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La Royal Air Force et l’Irak 1918-1922 (6/6). Les résultats de la conférence du Caire : l’accession de Fayçal au trône d’Irak et la prise de commandement des opérations par la RAF : l’adoption de l’Air Control

Par Yves Brillet
Publié le 04/02/2016 • modifié le 07/03/2018 • Durée de lecture : 22 minutes

Winston Churchill in the official dress of First Lord of the Admiralty taken in 1914 at the beginning of World War I.

AFP

L’après conférence du Caire : dispositions militaires et proclamation du roi d’Irak prévue pour le 15 août 1921

Malgré quelques mises en garde de l’état-major portant sur la situation dans le nord de l’Irak transmises au Cabinet le 10 mai 1921 (1), Churchill informe ses collègues de la rapidité des progrès concernant la réduction de la garnison selon le programme élaboré lors de la conférence du Caire et approuvé par le Cabinet. Il donne un aperçu des mesures prises visant à l’établissement d’un gouvernement arabe en Mésopotamie et fournit les noms des personnalités susceptibles d’accéder à des fonctions ministérielles. Concernant le futur chef de l’Etat irakien, Fayçal apparaît comme le candidat le mieux placé, suivi du Naqib de Bagdad et du cheikh de Mohammerah. Il ajoute que le succès des différentes opérations repose sur l’absence d’intrique et de troubles fomentés par la Turquie (2).
Suivant le programme mis en place au Caire, Fayçal se rend en Mésopotamie, où son arrivée est prévue le 23 juin (3). Sans attendre le communiqué officiel de Londres, le haut-commissaire Cox prend l’initiative de convoquer une assemblée de notables pour organiser son entrée et son installation à Bagdad. Le lundi 11juillet, le Conseil d’Etat, à l’instigation du Naqib, proclame à l’unanimité Fayçal roi d’Irak et charge le ministère de l’Intérieur des démarches préalables à son installation. Les autorités britanniques sur place insistent sur la nécessité de procéder à un referendum de manière à asseoir sa légitimité. A la fin du mois, le roi rencontre à Ramadi les chefs des principales tribus qui lui font allégeance. Malgré l’opposition des provinces kurdes de Kirkuk et de Suleimaniyeh, les principaux obstacles à sa prise de pouvoir sont levés. Churchill indique au Cabinet que le haut-commissaire entend le proclamer roi d’Irak le 15 août (4).

Le 4 août, Churchill fait circuler un mémoire dans lequel il précise les responsabilités et les engagements de la Grande-Bretagne en Irak, auquel est jointe la contribution de Trenchard intitulée Arrangements for the Defence of Irak by the Royal Air Force. Dans ce document en 12 points, Churchill souligne que le général en Mésopotamie Haldane, applique avec succès la politique de réduction de la garnison décidée au Caire. Il fait part du souhait du War Office de maintenir au moins 7 bataillons de troupes britanniques en Mésopotamie, ce qui entraînerait un surcoût par rapport aux prévisions budgétaires (5). Par contre, Haldane considère qu’il est possible de réduire la garnison à 8 ou 9 bataillons à la fin de l’année 1921, en ne conservant que 2 bataillons composés de troupes britanniques. Churchill rappelle que l’étape suivante concernant la réduction de la garnison et la maitrise des dépenses passent par l’adoption du programme de contrôle aérien par la RAF conçu par Trenchard pour un coût annuel global de 4.5 millions de livres. Ce dispositif inclura 8 escadrilles de la RAF, 3 compagnies de véhicules blindés, 2 trains blindés, 4 canonnières et 4 bataillons d’infanterie dont deux britanniques. Avec le soutien des supplétifs locaux et de la future armée arabe, il considère qu’il est possible d’assurer le contrôle et le maintien de l’ordre en Mésopotamie sans sortir du cadre budgétaire approuvé par le Parlement. Churchill informe le Cabinet que la situation intérieure de la Mésopotamie s’est grandement améliorée au cours de l’année. Concernant la situation politique, il souligne l’accueil favorable accordé à Fayçal par la population (dans les villes et dans les tribus) et mentionne que Cox envisage de le proclamer Roi le 15 août. Même si la montée en puissance des troupes supplétives n’est pas aussi rapide qu’espéré, elles sont désormais en mesure de relever des garnisons britanniques et seront bientôt responsables de la sécurité pout tout le territoire, à l’exception de Bagdad. La RAF quant à elle a démontré sa capacité à assurer l’ordre, ce qui a provoqué un changement d’attitude d’Haldane à son égard (6).

