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Il y a maintenant dix ans, le 28 mars 2002, la Ligue des Etats arabes réunie lors d’un sommet à Beyrouth au Liban, proposait une initiative de paix allant jusqu’à envisager des relations normalisées avec Israël dans le cadre d’une paix globale comprenant l’ensemble des pays arabes. Considérées comme très prometteuses à un moment où les affrontements israélo-palestiniens s’enfonçaient dans une rare violence, ces propositions resteront cependant sans suite.
La difficulté à mettre en œuvre les accords d’Oslo (Oslo 1 et Oslo II) et l’échec de la rencontre tripartite entre le président américain Clinton, le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat et le Premier ministre israélien Ehoud Barak en juillet 2000 à Camp David, aux Etats-Unis, alimentent l’impression que les perspectives du processus de paix sont définitivement oubliées. L’espoir suscité par ce processus de paix est dorénavant remplacé par la frustration. La majorité des Palestiniens ne constate aucune forme de retrait israélien, ni de base d’un futur Etat palestinien indépendant alors que la politique israélienne de colonisation se poursuit. L’Autorité palestinienne est également critiquée, étant considérée comme impuissante et corrompue.
Alors que la tension est à son comble tout au long de l’année 2000, Ariel Sharon, chef du Likoud, se rend le 28 septembre sur l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem. Cette visite, interprétée comme une provocation par les Palestiniens, déclenche dès le lendemain la seconde Intifada. Les violences se multiplient, la contestation se transforme rapidement en lutte armée organisée par le Hamas, le Djihad islamiste, les brigades al-Aksa, le Fatah et est réprimée par l’armée israélienne. L’arrivée au pouvoir d’Ariel Sharon, en février 2001, durcit davantage cette politique. Il souhaite mettre fin à la résistance palestinienne, accusée de vouloir anéantir l’Etat hébreu, et briser l’Autorité palestinienne créée avec les accords d’Oslo en bombardant fréquemment ses infrastructures. Malgré les condamnations de l’usage du terrorisme par Yasser Arafat, les attentats-suicides se multiplient contre des militaires mais aussi des civils. Face à l’intensification des combats, à l’escalade de la violence et à la radicalisation des opinions, l’ONU puis la Ligue des Etats arabes proposent des solutions pour tenter de mettre un terme à la crise.
Le 13 mars 2002, le Conseil de sécurité de l’ONU vote la résolution 1397 (14 voix pour et une abstention de la Syrie), qui exige la condamnation de la conduite israélienne. Cette résolution mentionne pour la première fois la perspective d’un Etat palestinien. Le 14ème sommet de la Ligue des Etats arabes s’ouvre ensuite les 27 et 28 mars 2002 dans la capitale libanaise. Il est marqué par l’absence du président égyptien Hosni Moubarak, du roi de Jordanie Abdallah II, ainsi que de Yasser Arafat. Ce dernier n’a en effet pas pu se rendre à Beyrouth faute de pouvoir obtenir la garantie d’un retour possible à Ramallah. L’organisme régional tente, depuis sa création en 1945, d’harmoniser les politiques des différents régimes face à la question palestinienne. Dès le début de la seconde Intifada, et avec l’intensification de la répression israélienne, il avait été décidé de mettre un terme aux représentations israéliennes dans chaque pays membres (à l’exception de la Mauritanie).
Suite aux propositions du saoudien Abdallah Ben Abdel Aziz, alors prince héritier, et à partir du plan établi durant le sommet de Fès en 1982, les 22 pays membres adoptent à l’unanimité le 28 mars 2002 le plan « Initiative de paix arabe ». Dans ce plan, le conseil arabe de la LEA demande « à Israël de revoir sa politique et de s’orienter vers la paix en annonçant qu’il adopte la paix globale comme choix stratégique ». Le conseil de la LEA « réclame » également qu’Israël se retire intégralement de tous les territoires occupés en 1967, reconnaisse la formation d’un Etat palestinien indépendant avec pour capitale Jérusalem-Est et s’étendant sur les territoires occupés de Gaza et de Cisjordanie. Il appelle par ailleurs à ce que la question des réfugiés palestiniens soit soumise à une « solution juste » en conformité avec la résolution 194 de l’Assemblée générale de l’ONU de décembre 1948. Cette initiative de paix arabe propose enfin la reconnaissance explicite de l’Etat d’Israël. Elle est pourtant immédiatement rejetée par le Premier ministre israélien Ariel Sharon qui refuse de se retirer sur les lignes du 4 juin 1967 pour des raisons de sécurité. Il cherche alors à se soustraire de tout accord qui imposerait un partage de l’Etat hébreu et préfère considérer les avancées arabes comme une stratégie de destruction contre son pays. Le 28 mars, 29 civils israéliens sont tués dans un attentat-suicide revendiqué par le Hamas et visant un hôtel où a été célébrée la pâque juive. L’opération « Rempart » est alors lancée le 29 mars dans le but de réoccuper l’ensemble de la Cisjordanie. Les combats reprennent donc, écartant une nouvelle fois une opportunité de faire avancer dans le processus de paix au Proche-Orient.
Bibliographie
– Alain Dieckhoff, Le conflit israélo-arabe, Paris, Armand Colin, 2011.
– Alain Gresh, Israël, Palestine, vérités sur un conflit, Paris, Fayard, 2007.
– Henry Laurens, L’Orient arabe à l’heure américaine, de la guerre du Golfe à la guerre d’Irak, Paris, Armand Colin, 2005.
– Le Monde
Lisa Romeo
Lisa Romeo est titulaire d’un Master 2 de l’université Paris IV-Sorbonne. Elle travaille sur la politique arabe française en 1956 vue par les pays arabes. Elle a vécu aux Emirats Arabes Unis.
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