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Après la Grande Guerre, les conditions d’une paix durable restent à définir. Les termes des traités de paix ne font pas l’unanimité et toute affaire, même mineure au regard du long conflit qui a eu lieu, peut prendre des proportions démesurées où s’expriment des rapports de force complexes entre des Etats qui cherchent à s’affirmer sur la scène internationale en recomposition.
C’est le cas de la « sacrilège affaire des Harems » [1] qui oppose l’Empire ottoman agonisant et la Société des Nations (S.D.N), organisation internationale créée par les vainqueurs en 1919 pour préserver la paix en permettant aux différents Etats de dialoguer et de mener des initiatives communes. Entre la signature de l’armistice qui met officiellement fin à la guerre et l’entrée en vigueur des principaux traités de paix, nous sommes alors dans une période de transition marquée par d’importants changements géopolitiques : les cartes de l’Europe et du Moyen-Orient sont redessinées. Dans ce contexte troublé, les initiatives de la toute jeune S.D.N aux marges du continent européen suscitent parfois doutes et réprobations. Relativement méconnue aujourd’hui, « l’affaire des Harems » provoque un esclandre médiatique qui frôle la crise diplomatique.
Le premier conflit mondial entraine dans son sillage son lot de désolations, de morts, de blessés et de déplacés. Au Proche-Orient, la situation est critique. Si l’on en croit Henry Ruffin, journaliste français à Genève, « En Asie Mineure, à Constantinople, en Thrace, les déportations du bétail humain sévissent [encore] avec une violence inouïe [2] ». La guerre laisse en effet derrière elle des milliers de femmes et d’enfants déportés au Proche-Orient, dont la situation ne fait que s’aggraver avec le conflit gréco-turc (1919-1922). Ces enfants, séparés de leurs familles suite aux mouvements des armées en Asie mineure, sont placés dans des foyers de nationalité et de religion différentes.
Cette situation alarme les associations humanitaires qui réclament une intervention de la communauté internationale. La S.D.N n’a alors d’autres choix que de s’emparer du problème en le plaçant à l’ordre du jour de sa 1ère Assemblée. Elle justifie son action en faisant de ces déportations « un des grands problèmes d’après-guerre, un des legs de souffrance humaine que la guerre [laisse] derrière elle et qui n’[a] aucune signification politique, mais une très haute importance humanitaire [3] ». Or, cette affaire prend rapidement une tournure politique qui révèle les rapports de force entre Constantinople et Athènes, cette dernière étant soutenue par les pays vainqueurs de la Triple Entente [4] dans ses revendications territoriales en Anatolie et en Thrace orientale.
Au niveau du droit international, l’intervention de la S.D.N pose problème dans la mesure où le traité de Sèvres censé consacrer le démembrement de l’Empire ottoman n’est toujours pas entré en vigueur faute d’une ratification de l’Etat turc [5]. La S.D.N en fait fi et décide d’envoyer sur place une Commission spéciale d’enquête : alors que le docteur Kennedy et l’américaine Emma Cushman vont à Constantinople, la danoise Karen [6] se rend à Alep. Les uns et les autres rapportent de leur voyage leurs observations : « Quelques 300 000 femmes, jeunes filles et enfants grecs ont été, assurent-ils, déportés. Plus de 50% des enfants enfermés dans les orphelinats turcs ne sont que des pauvres petits prisonniers arméniens ; des femmes et des jeunes filles chrétiennes gémissent dans les harems ottomans [7] ». Selon les rapports, les déportations arabes de femmes et d’enfants auraient donc toujours lieu en Turquie et dans le reste du Proche-Orient [8]. Emus, les pays membres de la S.D.N réagissent [9].
Ils décident, en avril 1921, de mandater une Commission d’enquête dirigée par un Commissaire de la S.D.N à Constantinople et de créer des maisons neutres placées sous son autorité afin d’accueillir les femmes et les enfants retirés des maisons turques [10]. Les résultats de cette première initiative sociale d’envergure sont contrastés.
