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Entretien avec Michel Makinsky - La nouvelle présidence iranienne

Par Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Michel Makinsky
Publié le 08/07/2013 • modifié le 08/04/2020 • Durée de lecture : 23 minutes

Michel Makinsky

Quel est le « paysage » iranien au sortir de l’élection du 14 juin ? Que nous révèle-t-elle ?

Cette élection nous révèle d’abord une surprise sur les rapports de force entre les grands acteurs. Il y a un vrai vainqueur qui n’est peut-être pas celui que l’on pense. L’heureux élus est, certes, Hossein Rohani - dont la victoire n’avait été prévue par à peu près personne, bien que l’on ait vu dans les derniers jours une montée en puissance qui indiquait qu’il se dirigeait vers un score intéressant. Mais, au-delà, Rohani est en fait l’incarnation d’une revanche de Rafsandjani, en quelque sorte vainqueur par procuration. Ce dernier, qui avait été éliminé en même temps que Mashaie par le Conseil des Gardiens, a fait partie d’un ballet savamment orchestré. En effet, ayant apparemment été affaibli par la perte successive de la présidence de l’Assemblée des Experts, et à présent empêché de concourir aux présidentielles, il conserve en réalité une place de poids dans l’échiquier politique, à son poste de président du Conseil du Discernement. Surtout, c’est un homme à lui, son bras droit, Rohani, qui est élu pour succéder à M. Ahmadinejad. On peut dire qu’avec le cumul des soutiens, à la fois conservateurs pragmatiques plus réformateurs, Rohani a renforcé le pôle Rafsandjani.
Il y a un deuxième vrai vainqueur, dont on ne parle pas, qui est Ali Larijani, président du Parlement. Larijani avait un moment songé à se présenter mais il ne l’a pas fait : ses chances avaient été amoindries du fait de l’incident qui l’a opposé à Ahmadinejad au Majlis à la fin février 2013, où ce dernier avait montré une vidéo présentant des tentatives de corruption. Ahmadinejad a raté son coup dans la mesure où il a très mal utilisé sa vidéo, il a été maladroit et Larijani s’en est plutôt bien tiré. Néanmoins, sa réputation est écornée et la corruption du clan Larijani a été montrée au grand jour. Larijani ne se présente pas, mais il est en position de force parce qu’il domine le Parlement dont il a été réélu président peu avant l’élection, avec une majorité triomphale.
Le paysage actuel est que, au-delà de la victoire de Rohani, il y a une nouvelle redistribution des cartes. La posture de Larijani est très importante, car si Rohani veut travailler à l’exécution de sa politique, il doit impérativement conclure un accord de coopération avec le Parlement. Faute de quoi, le successeur de M. Ahmadinejad s’expose au même sort que Khatami dont les réformes ont été torpillées par le Parlement à partir de 2004, où une majorité conservatrice en a pris le contrôle.
La proximité de Rohani avec le Guide est un élément déterminant. Ceci pose également les limites des marges de manoeuvre du nouveau président dans toutes les options lancées. C’est toujours le Guide qui décide, notamment sur le dossier nucléaire. Le président est assez largement un exécutant, qui joue un rôle à l’intérieur des lignes définies par le Guide. A cet égard, la campagne électorale a révélé plusieurs choses : une des étapes déterminantes ont été les débats télévisés, et en particulier ceux qui ont opposé Rohani à Jalili, l’actuel négociateur des questions nucléaires, qui a incarné un parfait épouvantail. Il a affiché une ligne très dure, disant qu’il ne faut aucune capitulation sur le dossier, mais surtout que la détente avec l’Amérique n’est pas indispensable. A propos de l’enrichissement de l’uranium, il a dit être pour un enrichissement allant même jusqu’à… 100%. Il a par ailleurs déclaré qu’il fallait que la politique iranienne soit islamique. Il réunit tous les ingrédients pour dissuader les électeurs. Jalili s’est fait vigoureusement critiquer par Rohani qui lui a rappelé qu’il était contreproductif. Ce qui est beaucoup plus intéressant est que Jalili s’est fait aussi sévèrement tancer par le conseiller du Guide, Ali Velayati, qui l’a mis en position délicate, car il a contesté la capacité professionnelle de Jalili pour être un diplomate digne de ce nom. C’est très important, car Ali Velayati ne l’aurait pas mis en difficulté sans le feu vert de Khamenei. Enfin, il ne faut pas oublier que Velayati a montré également à Rohani qu’une ligne de négociation était possible, dans des limites étroites. Le Guide a également compris qu’il faut sortir de l’impasse actuelle, notamment sur le plan économique, et s’orienter vers une négociation.
Le nouvel élu va probablement trouver sur son chemin des obstacles très durs. Les pasdarans, qui ont lutté contre Rohani, sont extrêmement menaçants. Les déclarations qui ont suivi les élections sont sans ambiguïté. La chance de Rohani réside largement dans l’appui qu’il aura du Guide. Cette relation est un élément déterminant de sa survie politique. Il faut dire que les ultras, en particulier officiers pasdarans et bassiji, enregistrent une défaite cuisante. Leur leader, Mesbah Yazdi, ancien mentor religieux d’Ahmadinejad, rêvait d’installer un ultra réactionnaire à la présidence. Or le candidat qu’ils soutenaient initialement, Kamran Bagheri Lankarani, personnage assez obscur, est éliminé par le Conseil des Gardiens, pourtant peu suspect de sympathies réformatrices, mais composé de conservateurs dévoués au Guide, fort inquiets de voir un « champion » de Yazdi postuler à la présidence. Du coup, les dits ultras ont rapidement jeté leur dévolu sur Jalili, (Lankarani retombant dans l’oubli), en joignant leurs forces à celles de l’aile la plus idéologisée des conservateurs. La victoire de Rohani représente une sévère défaite pour ce clan de pasdarans qui voulait, même au prix de manipulations électorales, établir un régime quasi dictatorial. Mais Khamenei, en étant incapable d’imposer un candidat conservateur unitaire et….acceptable (malgré la création de deux « comités pour une candidature unique » !), crée les conditions d’une victoire de Rohani à partir du moment où ce dernier réussit à constituer une alliance de modérés (conservateurs) et réformateurs avec l’appui décisif de Khatami, de Rafsandjani, des verts, et grâce au désistement de Aref, candidat réformateur en lice ; paradoxalement, Ali Khamenei semble se résigner à cette perspective, comme le permet de supposer l’appui implicite donné à Rohani par l’offensive d’Ali Velayati, que nous venons d’évoquer. Un véritable appel d’air en a résulté auprès d’un électorat qui a compris qu’il y avait là une chance à saisir, d’autant que le candidat affichait des messages de plus en plus marqués par des références à la démocratisation.

