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Roger Geahchan est journaliste libanais, ancien rédacteur en chef adjoint du quotidien L’Orient-Le Jour, ancien correspondant pigiste des quotidiens Le Monde et La Croix, ainsi que de la radio RTL.
Dernier ouvrage paru : "Hussein Aoueini, un demi-siècle d’histoire du Liban et du Moyen-Orient", Beyrouth, Éditions FMA, 533 p.
Lire également :
– La question libanaise (1/5) : de l’Empire byzantin à la fin des Mamelouks
– La question libanaise (2/5) : le Mont-Liban pendant la période ottomane
– La question libanaise (3/5) : de 1918 à 1943
– La question libanaise (5/5) : la guerre civile libanaise
Le Liban accède à l’indépendance le 22 novembre 1943 en grande partie grâce à l’association politique de deux leaders, l’un maronite de vieille souche, Béchara el-Khoury, et l’autre sunnite, Riad el-Solh, appartenant à une famille de notables originaires de Saïda qui avaient déjà occupé des fonctions importantes au temps des Ottomans.
Solh, nationaliste arabe, militant infatigable dont l’activisme lui valut, sous l’occupation turque, d’être condamné à mort et, sous le mandat, d’être emprisonné ou proscrit à diverses reprises [1], comprit, grâce à sa vive intelligence et à son sens politique aigu, que son rêve d’unité arabe était désormais dépassé du fait des décisions prises par les puissances d’ériger en États reconnus par le concert des nations les différentes anciennes provinces arabes de l’Empire ottoman. Il se rallia ainsi à l’idée du Liban islamo-chrétien sans que l’on ait pu jamais savoir si ce ralliement était sincère et définitif.
Assassiné à Amman en 1951, il disparut de la scène politique avant que n’éclatent les crises fatidiques qui jetèrent une fois de plus chrétiens et musulmans libanais dans des camps opposés irréconciliables, les premiers privilégiant l’intérêt national tel qu’ils le conçoivent, les seconds voulant mettre le Liban à la remorque de tel ou tel État arabe ou régional, ou de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Pendant les deux premières années de la Guerre du Liban, le chef de l’OLP, Yasser Arafat, fut le gouverneur effectif de la partie ouest de la capitale et de certaines parties du Liban-Sud et certains sunnites allaient répétant que l’armée de Yarzé (siège du ministère de la Défense) était l’armée des maronites, tandis que les fédayins palestiniens étaient l’armée des musulmans. Les chiites du Liban-Sud, dont les biens subissaient de lourds dégâts du fait des raids lancés par les Israéliens en représailles aux attaques des fédayins, ne partageaient pas l’avis des sunnites.
Le cas de Béchara el-Khoury, l’autre artisan de l’indépendance, est exemplaire. Sa culture et les voies qu’il avait empruntées pour arriver à la présidence de la République (il fut élu le 21 septembre 1943), le prédisposaient à ne pas avoir de problème identitaire, contrairement à beaucoup de chrétiens. Il prend conscience du mal libanais qui pousse les milieux politiques et les masses, sous l’effet de forces centrifuges nées d’idéologies opposées, d’arrière-pensées et de peurs confessionnelles, à déterrer la hache de guerre chaque fois que la tension devient trop forte. Il est imbu de sa « maronité », mais ne la conçoit pas comme un « maronitisme ».
Dans le Liban qui fait ses premiers pas sur la scène régionale en tant qu’entité distincte, il estime que la stabilité politique et économique, que l’avenir, dépendent en partie de l’ouverture sincère du pays sur son environnement arabe, sans frilosité viscérale, mais aussi sans suivisme, sans alignement sur des voisins plus puissants et sans liens particuliers avec la puissance mandataire. Cette politique, dans son esprit, devrait permettre de faire contrepoids à l’irrédentisme arabe. De cette conception naîtra, en 1943, le Pacte national, qu’il conclura avec Riad el-Solh, acte fondateur d’un Liban émancipé de la tutelle de la France et ayant intégré, sur le double plan politique et culturel, sa composante arabe et musulmane.
