombreuses formes de conflictualités et de rapports de force entre 1914 et 1947, date de la création de deux Etats, juif et arabe. De l’interprétation qu’ont eue les contemporains de la Palestine et du Moyen-Orient à cette époque va dépendre la conception même de segmentation de l’espace et le tracé pris par les frontières. Les frontières sont ainsi le résultat d’appréciations et de volontés à la fois internes et externes, endogènes et exogènes.
Les frontières palestiniennes sont donc le reflet des lectures différentielles de cet immense cadre géopolitique. On passe alors peu à peu d’une frontière qui était limite de l’Empire ottoman à une frontière qui devient désormais, à la faveur de la Première Guerre mondiale, une des limites de l’Empire britannique. La Grande-Bretagne s’appropriant le rôle de puissance orientale en Orient. Les Britanniques font de plus en plus allusion à ce qu’ils appellent la « plus grande Angleterre ». La frontière gagne ainsi en épaisseur pour devenir une frange pionnière ou une zone de transition entre les possessions britanniques et françaises en Afrique et en Asie. L’ensemble spatial proche-oriental, au premier rang duquel ce que les syrianistes français appellent la « Syrie intégrale » ou « Grande Syrie » (et que Clemenceau appellera après la guerre la « Syrie utile », excluant la Terre sainte mais permettant l’accès aux ressources pétrolières), est donc à prendre dans un système interrelationnel ténu entre l’Europe (en particulier la Grande-Bretagne), l’Afrique (notamment l’Egypte), et l’Asie (avec la Mésopotamie, la Perse et l’Inde).
Si le concept de frontière tend à ne tenir compte que du tracé linéaire, il n’en est plus de même pour la frange pionnière. Cette dernière définition pourrait être celle de la Palestine pendant la guerre, car la Grande-Bretagne souhaite parachever la cohésion spatiale de son empire en pénétrant (donc en divisant) l’espace syrien, et surtout le débouché méridional de la Syrie pour mieux relier l’Egypte à l’Inde, et la Mésopotamie à la Méditerranée par le biais du chemin de fer avec le port de Haïfa pour tête de ligne.
Lord Kitchener, comme deux autres de ses collègues, Lloyd George et le conservateur Balfour, vont entreprendre des intriques visant à provoquer une révolte des Arabes contre les Turcs. Mais ce service suppose un prix signifié en octobre 1915 par le Chérif Hussein de La Mecque à sir Henry McMahon [1], successeur de Kitchener en Egypte : la création à son profit d’un « Royaume arabe », aux limites mal définies, mais comprenant à coup sûr des territoires syriens. Dans une lettre restée célèbre datée du 24 octobre 1915, McMahon écrit à Hussein, après que son équipe lui a fourni le moyen de jouer sur l’opposition arabité contre levantinité, l’intérieur contre le littoral. C’est ainsi que prit forme une des premières confusions à propos des délimitations de la Palestine pendant la guerre. [CARTE 1]
Dans ce contexte, le tracé des frontières de la Palestine demeure encore flou car la définition même de la Palestine est imprécise. La Grande-Bretagne et les Arabes ayant chacun la leur, et la France n’entend pas non plus rester en dehors du jeu diplomatique qui s’élabore dans la région. En octobre 1915, informé des conditions mises par Hussein à sa collaboration, le chef du Foreign Office, Lord Edward Grey, offre aux Français de conclure un gentleman agreement sur l’ensemble du Moyen-Orient. Aux alliés, trop heureux de l’ouverture des pourparlers, il sera demandé de sacrifier aux nécessités stratégiques générales quelques-unes de leurs espérances en Syrie proprement dite ; pour la Palestine, on juge acceptable pour tous l’idée de « neutraliser le pays sous une garantie internationale » [2]. Cela fera l’objet des accords Sykes-Picot [3].
