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Le Liban était souvent présenté, dans les années 1950 et 1960, comme un modèle de démocratie et de développement économique, comme un exemple remarquable de stabilité au milieu de la poudrière du Proche-Orient, déchirée par le conflit israélo-arabe. Pourtant, en 1975, une guerre civile meurtrière éclate, longue de quinze ans, faisant entre 150 et 250 000 morts. En 1990, date à laquelle le général Aoun cesse sa « guerre de libération » contre l’armée syrienne, le pays est exsangue, dévasté humainement, politiquement et économiquement, et occupé par deux puissances étrangères : Israël (jusqu’en 2000) et la Syrie (jusqu’en 2005).
Selon Georges Corm, dans Géopolitique du conflit libanais (1986), les causes de la guerre ont trop souvent été réduites à une opposition simpliste entre les confessions musulmane et chrétienne. Or, d’une part, il existe de nombreuses divisions au sein de chaque confession, sur la base de clans, de factions aux intérêts divergents. D’autre part, les alliances changent beaucoup en fonction des circonstances et des stratégies. Par exemple, une milice peut appuyer l’intervention syrienne à un moment, puis combattre la présence syrienne peu après.
Ensuite, le conflit libanais ne peut être séparé du contexte régional et international. Il est dû autant aux divisions internes qu’aux influences externes et d’ailleurs, les deux éléments interagissent tellement qu’ils sont indissociables. La dynamique du conflit libanais doit donc se lire au prisme des interventions directes (militaires) et indirectes (économiques, diplomatiques) de puissances extérieures.
Ainsi, après avoir rappelé les mécanismes de la marche à la guerre (I), nous analyserons le système de guerre du conflit libanais, en montrant les interactions entre les facteurs internes (II) et les facteurs extérieurs (III).
Le Pacte national, en institutionnalisant un régime confessionnel dans un pays où la vie politique repose sur les notabilités locales, les grandes familles et les clans, va générer des fractures au sein de la société libanaise. En effet, à partir des années 1950, les Musulmans se mettent à regarder du côté de la République arabe unie (RAU) nouvellement formée entre l’Egypte et la Syrie, tandis que les Chrétiens louchent vers l’Occident. Les tensions intercommunautaires sont croissantes. En 1958, les marines américains, à l’appel des Chrétiens, doivent débarquer au Sud de Beyrouth pour éviter l’embrasement du conflit.
Mais de 1958 à 1964, le président Fouad Chehab réussit à surmonter les clivages et à imposer une politique volontariste économiquement (grands investissements d’Etat), centralisatrice, menée par un Etat fort. Sous sa présidence, le Liban va connaître une prospérité et une modernisation accélérées, si bien que certains ont pu le qualifier de « Suisse du Moyen-Orient ».
Cependant, la stabilité ne dure pas. Chehab mécontente les grandes familles, qui voient leur pouvoir réduit. Fatigué, il laisse la présidence en 1964. Les maronites qui lui succèdent (Soleimane Frangieh, Elias Sarkis) ne parviennent pas à endiguer les divisions naissantes. D’une part, la présidence est disqualifiée par les discours de la masse musulmane, qui accuse les maronites d’être un petit groupe accaparant le pouvoir. D’autre part, le président légalise la présence des forces palestiniennes sur le territoire libanais à la suite des accords du Caire en 1969. Le Liban avait déjà accueilli des réfugiés palestiniens à la suite des guerres de 1948-49 et de 1967. Mais à partir de 1970, le Liban voit arriver les combattants de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), chassés de Jordanie après l’épisode de « Septembre noir ».
Cette présence palestinienne va accentuer les clivages entre les partis et les groupes confessionnels libanais. Une grande opposition se dessine d’abord. Le Mouvement national se crée, réunissant musulmans, druzes, certains chrétiens. Il défend les Palestiniens. En face, la majorité des chrétiens forme le Front libanais. Mais le conflit ne peut être réduit à une opposition simpliste chrétiens/musulmans. Il existe de multiples factions qui s’opposent, si bien que les repères se brouillent : chrétiens dans le camp palestino-progressiste, oppositions entre les milices chrétiennes, entre les milices musulmanes, entre les milices chiites, entre des familles de notables….
