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La Turquie face à la crise syrienne

Par Allan Kaval
Publié le 19/10/2012 • modifié le 23/04/2020 • Durée de lecture : 12 minutes

Turkish Foreign Minister Ahmet Davutoglu speaks on October 12. 2012 during a debate on Syria at the parliament in Ankara. Relations between one-time allies Turkey and Syria have steadily deteriorated since a popular uprising started against President Bashar al-Assad’s regime in March 2011. On October 10, Turkey scrambled jets to force a Syrian plane on its way from Moscow to Damascus to land inside Turkey.

AFP PHOTO / ADEM ALTAN

La crise syrienne a cependant changé la donne et le partenariat un temps très développé entre Damas et Ankara n’existe plus, et les deux pays sont une nouvelle fois au bord du conflit ouvert. Le conflit en cours en Syrie, loin de limiter ses implications à des relations de voisinages, a des retombées décisives sur la situation politique intérieure de la Turquie, notamment à travers l’aggravation du conflit kurde. Il est également lourd de conséquences potentiellement inquiétantes sur les relations d’Ankara avec ses voisins orientaux, l’Iran et l’Irak.

Longtemps dominées par un conflit territorial aggravé par la Guerre Froide et qui a fait de la frontière entre la Turquie et la Syrie un « rideau de fer oriental » pour reprendre l’expression du géographe Fabrice Ballanche, les relations entre Ankara et Damas qui s’étaient considérablement améliorées depuis à la fin des années 2000 en arrivent aujourd’hui à un point de rupture, voire à une situation de conflit ouvert.

Avant 2011, la Syrie constituait pourtant pour la diplomatie turque le terrain privilégié de sa politique d’influence régionale. La suspension du soutien apporté par le régime alaouite au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en conflit contre l’Etat turc, soutien qui avait poussé en 1998 la Syrie et la Turquie au bord de la guerre, avait ouvert une période de coopération entre les deux pays. Des accords sur le partage des eaux de l’Euphrate et la reconnaissance de la frontière syro-turque qui constituaient auparavant les principaux points d’achoppement avaient été conclus. Ne se contentant pas de régler leurs sujets de discorde, la Turquie et la Syrie avaient par ailleurs engagé un processus de rapprochement sans précédent, impliquant des projets d’espace économique commun et d’investissements lourds, notamment dans le domaine énergétique.

Le début des troubles en Syrie et leur dégénérescence en guerre civile ont cependant altéré les relations de la Turquie avec le régime de Bachar al-Assad bien que la rupture n’ait pas été immédiatement consommée. En mars 2011, alors que les premières manifestations sont réprimées à Derraa, la Turquie est en effet loin d’appeler à la chute du régime. Prise de cours, soucieuse de ne pas perdre un partenariat hautement stratégique et bâti patiemment avec Damas et de voir se détériorer ses relations avec le voisin iranien, le gouvernement turc prend le parti de la modération. Sa relation spéciale avec la Syrie tient encore et doit lui permettre d’exercer son influence sur le régime afin qu’il mette en œuvre un programme de réformes politiques nécessaires. Dans le contexte d’un printemps arabe auquel elle prétend fournir un modèle, la Turquie se met en situation de favoriser une transition pacifique en Syrie, proposant son assistance aux autorités pour parvenir à ce but.

Les échanges entre le gouvernement turc et le leadership syrien sont alors constants. Des personnalités turques de premier plan telles qu’Ahmet Davutoglu, ministre des Affaires étrangères, se succèdent à Damas. Premier partenaire commercial de la Syrie, la Turquie ne s’associe pas à la première vague de sanctions lancée par les puissances occidentales au mois de mai 2011 et s’oppose encore à toute intervention extérieure. Ankara ne veut en effet pas prendre le risque d’être perçue comme un pion américain, ni remettre en cause, par une politique trop hostile au régime syrien, les efforts fournis au cours de années précédentes pour améliorer ses relations de voisinage avec Téhéran, qui soutient Bachar al-Assad, et avec Bagdad où s’exerce une influence iranienne appelée à s’accroitre avec le départ des troupes américaines.