Au début de l’année 1916, Sykes insiste sur la nécessité d’un accès libre de l’Arabie à la mer. Picot refuse de voir la zone française coupée en deux parties. On décide alors que les Arabes discuteront directement avec les Français de cette question du débouché. Le Hauran avec l’accès au lac de Tibériade est inclus dans la zone d’intérêt économique réservée à la France [4]. Après avoir vainement proposé de faire de Gaza le port revendiqué par les Anglais, Picot accepte l’internationalisation de la Palestine qui est dotée d’une nouvelle définition territoriale. Le texte qui établit l’accord porte le nom de « mémorandum Sykes-Picot » daté du 4 janvier 1916. Il doit ainsi préparer les futurs accords qui seront signés au cours de l’année 1916, et qui deviendront les Accords Sykes-Picot. [CARTE 2]
La Palestine semble ainsi être mitée par des frontières de différents types. Au sud et à l’est, des lignes apparemment naturelles puisqu’elles passent soit par le désert, soit par le bassin du Jourdain, obstacles purement topographiques s’ils en sont. Au nord en revanche, la frontière suit une ligne allant du Hauran, plateau syrien au pied du djebel Druze, jusqu’au lac de Tibériade. Enfin, la dernière frontière est l’enclave britannique autour de Haïfa et d’Acre et qui est la tête de pont du réseau ferré devant acheminer le pétrole mésopotamien vers la Grande-Bretagne et ses possessions impériales. La France obtient des régions littorales syriennes dont le nord de la Galilée qui se retrouve inclus dans le futur Liban français, et une zone arabe privilégiée allant jusqu’à Mossoul. La Grande-Bretagne en plus de l’enclave de Haïfa et Acre reçoit le sud de la Mésopotamie, car sa préoccupation est de faire passer dans une zone sous son influence un chemin de fer de Bagdad à la Méditerranée. Cette conséquence indirecte du conflit sur le chemin de fer de Bagdad marque encore aujourd’hui la carte des frontières étatiques du Proche-Orient.
Cependant, du côté des impérialistes, aussi bien les « Egyptiens » anglais que les « Syriens » français, on est bien décidé à remettre en question ces accords dès que possible. Le régime international de la Palestine est en effet entendu comme une clause toute provisoire et révisable, et les frontières sont considérées de la même manière. Et au printemps 1916, Sykes commence, dans cette perspective de révision, à discerner tout le parti qu’il aurait à intégrer la carte sioniste dans le jeu britannique, notamment dans le cadre de la Déclaration Balfour dont l’absence de carte et de précisions sur les futures limites du foyer national juif devaient rajouter aux incertitudes des contours palestiniens au lendemain de la guerre.
La vision de la Palestine est progressivement intégrée au Grand Jeu oriental. Comme l’Orient était perçu en tant qu’unité géographique, il pouvait être découpé selon des intérêts européens qui ne correspondaient que partiellement aux réalités endogènes. En favorisant un recentrement de la Palestine dans la sphère d’influence européenne, on favorisait par la même un décentrement de la Palestine de sa réalité territoriale. Les frontières n’ont fait que suivre ce chemin. Ici, l’approche transnationale nous montre les limites du découpage, car il inscrit la Palestine dans une identité qui n’est pas seulement la sienne, et qui serait à l’origine d’une première forme de métissage de l’identité palestinienne, à la fois exogène et endogène.
La remise en cause des accords Sykes-Picot est un angle d’approche possible afin de montrer la crise des frontières dessinées pendant la guerre, et la recherche d’un nouvel équilibre au lendemain du conflit. En diffusant un modèle unique de découpage, et indirectement un modèle universalisant d’unité politique, les Britanniques aidés des Français ont contribué à faire émerger une Palestine mandataire qui devait à terme se muer en Palestine-Etat, en suivant une feuille de route établie par l’administration mandataire. Ce sera le cas lors de la Conférence de San Remo.
La Conférence interalliée de San Remo a pour objet la rédaction définitive du traité de paix avec la Turquie, c’est-à-dire le règlement final de la succession de l’Empire ottoman. Du 19 au 21 avril 1920, les trois membres du Conseil suprême – Lloyd George, Millerand et Nitti – se réunissent pour fixer les termes du traité. C’est là que sont enfin levés tous les malentendus entre la France et la Grande-Bretagne et que sont répartis les mandats sans véritablement préciser leurs délimitations frontalières. On retient la définition biblique de la Palestine : Terre sainte s’étendant de Dan à Beersheba.
La frontière nord est tracée sur une carte conservée aux archives nationales britanniques sous le titre : « Carte du Liban. 1920 [5] ». Berthelot dessine lui-même la frontière après les nombreuses discussions à ce sujet et les différentes rencontres qui eurent lieu entre Clemenceau et Fayçal en janvier 1920. [CARTE 3]
Les futurs mandats sur la Palestine et la Mésopotamie reviennent à l’Angleterre, celui de la Syrie amputée de Mossoul à la France. C’est en fin de compte un échange de bon procédé conclu entre les deux grandes puissances européennes. La France obtient les eaux du Litani pour le Liban, la Grande-Bretagne le pétrole mésopotamien.
La fin de l’influence française en Palestine est scellée par la renonciation au Protectorat religieux [6] et l’intégration de la Déclaration Balfour au futur texte du mandat palestinien. Le 25 avril, on rédige le texte définitif des résolutions destinées à devenir en partie le traité de paix avec la Turquie signé à Sèvres le 10 août 1920 [7].
