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L’armée israélienne et le Hezbollah sont dans un conflit de basse intensité depuis le 8 octobre, mais une nouvelle phase du conflit s’est ouverte ce lundi 23 septembre : l’armée israélienne mène une campagne d’intenses bombardements sur le sud et l’est du pays. La banlieue sud de Beyrouth a également été visée ce lundi. Le bilan humain est déjà colossal, environ 558 Libanais tués en une journée, parmi lesquels plus de 100 civils, et plus de 1 600 blessés, selon les chiffres actualisés ce 24 septembre par le ministre libanais de la Santé Firass Abiad.
Ces dernières semaines, le Hamas avait été réduit à une menace minime à Gaza. Israël était arrivé à un moment clé, durant lequel il aurait pu s’engager dans des négociations diplomatiques pour un cessez-le-feu et un retour des otages israéliens. Un cessez-le-feu qui aurait pu permettre la fin des violences dans le Nord. Car depuis le début de la guerre, le Hezbollah libanais conditionne l’arrêt des combats dans le sud-Liban à la fin de la guerre à Gaza. Mais Tel-Aviv a choisi de lancer l’opération “Flèches du Nord” contre le Liban.
Des dizaines de milliers de Libanais ont pris la route de l’exode depuis lundi 23 septembre. Si tout exil est périlleux, il est encore plus ardu quand une population est plongée dans une crise financière violente depuis plus de quatre ans, avec des ressources limitées pour se déplacer, trouver un nouveau logement, le tout, sans assistance de l’Etat libanais faillit.
Pour Israël, le but de l’opération “Flèches du Nord” n’est pas d’éradiquer le Hezbollah, l’armée israélienne a retenu des leçons son échec de 2006, mais de profiter de cette fenêtre pour affaiblir le groupe chiite autant que possible. A court terme, les dirigeants israéliens veulent amener le Hezbollah à se désolidariser de son allié, le Hamas, en le poussant à cesser les combats sans attendre un cessez-le-feu à Gaza. Néanmoins, selon Anthony Samrani, journaliste à l’Orient-le-Jour, “ malgré l’escalade, et à moins d’un immense retournement de situation, le Hezbollah ne cédera pas et n’acceptera pas d’arrêter les combats avant la conclusion d’un cessez-le-feu à Gaza. Au contraire, l’escalade va très probablement provoquer une nouvelle vague de déplacement de l’autre côté de la frontière [1]”.
Le côté israélien de la frontière, justement, est aussi au cœur de cette campagne militaire. Avec ces frappes intenses sur le Liban, le gouvernement israélien répond à la demande de fermeté de sa population du Nord. Environ 60 000 Israéliens, originaires des localités situées à la frontière avec le Liban, sont déplacés de guerre vers des zones plus sûres depuis le début des combats avec le Hezbollah, le 8 octobre. Des déplacés qui multiplient les critiques contre Benyamin Netanyahou, en organisant régulièrement des manifestations, pour demander une réponse militaire ferme, afin de repousser le Hezbollah loin de la frontière.
Comme à Gaza, Israël tente aussi de retourner la population libanaise du sud et de l’est contre le Hezbollah. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, s’est adressé aux Libanais ce lundi, affirmant que "le Hezbollah vous a utilisés comme boucliers humains. Il a placé des roquettes dans vos salons et des missiles dans vos garages”. Des messages ont aussi été envoyés par l’armée israélienne aux civils libanais pour les appeler à fuir les zones contrôlées par le Hezbollah. Mais cette stratégie visant à retourner les civils contre le pouvoir local n’a jamais vraiment prouvé son efficacité. Avec le bilan déjà immense parmi les civils, les Libanais se retourneront d’abord contre Israël.
Comme l’affirme Michel Goya, officier des Troupes de marine et docteur en Histoire contemporaine, “l’offensive israélienne - classiquement en deux phases : aérienne et aéroterrestre - n’était possible qu’avec au moins deux divisions de manœuvre en place au nord [2]”. C’est chose faite depuis la semaine dernière. Après l’attaque aux bipeurs, la 98ème division de parachutistes de Gaza a été déplacée vers le Nord, aux côtés de la 36ème division blindée.
Israël devrait néanmoins tout faire pour éviter une offensive terrestre, qui s’avèrerait particulièrement meurtrière pour ses soldats. Les bombardements pourraient ainsi continuer à se concentrer sur le sud et l’est du Liban, qui connaîtraient un sort similaire à celui de Gaza.
Le Hezbollah a déjà répliqué aux frappes israéliennes ce lundi, en visant des cibles militaires, en grande partie dans la région de Haïfa. L’arsenal militaire de la milice chiite, bien plus important que celui du Hamas, a la capacité de submerger le Dôme de fer, le système de défense anti-missile de l’armée israélienne. Le groupe disposerait de plus de 100 000 roquettes avec des systèmes de guidage perfectionnés ces dernières années, permettant des tirs plus précis. Un coup dûr pourrait ainsi être infligé à la grande ville israélienne du nord, Haïfa.
La guerre du Liban s’annonce particulièrement meurtrière, dans un pays déjà dévasté par de multiples crises.
Ines Gil
Ines Gil est Journaliste freelance basée à Beyrouth, Liban.
Elle a auparavant travaillé comme Journaliste pendant deux ans en Israël et dans les territoires palestiniens.
Diplômée d’un Master 2 Journalisme et enjeux internationaux, à Sciences Po Aix et à l’EJCAM, elle a effectué 6 mois de stage à LCI.
Auparavant, elle a travaillé en Irak comme Journaliste et a réalisé un Master en Relations Internationales à l’Université Saint-Joseph (Beyrouth, Liban).
Elle a également réalisé un stage auprès d’Amnesty International, à Tel Aviv, durant 6 mois et a été Déléguée adjointe Moyen-Orient et Afrique du Nord à l’Institut Open Diplomacy de 2015 à 2016.
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