Et pourtant, lors de la crise de 1952, quand, sous l’impulsion de Camille Chamoun et de Kamal Joumblatt, le pays se mit en grève pour obtenir sa démission, il ne trouva plus, lui l’artisan avec Solh du Pacte national, c’est-à-dire de la formule destinée à assurer la stabilité de la République grâce à l’entente maronito-sunnite, il ne trouva plus un seul présidentiable sunnite pour accepter de former un gouvernement et il fut contraint d’abandonner la présidence.
Le cas de Chamoun, qui lui succéda à la présidence de la République, est tout aussi significatif. Lors de l’intervention tripartite anglo-franco-israélienne contre l’Égypte, en 1956, les leaders sunnites, en particulier Abdallah Yafi et Saëb Salam, le premier était président du Conseil et le second ministre d’État, démissionnent parce que Chamoun avait refusé, contrairement aux autres pays arabes, de rompre les relations diplomatiques du Liban avec Paris et Londres.
La gravité de cette mésentente et de ses conséquences tient en grande partie au fait qu’elle a donné lieu à une intense exploitation confessionnelle qui a conféré à la crise le cachet d’une épreuve de force entre chrétiens et musulmans et ouvert la voie à des prises de position et des surenchères dans un domaine toujours explosif au Liban, celui de son identité historique et politique.
De plus, la crise qui commence en 1956 illustre aux yeux des musulmans ce qu’ils considèrent comme la prépotence du président de la République. Désormais, ils compareront ses prérogatives à celles qu’exerçait le haut-commissaire français au temps du mandat et, pendant des années, feront de la limitation des pouvoirs du chef de l’Etat un de leurs chevaux de bataille (Ils obtiendront satisfaction à Taëf en 1989).
Dès lors, les réflexes communautaires se substituent aux convictions intimes, déclenchant un processus de regroupement sur une base beaucoup plus confessionnelle que politique ou idéologique, rejetant la majorité des chrétiens d’un côté, et des musulmans de l’autre.
Du fait de la tournure prise par les événements, les chrétiens qui ne se rangeaient pas spontanément dans le camp de Chamoun, parce que, par exemple, ils n’étaient pas d’accord sur ses choix en politique étrangère, apparaissaient aussitôt comme des traîtres à leur propre communauté, et tel était également le cas des musulmans qui ne s’alignaient pas sur Salam et Yafi.
Ce phénomène de solidarité communautaire aveugle se développera en dépit de l’action menée par des hommes comme le patriarche maronite Paul-Pierre Méouchi (il avait fait publier un communiqué d’appui à l’Egypte) ou comme Hussein Aoueini (ancien et futur président du Conseil) qui, pour éviter au pays une fracture fatale, s’efforçaient de maintenir ouvertes les voies du dialogue.
Jusqu’à la fin de son mandat, deux ans plus tard, Chamoun ne trouvera plus qu’un seul présidentiable sunnite, Sami el-Solh en l’occurrence, acceptant de coopérer avec lui. Par ailleurs, la situation dans le pays est déjà si tendue qu’il faut faire appel au commandant en chef de l’armée, le général Fouad Chéhab, au poste de ministre de la Défense. Sa présence au sein de l’Exécutif permettra de faciliter la coordination entre la troupe et les forces de police traditionnelles qui, seules, ne sont plus en mesure d’assurer au mieux le maintien de l’ordre.
Des actes de terrorisme commencent, en effet, à perturber le cours de la vie. Certes, il ne s’agit encore que d’attentats d’ampleur limitée. Mais leur gravité réside, plus que dans la puissance des charges explosives utilisées ou dans les dommages corporels et matériels qu’ils provoquent, dans le choix symbolique des cibles : des bâtiments publics le plus souvent, comme s’il s’agissait de souligner, qu’à travers ces attaques, c’étaient l’État et le pouvoir en place qui étaient visés.