La Commission d’enquête fonctionne correctement. Depuis la 2ème assemblée (septembre 1921), elle récupère 2 300 enfants [11]. Après s’être assurée le concours de la police et des autorités religieuses des communautés grecques, arméniennes et musulmanes pour mener les recherches, elle fonde à Constantinople, puis à Alep, des maisons de refuge pour accueillir femmes et enfants en attendant le retour dans leur famille. A Constantinople, ils y restent le temps que l’enquête établisse leur nationalité. S’ils sont sans famille, ils sont confiés aux institutions charitables de la ville. A Alep, ils ont la possibilité de rester plusieurs mois pour apprendre un métier [12]. La mission de Constantinople prend fin en septembre 1926, celle d’Alep un an plus tard bien qu’elle reste opérationnelle jusqu’en 1931 suite à la décision de sa directrice Karen Jeppe de poursuivre ses efforts à titre privé afin de ramener encore un certain nombre de réfugiés à une vie normale. Les résultats sont probants : en l’espace de dix ans, la mission d’Alep porte secours à 1 900 personnes et Karen Jeppe conclue qu’elle se termine « sans rien laisser derrière elle d’inachevé » [13].
La question du Haut-commissaire de la S.D.N à Constantinople, qui devait à l’origine être à la tête de l’ensemble de la Commission d’enquête, est plus problématique. L’intervention à l’Assemblée de 1921 d’Hélène Vacaresco, représentante de la Roumanie à la S.D.N, également célèbre écrivaine roumaine qui a été à deux reprises lauréate de l’académie française, place la S.D.N dans une position délicate [14]. Elle se fait la porte-parole des jeunes filles chrétiennes grecques et arméniennes qui seraient séquestrées dans les « harems » turcs. Après que Lord Balfour, représentant de la Grande-Bretagne et « interprète des communautés chrétiennes du globe, pousse un cri d’alarme à la tribune », Hélène Vacaresco s’écrie « comme on demanderait vainement […] à ces vierges polluées, d’oublier tout doucement, on les abrutit […]. Nulle compassion ne saurait être assez grande [pour celles qui] sont enlevées à leur demeure et sont conduites dans cet enfer dont Dante a dit : Vous qui entrez, laissez ici toute espérance ! » [15]. Son discours, ajouté à ceux de plusieurs intervenants à l’Assemblée, marque les esprits. Le Canadien Charles J. Doherty, président de la 5e Commission, s’exprime en ces termes : « ces déportations […] constituant des crimes de lèse-humanité, doivent être flétries par le monde civilisé […] Le rapport provisoire de M. Kennedy, le rapport de la 5e commission, les discours de Melle Vacaresco et de M. Frangulis (délégué de la Grèce à l’Assemblée) et l’exposé de M. Dendramis (directeur du Secrétariat hellénique permanent auprès de la S.D.N), sont autant de réquisitoires contre ces sauvageries d’un autre âge, que la civilisation actuelle réprouve, et dont la S.D.N a l’impérieux devoir d’empêcher le retour » [16]. C’est suite à ces interventions que l’Assemblée vote séance tenante une résolution en faveur de l’envoi d’un haut Commissaire de la Société à Constantinople [17].
Le gouvernement turc proteste et « l’affaire des Harems » prend de l’ampleur. L’initiative de la S.D.N, soutenue avec force par les délégués grecs, est très mal reçue. Dans une lettre datée du 21 février au Secrétaire Général Eric Drummond, Constantinople dénie « la soi-disant séquestration d’enfants chrétiens dans les maisons musulmanes » que Hélène Vacaresco appelle des « harems ». « L’émotion fut grande en Turquie à l’annonce de cette décision, que la Société avait prise avec une hâte extrême […]. Il est hors de doute qu’en la matière, la bonne foi de l’Assemblée a été sciemment trompée. Ce ne sont pas des enfants chrétiens qui sont séquestrés mais bien des enfants musulmans » s’explique-t-il avant de demander que « l’Assemblée ne veuille considérer de son devoir d’effacer l’impression pénible qu’ont produites les déclarations de Melle Vacaresco ».