L’adhésion de la population est essentielle pour la création d’un Etat épaulé par la RAF, 4 bataillons et des troupes locales sous commandement britannique. Pour ce faire, Churchill demande que l’ensemble des opérations concernant la Mésopotamie passe sous le contrôle du Colonial Office au 1er octobre 1921. Il demande aussi le remplacement de Haldane par le général Ironside pour une durée d’un an. Il sera chargé de veiller à la mise en place du dispositif de contrôle aérien pour le 1er octobre 1922 et devra faire passer la garnison à 8 ou 9 bataillons (et de toutes les dépenses induites en proportion), l’ensemble étant mis sous la responsabilité effective du Colonial Office.

Concernant le gouvernement du futur Etat, l’administration arabe sous la direction de Fayçal agira en accord avec le haut-commissaire. Les districts à l’extérieur de Bagdad seront contrôlés par les troupes indigènes et Bagdad sera le centre du dispositif du contrôle aérien avec un contingent de 1800 hommes entrainés et armés par la RAF, capable d’assurer sa propre sécurité à et autour de Bagdad en cas de troubles ou de soulèvement. Les forces aériennes stationnées à Bagdad pourront contribuer si nécessaire aux opérations de maintien de l’ordre dans les zones les plus éloignées et apporter un soutien aux officiers politiques sur le terrain. Pour compléter ce dispositif, 3 compagnies de véhicules blindés seront basées à proximité des ateliers de maintenance des forces aériennes et 2 ou 3 bataillons d’infanterie seront affectés à Bagdad. En cas de soulèvement généralisé, l’ensemble des forces pourra être évacué par le fleuve sur des embarcations conçues à cet effet. Pour conclure, Churchill ajoute qu’il ne lui est pas possible de garantir le succès de ces dispositions mais qu’il n’y a pas d’autres moyens de respecter les engagements budgétaires pris devant le Parlement (7).

Le 5 août, Trenchard transmet un document récapitulatif portant sur l’organisation du contrôle de la Mésopotamie sous la direction de la RAF et qui constitue la suite des propositions émises lors de la conférence du Caire. Une escadrille de Vickers Vimy devra être transférée d’Egypte en Irak en novembre 1921, deux en février ou mars 1922. Le nombre d’escadrilles passera de 6 à 8 plus tôt que prévu, ce qui entraînera des modifications budgétaires. L’ensemble des unités (véhicules, tanks légers, personnels auxiliaires, trains et canonnières) sera placé sous l’autorité effective du commandement aérien. Il insiste sur l’importance des systèmes de communications radio pour garantir l’efficacité du dispositif de contrôle aérien (8).
En dernier lieu, Trenchard rappelle les principes de fonctionnement du dispositif de contrôle aérien, avec une concentration des moyens à Bagdad et à Bassora ainsi qu’une base non permanente à Mossoul capable de recevoir 2 escadrilles si cela s’avère nécessaire. Il prévoit en outre des terrains d’atterrissage dotés de stocks de carburant et de pièces de rechange gardés par les troupes indigènes. Les missions de police ordinaires seront accomplies par ces mêmes troupes et des survols réguliers de certaines zones pourront avoir lieu à la demande des officiers politiques sur place, ainsi que lors des visites des chefs des tribus. Les démonstrations de force par l’aviation n’interviendront qu’en cas de troubles importants si les troupes indigènes se montrent incapables de restaurer l’ordre, ces opérations visant d’abord les troupeaux puis les villages. Il n’est pas prévu de conduire des opérations conjointes entre les forces aériennes et les troupes au sol (9). La présence de 4 bataillons à Bagdad permettra d’assurer une meilleure sécurité de la base aérienne, une utilisation optimale des escadrilles et des véhicules blindés, renforçant ainsi le maintien de la ligne aérienne entre l’Egypte et l’Irak.

Les oppositions aux arguments de Churchill

Le 17 août, le War Office fait part de son opposition aux arguments développés par Churchill dans son mémoire du 4 août (10). Le dispositif de contrôle aérien et l’utilisation des forces aériennes ne peuvent en aucun cas faciliter un processus de pacification des tribus (11), ce qui réduit leur capacité opérationnelle. Après avoir critiqué les différents points du mémoire de Churchill du 4 août, le Secrétaire à la Guerre conclut que la taille de la garnison prévue par le Colonial Office est insuffisante, que l’aviation, même si elle dispose d’une force terrestre et de l’usage de canonnières etc., n’est pas dotée des équipements nécessaires pour mener à bien la mission qui lui est confiée, que l’aviation doit conserver son statut d’arme subordonnée (12).