Retournement turc

La dégradation de la situation sur le terrain contraint cependant la Turquie à infléchir sa position. Les réfugiés syriens affluent à la frontière depuis le mois d’avril et Bachar al-Assad ne réagit pas positivement aux incitations turques à la modération et aux concessions politiques. Devant une répression qui s’aggrave, la diplomatie turque doit se rapprocher de l’opposition, par souci de pragmatisme et de cohérence vis-à-vis du rôle de défenseur de la démocratie qu’elle aspire à jouer dans la région. En juin 2011, la Turquie autorise une réunion de l’opposition syrienne à Antalya, sur son territoire. Le langage officiel se durcit progressivement avant que n’intervienne la rupture définitive avec Damas en août 2011. La répression a alors fait 1 600 mort et la dernière visite de Ahmet Davutoglu à Damas ne permet pas de convaincre Bachar al-Assad. Se traduisant par une reprise presque immédiate des violences à l’égard de l’opposition, l’échec de cette rencontre est vécue par le gouvernement turc comme un point de non-retour.

Le dialogue avec le régime syrien est désormais rompu et le gouvernement turc appelle officiellement l’opposition à s’unir. A partir du mois d’octobre, des éléments de l’Armée Syrienne Libre (ASL) sont présents sur le territoire turc. C’est également à l’automne 2011 que la Turquie se joint aux puissances occidentales pour faire pression sur la Syrie. En novembre, elle adopte des sanctions unilatérales contre le régime de Damas, instaurant notamment un blocus sur les approvisionnements en armes transitant par son territoire pour rejoindre la Syrie. Ayant appelé par la voix de son Premier ministre, Recep Tayip Erdogan, à la chute de Bachar al-Assad, elle multiplie les contacts diplomatiques sur la Syrie avec les pays occidentaux et arabes. Elle s’associe au cours de l’hiver 2011-2012 au plan de paix de la Ligue arabe, soutient la décision de cette dernière d’exclure temporairement la Syrie. La Turquie copréside enfin la Conférence internationale des amis de la Syrie qui se tient le 24 février à Tunis avant d’en accueillir une deuxième à Istanbul en avril.

Malgré l’implication de la diplomatie turque sur le dossier syrien dans les organisations internationales et la mise en avant constante de son adhésion aux principes du multilatéralisme, elle évolue dans ses rapports propres avec la Syrie vers une configuration de plus en plus conflictuelle et commence à critiquer, d’une manière qui sera parfois amère, l’inefficacité de l’ONU. Fin mars, elle ferme, en même temps que plusieurs pays occidentaux, son ambassade à Damas et expulse après le massacre de Houla, le 25 mai, les diplomates syriens présents sur son territoire. La tension à la frontière s’accroit au cours du printemps. La Turquie, qui avait déjà évoqué l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne dans le nord syrien, défend la mise en place de corridors humanitaires pouvant lui permettre de juguler le flot de réfugiés qui traverse sa frontière. Elle se dit prête à la même période à intégrer une éventuelle force internationale.

Une situation de plus en plus conflictuelle

Les incidents frontaliers survenus dès le mois d’avril 2012 se poursuivent en mai et poussent la Turquie à convoquer l’Otan dont elle est membre. Parallèlement à leur action sur la scène internationale, les autorités turques laissent passer des cargaisons d’armes à destination des rebelles syriens et participerait même à l’achat d’armements légers, de concert avec le Qatar et l’Arabie saoudite. Tout en renforçant la présence de ses armées à la frontière, Ankara parvient à éviter l’escalade militaire quand, en juin, un F4 de sa force aérienne est abattu par la défense syrienne dans les eaux internationales. Toutefois, la modération de la réaction turque à cet événement n’empêche pas l’accroissement des tensions frontalières, qui se poursuivent tout au long de l’été et jusqu’à ce jour (octobre 2012). La Turquie masse sur sa frontière méridionale hommes et armement lourds, les manœuvres militaires redoublent d’intensité tandis que le régime syrien bombarde des localités toutes proches au début du mois d’août.