Le nouveau président prendra ses fonctions le 4 août 2013, et beaucoup de choses peuvent se passer entretemps. L’administration de Mahmoud Ahmadinejad assure encore les affaires courantes jusqu’à cette date.
Il manque à ce paysage une analyse des élections locales, qui se sont déroulées en même temps, et dont les résultats sont contrastés, avec dans certaines circonscriptions des poussées conservatrices, et dans d’autres un résultat assez similaire à ce qu’on a vu pour les présidentielles.
Concernant la régularité des élections, les choses ont été faussées par le Conseil des Gardiens qui a procédé à l’élimination de beaucoup de candidats (sur plus de 600 postulants, ils en ont conservé 8). Il y a eu un parallélisme entre la candidature de Rafsandjani et de Mashaie et leur élimination. Rafsandjani avait rencontré Khamenei à l’heure du petit-déjeuner le samedi 11 juin, puis le revoit à l’heure du déjeuner. Vers la fin de l’après-midi, il reçoit un coup de téléphone (de la part du Guide) puis entre, peu avant la clôture des inscriptions, au ministère de l’Intérieur à peu près en même temps que Mashaie. Jalili est ensuite arrivé. L’élimination simultanée de Rafsandjani et de Mashaie par le Conseil des Gardiens est un véritable épisode de théâtre. La disqualification du dauphin d’Ahmadinejad, représentant du « courant déviant » (dénommé ainsi par ses opposants ultras et les fidèles de Khamenei en raison de son plaidoyer pour un « islam iranien » hétérodoxe) était attendue. On pouvait, le cas échéant, supputer que Mashaie serait « repêché » par un décret spécial de Khamenei compte tenu des menaces que son camp avait propagées de diffuser des révélations sur la corruption du Guide et de ses proches, voire de générer des troubles. Celle de Rafsandjani l’était moins, et aurait résulté en partie de pressions de l’appareil sécuritaire qui craignait un raz-de-marée électoral pour Rafsandjani. Des menaces diverses avaient été proférées contre lui.
Aussi peut-on penser qu’en éliminant Rafsandjani, le Guide s’est débarrassé d’un vieux rival. Cette lecture simpliste risque de nous faire passer à côté d’une manœuvre plus subtile : Rafsandjani est écarté, pour mieux laisser passer Rohani, le seul capable de relever les redoutables défis du pays.