Le 18 août, lors d’une réunion à Downing Street, les points abordés par Churchill le 4 août sont discutés par le Cabinet. Le Secrétaire d’Etat à la Guerre fait part de son opposition au dispositif de contrôle de la Mésopotamie par la RAF. Il reconnaît que le maintien des troupes au sol en l’état n’est pas possible au regard des contingences budgétaires, mais que le retrait immédiat de l’ensemble des forces terrestres et leur remplacement par des effectifs indiens est irréalisable. La question se pose alors du maintien de la position actuelle de la Grande-Bretagne en Mésopotamie et de la substitution du mandat en cours d’examen par la Société des Nations par un traité avec le futur roi qui reconnaîtrait au gouvernement britannique la responsabilité de la défense de l’Irak. En conclusion, le Cabinet se déclare favorable aux demandes formulées par Churchill le 4 août et décide que le général Ironside succédera à Haldane le 21 octobre 1921 avec la mission de préparer la mise en place effective du contrôle aérien. Il décide en outre que la garnison passera à 7 ou 8 bataillons à la fin de l’année financière et que le contrôle aérien sera effectif au 1er octobre 1922. Le paiement des troupes indiennes se fera par un accord direct entre le Colonial Office et l’India Office. Pour l’année 1922-1923, 8 bataillons seront présents en Mésopotamie pendant la première partie de l’année financière et seront ensuite réduits de moitié (13).

1921-1922 : les critiques du War Office et la prise de contrôle des opérations militaires par les forces aériennes (octobre 1922)

Malgré la décision du 18 août par le Cabinet, au cours des semaines qui suivent la prise de responsabilité du Colonial Office au 1er octobre 1921, le War Office multiple les mises en garde contre une réduction trop rapide et trop massive de la garnison. Dès le 24 septembre, Cox dans un télégramme à Churchill fait état de l’opinion des conseillers et hauts responsables à Bagdad concernant la baisse des effectifs et l’impossibilité de mener à bien une évacuation des civils avec 4 bataillons, il insiste sur la présence hostile de la Turquie près de la frontière du nord (14). Le 12 octobre, le War Office fait circuler un mémoire qui détaille la situation militaire en Irak et attire l’attention sur les menaces intérieures et extérieures auxquelles pourrait être confronté le commandement en Irak, en prenant en compte la réduction de la garnison. Le document rappelle tout d’abord que les forces ont pour mission essentielle de garantir l’ordre à l’intérieur des frontières et non de défendre l’Irak contre une agression extérieure. Il attire l’attention sur les possibilités d’une attaque par les voisins de l’Irak, principalement la Turquie (15). La défense de Mossoul par les troupes arabes s’avérera insuffisante et une occupation de la province de Mossoul par les Turcs deviendra ainsi hautement probable. Un télégramme de Cox du 28 octobre corrobore ces conclusions (16). Il ajoute que dans le cas d’une attaque et d’un soulèvement généralisé, la seule possibilité serait de maintenir la ligne de communication entre Bagdad et Bassora.