L’affaire prend vite une tournure inattendue, quelque peu gênante pour les divers protagonistes. En réponse à Eric Drummond qui affirme qu’aux yeux du traité de Sèvres la mission est légitime, le ton monte. Le Ministre turc rappelle que n’étant pas ratifié, cet instrument n’existe pas encore juridiquement. Il accuse un coup monté : « n’aurait-on pas dû faire une enquête contradictoire, laisser les accusés se défendre et exposer librement leurs points de vue ? Il n’en fût pourtant rien et ce que l’on a demandé aux Turcs ne vaut même pas la peine d’être mentionné à côté de tout l’échafaudage de calomnies que l’on a laissé tranquillement bâtir à leurs ennemis ». Il s’insurge contre la Société qui a pris parti sur une question « où l’honneur d’un peuple était en jeu », en se contentant de porter crédit à « une dame, esclave de ses sentiments et en plus poète, qui prenait la tribune de cette haute Assemblée pour le piédestal sur lequel elle se précipitait avec enthousiasme afin de faire entendre […] un conte lyrique destiné à vibrer dans cette salle comme dans tout le monde en consacrant sa carrière littéraire […]. Toute l’Assemblée de la S.D.N […] impressionnée par le lyrisme de Melle Vacaresco applaudissait à ces paroles de haine, et loin d’être exactement renseignée, loin de connaître l’Orient et ses mœurs, s’associât par ce seul son de cloche, et sans entendre l’accusé […] au jugement de ce poète pour déshonorer, accabler tout un peuple honnête, honorable, persécuté depuis des siècles et toujours calomnié comme persécuteur ». Le ministre turc poursuit ensuite à l’encontre d’Eric Drummond : « il me parait donc monsieur le Secrétaire Général, que vos explications au sujet de ce Comité ne sont pas très rassurantes quant à l’esprit d’impartialité qu’on est en droit d’attendre d’une Mission représentant la S.D.N ».
La légitimité de l’institution dans cette affaire est clairement dénoncée, et sa crédibilité mise en jeu. Le Ministre l’accuse de partialité. Elle aurait agi à la hâte, guidée par les propos selon lui fallacieux des personnalités et des représentants d’Etats qui auraient intérêt à une ingérence dans les affaires intérieures de la Turquie. Dans le contexte du conflit gréco-turc, cette affaire permet effectivement à Athènes de faire pression sur Constantinople pour obtenir la ratification du Traité de Sèvres dont les termes sont en adéquation avec ses propres intérêts. En outre, la bonne foi de Hélène Vacaresco est mise en doute, ses affects pouvant nuire à son jugement sur l’Empire ottoman. Elle est en effet profondément marquée par la guerre russo-turque (1877-1878) où son père prend les armes pour défendre la jeune Roumanie combattant aux côtés de la Russie pour obtenir son indépendance. D’ailleurs, le Ministre turc relève qu’elle aurait porté trop de crédit aux autorités religieuses chrétiennes grecques et arméniennes alors qu’elle n’aurait adressé aucun blâme « contre ceux qui persécutent et massacrent les musulmans » [18]. Le représentant de la Grèce Vassili Dendramis rétorque que « si pas une voix ne s’est élevée en faveur des Turcs soit disant calomniés alors que les Indes, la Perse, et l’Albanie étaient représentés à l’Assemblée et qu’à la 5e Commission siégeait un délégué musulman, c’est qu’en l’espèce les faits étaient patents. Les turcs devraient voir dans ce silence unanime […] une imposante manifestation de réprobation à l’égard de ceux qui, par des procédés barbares ont failli compromettre à tout jamais le renom de la civilisation orientale » [19].