Ainsi, comme le montre Eric Verdeil (2007), le territoire libanais est fracturé entre différentes factions opposées. Une « photographie » du Liban à la fin des années 1980, où les divisions sont à leur apogée, est instructive. Debié et Pieter (2003) ajoutent un point de vue économique : ils montrent que chaque zone obéit à un régime différent (capitaliste administré, économie de fiefs, anarchie…) et que la souveraineté de l’Etat s’y applique différemment.
Carte 1 : Les divisions internes à la fin des années 1980
La zone centrale est dominée par les milices chrétiennes. La principale d’entre-elles, les Forces libanaises, ont développé des structures para-étatiques (administrations diverse, armée, forces de sécurité,…). Entre 1982 et 1987, les liens avec la légalité ne sont pas tout à fait rompus du fait de la proximité de la milice avec le pouvoir présidentiel maronite. Mais les chrétiens finissent par se diviser et l’armée libanaise du général Aoun, installé à Baabda, s’oppose à la milice des Forces libanaise, contrôlant le territoire plus au Nord.
Beyrouth-Ouest est d’abord dominé par les milices palestino-progressistes. Puis la ville implose en de micro-territoires avec l’invasion israélienne de 1982 et les conflits qui la suivent. A la fin des années 1980, des milices s’opposent entre elles pour contrôler la ville. Ce sont d’abord les chiites d’Amal et les druzes du Parti Socialiste Progressiste. Puis la lutte oppose Amal à un autre groupe chiite, le Hezbollah, notamment parce que ce dernier souhaite reprendre la lutte contre Israël, ce que refuse le premier.
Au Sud, la domination de l’Organisation de Libération Palestinienne (OLP) cesse avec l’intervention israélienne de 1982. Le paysage est alors morcelé entre les milices chiites d’Amal et du Hezbollah, qui devient fer de lance du combat contre Israël. Ces groupes s’opposent à une milice anti-palestinienne (essentiellement chrétienne) pilotée par Israël, l’Armée du Liban-Sud, de Saad Haddad puis Antoine Lahad. Pour Debié et Pieter, cette zone est intégrée économiquement à Israël, qui fait subir aux populations le régime des territoires occupés (arrestations arbitraires, fouilles, contrôles,…). La zone plus au Nord (à l’Est de Saïda) est une « zone tampon », dont la limite évolue en fonction des avancées israéliennes. Elle est caractérisée par l’« anarchie » et « l’économie de réquisition », au profit des miliciens.
Au Nord, l’armée syrienne est très présente. Des milices lui sont alliées comme des factions alaouites dans le Akkar, ou encore les Marada, milice chrétienne de Zghorta, dirigée par les Frangieh. L’histoire des Frangieh illustre bien les divisions qui peuvent exister entre les milices chrétiennes. Les Marada se détachent vite des Forces Libanaises de Bachir Gemayel, la milice chrétienne dominante. Soleimane Frangieh est un proche du président syrien Hafez el-Assad. Il refuse de se détacher de la Syrie et d’intégrer une force chrétienne unifiée comme l’exige Gemayel. On voit donc qu’au Liban, les rapprochements se font plus en termes de clans, d’affinités locales, que sur la base de la confession. La riposte des Forces libanaises est immédiate : le 13 juin 1978, Tony Frangieh, le fils de Soleimane Frangieh, est assassiné avec sa famille.
Dans la Bekaa, l’occupation syrienne est la moins contestée. A côté d’elle coexistent des factions alliées chiites appartenant à Amal et au Hezbollah. Dans ces zones où les Syriens sont très présents, c’est une « économie de fief » qui domine : les patrons miliciens, les notables locaux organisent l’activité économique et l’organisation politique de leur ville.
Carte 2 : Le Liban, théâtre d’interventions extérieures
L’arrivée de l’Organisation de Libération de la Palestine au Liban constitue une grande force de déstabilisation interne. S’installant au Sud du pays, puis repoussée vers Beyrouth par les incursions israéliennes, elle a pour objectif l’indépendance de la Palestine. L’OLP est reçue de manière ambigüe par les forces déjà en présence. D’un côté, elle peut soulever l’enthousiasme des populations musulmanes qui souhaitent voir l’émergence d’un Etat palestinien à la place d’Israël. De l’autre, elle peut susciter la peur de voir s’abattre les représailles israéliennes sur le Liban et, pour les chrétiens, la peur d’être mis en minorité par la population musulmane alors augmentée.