Les réticences du War Office sont de nouveau clairement explicitées dans une note transmise au Cabinet le 27 octobre, signée par Sir Henry Wilson, chef de l’état-major impérial et accompagnée d’une communication d’Haldane qui reprend l’argumentation selon laquelle la réduction de la garnison prévue lors de l’adoption du dispositif de contrôle aérien affaiblirait les capacités d’intervention des forces, mettant ainsi en cause directement Churchill et Trenchard (17). Wilson souligne que les forces arabes manquent de fiabilité et sont soumises à la propagande turque, que leur efficacité n’est pas démontrée, que la garnison de Mossoul se trouve isolée et qu’en cas de difficultés, elle ne pourra compter que sur l’intervention de l’aviation. En dernier lieu, Wilson rappelle que la réduction de la garnison ne permettra pas d’évacuer les civils. La lettre d’Haldane jointe au mémoire de Wilson rappelle que l’ensemble du dispositif élaboré au Caire repose sur une amélioration des relations entre la Turquie et la Grande-Bretagne, éliminant ainsi la perspective d’une agression sur la frontière septentrionale de l’Irak. Il constate cependant que l’attitude de la Turquie n’a pas évolué et que les troupes arabes ayant pris le relai de la garnison britannique ne seront pas en position de s’opposer à une offensive, même limitée sur la frontière et que les forces terrestres ayant été réduites, il ne pourra s’appuyer que sur les forces aériennes pour venir à leur secours. Pour Haldane donc, le dispositif de contrôle aérien compromet gravement la capacité globale de réaction de la Grande-Bretagne en Irak (18). Malgré ces prises de positions négatives, Cox télégraphie au Secrétaire aux Colonies que la mise en place du contrôle aérien permettra de renforcer les capacités offensives et défensives britanniques en Irak en dépit des réticences du Commandement militaire qui estime que dans l’hypothèse d’une dégradation sérieuse de la situation causée par une opération turque dans la province de Mossoul et une avancée vers Bagdad, il ne pourra que tenir la ligne de communication entre Bagdad et Bassora et effectuer l’évacuation des forces. Cox estime que la montée en puissances des troupes arabes et des forces auxiliaires permettra à la RAF de mener à bien sa mission (19).

Le 18 octobre 1921, le Colonial Office informe le Cabinet de la teneur d’un télégramme du haut-commissariat en Irak au sujet des menées turques dans le nord du Kurdistan, le Caucase et le Kurdistan perse visant à éradiquer toute influence européenne à l’Est (20). Les semaines qui suivent voient l’aggravation de la situation dans le nord de l’Irak et renforcent la crainte d’une invasion par les troupes turques alliées aux tribus kurdes (21).
Le haut-commissaire note l’arrivée de forces turques à Rowanduz et l’attaque par des groupes kurdes des troupes auxiliaires. Le commandement britannique réagit par l’envoi de colonnes punitives soutenues par l’aviation, ce qui constitue le principe de base du contrôle aérien conçu par Trenchard et son état- major (22).
Il n’en demeure pas moins que la méfiance du War Office à l’encontre du dispositif de contrôle aérien ne faiblit pas. Le 10 janvier 1922, à la suite du Geddes Committee Report portant sur les réductions budgétaires et la redéfinition des missions des forces armées, le chef de l’état-major impérial Henry Wilson transmet une note à l’attention du Cabinet dont certains éléments constituent une critique acerbe des capacités de l’arme aérienne à mener à bien sa mission en Irak. Après avoir mis en cause l’incapacité du Geddes Committe à prendre en compte dans son analyse de l’accroissement des responsabilités internationales et impériales de la Grande-Bretagne, l’état-major passe en revue la situation en Inde, en Irak, en Palestine, en Egypte et à Constantinople. Concernant l’Irak, il qualifie de pari hasardeux la stratégie adoptée par le Gouvernement dans la région, soulignant l’impréparation des troupes irakiennes et mettant sérieusement en doute les affirmations de la RAF. Il estime que le projet de contrôle aérien, basé sur hypothèse d’une absence de menace de la part de la Turquie sur la province de Mossoul est bien moins prometteur qu’au moment de la conférence du Caire. Le document présente aussi (paragraphe 11) une remise en cause des capacités tactiques de l’aviation dans le cadre d’opérations de police, mettant en avant la supériorité d’intervention des troupes au sol (23).
Le War Office dénonce aussi les doublons causés par l’autonomie des forces aériennes, de manière générale et plus spécifiquement en Irak. Critiquant à nouveau les dispositifs mis en place et la dilution des responsabilités qui s’ensuit, il considère que la solution est de les réattribuer au War Office et de placer le chef d’état-major de l’Air sous l’autorité du chef d’état-major au sein de l’état-major impérial (24).