Cette affaire prend ainsi l’allure de règlements de compte. La dimension politique tend même à supplanter la dimension humanitaire si on considère un courrier du délégué britannique, M. Fisher, dans lequel il affirme que son gouvernement « reçoit continuellement des rapports sur des déportations et des massacres, dont la responsabilité est attribuée, dans ces régions, aux Turcs aussi bien qu’aux Grecs […]. Les protestations de cette nature n’ont fait, jusqu’ici, que provoquer presque toujours des contre-accusations » [20].
Finalement, le projet finit par avorter. La mission de la Commission d’enquête se trouve réduite à son versant purement humanitaire puisque seules les maisons neutres placées à Alep et à Constantinople obtiennent des résultats significatifs. On ne reparlera plus ni des « Harems » turcs ni du haut-commissaire de la S.D.N à Constantinople si ce n’est pour railler la Société. Henry Ruffin en fait l’écho : « A peine la nouvelle de cette décision avait-elle été télégraphiée à l’étranger qu’elle était tombée en ridicule. Une partie de la presse européenne s’empressait de railler la Société des Nations pour avoir voulu dépêcher en Turquie un contrôleur des harems ». A Constantinople et à Ankara, la S.D.N « était accusée ni plus ni moins de vouloir attenter à la souveraineté de l’Etat, aux traditions religieuses de la Turquie » [21]. La situation finit cependant par se calmer et les relations entre la Turquie et la S.D.N se normaliser. En 1922, Atatürk emporte une victoire décisive sur les troupes grecques rendant définitivement caduc le traité de Sèvres qui est remplacé en 1923 par le traité de Lausanne reconnaissant la légitimité du régime d’Atatürk installé à Ankara.
Mélodie Le Hay
Mélodie Le Hay est diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris où elle a obtenu un Master recherche en Histoire et en Relations Internationales. Elle a suivi plusieurs cours sur le monde arabe, notamment ceux dispensés par Stéphane Lacroix et Joseph Bahout. Passionnée par la culture orientale, elle s’est rendue à plusieurs reprises au Moyen-Orient, notamment à l’occasion de séjours d’études en Israël, puis en Cisjordanie.
Notes
[1] C’est ainsi que les contemporains appelèrent les tensions entre le gouvernement de Constantinople et la S.D.N au sujet de la question des enfants et des femmes chrétiennes dans les maisons musulmanes. Henry Ruffin, Croyez-vous à la Société des Nations ? : Ce qu’on voit à Genève, ce qu’on fait à Genève, ce qu’on en pense en France, Paris, Plon-Nourrit & Cie, 1924, p. 60-61.
[2] Henry Ruffin, op.cit., p. 60-63.
[3] Rapport de la 5e commission présenté par le délégué du Canada, 20 septembre 1922, objet : déportation des femmes et des enfants, archives du ministère français des Affaires étrangères conservées à la Courneuve (AD), section française de la SDN (SFSDN), questions sociales, n°1829.
[4] La Grande Guerre voit s’opposer la Triple Entente (France, Royaume-Uni, Russie rejoints par la Belgique, le Japon, l’Italie et les Etats-Unis) et la Triple Alliance (Allemagne, Autriche-Hongrie rejoints par l’Empire ottoman en 1914 et la Bulgarie).
[5] Conclu le 10 aout 1920, le traité de Sèvres doit mettre en application les décisions relatives aux territoires ottomans prises lors de la conférence de San Remo mais il n’est jamais ratifié par tous ses signataires. Il consacre le démembrement de l’Empire ottoman : Arménie indépendante dans le nord-est de la Turquie, Kurdistan autonome au Sud-est, la Grèce gagne la Thrace orientale et la région de Smyrne (peuplées de populations turques et grecques), dissolution de l’armée ottomane, le reste de la Turquie sous le contrôle des Britanniques, des Français et des Italiens, provinces arabes détachées. Ce traité est refusé par le mouvement national de Mustafa Kemal Atatürk et n’est ratifié que par le parlement de la Grèce.