Un an et demi après la crise de Suez, une insurrection éclate dans les trois principales villes sunnites du pays, dans quelques régions périphériques et dans le Chouf druze. À Beyrouth, c’est Salam qui dirige les opérations. À Tripoli, à Saida et au Chouf, ce sont respectivement Rachid Karamé, Maarouf Saad et Kamal Joumblatt. Les quartiers populaires des trois cités se hérissent de barricades, des bandes armées y font régner la terreur et les attentats terroristes se multiplient en divers points de la capitale, notamment dans le centre-ville, zone mixte où les établissements commerciaux et la clientèle appartiennent aux différentes communautés du pays.
Au Chouf, des groupes armés parcourent le pays et y font régner la loi. Ils sont formés de partisans de Kamal Joumblatt, un leader druze d’une grande valeur intellectuelle, mais déchiré entre deux aspirations contraires. Il est l’un des plus grands féodaux du pays et, en même temps, le fondateur et le principal animateur du Parti socialiste progressiste, ce qui dans cette partie de la montagne au traditionalisme et au conservatisme très poussés apparaît comme tout à fait insolite. C’est un faux progressiste. Il ne s’est jamais résigné à l’importance que certains maronites du Chouf, au départ de simples paysans, ont prise graduellement au détriment des seigneurs druzes.
L’insurrection est armée et financée par l’Égypte d’Abdel-Nasser. Son ambassadeur, le général Abdelhamid Ghaleb, donne des instructions aux chefs du soulèvement, lesquels s’exécutent docilement. Son arrogance est telle que le gouvernement Sami el-Solh le déclare persona non grata. Il quittera le Liban le 25 juillet 1958, mais reviendra après l’élection de Fouad Chéhab à la tête de l’État.
Les chefs du soulèvement affirment que leur mouvement a pour but d’empêcher Chamoun de reconduire son mandat. En réalité, le Liban est, comme toujours depuis des millénaires, l’enjeu de la lutte politique et diplomatique qui oppose les deux blocs de l’Est et de l’Ouest. Chamoun, que ses adversaires accusent d’être l’homme des Britanniques, opte en son for intérieur pour un alignement sur l’Occident (il décidera de faire adhérer le Liban à la Doctrine Eisenhower) car il estime que le pays du Cèdre perdrait sa raison d’être s’il emboîtait le pas aux pays du tiers-monde qui évoluent plutôt dans l’orbite soviétique. Tels sont sa conviction et son pari.
Ce pari, il est sur le point de le gagner lorsque, après le coup d’État qui renverse la monarchie en Irak, le 14 juillet 1958, les marines débarquent à Beyrouth. À ce moment-là, il joue à fond la carte américaine. Mais Washington, en 1958, penche encore en faveur d’une entente avec Abdel-Nasser. Robert Murphy, un émissaire du président américain Dwight Eisenhower, trouve un terrain d’entente avec le maître du pays du Nil. C’est une sorte d’accord sur la neutralité du Liban, un ni-ni. Le gouvernement de Beyrouth rejettera tout embrigadement dans le camp occidental, tout comme il ne se rangera pas au côté du bloc soviétique ou des pays du tiers-monde qui lui sont favorables.
Le 22 septembre 1958, le mandat de Chamoun expire. Le lendemain, le général Fouad Chéhab, qui, tout au long de l’insurrection, avait réussi, dans le cadre de ses fonctions de ministre de la Défense et de commandant en chef de l’armée, à maintenir plus ou moins le contrôle de la situation, est élu à la tête de l’État.
Au cours de son sexennat, conscient de la fragilité du Liban et des risques permanents de conflits confessionnels, Chéhab parviendra, par une politique faite de sagesse et de modération, à éviter les écueils sur le double plan intérieur et extérieur. Durant ce mandat, l’islam libanais mettra une sourdine à ses plaintes sur l’accaparement par les chrétiens en général et par les maronites en particulier des principaux pouvoirs de décision.
Éprouvant un vif mépris à l’égard de la caste politique, de sa dépravation, de sa gabegie, il s’appuiera principalement sur le Deuxième Bureau de l’armée, ce qui facilitera la mobilisation de certains leaders politiques et d’une partie de l’opinion publique contre ses méthodes de gouvernement. Il sera accusé de sacrifier les droits des chrétiens et de favoriser les musulmans. On lui reprochera aussi d’avoir marginalisé le Liban sur le plan régional et international par la prudence, la timidité de sa politique étrangère.