Le 9 février 1922, lors d’une réunion à laquelle assistent Churchill, Curzon et Worthington-Evans, ce dernier se livre à une attaque en règle contre la mise en place du contrôle aérien en Irak et propose, en raison de la menace constituée par la Turquie et les soulèvements tribaux au nord de Mossoul, un repli sur Bassora, permettant ainsi une économie de 5 millions de livres par an. Il conteste les demandes du Colonial Office en matière de matériel. Churchill répond que les 5 millions ont déjà été économisés sur l’exercice 1922, que le budget prévisionnel pour 1923 est de 7,5 millions et que l’estimation pour la période 1923-1924 se monte de 3 à 4 millions de livres. Il met en avant le succès de la politique appliquée en Irak ; selon lui, l’état du pays est satisfaisant, la menace d’une invasion turque est limitée et les pertes en personnel insignifiantes. Il ajoute que si le Cabinet en décide ainsi, il est prêt à accepter l’évacuation de la Mésopotamie mais qu’un retrait de la province de Mossoul renforcerait la position de la Turquie et affaiblirait le Foreign Office à la conférence de Paris. Après avoir entendu les arguments des deux parties, le Cabinet décide de permettre au Colonial Office de maintenir à Mossoul des unités automobiles blindées et de continuer à constituer un ensemble de forces qui pourront réduire les coûts d’occupation et assurer la présence britannique. Par contre, le Ministère de l’Air ne sera pas autorisé à lever ses propres troupes d’infanterie (25).

L’ensemble de ces critiques à l’encontre de l’arme aérienne s’inscrit dans le débat sur la redéfinition des missions des trois services (air, terre et mer) ainsi que sur leur périmètre de compétence et vont mobiliser les responsables de l’Amirauté, du Ministère de la Guerre et de l’Air dans les mois qui suivent (26).
Le rôle croissant de la RAF au cours de l’année qui suit lui permet de prendre la mesure de ses responsabilités en matière de maintien de l’ordre en Irak et d’affiner les procédures de coopération entre les troupes au sol et l’aviation (27).
Au moment de la prise de commandement effective par la RAF, Trenchard fait parvenir une note résumant les activités aériennes en Irak, et souligna les progrès effectués au cours de la période 1921-1922 en matière de contrôle et de coopération (28).
Le Ministère de l’Air fait savoir que les succès obtenus au Kurdistan démontrent la capacité des forces aériennes à agir de manière indépendante. Pour Trenchard, l’utilisation de l’aviation a permis de freiner les activités de la Turquie dans le nord de l’Irak. La question de la présence britannique dans le pays relève d’une décision du Cabinet mais Trenchard considère qu’il a fourni les preuves permettant d’envisager sans que cela ne pose de risque militaire majeur, un maintien des forces à Bagdad et à Bassora, en outre il souligne que se trouvent ainsi sous contrôle britannique deux éléments importants de la chaine de communication impériale.

Même si le War Office continue dans les semaines qui suivent à critiquer l’ensemble du dispositif et remet en question la capacité de la RAF à assurer la sécurité du nord de la Mésopotamie (29), la décision de transférer la responsabilité pour la sécurité de l’Irak à la RAF ne sera pas remise en question. Les opérations contre les rebelles kurdes et les tribus dans le sud de l’Irak permettront aux forces aériennes de maintenir et d’accroître la viabilité du nouvel Etat en le protégeant contre les ingérences extérieures et en assurant la sécurité de ses frontières, pour une dépense annuelle de 1,5 million de livres en 1935, justifiant ainsi la stratégie adoptée lors de la conférence du Caire sous les auspices de Churchill et de Trenchard.

Source : Perry-Castedena Map Collection (www.lib.utexas.edu/maps/iraq )

Lire les parties précédentes :
 La Royal Air Force et l’Irak 1918-1922 (1/6). Considérations de doctrine : la RAF dans le cadre de la stratégie impériale britannique et son utilisation dans la gestion de la situation mésopotamienne

 La Royal Air Force et l’Irak 1918-1922 (2/6). La Grande-Bretagne en Mésopotamie : 1920, l’année cruciale

 La Royal Air Force et l’Irak 1918-1922 (3/6). L’insurrection de l’été 1920 et ses conséquences

 La Royal Air Force et l’Irak 1918-1922 (4/6). Penser le désengagement : vers la Conférence du Caire

 La Royal Air Force et l’Irak 1918-1922 (5/6). La Conférence du Caire (12 au 30 mars 1921) : enjeux et débats