[6] Jeppe Karen Jeppe (1876-1935) se dévoue alors à la cause des réfugiés arméniens de l’Empire ottoman et des survivants du génocide arménien. Elle est d’ailleurs présente sur le terrain bien avant la guerre. Depuis 1903, elle enseigne à des enfants à Urfa où elle apprend l’arabe, le turc et l’arménien. Elle participe ensuite à la création d’orphelinats et de cliniques médicales pour soutenir les milliers d’Arméniens dispersés dans la région. Après sa mort, elle est décrite comme la mère danoise des Arméniens.
[7] Henry Ruffin, op.cit., p. 60-63. D’après Karen Jeppe, la plupart des enfants arméniens « vivent en esclavage, à la merci de leurs maitres, sans aucun droit et sans aucune protection, exposés aux sévices et aux mauvais traitements de toute sorte. […]. Ce sont les jeunes gens qui ont le plus besoin de secours. La plupart des réfugiés, à leur arrivée ici, étaient des jeunes garçons ou des jeunes gens de 12 à 20 ans ». Elle insiste sur la nécessité d’« aider ces malheureux à s’évader ». (Rapport provisoire de la Commission d’enquête de Miss Jeppe, Section d’Alep, 26 janvier 1922, AD, SFSDN, questions sociales, n°1829).
[8] Mémorandum du Secrétaire Général, janvier 1921, Genève, objet : femmes et enfants en Turquie et dans les pays avoisinants. L’Assemblée vote une résolution au Conseil le mercredi 15 décembre 1920 préconisant de créer une Commission d’enquête.
[9] Une « attention particulière est portée aux enfants chrétiens détenus dans les maisons turques ». Le retour des femmes et des enfants chrétiens dans leurs foyers n’est pas systématique d’après la Commission d’enquête. Les autorités arméniennes réclament 6 000 enfants à Constantinople et 67 000 en Anatolie encore aux mains des Turcs. Les « Turcs s’efforcent de cacher l’identité de ces enfants » qui en viennent « jusqu’à répudier leur nationalité ». Il y aurait apparemment 90 819 orphelins arméniens déjà recueillis et 73 350 encore retenus dans les orphelinats et maisons turques. Note du Secrétaire Général du 25 aout 1921 communiquant des documents au Conseil sur les travaux de la Commission d’enquête. Cela comprend le rapport du docteur Kennedy et une lettre de Miss Cushman écrite le 16 juillet 1921 à Istanbul. AD, SFSDN, Questions sociales, n°1829.
[10] Rapport présenté par la 5e commission à l’Assemblée le 22 septembre 1921, objet : femmes et enfants en Turquie, Asie mineure, et territoires avoisinants. AD, SFSDN, Questions sociales, n°1829.
[11] Henry Ruffin, op.cit., p. 60-63.
[12] Voir l’œuvre sociale et humanitaire de la S.D.N, publication de la Section d’information, p. 47-48.
[13] Rapport final de Melle Jeppe du 13 mars 1931 sur l’œuvre de secours accomplie à Alep, communiqué aux membres de la Commission consultative le 28 avril 1931. AD, SFSDN, questions sociales, n°1724.