De fait, comme la suite des événements devait le montrer, on peut considérer, qu’en raison de la vive opposition de l’islam libanais à la politique extérieure de Chamoun, le Liban, à partir de Chéhab, n’a plus eu une politique étrangère qui lui fût propre.
Dans les conflits incessants, la discorde et les troubles qui caractérisent la vie politique au Liban, le mandat de Chéhab a été comme une parenthèse qui a permis au pays de connaître une trêve. Mais elle fut de courte durée. Élu en 1964 à la tête de l’État, le successeur de Chéhab, Charles Hélou, se heurta, dès l’année suivante, aux difficultés de l’activité militaire des Palestiniens au Liban. Pris dans un engrenage qu’il ne fut plus jamais en mesure d’arrêter, l’État perdit progressivement sa souveraineté, ses attributs et son autorité, laissant la place libre aux milices palestiniennes et aux milices chrétiennes. Celles-ci s’étaient constituées pour parer au vide étatique.
Les attaques des fédayins contre Israël à partir du Liban-Sud s’intensifièrent, notamment après la défaite des armées arabes face à l’État hébreu en 1967. De même, les Israéliens multiplièrent les raids de représailles contre la partie méridionale du Liban abritant les combattants palestiniens. Hormis quelques cas isolés, les chrétiens étaient hostiles à l’action des fédayins à partir du sol libanais, tandis que les musulmans, en général, y étaient favorables au nom du caractère sacré de la cause palestinienne.
À l’Assemblée nationale, de vifs débats opposaient les députés des deux bords, tandis que le gouvernement, impuissant, se gardait bien de prendre position. En avril 1969, un accrochage armé oppose un commando palestinien, qui se préparait à pénétrer en Israël à partir d’un village frontalier, à un détachement de l’armée libanaise. Plusieurs fédayins sont tués au cours de l’échange de tirs.
Le lendemain, une immense manifestation se tient à Beyrouth, au quartier Barbir (sunnite), en signe de protestation contre l’intervention de l’armée et d’appui à la résistance palestinienne. Les manifestants se heurtent au service d’ordre mis en place par les Forces de sécurité intérieure, lesquelles ouvrent le feu sur la foule, faisant des dizaines de morts et de blessés.
Le surlendemain, un débat est engagé à la Chambre sur les sanglants événements des quarante-huit heures précédentes. Les députés chrétiens proclament leur appui à l’armée, s’élèvent une fois de plus contre les attaques des fédayins à partir du territoire libanais et reprochent aux manifestants de la place Barbir d’avoir provoqué le carnage qui endeuille le pays.
Les députés musulmans tiennent des discours en tous points contraires : appui inconditionnel à la résistance palestinienne au Liban, condamnation de l’intervention de l’armée qui a causé la mort des fédayins, condamnation des forces de sécurité intervenues à Barbir.
Jusque-là, rien que de très habituel et de tout à fait conforme aux options divergentes des chrétiens et des musulmans. La séance aurait pu se terminer en queue de poisson comme tant d’autres.
Le président du Conseil, Rachid Karamé, avait écouté tous les orateurs avec son impassibilité bien connue. Quand les députés eurent fini de discourir, il demande la parole au président de la Chambre, l’obtient et déclare (en substance) : la moitié de l’honorable assemblée appuie l’action des fédayins et l’autre moitié la réprouve. La même divergence de vues porte sur le rôle de l’armée et des Forces de sécurité. Et le pays tout entier est divisé en deux fractions, l’une favorable, l’autre hostile à la résistance palestinienne. Face à un tel désaccord, je ne peux continuer à gouverner car aucun consensus national ne paraît possible. Aussi ai-je décidé de présenter ma démission.
Députés et ministres sont sidérés et la séance est levée dans une atmosphère tendue à l’extrême.
En fait, Karamé démissionna sans démissionner, car il ne présenta pas par écrit au chef de l’État sa décision. Il se confina à son domicile et le pays entra en quelque sorte dans une hibernation politique.