L’autre leçon de ces élections est, par certains côtés, la réussite mais également l’échec cuisant du Guide. La réussite est la participation importante (plus de 72%) aux élections, celles-ci étant la seule façon de légitimer Khamenei qui a régulièrement insisté, comme l’ont fait ses relais pasdarans et bassij avant et après le scrutin, sur cette participation qui, selon eux, montre l’adhésion de la population au…système. Donc à lui-même ! Mais c’est également un échec, parce qu’il n’a pu imposer la désignation d’un candidat unique et conservateur, comme nous l’avons dit. Cela a montré que les rivalités individuelles ont prévalu sur les coalitions.
Il va y avoir très certainement des lots de consolation. Aref, qui était le vrai candidat réformateur, qui s’est désisté en dernière minute, avait fait une bonne percée pendant la campagne. Il a résisté longtemps à tout désistement. Il ne l’a fait que sous la forte pression de Khatami et de Rafsandjani. On peut penser que le calcul était plus sophistiqué. Aref n’a peut-être pas voulu non plus marquer trop Rohani politiquement, en laissant ses électeurs se porter sur celui-ci tout en évitant de faire une quasi-campagne pour lui. Sinon, Rohani aurait pu être beaucoup plus vulnérable à l’égard de l’establishment pasdaran qui le traite de « valet des séditieux » (= verts). Rohani a dû jouer très subtilement, et Aref a contribué à ceci. Il a d’ailleurs été chaudement remercié par le successeur d’Ahmadinejad.
Ce paysage est évidemment très mouvant pour le moment, avec beaucoup d’inconnues.

Le 15 juin 2013, Hassan Rohani a été élu à la présidence iranienne. Pouvez-vous nous parler de son parcours ?

Né en 1948, Hassan Rohani est un religieux. C’est une surprise, car beaucoup pensaient que d’être un religieux était un handicap. Or, c’est le contraire qui s’est passé. Ceci signifie un changement de regard de l’électorat vis-à-vis des religieux, souvent considérés comme corrompus. Cela signifie peut-être également un changement et un retour de balancier, Ahmadinejad souhaitait notamment éliminer l’influence du clergé au profit d’une nouvelle génération de laïcs. Rohani a très récemment plaidé pour une restauration de la considération que l’on doit accorder au clergé.
Ce nouveau président a une double formation, une formation universitaire anglo-saxonne (à Glasgow en Grande-Bretagne), et une formation de religieux. Le public modeste a été sensible à ce côté respectable. Rohani a été très proche de Khomenei, mais également du Guide actuel. Il a parcouru l’Iran, et est donc un homme qui connaît bien le pays. Il a été un très proche collaborateur de Khamenei. Il aussi côtoyé les milieux sécuritaires, officier pendant la guerre Iran-Irak, et membre du Conseil suprême de Défense. A la fin de la guerre Iran-Irak, il a été décoré pour son action. Il a été très tôt et durablement en poste de conseiller aux Affaires de sécurité et à la tête du Conseil national suprême de Sécurité, organisme déterminant pour la politique étrangère et sécuritaire du pays. Il a été conseiller du président de 1989 à 1997, et de 2000 à 2005. En 1991, il a été nommé au Conseil du Discernement, dont il fait encore partie. Au sein de ce conseil, il dirige le centre de recherches stratégiques, le think tank qui joue un rôle de réflexion et de définition et d’orientation politique, et d’élaboration qui ne se limite pas à la politique de défense et de sécurité. Il est probable qu’il va puiser dans ce réservoir des compétences et réflexions dont il a besoin. Il a été nommé également à l’Assemblée des Experts, qui est l’organe le plus important du pays, puisqu’il rassemble 86 religieux élus au suffrage universel, et qui a pour pouvoir de choisir en son sein le Guide et de le démissionner. Voilà pourquoi qui tient l’Assemblée des Experts tient le sommet. Rafsandjani avait été élu président de cette assemblée et avait été obligé par le Guide à ne pas se représenter cette présidence. Cette péripétie avait été analysée comme une mise à l’écart de Rafsandjani, mais il y avait derrière elle un objectif encore plus important, qui était d’éviter que Mesbah Yazdi, mentor religieux d’Ahmadinejad, ne soit élu à la tête de cette assemblée des experts, car il risquait de se faire nommer Guide. Rohani est toujours à l’Assemblée des Experts. Rohani n’est pas un réformateur. Son atout principal est son expérience des négociations nucléaires, et sa capacité à formuler des compromis. Il a acquis un capital de confiance auprès des Occidentaux qui est de ses atouts principaux. Il connaît les dossiers, a certainement servi de négociateur discret pendant la période qui vient d’être écoulée, c’est un homme de contact et qui a sur les sujets principaux, dont le nucléaire, des idées qui sont connues, ce qui est rassurant pour ses interlocuteurs.

Comment se positionne-t-il par rapport au président sortant Mahmoud Ahmadinejad, et par rapport au Guide suprême ?