[14] Proche de la reine de Roumanie Elizabeth de Wied, Hélène Vacaresco (1864-1947) lie des relations intimes avec Ferdinand de Hohenzollern-Sigmaringen, prince allemand neveu du roi Charles Ier de Roumanie qui le désigne comme héritier. Ils ne peuvent s’épouser car la constitution de la Roumanie interdit au roi de se marier à une Roumaine. Après l’annulation de leurs fiançailles en 1891, elle se rend à Paris. Commence pour elle une période de vive activité diplomatique et culturelle. En 1919, elle est nommée membre de la Délégation Roumaine à la Conférence de Paix de Paris. En 1920, elle participe aux sessions pour constituer la SDN à Genève et en 1922 elle est nommée dans le comité pour la Commission de Coopération intellectuelle auprès de la SDN. Jusqu’en 1938, elle participe régulièrement aux sessions de la Société des Nations et en 1939 elle est la Conseillère de la Délégation Roumaine pour la culture et la presse. En 1945, elle devient attaché culturel auprès de la légation roumaine et déléguée de l’institut International de Coopération Internationale (futur UNESCO).
[15] Henry Ruffin, op. cit., p. 60-63.
[16] Fascicule « La SDN et les déportations de Chrétiens en Turquie » du Comité des étudiants Hellènes, Genève, 1921. AD, SFSDN, Questions sociales, n°1829. En 1921, le Comité des étudiants Hellènes publie un fascicule intitulé « La S.D.N et les déportations de Chrétiens en Turquie » où les discours les plus expressifs tenus à l’Assemblée sur ce sujet sont transcrits. Doherty tient ces paroles dans la préface du fascicule.
[17] Cette résolution est adoptée par la 2e Assemblée le 23 septembre 1921 et le rapport de Da Cunha (Brésil) au Conseil est adopté le 2 octobre 1921. Le Conseil propose le poste de haut-commissaire à M. Peet (Etats-Unis) le 2 octobre 1921. Sa mission aurait été de rechercher les femmes et les enfants de religion chrétienne retenus chez les Turcs et d’enquêter sur les actes qui pourraient être commis dans l’avenir par les Turcs et par les Grecs dans le Proche-Orient. Rapport du représentant britannique, M. Harmsworth, au Conseil sur l’extension des pouvoirs au Haut commissaire de la SDN à Constantinople, 18 janvier 1922, AD, SFSDN, Questions sociales, n°1829.
[18] Lettre de Djévad, ministre de la Turquie à Berne, 21 février 1922, réponse du Secrétaire Général le 9 mars 1922, nouvelle lettre de Djévad le 17 mars 1922. AD, SFSDN, Questions sociales, n°1829. Des représentants des associations de femmes turques et musulmanes de Constantinople ont même fait appel à la S.D.N en février 1921 pour qu’elle leur vienne en aide. « Il est constaté aujourd’hui qu’il y a à Constantinople […] plus de 500 000 femmes, enfants et vieillards condamnés à mourir de faim. […] Les mères ne peuvent plus allaiter leurs enfants, n’étant pas elles-mêmes suffisamment nourries. […] Les émigrés […] tremblotent à demi-nus, sous la neige et la pluie. […] Les sociétés de secours et de bienfaisance locales, malgré tout effort, se trouvent dans l’impossibilité de porter la moindre amélioration à cet état de désolation complète. Nous venons donc, au nom des femmes turques de Constantinople […] soumettre […] à la considération du monde civilisé le cas désespérant dans lequel nous nous débattons […] et faisons appel à la conscience de tous ceux qui ont le courage et la noblesse de mettre au premier plan des devoirs la tache de soulager la souffrance humaine ». (Note du Secrétaire Général au Conseil le 10 mars lui faisant copie d’une lettre émanant de quelques représentants des sociétés et associations de femmes turques et musulmanes à Constantinople, 14 février 1921, Constantinople, AD, SFSDN, questions sociales, n°1829).
[19] Lettre de Vassili Dendramis au Secrétaire Général, 6 juin 1922, AD, SFSDN, Questions sociales, n°1829.
[20] Lettre de M. Fisher au Secrétaire Général. Pas d’autres renseignements donnés, mais la lettre a vraisemblablement été écrite fin novembre- début décembre 1921, AD, SFSDN, Questions sociales, n°1829.
[21] Henry Ruffin, op.cit., p. 60-63.
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