Le président Hélou aurait pu inviter Karamé à exercer ses prérogatives et à forcer les Palestiniens à cesser leurs activités militaires et à tenir compte de la souveraineté et de l’intérêt du Liban, ou alors à céder la place à quelqu’un d’autre ne craignant pas d’aller à contre-courant de la rue musulmane. Mais Hélou, brillant intellectuel, était un temporisateur dans l’âme, comme jadis Qintus Fabius le Cunctator face à Hannibal. Il ne fut pas à la hauteur de la situation et son attentisme précipita la descente aux enfers du Liban.
Le Liban ou l’État impuissant. Sept mois s’écoulèrent dans cette hébétude gouvernementale. Puis, comme d’habitude, l’État capitula. Le 3 novembre de cette sombre année 1969, le général Émile Boustany, commandant en chef de l’armée, signait dans la capitale égyptienne, avec le chef de l’OLP, Yasser Arafat, l’Accord du Caire. Cette convention était censée réglementer les activités de la Résistance palestinienne au Liban de manière à mettre fin aux agissements des fédayins. En pratique, ceux-ci ne respectèrent qu’une seule clause, celle qui les autorisait à attaquer Israël à partir d’une région frontalière du Liban-Sud, l’Arkoub.
Dès lors, les attaques palestiniennes et les raids israéliens de représailles s’intensifièrent. Lorsque le texte de l’accord fut soumis à la Chambre, à huis clos, le gouvernement voulant éviter un débat public qui aurait donné lieu à des surenchères susceptibles d’avoir des répercussions dans la rue, un seul député, Raymond Eddé, eut le courage de refuser de l’approuver. Durant des mois, il n’avait cessé de répéter que le seul moyen de mettre un terme aux attaques des fédayins et aux ripostes israéliennes consistait à faire appel aux Casques bleus de l’ONU, à une force-tampon qui aurait empêché le cycle mortel de se poursuivre au Liban-Sud. Il se heurtait à l’intransigeance des leaders sunnites qui refusaient, au nom du caractère sacré de la lutte contre l’État hébreu, d’apporter la moindre entrave à l’activité des fédayins, d’autant plus que la rue musulmane était solidaire de ces derniers.
Par réaction et pour pallier l’inertie, l’abdication de l’État, le Parti Kataëb de Pierre Gemayel, qui dès l’origine était d’inspiration parafasciste, et le Parti national libéral de Camille Chamoun créent chacun de son côté une milice. Celle des Kataëb, une fois prise en main par le cadet des fils Gemayel, Béchir, un homme qui sublimait l’usage de la force, adoptera le nom de Forces libanaises et deviendra, tout comme l’OLP dans les régions sunnites, un État dans l’État dans les régions chrétiennes.
Après le Septembre noir en Jordanie (1970) et le reflux vers le Liban de dizaines de milliers de Palestiniens, l’emprise de l’OLP et des diverses organisations armées palestiniennes sur toutes les régions au sud de la route Beyrouth-Damas devient totale. Les musulmans s’y résignent, moins par appui à la cause palestinienne que par détestation de la classe dirigeante maronite.
Alors que la tension ne cesse de croître dans le pays, une agression armée contre un bus à bord duquel se trouvaient des Palestiniens en route pour le camp de Tell el-Zaatar, perpétrée le 13 avril 1975 dans la banlieue d’Aïn el-Remmaneh, un bastion chrétien, met le feu aux poudres. C’est le début de la guerre du Liban (1975-1990) (les guerres des autres au Liban, selon une formule célèbre de Ghassan Tuéni).
Roger Geahchan
Roger Geahchan est journaliste libanais, ancien rédacteur en chef adjoint du quotidien L’Orient-Le Jour, ancien correspondant pigiste des quotidiens Le Monde et La Croix, ainsi que de la radio RTL.
Dernier ouvrage paru : Hussein Aoueini, un demi-siècle d’histoire du Liban et du Moyen-Orient, Beyrouth, Éditions FMA, 533 pages.
Notes
[1] Cf. The Struggle for Arab Independance Riad el-Solh and the Makers of Modern Middle East, Patrick Seale, Cambridge University, pp.83-217.
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