Par rapport au président sortant, il a été un des artisans de la décrépitude du camp Ahmadinejad-Mashaie. Il n’a cessé de dénoncer pendant la campagne l’état catastrophique des finances et de l’économie iraniennes. Rohani dit qu’il faut faire preuve de compétence en matière économique, et de pragmatisme, ce qui est une façon très claire de dire que la gestion de son prédécesseur avait été calamiteuse. Il se positionne donc comme un des co-fossoyeurs d’Ahmadinejad. Par rapport au Guide, la relation est beaucoup plus étroite que ce que beaucoup de gens pensent. Elle est ancienne et assortie de la légitimité d’un homme qui a côtoyé Khomeini. Un des soucis majeurs de Rohani sera à la fois de préserver cette ligne dans la mesure où il sait que cela fait partie des conditions essentielles de sa propre survie, et en même temps, d’essayer de jouer des quelques marges de manœuvre que le Guide lui laissera. Il va devoir constamment gérer les deux et surtout gérer l’élargissement possible de cette marge de manœuvre. Ce qui joue très favorablement pour lui, c’est que le Guide lui fait confiance. De quels atouts dispose-t-il ? Le score de Rohani est de moins de 51 %. Il a peut-être été décidé de faire que ce score (par quelques discrets coups de rabot « divins » lors des dépouillements ?) ne soit pas trop triomphal, afin de ne pas gêner politiquement le Guide. Cela étant dit, le nouveau président pourra apprécier sa marge de manœuvre en fonction de la relation qu’il aura avec Ali Larijani et le Parlement. L’un des tests de cette autonomie se vérifiera à travers la nomination et l’approbation des ministres. Le gouvernement doit être approuvé par le Parlement, et on sait que le Majlis a été en guerre ouverte contre les ministres d’Ahmadinejad qui se sont fait étriller les uns après les autres. Il est clair que Larijani et Rohani vont s’employer à ce que les choses se passent bien. Cela ne veut pas dire qu’il y a entre les deux une vision totalement identique. On peut penser que les deux feront en sorte que des consensus et des compromis sur les programmes soient trouvés. On voit que cette période, dont on mesurera les effets après le 4 août, sera l’occasion de mieux apprécier si un vrai lien s’est opéré entre le Parlement, son président et Rohani.

Quelles sont ses orientations dans le domaine économique et en politique intérieure ?

Une fois le gouvernement nommé, le nouveau président sera amené à préciser ses orientations intérieures et économiques. Je serais tenté de penser qu’il y a une assez grande communion de pensée entre le Parlement et le président sur les demandes économiques. La politique économique d’Ahmadinejad et les effets catastrophiques du plan de réduction des subvention ont été très critiqués : il a été tellement mal géré qu’il a ruiné le budget (distribution massive d’allocations). Ces critiques émises au fil des ans sont très certainement partagées par Rohani. On vient d’avoir une première indication, puisque l’un des conseillers de Rohani a laissé entendre qu’il faudrait reconsidérer ce plan de subventions. Le Parlement s’était opposé vigoureusement à la mise en place de la seconde phase de ce plan auquel Ahmadinejad voulait à tout prix donner une nouvelle impulsion. Rohani veut également une parité monétaire plus viable, relancer la production et les exportations pétrolières tout en poursuivant la diversification, et s’attaquer au chômage. Les priorités sur lesquelles existe un consensus sont effectivement la réduction rapide de l’inflation vertigineuse (+ de 30% en moyenne) et de la courbe très inquiétante du chômage. L’économie est sinistrée. Le nouveau gouvernement hérite d’une situation monétaire empoisonnée par les manipulations et fraudes du gouvernement Ahmadinejad dénoncées au Parlement et qui vont plomber une situation déjà critique, avec des dépenses non maîtrisées tandis que les revenus du pétrole qui ont décru de 45% par rapport à l’an passé devraient poursuivre leur érosion compte tenu des sanctions. Pour redresser l’économie, le nouveau pouvoir dépend donc d’un allègement des dites sanctions.

Sur le plan intérieur, Rohani souhaite mettre un terme à une politique sécuritaire qui frise la terreur organisée. Le « tout sécuritaire » lui semble inacceptable, et il souhaite la fin de la répression, mais également la fin du carcan exercé par cet appareil sécuritaire des pasdarans, bassij et autres policiers sur l’activité politique du pays et, plus généralement, sur la société civile. Il veut la fin de l’arbitraire judiciaire et de la censure. Il n’est pas certain que le Guide le laisse faire, car il est de culture très sécuritaire. La liberté d’action du nouveau président va être très étroite. Cette politique intérieure manque encore de visibilité aussi parce que le gouvernement n’est pas encore formé, mais également parce que nous n’avons pas encore un tableau vraiment complet de l’équilibre des forces à l’intérieur du pays, qui découle des présidentielles, mais également des élections locales.

Comment se positionne-t-il concernant le dossier nucléaire ?