La Syrie, à la suite des premiers troubles opposant les Phalanges chrétiennes (parti chrétien) et l’OLP, intervient au Liban en juin 1976, sous couvert de la Force arabe de dissuasion (FAD), composée également de troupes de troupes d’Arabie saoudite, du Soudan, de la Libye, du Yémen et des Emirats arabes unis.
Certains syriens, autour de Parti Social Nationaliste Syrien (PNSP), revendiquent la création d’une « Grande Syrie », qui regrouperait le Liban, la Syrie, la Palestine, la Jordanie, bien que cette représentation soit totalement mythifiée et illégitime selon Georges Corm (1986). Ainsi, l’occupation du Liban par l’armée syrienne viserait, à terme, à le rattacher à la Syrie. Toutefois, il existe des raisons plus pragmatiques à l’intervention syrienne au Liban. D’abord, il s’agit d’éviter une alliance entre ce petit pays, à moitié peuplé de chrétiens, et Israël qui a déjà vaincue les forces arabes par trois fois (1948-49, 1967, 1973). Ensuite, même s’il n’y avait pas alliance, il s’agit de contrôler le Sud du pays pour éviter une invasion israélienne de la Syrie en passant par le Liban. Enfin, il s’agit pour la Syrie de contrôler la résistance palestinienne au Liban : l’émergence d’un pouvoir incontrôlable serait dangereuse pour sa sécurité (les attaques de l’OLP envers Israël pourraient faire basculer la région dans une nouvelle guerre). Par ailleurs, la Syrie souhaite garder la mainmise dans les affaires internes libanaises, pour orienter la politique de l’Etat à son profit, notamment en matière commerciale.
Ainsi, de 1976 à 1982, les Syriens occupent une grande partie du territoire libanais, de la Bekaa à l’Est jusqu’à Beyrouth à l’Ouest, et Saïda au Sud. Ils se gardent cependant d’intervenir au-delà d’une « ligne rouge », car cela menacerait les intérêts d’Israël. L’intervention israélienne de 1982 les fait reculer et les cantonne à la plaine de la Bekaa. Mais après 1987, sur la demande du gouvernement libanais d’Amine Gemayel, les Syriens se réinstallent à Beyrouth-Ouest. Dans les années 1990 et 2000, la question de la présence syrienne divise les partis libanais. En 2005, à la suite des grandes manifestations pour protester contre l’assassinat du Président du Conseil Rafiq Hariri, qui aurait, d’après les manifestants, été commandité par la Syrie, les troupes syriennes quittent le Liban.
Israël voit d’un mauvais œil l’installation de l’OLP au Sud-Liban dans les années 1970. La Galilée pourrait être sous la menace d’attaques venant de ce « Fatahland » (le Fatah de Yasser Arafat est la principale organisation armée composant l’OLP).
Ainsi, en 1978, Israël envahit le Sud-Liban jusqu’au fleuve Litani, provoquant le départ des Palestiniens vers Saïda ou Beyrouth. Israël est sommée par l’ONU de se retirer du territoire, mais conserve toutefois une zone de sécurité de 10 km de large, allant de la côte jusqu’à la frontière syrienne. Par ailleurs, elle pilote la milice du colonel Saad Haddad, l’Armée du Liban-Sud, qui empêche l’armée libanaise régulière de reprendre position dans la région.