Les frontières septentrionales de la Palestine sont encore des frontières à géométrie variable en 1920, et elles vont mettre encore quelques années à se fixer. L’histoire du règlement palestinien ne s’arrête pas en effet à San Remo. Le Conseil de la SDN ne procède à l’attribution officielle des mandats qu’en juillet 1922 et la convention frontalière franco-anglaise sur la frontière syro-palestinienne n’est ratifiée qu’en mars 1923.
Le seul et dernier argument de la Grande-Bretagne concernant la frontière nord de la Palestine réside dans le fait d’avoir des ressources hydrauliques suffisantes au développement du foyer national juif. A la Conférence de San Remo, la France avait accepté le principe de la continuité territoriale entre les mandats britanniques de Palestine et de Mésopotamie, principe qui renvoyait au projet de chemin de fer entre Bagdad et la Méditerranée prévu par l’accord Sykes-Picot. Mais concernant la définition de la frontière libanaise, il n’était pas question d’y soustraire le bassin hydrographique du Litani. En juin 1920, Millerand avait déplacé de fait la frontière en proposant un tracé plus au sud à partir de Ras el-Nakoura. Les Britanniques concentrent alors leurs efforts sur les sources du Jourdain et ses affluents, dont le principal est le Yarmouk. Les discussions vont porter sur l’utilisation des chemins de fer existants en attendant la construction d’une ligne Bagdad – Méditerranée. Les Britanniques obtiennent la possibilité d’utiliser librement les installations présentes dans la zone française et de pouvoir déterminer la frontière pour faire passer la future voie ferrée totalement à l’intérieur de la zone britannique.
La nécessité de préciser le tracé des frontières de la Palestine fut d’emblée une volonté marquée par les représentants des puissances européennes à San Remo. Mais il fallait revenir aux sources mêmes de la Palestine pour enfin en avoir une délimitation claire. C’est le passage des limites d’Empire aux frontières d’Etat qui fut la problématique centrale pour redessiner les cartes des contours de la Palestine.
Pendant la période 1920-1936, les frontières ont permis aux Britanniques de parvenir à une maitrise progressive du territoire palestinien, maitrise nuancée toutefois par des rivalités grandissantes entre les communautés juive et arabe. Redonner des contours propres à la Palestine nécessitait d’incorporer une série de paramètres entre ce qui était jugé légitime par les Britanniques, et ce qui était jugé illégitime. L’unité territoriale de la Palestine ne fut établie sous la domination ottomane que dans le cadre d’une politique centralisatrice et ne fut ainsi qu’une province. Passer de l’unité provinciale à l’unité étatique constitua l’essentiel des préoccupations pendant l’entre-deux-guerres. Mais l’unité étatique ne fut pas pour autant un vœu partagé par tous, de là vient la plus grande partie des difficultés dans le tracé des frontières. Si c’est une volonté pour les sionistes, les Britanniques espèrent plutôt prévenir une désunion incontrôlable (cela se verra dans les plans de partage de 1937-1938) que favoriser clairement l’union. L’opposition progressive entre les Juifs et les Arabes favorisa l’émergence d’une frontière civilisationelle que la présence ottomane avait su contenir, et finalement des formes d’irrédentisme qui considérèrent que l’unité palestinienne n’était pas achevée et qu’il était donc possible de la faire correspondre à un projet politique.
Enfin, les frontières furent confrontées à une destinée nouvelle qui s’ouvrit avec les premiers plans de partage pour se clore lors du plan de partage définitif de l’ONU en 1947. Elles s’inscrivent dans une nouvelle perception de ce que pourrait être la Palestine, à savoir deux Etats indépendants l’un de l’autre. Mais la Palestine comme Etat unique est un Etat inachevé, en revanche la Palestine comme un ensemble d’unités politiques distinctes fut une réalisation concrétisée avec la déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israël en mai 1948, et l’absence d’Etat indépendant pour les Arabes de Palestine. [CARTE 4]
Les frontières de la Palestine furent souvent conçues sans existence collective, mais essentiellement de manière individuelle : une frontière méridionale avec l’Egypte, une frontière septentrionale avec le Liban, une frontière orientale avec la Syrie et la Transjordanie (ou la Jordanie à partir de mars 1946). Cette manière d’apprécier l’enveloppe palestinienne peut nous amener à faire un essai de classification des frontières, classification qui serait utile pour définir la Palestine elle-même et qui montrerait ainsi qu’il est possible de définir un espace par ses marges, un territoire par ses limites, un Etat par ses frontières.