Sur le nucléaire, le nouveau président a délivré quelques messages sur ses orientations. Il a proposé, afin de rétablir la confiance avec les Occidentaux, de faire preuve de beaucoup plus de transparence. Il entend faire des efforts, notamment pour ouvrir (sélectivement ou largement ?) les sites aux inspections. D’autre part, Rohani a dit qu’il faudrait préalablement que les Etats-Unis s’interdisent toute ingérence dans les affaires intérieures de l’Iran, qu’ils reconnaissent les droits de l’Iran, en particulier son droit « inaliénable » de poursuivre son programme nucléaire civil conformément au Traité de Non Prolifération. Le fait de demander solennellement comme un préalable dans toute discussion avec Washington et les 5+1 (les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité plus l’Allemagne) que soit reconnu par ses interlocuteurs ce droit à l’enrichissement de l’uranium reflète chez Rohani une continuité par rapport à la ligne soutenue par le Guide. C’est un élément qui peut être un élément de blocage dans les négociations futures : les négociations nucléaires actuelles sont bloquées parce que, au niveau des 5+1, si le contenu des différentes concessions fait l’objet d’un certain consensus, le problème se situe ailleurs. Les 5+1, sous l’impulsion des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne, persistent à ne pas offrir d’allègement substantiel des sanctions tant que l’Iran n’a pas franchi un certain nombre des étapes de ce qui lui est demandé. Ceci est politiquement inconcevable pour Ali Khamenei. Le Guide ne peut pas accepter un compromis et des concessions, s’il ne ramène pas en échange des avancées tangibles sur les sanctions. Le Guide a besoin d’un accord qui soit « politiquement vendable » en interne.

On a vu par ailleurs que Rohani a fait allusion au quasi accord qui avait été conclu avec les trois Européens, et notamment avec Jacques Chirac, qui ne peut plus être repris tel quel. La négociation actuelle bute d’un côté sur le préalable occidental qui n’est pas tenable si on veut un déblocage, et de l’autre sur cette demande iranienne de reconnaissance préalable du droit à l’enrichissement. Le désaccord sur le nucléaire est moins un désaccord sur le contenu que sur son séquençage, par les Occidentaux avec l’absence d’allègement des sanctions tant que l’Iran ne s’est pas engagé dans les mesures demandées ; par les Iraniens par le préalable sur le droit à l’enrichissement. Pour sortir de cette impasse, les deux parties doivent faire preuve de plus de souplesse. Si les négociations avancent avec l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique et avec les 5+1, Rohani, qui s’est déclaré pour plus de transparence, va probablement encourager la ratification du protocole additionnel qui permet des inspections plus intensives. Mais en fait, tout progrès dans les négociations à ces deux niveaux est tributaire d’un accord politique avec Washington. Un tel accord est déterminant pour dénouer ces blocages.

Justement, où en est l’Iran dans ses relations avec les Etats-Unis ? Où en sont les sanctions ?

Le nouveau président a dit vouloir rétablir absolument des relations « normales » avec Washington. Il a rappelé combien le lourd passé qui pèse sur elles, un historique chargé de défiances et de méfiance largement partagées, rend cette perspective particulièrement difficile. Il croit cependant à l’absolue nécessité d’un rapprochement mais pas à n’importe quelle condition. Là-dessus, même s’il paraît dans une position moins dure que le Guide, il n’est pas prêt à ouvrir la porte d’une normalisation sans contreparties ni garanties. Le Guide, d’ailleurs, ne le laisserait pas faire. Ali Khamenei, qui, encore une fois, ne s’oppose pas par principe à une négociation, mais ne veut pas être amené à Canossa, veut que l’Iran conserve l’essentiel des atouts qu’il a cumulés jusqu’à présent. Donc c’est un exercice difficile, mais Rohani, qui est un homme dont l’expérience en matière de négociations est assez exceptionnelle, voudra certainement que le contact soit établi. La difficulté est bien sûr du côté iranien mais également du côté de Washington. Or, la position américaine et celle des Occidentaux n’est pas très claire. Barack Obama, et on vient d’en avoir un exemple récent, déclare à la fois que la porte des négociations est ouverte, mais les autres options restent sur la table. La question qui se pose est : Barack Obama dispose-t-il de la latitude suffisante pour négocier un compromis avec les Iraniens ? Pourquoi la question se pose-t-elle ? D’abord parce qu’il est sous une énorme pression de la part du Congrès qui émet sans discontinuer des projets de sanctions plus dures les uns que les autres afin d’amener l’Iran à une capitulation, et ce sous la pression toujours aussi active du lobby pro israélien. Le Congrès ne cesse de travailler sur de nouveaux volets de plus en plus sévères en vue d’arriver à une strangulation parfaite de l’Iran, et par conséquent à l’effondrement du régime.