En 1982, Israël engage une autre opération contre le Liban. En effet, depuis les accords de paix de 1979 avec l’Egypte, l’Etat hébreu est libéré sur son flanc sud et peut donc concentrer ses forces au Nord. Comme pour l’« Opération Litani » de 1978, il s’agit d’éliminer la résistance palestinienne, principalement concentrée à Beyrouth Ouest. L’autre but est de favoriser l’accession au pouvoir du maronite Bachir Gemayel, chef des Forces Libanaises (principale milice chrétienne), qui s’est engagé à signer un traité de paix avec Israël. Ainsi, l’opération « Paix en Galilée » est lancée le 6 juin 1982. L’armée israélienne conquiert rapidement le Sud-Liban et arrive jusqu’à Beyrouth, qu’elle bombarde. Les combattants de l’OLP sont évacués vers le Caire. En septembre 1982, allant à l’encontre de sa promesse, l’armée israélienne pénètre dans Beyrouth-Ouest en compagnie des Forces Libanaises, qui massacrent les Palestiniens réfugiés dans les camps de Sabra et Chatila.
Tsahal se retire finalement dans le Sud du pays et occupe une « zone de sécurité » de 1985 à 2000, date à laquelle elle se retire du Liban. Israël interviendra par la suite ponctuellement au Sud-Liban, notamment en 2006 lors de sa guerre contre le Hezbollah.
La communauté internationale joue un rôle dans la médiation des conflits. Par exemple, la médiation américaine de Philippe Habib permet qu’un cessez-le-feu soit signé entre les Israéliens et les Syriens lors de l’opération « Paix en Galilée ».
Mais l’ONU peut également déployer des forces militaires. Après l’intervention israélienne de 1978, une résolution crée la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban), qui prend position au Sud du fleuve Litani pour surveiller le retrait des troupes israéliennes, rétablir la sécurité et garantir l’autorité du gouvernement libanais. A la suite de l’occupation de Beyrouth par les Israéliens en 1982, l’ONU créée la Force multinationale de sécurité, ayant pour but de restaurer l’ordre aux alentours de la capitale, et de protéger les populations civiles.
Ces forces ne sont pas exemptées de critiques. Par exemple, lors de la « guerre de la montagne », opposant les druzes (appuyés par la Syrie) aux chrétiens des Forces libanaises, dans le Chouf, en septembre 1983, la Force multinationale soutient les chrétiens en bombardant les positions druzes. Elle sera vivement critiquée et subira d’ailleurs deux attentats (frappant les contingents français et américain).
L’Iran, gouverné par les islamistes depuis 1979, exporte des Gardiens de la Révolution au Liban. Ceux-ci contribuent, en 1982, à l’émergence du Hezbollah, parti politique chiite possédant un bras armé. Son principal objectif est de combattre Israël, dont il refuse catégoriquement l’existence. L’objectif initial de fonder un Etat islamique a été petit à petit abandonné.
L’Irak joue également un rôle au Liban. Ennemi à la fois de la Syrie et de l’Iran, il a approvisionné en arme certaines factions. Par ailleurs, l’invasion du Koweït par l’Irak a des répercussions au Liban. Michel Aoun, président du Conseil depuis 1988, qui s’était détaché de la Syrie pour se tourner vers Saddam Hussein, est mis dans une position délicate lorsque l’Irak attaque le Koweït. Au contraire, la Syrie (qui s’était au préalable rapprochée des Etats-Unis) obtient, en échange de son soutien à l’intervention internationale au Koweït, le droit de se maintenir au Liban. En 1991, la présence et l’intervention syriennes dans les affaires libanaises sont officialisées par les Accords de fraternité.
Lire également sur Les clés du Moyen-Orient :
– Retour cartographique sur le conflit israélo-arabe. Première partie : des prémices du conflit israélo-palestinien à la première guerre israélo-arabe
– Guerre civile libanaise
Bibliographie :
– Georges CORM, Géopolitique du conflit libanais, Paris La Découverte, 1986.
– Franck DEBIÉ et Danuta PIETER, La paix et la crise : le Liban reconstruit ?, Paris, PUF, 2003.
– Eric VERDEIL, Ghaleb FAOUR et Sébastien VELUT, Atlas du Liban, Institut français du Proche-Orient, CNRS Liban, 2007.
Hervé Amiot
Hervé Amiot est Docteur en géographie, agrégé et ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure (Ulm). Après s’être intéressé aux dynamiques politiques du Moyen-Orient au cours de sa formation initiale, il s’est ensuite spécialisé sur l’espace postsoviétique, et en particulier l’Ukraine, sujet de ses recherches doctorales.
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