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Début octobre, des troupes, tant syriennes qu’égyptiennes, se concentrent aux frontières avec Israël. Ces mouvements sont considérés comme des exercices par les autorités israéliennes, qui ne peuvent envisager une opération arabe contre eux, compte tenu de la supériorité des forces israéliennes. Néanmoins, le 6 octobre, jour de la fête religieuse du Kippour (fête du grand pardon), les forces égyptiennes et syriennes (de 400 000 à 500 000 soldats) lancent l’offensive contre Israël, les premières sur le canal, les secondes sur le Golan.
Les forces égyptiennes franchissent le canal et entrent dans le Sinaï sur 180 km. Quant aux forces syriennes, elles reprennent rapidement le Mont Hermon et Kuneitra. En ce jour de fête religieuse, Israël est surpris de l’attaque. Mais l’armée israélienne (350 000 hommes), à la suite de la mobilisation des réservistes, reprend l’avantage. Le Golan est notamment repris dès le 8 octobre, puis l’armée israélienne poursuit en direction de Damas, et reprend un territoire d’environ 500 km2. En parallèle, l’aviation israélienne bombarde des infrastructures stratégiques syriennes : ports, installations pétrolières, centrales électriques. De leur côté, les Soviétiques fournissent des armes à l’Egypte et à la Syrie, dès le 10 octobre, par un pont aérien. Si la reprise du Golan s’est faite rapidement, les opérations sont plus lentes dans le Sinaï, d’autant plus qu’Israël manque de matériel militaire, après les opérations contre la Syrie. Israël sollicite alors l’aide américaine, qui, après un refus initial, accepte de livrer des armes. Les livraisons commencent le 14 octobre et le même jour, l’armée israélienne reprend le canal et le franchit. Le 19 octobre, elle poursuit sa progression sur une trentaine de kilomètres en territoire égyptien, encerclant la IIIème armée égyptienne.
Sur le plan international, le Conseil de sécurité de l’ONU, réuni dès le 8 octobre, suit le déroulement du conflit. Mais les avis divergent sur la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat, dans le contexte de l’équilibre des puissances dans la région. Ainsi, au début du conflit, l’Union soviétique refuse le cessez-le-feu, afin de laisser à l’Egypte et à la Syrie leur chance. L’Egypte le refuse également, voulant qu’Israël s’engage, avant l’arrêt des combats, à rendre les territoires occupés en 1967. De son côté, Israël n’envisage pas la fin des combats sans une victoire territoriale totale.
Néanmoins, devant l’avancée des Israéliens en territoire égyptien, et afin de stopper leur progression, l’URSS demande le cessez-le-feu. Le 22 octobre, le Conseil de sécurité de l’ONU vote la résolution 338 qui demande le cessez-le-feu dans les 12 heures à venir, la mise en application de la résolution 242 votée à l’issue du conflit de 1967 et l’instauration d’une paix « juste et durable ». Même si la résolution 338 est acceptée le 22 octobre par l’Egypte et par Israël, et le 23 octobre par la Syrie, les combats se poursuivent en Egypte. L’armée israélienne est à 70 km à l’ouest du Caire et elle atteint Ismaïlia au nord. Le 23 octobre, le Conseil de sécurité vote une nouvelle résolution, la résolution 339, qui demande le cessez-le-feu et le retour aux lignes de cessez-le-feu du 22 octobre. Si le cessez-le-feu est respecté, Israël refuse en revanche de revenir sur ses positions du 22 octobre.
La guère du Kippour a également des répercussions sur le plan économique. Le 17 octobre à Koweït, les Etats arabes producteurs de pétrole décident de réduire de 5% leur production pétrolière jusqu’à ce qu’Israël rendent les territoires pris en 1967. Puis un embargo est décidé contre les Etats-Unis le 20 octobre à la suite de l’aide militaire apportée à Israël dès le 14 octobre. Les conséquences sont une hausse du pétrole (été 1973 : 3,07 dollars le baril, 20 octobre 1973 : 18 dollars le baril) : c’est le premier choc pétrolier.
Mais les négociations ne font que commencer, d’autant plus que les Etats-Unis et l’URSS, impliqués dans la région, sont en pleine guerre froide : tous deux tentent de ménager les Arabes, les premiers afin d’éviter un basculement en faveur de l’URSS, la seconde afin de préserver ses acquis diplomatiques dans la région. C’est ainsi que, le 22 octobre, l’Union soviétique décide d’intervenir militairement afin de porter secours à l’Egypte et prépare sa marine et ses forces aériennes. Les Etats-Unis ripostent en préparant leurs forces nucléaires. Israël, qui refusait de revenir sur ses positions du 22 octobre, est obligé de céder. Une nouvelle résolution, la résolution 340, est votée le 25 octobre, demandant à nouveau le respect du cessez-le-feu sur les lignes du 22 octobre et décide l’envoi d’une force des Nations unies (FUNU). Kissinger, président du Conseil national de sécurité, organise alors le 11 novembre une rencontre dans le désert égyptien, au kilomètre 101, entre Israéliens et Egyptiens. L’accord dit du kilomètre 101, signé entre le général israélien Yariv et le chef d’Etat major égyptien, le général Gamassi, décide de l’application du cessez-le-feu, du retour aux positions du 22 octobre, du ravitaillement de la IIIème armée et d’un échange de prisonniers. La tenue d’une conférence est également prévue en décembre à Genève.
Celle-ci débute le 21 décembre 1973, avec les Etats-Unis, l’URSS, l’Egypte, Israël et la Jordanie. La Syrie et les Palestiniens ne sont pas présents. Mais la conférence est un échec, chacun restant sur ses positions. Suivent des tractations diplomatiques effectuées par Henry Kissinger, qui arrive à faire signer un accord le 11 janvier 1974. Cet accord, signé au kilomètre 101 par les chefs d’Etat major israélien et égyptien, les généraux Elazar et Gamassi, décide du retrait des troupes israéliennes du canal et de leur remplacement par des troupes de l’ONU (FUNU) et de la réouverture du canal de Suez par l’Egypte. Les négociations concernant le Golan sont plus ardues. Après de nombreuses négociations menées par Kissinger, il est décidé fin mai 1974 qu’Israël rende le territoire conquis pendant le conflit d’octobre 1973, mais conserve le Golan. De son côté, la Syrie libère les prisonniers israéliens.
Bibliographie :
L’Histoire, Israël, de Moïse aux accords d’Oslo, Points Seuil, Paris, 572 pages.
Henry LAURENS, Le grand jeu, Orient arabe et rivalités internationales, Armand Colin, Paris, 1991, 447 pages.
Nadine PICAUDOU, Les Palestiniens, un siècle d’histoire, Editions Complexe, Bruxelles, 2003, 366 pages.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.
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