La frontière méridionale avec l’Egypte est une frontière de la bédouinité. La frontière orientale avec la Jordanie et la Syrie est une frontière de l’arabité et de la levantinité. La frontière septentrionale avec le Liban est une frontière hydrographique.
Cette typologie des frontières permet d’obtenir une définition de la Palestine au fur et à mesure de son évolution dans la première moitié du XXe siècle et jusqu’à sa fixation avec la création de l’Etat d’Israël. La Palestine est ainsi une terre de rencontres entre des nomades et des sédentaires, entre des Orientaux et des Occidentaux, et entre l’aridité et l’eau. Nous pouvons alors parler de paysage mosaïque (territoire métissé pourrions-nous même dire) puisque c’est une succession de différentes lectures à plusieurs échelles qui permet finalement d’avoir une vision complète de la Palestine.
SOURCES ET COMMENTAIRES DES CARTES
CARTE 1
En bas à droite de la carte figure le commentaire suivant : « En dehors de la zone temporairement réservée, la Grande-Bretagne en 1915-1916 a reconnu l’indépendance arabe à travers la Syrie. La Palestine, qui s’étend de la frontière égyptienne à une ligne tracée de la côte juste au-dessus d’Acre au Jourdain, se trouve entièrement en dehors du domaine réservé et du territoire reconnu comme indépendant ». Pour les Britanniques la question est entendue en 1916, la Palestine ne se situe pas en Syrie. Les frontières de l’arabité s’arrêtent au Jourdain, les frontières syriennes également par la force des choses. Au-delà commence le territoire palestinien tourné clairement vers le Levant et l’Occident. Le fait même que ce document s’intitule « Syrie 1916 » est déjà éloquent. Il n’est pas nécessaire pour les Britanniques d’évoquer la Palestine autrement que par le petit commentaire en bas du document. La vision britannique de l’arabité fait face à la vision chérifienne pour laquelle les frontières de l’arabité sont matérialisées par le littoral. Une arabité qui s’arrête à la Méditerranée contre une autre s’arrêtant au Jourdain, tel fut l’un des enjeux centraux de la correspondance entre McMahon et le chérif Hussein.
Source : http://domino.un.org/unispal.nsf, Division for Palestinian Rights (DPR), The Origins and Evolution of the Palestine Problem : 1917-1988, PART I, 1917-1947.
CARTE 2
La zone d’influence française est appelée « zone A », et la zone d’influence britannique est appelée « zone B ». Les deux puissances reçoivent également un territoire d’administration directe : « zone bleue » pour la France, « zone rouge » pour la Grande-Bretagne. Les intérêts russes en Asie mineure sont reconnus lors d’un accord signé à Petrograd en avril 1916. Un moment tenus à l’écart des négociations, les Italiens parviennent à obtenir une zone d’influence et un territoire sous administration directe. La France accepte l’internationalisation de la Palestine (souhaitée par les Britanniques) en obtenant la Syrie, la Cilicie, Alexandrette et Mossoul.
Source : http://domino.un.org/unispal.nsf, Division for Palestinian Rights (DPR), The Origins and Evolution of the Palestine Problem : 1917-1988, PART I, 1917-1947.
CARTE 3
L’intérêt de cette carte est double. Il est d’une part probable qu’elle ait été réalisée à deux dates différentes, elle n’a d’ailleurs pas de référence précise à part celle de l’année 1920 : d’abord à la suite de l’accord entre Faysal et Clemenceau, puis après le compromis proposé par Berthelot. Nous pouvons remarquer à cet égard les deux styles d’écriture entre l’inscription évoquant la première ébauche de frontière (en vert) et celle indiquant la frontière de Berthelot (en bleu). D’autre part, la ligne Berthelot tracée de manière hâtive séparant les deux bassins fluviaux et les reliant d’un simple trait horizontal annonce les prémices de ce qui sera la future frontière septentrionale de la Palestine. C’est le premier document trouvé qui fait état officiellement de cela et qui va marquer durablement le territoire palestinien puis israélien.
Les futurs mandats sur la Palestine et la Mésopotamie reviennent à l’Angleterre, celui de la Syrie amputée de Mossoul à la France. C’est en fin de compte un échange de bon procédé conclu entre les deux grandes puissances européennes. La France obtient les eaux du Litani pour le Liban, la Grande-Bretagne le pétrole mésopotamien.
Source : Public Record Office, MFQ 1/154.