Notes :
(1) The Situation in Northern Mesopotamia as affecting the Reductions in the Military Garrison. (TNA, CAB/24/123, CP2925).
(2) Conclusions of a Meeting of the Cabinet hold in Mr Chamberlain’s Room, House of Commons, 31st May, 1921 (TNA, CAB/23/25) : “The Secretary of State for the Colonies concluded his statement by pointing out that the policy approved by the Cabinet was dependent on there being no Turkish aggression.”
(3) Pour un récit détaillé de la progression de Fayçal depuis son débarquement à Bassora, on peut consulter la correspondance de Gertrude Bell mise en ligne par l’Université de Newcastle.
(4) Conclusions of a Meeting of the Cabinet held at 10, Downing Street, on Tuesday, 2nd August 1921 (TNA, CAB/23/26). Voir aussi Cabinet. League of Nations. Mandate for Mesopotamia. Note on the Political Developments in Mesopotamia subsequent to October 1st, 1921 (TNA, CAB/24/127) : “Sir Percy Cox was of the opinion, in which Feisal entirely concurred, that this resolution was not sufficient without a specific expression of the people of Iraq as a whole. A referendum was accordingly taken, of which the results were known on the 19th August. In an electorate of about 1,000,000, the votes represented a proportion of 96 per cent for Feisal, and His Majesty’s Government accordingly decided to recognize him as King of Iraq. On the 23rd August his recognition was publicly accorded.”
(5) Policy and Finance in Mesopotamia. Memorandum by the Secretary of State. (TNA, CAB/24/127, CP3197) : “However, on further examination of the position, the War Office now estimate that the garrison will aggregate 18,000 instead of 13,000 and will cost 10 million instead of 4.5 and this will be additional to the Air Force and the levies. It is, of course quite impossible for me to reconcile such a charge with my forecasts and undertakings I have given to Parliament.”
(6) Ibid., “The power of the Air Force to prevent disorder has been increasingly demonstrated and General Haldane now states that had he had the same Air Force last year as he now has he could very likely have stopped the rebellion from spreading beyond the Lower Euphrates. He also states that the Royal Air Force has now been tested against enemy in marshland, in mountain country and in scrub ; and that he has revised his judgment in regard to them in a more favourable sense.”
(7) Ibid., “There is no other way in which the promise made to Parliament for reduction in cost can be kept. Moreover it would not be right to spend a large sum upon retaining our position in Mesopotamia. Politically, I do not believe we could defend it, and from an Imperial point of view, it would be a misapplication of limited and overstrained resources. I think it is the best we can do in all the circumstances, and up to the present, at any rate, everything has gone better than we dared to hope.”
(8) Ibid., Memorandum by the Chief of the Air Staff on the Air Force Scheme of Control in Mesopotamia. Arrangements for Defence of Iraq by the Royal Air Force : “ The maintenance of efficient wireless communication both between Egypt and Iraq and in Iraq itself, is, as I have pointed out in my original paper, essential to the proper working of the Air Scheme of Control. One of the principal assets of the air in the maintenance of internal order in the country will be the fact that the air is able to answer requests for assistance with a celerity of which no other arm is capable. Wireless personnel are necessary both for maintaining touch between the Central Air stations and detachments of Arab troops, and also for the communications with political Officers.”
(9) Ibid., : “The Air Scheme is based on the principle that, if the Arabs have nothing to fight against on the ground and no loot or rifles to be obtained and nobody to kill, but would have to deal only with aeroplanes which are out of their reach, they are certain to come in, and there will be no risk of disasters or heavy casualties as are always suffered by small infantry patrols in uncivilised countries.”
(10) Policy and Finance in Mesopotamia. Memorandum by the Secretary of State for War. (TNA, CAB/24/127, CP3240) : “Another important condition under which the Air Ministry is willing to take responsibility for the security of Mesopotamia is the existence of local levies of the Arab Army. I do not know what strength or efficiency these local forces have reached, but until they reach a certain strength and efficiency, regular soldiers must presumably take their place.”
(11) Ibid.,“The only weapons which can be used by the Air Force are bombs and machine guns. I have no doubt that in the case of attack the Air Force could defend themselves by these means ; but the forces in Mesopotamia are intended to keep order and gradually to reconcile hostile tribes to a civilized rule. Punitive measures may have to be taken against disturbers of the peace ; the only means at the disposal of the Air Force, and the means now in fact used, are the bombing of the women and children in the villages. If an Arab population realize that the peaceful control of Mesopotamia ultimately depends on our intention of bombing women and children, I am very doubtful if we shall gain the acquiescence of the fathers and the husbands of Mesopotamia as a whole to which the Secretary of State for the Colonies looks forward. More probably is it that the new King, Feisul, will complain that he cannot expect loyal co-operation of the tribes so long as their women and children are done to death. He will probably be forced to call upon the Air force to desist, and once it is realized that the Air Force can no longer use their only weapon their military value will be lost.”