Alors que le PYD, la branche syrienne du PKK, soutenue officieusement par Damas, a pris le contrôle de territoires importants dans les zones kurdes de Syrie, se tient à la fin du mois à Ankara une réunion bipartite sur le mécanisme opérationnel américano-turc visant à intensifier la coopération des agences de renseignement des deux pays sur la Syrie. Intégralement contrôlée depuis l’été dernier par les forces de l’ASL, la frontière turco-syrienne est touchée début octobre par des tirs de mortiers attribués à l’armée régulière qui provoquent la mort de cinq civils turcs. Immédiate, Ankara riposte et frappe des objectifs militaires en territoire syrien alors qu’une réunion à huis clos du Parlement renouvelle pour un an l’autorisation donnée à l’armée turque d’intervenir en dehors des frontières du pays. Si aucune intervention militaire n’est possible sans l’aval de Washington, dont la Turquie s’est considérablement rapprochée par ses prises de position dans la crise syrienne, et qu’Ankara évite tout discours par trop belliciste à l’égard de Damas, le caractère conflictuel de la situation atteint en ce mois d’octobre un degré inédit. L’arraisonnement par la Turquie d’un avion civil syrien en provenance de Russie et transportant des armes à destination du régime ainsi que la fermeture consécutive de l’espace aérien turc aux appareils civils syriens constituent les derniers épisodes en date de la dégradation, sans retour et potentiellement dangereuse des relations entre les deux pays.

La crise syrienne vue d’Ankara, une question de politique intérieure…

Le conflit syrien ne constitue pas pour Ankara un problème relevant uniquement de ses relations extérieures ou de voisinage. Le Premier ministre et le Président turcs l’ont rappelé à plusieurs reprises : la crise syrienne est une question de politique intérieure, et cette réalité se manifeste sur plusieurs plans. Au début du mois d’octobre 2012, le nombre de réfugiés syriens présents en territoire turc, dans les provinces du Hatay, de Gazientep, de Sanliurfa et de Kilis a atteint le seuil de 100 000. Leur présence implique des problèmes logistiques pour lesquels la Turquie n’a cessé de faire appel au soutien de la Communauté internationale, mais elle a aussi des retombées politiques. Dans la région du Hatay qui abrite une importante communauté alaouite, la présence croissante de réfugiés syriens sunnites, opposés au régime, est mal perçue. L’ensemble de la population d’Atakya (Antioche) est également indisposé par la présence de nombreux mercenaires et volontaires djihadistes en transit pour le front syrien et de manière générale, l’opinion publique turque vit difficilement la présence sur le territoire de son pays des camps militaires de l’ASL. Le gouvernement AKP s’est d’ailleurs trouvé contraint de renvoyer son commandement en Syrie fin septembre.

Au delà de ces questions de voisinage, la politique syrienne d’Ankara ne fait pas l’unanimité au sein d’une population turque majoritairement hostile à une éventuelle intervention militaire en Syrie alors même que la guerre contre le PKK redouble d’intensité dans les provinces du Kurdistan de Turquie. Favorisée par cette situation de crise politique interne, l’opposition kémaliste du CHP (Parti républicain du peuple) critique avec virulence le gouvernement de Recep Tayip Erdogan qu’elle accuse d’ingérence en Syrie. Son dirigeant Kemal Kiliçadaroglu va même jusqu’à désigner le Premier ministre turc comme tout aussi responsable de la poursuites des violences en Syrie que Bachar al-Assad. Par ailleurs, s’il déborde déjà militairement au delà de la frontière, le conflit syrien menace, en se confessionalisant, les rapports entre les communautés religieuses de Turquie et ce au delà de la minorité alaouite arabe. Déjà défiants vis-à-vis d’un gouvernement islamiste qu’ils jugent malveillant à leur égard et dont certains déplorent l’engagement exclusif au côté des sunnites de Syrie, les Alévis craignent de subir l’approfondissement, dans le contexte de la guerre civile syrienne, de clivages sectaires en Turquie même.