CARTE 4
Le texte final est enfin proposé le 25 novembre 1947, il est le résultat de la mise en commun des travaux des deux sous-commissions qui se sont entendues sur une proposition qui tient en trois points : le retrait progressif de la Grande-Bretagne, le rapport de l’UNSCOP, et la fin du mandat s’accompagnant de la reconnaissance de l’indépendance de la Palestine.
Le texte du plan de partage accorde sa deuxième partie à la délimitation des frontières des deux Etats. C’est l’Etat arabe qui est d’abord largement délimité, puis l’Etat juif dont les références sont beaucoup plus rapidement évoquées, et enfin les frontières de la ville de Jérusalem qui renvoient à la carte préalablement établie.
Source : http://domino.un.org/unispal.nsf, United Nations partition plan of 1947 - Map (1 April 1983).
Lire également :
La déclaration Balfour : un anniversaire confronté à l’actualité
Guillaume Vareilles
Guillaume Vareilles est docteur en histoire contemporaine, chercheur associé au Centre de recherches interdisciplinaires en sciences humaines et sociales (C.R.I.S.E.S.) de l’Université de Montpellier III. Il est l’auteur de nombreux articles portant sur le territoire palestinien et sur les questions des frontières au Proche-Orient, et enseigne en classes préparatoires aux grandes écoles.
Il a publié, entre autres, " Les Frontières de la Palestine 1914-1947", éditions L’Harmattan, 2010 ; "Les espaces frontaliers autour de Jérusalem pendant le mandat britannique", Bulletin du Centre de recherches français à Jérusalem, 2014 ; article "Land", "Palestine". Islam. A Worldwide Encyclopedia, by Cenap Çakmak, Editor, 2016 ; "Jerusalem in the 20th century : a History of Borders ?", in Ulrike Freitage, Nora Lafi & Florian Riedler (dir.), Visible and invisible Urban Boundaries in the Ottoman and Post-Ottoman in a comparative perspective, ZMO / Zentrum Moderner Orient (Berlin) [avec Vincent Lemire] (à paraître, 2018).
Contact : guillaumevareilles@yahoo.fr
Notes
[1] L’ensemble du dossier de la correspondance Hussein-McMahon est contenu dans le fonds du Public Record Office à Londres sous la référence FO 371/2768.
[2] Selon une déclaration faite par Lord Grey à Herbert Samuel, le plus ancien allié des Sionistes dans les milieux gouvernementaux anglais. Samuel Papers D.S. 588-25, note de Samuel, 7 février 1915, cité par Catherine Nicault, La France et le sionisme, 1897-1948. Une rencontre manquée ?, Paris, Calmann Levy, 1992, p. 56, note n° 34.
[3] Mark Sykes : Attaché au War Office pour les Affaires du Proche-Orient entre 1915 et 1916, il devient assistant du Secrétaire au War Office jusqu’en 1919. François-Georges Picot : diplomate, membre du pari colonial.
[4] MAE, Guerre 1914-1918, Turquie, Syrie-Palestine, vol. 871, Picot à Cambon, 3 janvier 1916. Le mémorandum est reproduit par le biais d’une lettre de Picot adressée Cambon en date du 3 janvier 1916.
[5] Elle est conservée sous la référence : PRO, MFQ 1/154.
[6] « La question [des Lieux saints] est donc réglée à la conférence de San Remo, le 24 avril 1920. Poussé par Charles-Roux, le nouveau président du Conseil français, Alexandre Millerand, se décide à réitérer sa demande à l’Angleterre, futur mandataire en Palestine, de « ne pas toucher aux droits traditionnels existants », soit au protectorat français. Mais la réaction ferme de Lloyd George et de Nitti, le président du Conseil italien, le contraint à renoncer formellement au maintien des « privilèges spéciaux » de la France en Palestine. « Il n’y aura plus aucune question de protection des catholiques en Orient de la part d’une nation ou d’une autre, résume Nitti, (…) les communautés religieuses ne pourront plus réclamer que leurs droits soient protégés plutôt par les représentants d’une puissance que par ceux d’une autre et (…) il n’y aura lieu à aucune réclamation contre les religieux qui ne voudront pas rendre les « honneurs » à la Nation qui les réclame » ». Nicault C., « La fin du protectorat religieux de la France à Jérusalem (1918-1924) », Bulletin du Centre de recherche français de Jérusalem, 4, printemps 1999, [En ligne]. Disponible sur : http://bcrfj.revues.org/document3472.html.
[7] Concernant les articles 94 et 95 de ce texte relatifs aux mandats, voir Laurens H. La question de Palestine, Tome I, Paris, Fayard, 1999, p. 516.
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