(12) Ibid., “It is undesirable and uneconomic to allow the Air Force to depart from its present functions of an ancillary force.”
(13) Conclusions of a Meeting of the Cabinet held at 10, Downing Street, S.W., on Thursday, 18th August, 1921 (TNA, CAB/23/26).
(14) Effect of Withdrawal of British Forces from Iraq. Telegram from the High Commissioner for Iraq to the Secretary of State for the Colonies dated 24th September, 1921 (TNA, CAB/24/128) : “In view of the fact that all our deliberations at Cairo and programme resulting therefore were based on the hypothesis of a friendly Turkey, I have thought it necessary to emphasise above aspect of the situation in order that in our keen desire to effect economy and to reduce our force we may not close our eyes to fact that our calculations may be gravely vitiated by external situation.”
(15) The Situation in Iraq. Memorandum by the Secretary of State for War. (TNA, CAB/24/128, CP3395) :
“There remains, then, the menace of a nationalist Turkey from the north and the north-west, and this is probably
the danger we have to face.”
(16) The Military Situation in Iraq. Telegram from the High Commissioner for Iraq to the Secretary of State for the Colonies. (TNA, CAB/24/129, CP3460) : “As regards period during which War Office retain military responsibility. It is emphasized by General Officer Commanding in Chief that the present military programme and policy are based on hypothesis of a friendly Turkey that in present circumstances in which military garrison has been reduced to very low limits there can be no operations of military force.” On peut voir aussi les télégrammes de Cox du 28 septembre et du 7octobre portant sur la menace turque dans la province de Mossoul in British Empire Report. (TNA, CAB/24/157).
(17) Future Control of Mesopotamia. Memorandum by the Secretary of State for War. (TNA, CAB/24/129, CP4445) :“It was the opinion of the General Staff that both the Secretary of State for the Colonies and the Chief of the Air Staff underrated the extent and nature of the responsibilities that would lie upon the troops.”
(18) Ibid., General Headquarters, Mesopotamian Expeditionary Force, Baghdad. “My reason for bringing to notice this matter is that I may have the opportunity of confirming what has passed in telegrams bearing on this subject between the War Office and myself, namely, that after the Mosul vilayet is vacated by our troops next spring, and in view of HM’s Government’s decision, conveyed in W.O. telegram No 89692 dated 23rd August, 1921, that they do not contemplate undertaking extensive operations in Mesopotamia, I shall not be in a position to aid the Arab army except through the agency of the Royal Air Force. I may add that the British and Indian troops, as enumerated in War Office telegram No 89716 dated 26th August 1921, remaining in Mesopotamia after next spring, will suffice to garrison Baghdad, Basrah and Nasiriyah, and secure the necessary communication to the sea ; in other words ensure the safe withdrawal to the base, in case of need, of the troops alone and not the civil population.”
(19) Cabinet. The Military Situation in Iraq. Circulated by the Secretary of State for the Colonies. 28th October 1921 (TNA, CAB/24/129, CP3460).
(20) Turkish activities in Kurdistan. Paraphrase Telegram from the High Commisioner of Iraq to the Secretary of State for the Colonies. (Received Colonial Office 6.15 p.m. 16th October, 1921). (TNA, CAB/24/129, CP3420).
(21) Voir British Empire Report n°58, 7th December 1921 (TNA, CAB/24/157). (Le rapport cite les télégrammes de Cox sur le danger d’une opération des troupes turques en direction de Mossoul et du nord du Kurdistan.) Voir aussi : The Situation in the Near East. Memorandum by the Secretary of State for War, (TNA, CAB/24/129, CP3474) : “Our position in Iraq depends upon peace in Mosul …our position in Egypt and Palestine would certainly be rendered more difficult if we are driven out of our advanced position in Iraq.
(22) The Situation at Rowanduz. (Circulated by the Secretary of State for the Colonies). 20th December 1921 (TNA, CAB/24/131, CP3584) : “On December 18th it was reported from Rania that four villages in Naodesht area had formed an alliance to oppose the Government and had refused payment of taxes and that villages had been put in state of defence. At present there is no information that this movement is being actively supported by outside elements. Enemy strength in this area is estimated at one hundred and twenty rifles. One company levy infantry is being sent from Sulaimani to Derbend to deal with situation but heavy snow is likely to make punitive operations by troops impossible. Aerial action is being considered to escort convoys and a demonstration over Babachichek and Naodesht will be carried out as soon as conditions permit. It is hoped that despatch of infantry will prevent spread of movement for the present.”