C’est cependant la question kurde, naturellement transfrontalière, qui est la plus directement touchée par les évolutions en cours en Syrie. La Turquie compte, selon la plupart des estimations, 20 des 30 millions de kurdes qui peuplent le grand Kurdistan, une vaste région en grande partie montagneuse située aux confins de la Turquie, de l’Iran, de l’Irak et de la Syrie. Privés d’Etat depuis la chute de l’Empire ottoman, les Kurdes ont mené une multitude de mouvements nationalistes et indépendantistes dirigés contre les Etats qui les dominent depuis la fin de la Première Guerre mondiale. Si la Syrie actuelle est de ces quatre pays, celui qui compte la plus faible population kurde, la guerre civile en cours ouvre une nouvelle page dans le destin de ce peuple qui implique Damas, Ankara, les autorités autonomes du Kurdistan irakien et le PKK. Crée en 1978 et combattant l’armée turque depuis 1984 dans une guerre sans fin qui aurait fait plus de 40 000 morts, le PKK a pris pour la première fois en Syrie, au cours de l’été 2011, le contrôle d’un territoire important à travers ce qu’il conviendrait de désigner par sa branche syrienne, le Parti de l’Union Démocratique (PYD). Soutien et parrain du PKK de 1978 à 1998, le régime baasiste syrien aurait vraisemblablement réactivé ses liens avec ce parti nationaliste kurde à mesure que la Turquie prenait une position de plus en plus hostile à Damas.

En avril 2012, Damas laisse du champ au PKK et à ses affidés dans les zones kurdes, leur permettant de renforcer leur présence militaire et leur laissant d’importantes prérogatives. Les tensions montent jusqu’au début de l’été entre les pro-PKK et le Conseil National des Kurdes de Syrie (CNKS). Le CNKS est alors dominé par le PDKS, un parti placé sous l’influence de Massoud Barzani, la Président de la Région kurde d’Irak, devenu très proche de la Turquie depuis 2007, aussi bien sur le plan économique que politique. Début juillet, Massoud Barzani parvient à réunir la direction politique du PYD et le CNKS à Erbil. A l’issue de cette rencontre se forme un comité commun qui ne tarde pas à prendre le contrôle les zones kurdes de Syrie, partiellement désertées par les institutions de l’Etat syrien. Selon les termes de l’accord, PYD et CNKS doivent se partager équitablement le pouvoir et administrer conjointement les territoires « libérés ». Cependant le PYD est clairement en position de force, son ascendant sur le CNKS, dont les forces militaires, entrainées par le PDK de Massoud Barzani, sont restées côté kurde-irakien, lui permet d’asseoir son autorité exclusive sur la plupart des zones kurdes de Syrie. Si l’accord entre les deux formations court encore officiellement, la situation sur le terrain est extrêmement tendue, voire conflictuelle.

Ces évolutions qui se déroulent aux portes de la Turquie ont une implication directe sur le conflit qui oppose le PKK à Ankara dans ses provinces kurdes, au Sud-Est du pays. Les combats s’y sont considérablement intensifiés ces derniers mois, au moment même où le PKK prenait le contrôle du terrain en Syrie, et où Damas et le PKK renouaient avec leur ancienne alliance. De juin à septembre, 770 personnes auraient été tuées au cours des affrontements selon l’International Crisis Group. Ce bilan s’aggrave de jour en jour. Au sein de la classe politique turque, voire de la part de personnes proches du PKK comme Osman Ocalan (frère du leader du PKK, Abdullah Ocalan, arrêté par la Turquie en 1999), l’intensification des combats est directement liée au soutien logistique apporté au PKK par la Syrie, voire par l’Iran qui aurait négocié une trêve avec la branche iranienne du PKK, le PJAK, au début de l’aggravation des tensions en Syrie. La crise syrienne rend donc extrêmement difficile la résolution de la question kurde en Turquie, en l’impliquant plus que jamais dans des rapports de force régionaux hautement conflictuels. La raideur de l’institution judiciaire turque à l’égard des acteurs de la société civile kurde de Turquie, arrêtés par milliers depuis plus d’un an d’arrange rien et pousse la population kurde à la radicalisation, malgré l’annonce par le gouvernement d’une potentielle reprise des négociations avec le PKK, annonce qui apparaît aux observateurs kurdes comme, au mieux illusoire et au pire mensongère.

