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La France et la Grande-Bretagne détiennent des intérêts économiques et religieux dans les provinces arabes de l’Empire ottoman. A mesure que les intérêts de ces deux puissances se développent, les rivalités s’intensifient, l’enjeu étant d’obtenir une zone d’influence ou un protectorat.
La France possède ainsi des intérêts en Orient depuis la campagne de Bonaparte en Egypte en 1798, et depuis l’expédition en Syrie sous Napoléon III en 1860. La Grande-Bretagne quant à elle est motivée dès le XVIIIème siècle par la protection de la route des Indes. Dans ce but, elle s’assure le contrôle de plusieurs territoires permettant de sécuriser la route menant au « joyau de la couronne » : elle est présente en Chypre, en Egypte, au Soudan, à Aden à Bahreïn, au Qatar, aux Emirats, à Oman et en Afghanistan, c’est-à-dire dans des territoires permettant de relier la Méditerranée à l’océan Indien. Afin de parfaire son dispositif, il ne lui manque que la Palestine et la Syrie, province dans laquelle elle détient déjà des intérêts scolaires et religieux (à Damas et à Beyrouth). Hormis la protection de la route des Indes, la Grande-Bretagne est motivée par des intérêts pétroliers : elle recherche un accès à la Méditerranée afin d’acheminer le pétrole de Mossoul concédé à la Turkish Petroleum Company, détenue à 50% par la compagnie britannique Anglo-Persian. C’est là qu’elle rentre en concurrence avec la France, désireuse également d’obtenir ces territoires en raison des intérêts économiques, religieux et caritatifs qu’elle détient dans cette région, en raison également de son rôle de protectrice des chrétiens d’Orient depuis l’expédition militaire menée en 1860 au Liban afin de protéger les chrétiens des attaques druzes.
La France, craignant les visées britanniques sur la Syrie et la Palestine, fait reconnaître ses droits par la diplomatie britannique en 1912. Au cours d’une conférence réunissant du côté britannique le Premier ministre Asquith et le ministre des Affaires étrangères Edward Grey, et du côté français le ministre des Affaires étrangères Poincaré, Grey affirme : « Nous n’avons en Syrie ni intention d’agir, ni dessein, ni aspirations d’aucune sorte ». La Grande-Bretagne reconnaît ainsi les intérêts de la France en Syrie. Mais cette déclaration n’est pas suivie dans les faits, car la Grande-Bretagne revendique dès 1915 la Palestine, partie de la province syrienne, revendiquée par la France.
Bibliographie
Anne-Lucie CHAIGNE-OUDIN, La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie-Liban 1918-1939, L’Harmattan, Paris, 2006, 328 pages.
Sous la direction de Robert MANTRAN, Histoire de l’Empire Ottoman, Fayard, Paris, 1994, 810 pages.
Jacques THOBIE, Ali et les 40 voleurs, impérialismes et Moyen-Orient de 1914 à nos jours, Editions Messidor, Paris, 1985, 370 pages.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.
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