(23) The Interim Report of the Committee on National Expenditure. Army Estimates. Memorandum by the Secretary of War. (TNA, CAB/24/132, CP3619) : “Certain of the functions formerly discharged by cavalry are now more efficiently performed by aircraft, viz, the so-called strategical or long distance reconnaissance. It was this consideration which influenced the General Staff in agreeing to the reduction of 4 Cavalry Regiments, which has already been carried out. But to assert that the place of cavalry can entirely be taken by aircraft in the work of close reconnaissance protection and support is a complete fallacy. Aircraft in its present state of development is only effective against an enemy presenting a tangible and extensive target, or for bombing women and children. They can, for instance operate decisively against a large column of troops or transport packed in a defile or assembled in close formation. But they cannot replace cavalry in advanced or flank-guard actions ; they cannot push forward and seize vital tactical points ahead of the troops or protect a column on the march from snipers on the flank. They cannot take prisoners or requisition supplies or interrogate inhabitants, to mention only a few of the everyday tasks which cavalry have to perform.”
(24) Interim Report of the Committee on National Expenditure. Alternative to a Ministry of Defence. Proposal to Transfer the military functions of the Air Ministry to the War Office. Memorandum by the Secretary of State for War. (TNA, CAB/24/132, CP3681).
(25) Conclusions of a Conference of Ministers held on Thursday, 9th February, 1922, in the Ministers’ Conference Room, H of C, S.W. (TNA, CAB/23/39).
(26) Voir par exemple, Relations between the Navy and the Air Forces. Appendix IV. Memorandum by the Admiralty. Prepared for Mr Churchill’s Committee. Relations between the Air and the Navy. 6th February 1922. (TNA, Cab/24/132, CP3700) : “It would be undesirable, in fact it is impossible, fully to develop in this memorandum the argument in favour of the abolition of the separate air force. It can only be said that the Admiralty are convinced of the necessity for this step both from the point of view of economy and efficiency, and they therefore urge that the proposal should be considered by such a body as the Government may deem necessary fotr the purpose, in the near future.” On peut voir aussi Templewood (Viscount) : Empire of the Air, 54-70 pour un résumé des rivalités entre les trois armes.
(27) Salmond, John, Air Marshal Sir, The Air Force in Iraq, Royal United Service Institution, Journal, 70 (1925:Feb/Nov.) p.483
(28) The Development of Air Control in Iraq. Memorandum by the Secretary of State for Air. Progress in the Use of Air Power in Iraq. Note by the Chief of the Air Staff. (TNA, AIR/19/109). “The question of the retention or partial evacuation of our present position in Iraq is a matter of policy for the decision the Government, but it is the duty of the Air Staff to bring to notice the military aspects of the situation. In their view, this latest proof of the power of air forces establishes the fact that their retention in Baghdad will be accompanied by no appreciable military risk, for if air forces can effect such great results in the hilly districts of Kurdistan at a distance from their bases, there should be no reason to doubt their power to break up any attack on Baghdad, except in the event of organised external aggression on a large scale.”
(29) The Situation in Northern Iraq. Memorandum by the Secretary of State for War. 5th October 1922. (TNA, CAB/24/138, CP4192) : “It is plain that the Iraq levies, even when stiffened by some Imperial troops and assisted by the Royal Air Force, cannot be relied upon either to punish recalcitrant tribesmen or to meet their attacks when assisted by Turkish personnel and advice.
It is clear that the levies, on which we were relying to keep the country quiet, are unequal to their task, and that the Royal Air Force, which has worked so hard and done so much to assist the General Officer Commanding in the past cannot dominate the country single-handed. They may check in the bud individual risings, but cannot deal with any trouble on a large scale. As the General Officer Commanding stated, the final decision in war must lie on the ground.”

Publié le 04/02/2016


Yves Brillet est ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de Saint Cloud, agrégé d’Anglais et docteur en études anglophones. Sa thèse, sous la direction de Jean- François Gournay (Lille 3), a porté sur L’élaboration de la politique étrangère britannique au Proche et Moyen-Orient à la fin du XIX siècle et au début du XXème.
Il a obtenu la qualification aux fonctions de Maître de Conférence, CNU 11 section, a été membre du Jury du CAPES d’anglais (2004-2007). Il enseigne l’anglais dans les classes post-bac du Lycée Blaringhem à Béthune.


 


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