A cet égard, on ne peut pas dire que le président Obama ait montré une grande indépendance à l’égard de ce lobby israélien. Le 3 juin 2013, à quelques jours des présidentielles iraniennes, il a signé un Executive Order Act qui comporte un premier volet qui sanctionne toute institution financière opérant des transactions sur la monnaie iranienne, le rial, détenue dans des comptes hors de l’Iran. Cette mesure est assez symbolique car les pays qui bénéficient d’une exemption (waiver) accordée en raison de leur diminution d’achat de pétrole iranien seront automatiquement exclus de ce premier volet de sanctions. Mais ce texte inclut un second volet, qui, lui, ne bénéficie pas de possibilité d’exemption, et qui punit toute entité qui vendrait, livrerait et fournirait des pièces et des services à l’industrie automobile iranienne. Elle est le principal pôle industriel iranien non pétrolier en dehors du secteur pétrochimique. Officiellement, les autorités américaines disent qu’en frappant le secteur automobile iranien, on parviendra à affaiblir les pasdarans, ainsi que le programme nucléaire iranien. Toutes les analyses qui ont été faites sur l’économie des sanctions en Iran montrent que s’il y a un groupe qui a profité des sanctions, ce sont les pasdarans. Mais la vraie préoccupation, si l’on regarde qui est la cible désignée en dehors de l’Iran par cette mesure, c’est tout simplement le principal acteur étranger dans le secteur automobile iranien, c’est-à-dire la France. Elle sera directement frappée par cette mesure, à travers le principal constructeur français encore présent en Iran, et surtout à travers les dizaines de sociétés sous traitantes et d’équipementiers françaises qui ont des sites industriels en France et qui sont partie prenantes à la construction des véhicules d’origine française vendus en Iran. Ces sociétés, si ces mesures sont effectivement appliquées, vont connaître de très grosses difficultés (fermeture de sites en France, menaces pour l’emploi). En effet, certaines d’entre elles sont des filiales de groupes européens (allemands, anglais, italiens…) qui risquent fort de fermer des sites français dès qu’ils constateront une baisse d’activité de ces sites liée à l’interruption des livraisons à l’Iran.

Quelles étaient les intentions des autorités américaines en envoyant un tel message par ce texte ? Il suit en outre de peu un train de sanctions prononcées le 28 mai qui sanctionne huit entreprises iraniennes de pétro chimie ; les Iraniens s’étaient un peu imprudemment vantés d’avoir diversifié leurs exportations hors pétrole et avaient mis en avant leur pétrochimie. Ils ont été sanctionnés. On se demande comment les Etats-Unis peuvent souhaiter garder une porte ouverte en infligeant de telles sanctions. Que veut le président Obama, veut-il réellement une ouverture des négociations ou bien table-t-il sur l’étranglement complet de l’Iran pour mener ce pays à Canossa ? La plupart des analystes estiment que le calcul visant à tabler sur une capitulation complète a fort peu de chance d’être couronné de succès. Le président Obama est peut-être « ficelé » par le lobby israélien et n’a pas de marge de manœuvre. La virulence du Congrès plaide pour cette hypothèse. Mais il y en aurait une autre, les Etats-Unis n’ont peut-être pas de stratégie.

Où en est l’Iran concernant la Syrie et Israël ?

Concernant la Syrie, l’Iran est fortement engagé aux côtés de Bachar al-Assad (sur tous les plans : politiques, économiques, militaires), l’objectif étant, à travers une survie du régime syrien, d’assurer celle du Hezbollah. Ce dernier est massivement engagé en Syrie, l’appui iranien se traduit par une présence de Pasdarans, de plus en plus massif et visible, initialement plus prioritairement orientés vers un encadrement et des conseils aux dirigeants militaires syriens, mais qui s’est considérablement renforcé d’abord par des appuis tactiques, des fournitures de matériels et pas seulement via l’espace aérien irakien. On a noté aussi la présence d’effectifs de la force Qods chargés de missions non seulement militaires mais aussi impliqués dans des programmes de reconstruction. A présent, l’implication de plus en plus visible de personnels des forces d’élite et d’unités spéciales du Hezbollah atteste que celui-ci met tout son poids dans les offensives contre des forces insurgées divisées et encore sous–équipées. Si le régime de Bachar al-Assad devait d’effondrer, ce qui est loin d’être acquis, le Hezbollah se trouverait très affaibli. Un effondrement de Bachar al-Assad serait également la perte d’un allié politique important pour l’Iran. Au-delà, l’évolution du paysage syrien est plus compliquée qu’on ne l’imagine car le jeu syrien est troublé par la présence croissante d’islamistes sunnites, financés et encouragés par le Qatar et par d’autres. On observe aussi une posture russe que l’on voit de plus en plus affichée (notamment par la perspective de fournitures plus ou moins étalée de systèmes de missiles S300), et une présence navale à proximité de la Syrie, (sans parler de la base de Tartous devenue vulnérable avec les progrès de l’insurrection). Les fournitures d’aide multiforme à Damas, notamment militaire et aussi financière, n’étaient pas passées inaperçues. Cette implication vise largement à préserver l’influence russe sur la région du Moyen-Orient dont elle s’était écartée jusqu’à présent, et surtout la volonté de reconquérir une place qu’elle considère avoir été dégradée par le dossier libyen, ce qu’elle n’a pas pardonné aux Occidentaux, comme on le voit aujourd’hui. La conjugaison de l’appui russe, iranien, hezbollahi et de la capacité de résistance d’une armée syrienne bien équipée, décidée à se battre, et qui engrange des reconquêtes sur le terrain, comme on l’a vu lors de la bataille de Qusair, laisse penser que Damas, déjouant les pronostics occidentaux, ne donne pas les signes d’une chute en dépit du chaos installé dans une partie du pays, et des interrogations qui demeurent sur l’état réel des finances syriennes.