… aux implications capitales pour les relations extérieures de la Turquie

La crise syrienne révèle ainsi la porosité actuelle des frontières étatiques moyen-orientales pour ce qui est la diffusion des conflits. Les implications intérieures de la guerre civile syrienne en Turquie se doublent, notamment du fait de la nature transfrontalière de la question kurde, d’importantes retombées sur les relations entretenues par Ankara avec ses autres voisins orientaux ainsi qu’avec les grandes puissances étrangères. L’activisme de la diplomatie turque lui a valu de se rapprocher des Etats-Unis dont elle s’était un temps distancée du fait de la détérioration relative de ses relations avec Israël et de son rapprochement tout aussi relatif avec l’Iran. La politique d’Ahmet Davutoglu, baptisée « zéro problèmes avec nos voisins » relève d’une époque révolue. Les tensions entre l’Iran et la Turquie qui se fixent sur la question syrienne se renforcent aussi dans le Caucase à travers le conflit azéro-arménien, Erevan s’étant progressivement rapprochée de Téhéran, mais également dans la corne de l’Afrique et en Asie centrale. Nous y reviendrons dans un prochain article. C’est cependant l’Irak, qui apparaît comme le second terrain d’affrontement entre ces puissances majeures de la scène moyen-orientale, ce qui implique une nouvelle fois le facteur kurde.

Bagdad, dominée par le pouvoir du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki est devenu le débouché privilégié de l’influence iranienne depuis le retrait américain, fin décembre 2011. Hostile depuis le début de la crise syrienne au renversement du régime de Bachar al-Assad, l’Etat central irakien a vu ses relations avec la Turquie se détériorer tout au long de l’année 2012. Liée notamment à l’affaire Tariq al-Hachemi, vice-Premier ministre sunnite, qui après avoir été accusé de terrorisme s’était réfugié au Kurdistan irakien puis en Turquie, cette dégradation des rapports entre les deux pays s’est traduite au début du mois d’octobre dernier par des déclaration d’al-Maliki réclamant la fin des raids aériens de l’armée turque lancés contre les base du PKK située au nord du Kurdistan d’Irak, et la fermeture de ses bases militaires implantées dans cette même région. Elle est par ailleurs intimement liée au conflit latent qui oppose Bagdad à Massoud Barzani sur des questions de partage du territoire irakien et de ses ressources énergétiques entre le la Région autonome kurde et l’Etat irakien. Contrairement au Premier ministre de Bagdad, le Président Barzani s’est déclaré très tôt en faveur d’un changement de régime en Syrie et n’a jamais été aussi proche d’Ankara, malgré les craintes turques liées à son initiative de juillet visant au rapprochement du PYD et du CNKS.

Au delà de cet environnement régional déjà hautement complexe, la Turquie pourrait voir se dégrader les relations qu’elle entretient avec la Russie et la Chine, le Premier ministre turc ayant émis des déclarations très critiques à l’égard des positions convergentes prises sur la Syrie par ces deux grandes puissances au Conseil de sécurité de l’ONU. Les rapports entre Ankara et Pékin se sont déjà détériorés par des échanges de communiqués hostiles sur le dossier Ouighour. Les relations turco-russes qui revêtent une importance politique et économique beaucoup plus grande et s’étaient fortement améliorer du temps de la doctrine Davutoglu, se trouvent également menacées par les derniers développements du conflit en Syrie et notamment par l’affaire du vol Moscou-Damas intercepté dernièrement par Ankara. La visite de Vladimir Poutine en Turquie, prévue les 14 et 15 octobre derniers a d’ailleurs été repoussée en décembre “pour des raisons d’agenda”.

Publié le 19/10/2012


Journaliste, Allan Kaval travaille sur les politiques intérieures et extérieures de la Turquie et de l’Iran ainsi que sur l’histoire du nationalisme et des identités minoritaires au Moyen-Orient.


 


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