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En 1987, un mouvement de protestation populaire appelé intidada (qui signifie soulèvement en arabe) ou guerre des pierres, se déclenche en Cisjordanie et à Gaza contre l’administration et l’armée israéliennes.
A la suite de la guerre des six jours de 1967, Israël occupe la Cisjordanie et la Bande de Gaza. Ces deux territoires ne sont plus sous la tutelle arabe et se trouvent sous le contrôle israélien. Le 20 août 1967, le Fatah, mouvement de Yasser Arafat, décide de mener la résistance palestinienne à l’intérieur de ces deux territoires. Cette décision provoque la réaction d’Israël, qui arrête plus de 10 000 activistes, mais les actes de résistance se poursuivent tant dans les Territoires occupés qu’en Israël. Plusieurs mouvements palestiniens y participent : le Fatah, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et le front démocratique de libération de la Palestine (FDLP). A la suite de ces actions de guérilla palestiniennes, l’armée israélienne renforce sa présence dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie, mais mène également des actes de représailles contre les pays arabes dans lesquels se trouvent des unités de résistance palestiniennes.
Sur le plan territorial, Israël contrôle en 1987 environ 52% des terres en Cisjordanie et 11% dans la Bande de Gaza [1]. Sur ces territoires, Israël développe des implantations juives : selon Nadine Picaudou, environ "200 000 colons vivent dans les 120 implantations de Cisjordanie et les 12 de Gaza" [2].
Dans ce contexte d’occupation israélienne et de volonté de résistance éclate l’intifada
Le 6 décembre 1987, un officier israélien est assassiné à Gaza et le 8 décembre, un camion israélien percute une voiture palestinienne, faisant trois morts et des blessés graves. Cet accident n’est cependant pas considéré comme tel par la population palestinienne, qui émet l’hypothèse d’une vengeance à la suite de l’assassinat de l’officier israélien. A la suite de ces événements dans la Bande de Gaza, des émeutes s’y déclenchent et touchent également la Cisjordanie.
Les actions sont dirigées contre les militaires israéliens, par des jeunes palestiniens qui lancent des pierres, puis des bouteilles incendiaires artisanales. Cette population palestinienne, née sous l’occupation, exprime ainsi sa volonté de changement, dans un contexte de chômage et de misère quotidienne. C’est également l’une des premieres fois où s’exprime la volonté de résistance des Palestiniens de l’intérieur. Ces actions sont suivies par des initiatives passives contre les intérêts israéliens, notamment le refus d’acheter des produits israéliens, le boycott des impôts, les grèves des travailleurs palestiniens journaliers, les grèves des commerçants.
Sur le plan politique palestinien, ce mouvement populaire est rapidement cautionné par l’OLP et par le « commandement national unifié pour l’intensification du soulèvement sur la terre occupée » (CNU) formé par le FDLP, le Fatah, le FPLP et le parti communiste palestinien.
Israël réagit et lance des actions de répression contre les manifestants : arrestations, punitions collectives, mise en place de couvre-feux, démolition de maisons abritant des manifestants. A partir de l’été 1988, l’armée riposte contre les manifestants par l’utilisation de balles de caoutchouc et de matraques.
Cependant, le mouvement semble s’essouffler à la fin de l’été 1988, en raison de la répression israélienne, de clivages au sein du CNU et entre le CNU et les organisations islamistes : au sein du CNU, le FPLP s’oppose aux autres organisations sur la stratégie à suivre ; c’est également en 1988 qu’est créé le Hamas, dont l’objectif est la lutte contre Israël et la reconquête des terres palestiniennes prises par Israël. L’intifada s’éteint en 1989, mais connaît quelques regains de violences.
Dans ce contexte, la Jordanie décide le 28 juillet 1988 de mettre fin aux liens administratifs et légaux avec la Cisjordanie. Cette décision apparaît motivée par la crainte du pouvoir jordanien d’un embrasement de l’intifada auprès des Jordaniens d’origine palestinienne. Cette décision jordanienne oblige l’OLP à un nouveau positionnement et lors de la XIX ème session du conseil national palestinien tenue en novembre 1988 à Alger, la naissance de l’Etat palestinien et son indépendance sont proclamées.
Pour Israël, la répression est lourde de conséquence pour son image auprès de l’opinion publique internationale, mais également auprès de l’opinion israélienne qui s’interroge sur les moyens utilisés.
La conférence de Madrid d’octobre 1991, puis les accords de paix d’Oslo du 13 septembre 1993 sont considérés comme mettant fin à la première intifada.
Bibliographie :
Olivier Carré et Nadine Picaudou, « les Palestiniens », Encyclopédie universalis 2009.
Alain Gresh et Dominique Vidal, Les 100 clés du Proche-Orient, Paris, Hachette Littérature, 2003, 607 pages.
Nadine Picaudou, Les Palestiniens, un siècle d’histoire, Bruxelles, Edition Complexe, 2003, 366 pages.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.
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