En dépit de cet avantage sur le terrain, Rohani est sans doute conscient des dangers d’un bourbier où les groupes islamistes ne cessent de se renforcer, soutenus notamment par le Qatar et des éléments proches d’Al Qaida, qui créent les conditions d’un embrasement potentiellement contagieux fort dangereux. Nous ne parlerons même pas ici de la situation dégradée de l’Irak. C’est pourquoi les nouveaux dirigeants iraniens vont essayer de plaider pour une négociation diplomatique. La Russie a fait pression pour que l’Iran soit partie aux négociations
(Genève 2) et la France a attendu la récente réunion du G8 en Irlande pour y consentir après s’y être opposée.

L’Iran est visiblement embarrassé par la situation actuelle, parce que, si le Hezbollah a enregistré des succès militaires sur le terrain, et les Pasdarans aussi, le coût de ces succès devient de plus en plus sévère pour le Hezbollah et pour l’Iran. Il y a des pertes en effectifs, y compris d’officiers supérieurs iraniens qui ne pouvaient plus être dissimulées, il y a des pertes de personnels du Hezbollah, et surtout il y a le fait que le Hezbollah commence à payer les coûts collatéraux en Syrie mais surtout au Liban, des opérations où il est impliqué : affrontements, dommages à la frontière, afflux de réfugiés, économie libanaise très affaiblie, pays en voie de chaos politique où les sunnites ont pris du poil de la bête, y compris les extrémistes sunnites qui lancent des opérations contre des chiites, le spectre du conflit factionnel intra-libanais est de plus en plus présent. La communauté chiite libanaise connaît un certain malaise devant un engagement qui représente aussi une fuite en avant. Cet engagement massif accentue le délitement de l’Etat libanais. Par conséquent, le fameux succès iranien doit être relativisé à l’aune des coûts croissants de ces évolutions. Voilà pourquoi les Iraniens réinsistent lourdement sur une solution négociée de transition, qui passe par des élections en 2014 en Syrie. Mais la dégradation de la situation sur le terrain le permettra-elle encore ? La médiation qui devait impliquer l’Egypte aux côtés de Riyad (qui l’a boycottée jusqu’à présent), de la Turquie et de l’Iran, souffre aussi de la paralysie d’une diplomatie égyptienne alors que le Caire plonge dans l’inconnu. On pourrait aussi relever que le soutien massif de l’Iran à Damas est vu négativement dans une partie de l’opinion arabe, au-delà des dirigeants, mais il est également critiqué au sein même de l’opinion publique iranienne qui se demande quels avantages ceci procure au pays et en perçoit les inconvénients.

Israël, du moins au niveau des dirigeants, a affiché un message signifiant qu’il n’y a pas de changement : le « discours de Rohani » est trompeur, la République Islamique est toujours une menace dangereuse qu’il convient de neutraliser, y compris par la force…. En fait, ce message dissimule une certaine inquiétude et une certaine déception. Le fait que Rohani souhaite une ouverture sur les négociations et une reprise des relations normales avec les Etats-Unis, embarrasse Nétanyahou dont je rappelle que chaque fois que l’esquisse d’un rapprochement entre l’Iran et les Occidentaux apparaît, il déclenche des réactions de défiance épidermiques. On a vu ainsi des pronostics alarmistes réapparaître, disant que l’Iran va avoir la bombe nucléaire dans six mois, etc. Des experts israéliens et des membres des services israéliens de renseignement ont clairement fait savoir qu’il ne croyaient pas au concept de menace existentielle sur Israël, et que l’idée d’une frappe préemptive est une idée dépourvue d’efficacité stratégique et surtout susciterait des bouleversements dans toute la région, ce qui au bout du compte serait gravement nuisible pour Israël. L’Etat hébreu est en réalité gêné et, pour parer le risque d’un rapprochement entre l’Iran et l’Amérique, exerce de fortes pressions sur Washington, dont la liberté d’action paraît ainsi fortement amoindrie. On ne saurait cependant exclure que certains canaux de communication israéliens discrets soient entretenus avec des interlocuteurs iraniens, à toutes fins
utiles…
Nous sommes dans une phase transitoire, tant que le nouveau président iranien n’est pas en fonction. Néanmoins cette période peut être favorable à des contacts officieux au niveau d’experts, d’anciens diplomates. Des « ballons d’essai » sont lancés, comme en témoigne cette récente interview d’un expert américain persanophone auprès d’un support iranien. J’ai de bonnes raisons de supposer que ces rencontres exploratoires vont avoir lieu, un certain nombre d’interlocuteurs circulent déjà, y compris en France, mais on ne sait pas si ce processus permettra de débloquer les verrous que nous avons identifiés.

Comment les pays occidentaux considèrent-ils le nouveau président ? Ont-ils pris la mesure de cette situation et s’y étaient-ils préparés ?

Les pays occidentaux ont eu un discours prudent sur cette élection à laquelle ils ne s’attendaient pas, et ils l’ont saluée, disant qu’elle reflétait le choix du peuple iranien, ils ont espéré qu’il sera possible de travailler avec la nouvelle présidence. Evidement, on sent que cette prudence se situe dans la ligne de l’option privilégiant de refuser tout allègement des sanctions tant que l’Iran n’a pas accompli de son côté une partie du chemin (les mesures de confiance). Pareille réserve se perçoit aussi chez les Occidentaux à l’égard de l’évaluation du nouveau rapport de force interne au sein de la République Islamique. Il y aura certainement une position d’attentisme prudent. Personne n’était préparé à ce qui a émergé des urnes iraniennes. Il n’est pas certain que les Occidentaux en aient encore pris la mesure.
On peut noter, en outre, que Hassan Rohani s’est montré partisan d’une amélioration des relations avec l’Arabie saoudite et, plus largement des autres pays du Golfe. C’est très important. Ceci doit être replacé dans le contexte de l’histoire de Rohani. En tant que proche de Rafsandjani, il souhaite, comme lui, se rapprocher des Saoudiens. Tous deux perçoivent les dangers d’un affrontement saoudiens-bloc sunnite contre bloc chiite, qui influe sur l’Irak, sur la Syrie et tout le Moyen-Orient. En affichant très vite sa volonté de parvenir à un dialogue, il rappelle aux Saoudiens qu’il se situe dans la continuité de la ligne Rafsandjani. H. Mousavian, ancien négociateur nucléaire, a récemment diffusé une proposition de schéma régional de sécurité pour le Golfe, en vue de rétablir l’image d’un « voisin » responsable. On peut penser que les monarchies arabes regarderont ceci avec intérêt mais attendent de Téhéran des signaux concrets attestant une nouvelle attitude. Le déficit de confiance à combler est là aussi considérable.

A LIRE EGALEMENT :« Iran : élections à risques », numéro spécial de la revue Les Cahiers de l’Orient, printemps 2013, n°110

Publié le 08/07/2013


Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.


Outre une carrière juridique de 30 ans dans l’industrie, Michel Makinsky est chercheur associé à l’Institut de Prospective et de Sécurité en Europe (IPSE), et à l’Institut d’Etudes de Géopolitique Appliquée (IEGA), collaborateur scientifique auprès de l’université de Liège (Belgique) et directeur général de la société AGEROMYS international (société de conseils sur l’Iran et le Moyen-Orient). Il conduit depuis plus de 20 ans des recherches sur l’Iran (politique, économie, stratégie) et sa région, après avoir étudié pendant 10 ans la stratégie soviétique. Il a publié de nombreux articles et études dans des revues françaises et étrangères. Il a dirigé deux ouvrages collectifs : « L’Iran et les Grands Acteurs Régionaux et Globaux », (L’Harmattan, 2012) et « L’Economie réelle de l’Iran » (L’Harmattan, 2014) et a rédigé des chapitres d’ouvrages collectifs sur l’Iran, la rente pétrolière, la politique française à l’égard de l’Iran, les entreprises et les sanctions. Membre du groupe d’experts sur le Moyen-Orient Gulf 2000 (Université de Columbia), il est consulté par les entreprises comme par les administrations françaises sur l’Iran et son environnement régional, les sanctions, les mécanismes d’échanges commerciaux et financiers avec l’Iran et sa région. Il intervient régulièrement dans les media écrits et audio visuels (L’Opinion, Le Figaro, la Tribune, France 24….).


 


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