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Fayçal est né en 1906 à Ryad. Son père est Abdul-Aziz, également connu sous le nom d’Ibn Séoud, dont il est le quatrième fils sur quarante. Il perd sa mère lorsqu’il est âgé de quelques mois et est élevé, ainsi que ses deux frères ainés Turki et Séoud, par ses grands-parents maternels.
Avant la Première Guerre mondiale, son père Ibn Séoud, déjà émir du Nedj, souhaite conquérir la péninsule arabe : il reprend le Hassa aux Ottomans en 1913. A l’âge de treize ans, en 1919, le prince Fayçal est associé par son père aux affaires diplomatiques : alors que les négociations de l’après guerre ont débuté à Paris, les Britanniques convient Ibn Séoud à Londres. Leur but est de parvenir à une réconciliation entre les Hachémites du Hedjaz et les Séoud. C’est Fayçal qui s’y rend à la place de son père, trop occupé par les affaires intérieures et par la situation dans la région. Après la Grande-Bretagne, le prince Fayçal et sa délégation se rendent à Paris, où se tient la Conférence de la paix. A quinze ans, il est associé aux affaires militaires par son père, dont les conquêtes territoriales se poursuivent après la guerre : l’Asir en 1920, le nord contrôlé par la tribu des al-Chammar en 1921, le Hedjaz en 1924. En 1925, Ibn Séoud nomme son fils alors âgé de 20 ans vice-roi du Hedjaz. Le royaume d’Arabie saoudite est créé en 1932 et Fayçal en devient le ministre des Affaires étrangères.
Au Hedjaz, où il est toujours vice-roi, Fayçal s’occupe de l’entretien des sanctuaires et du bon déroulement du pèlerinage. Ses fonctions de ministre des Affaires étrangères d’Arabie saoudite l’amènent également à recevoir les membres du corps diplomatique et à se rendre à l’étranger lors de voyages officiels. En 1945, le roi Ibn Séoud et le président américain se rencontrent le 14 février à bord du croiseur Quincy, sur le lac Amer, situé entre Suez et Port-Saïd. La rencontre a été préparée par Fayçal au cours d’un voyage qu’il a effectué aux Etats-Unis quelques mois auparavant. Après la Seconde Guerre mondiale, Fayçal est à la tête de la délégation saoudienne à l’ONU. Il y retourne en 1947 lors du partage de la Palestine, auquel il est opposé.
Le 9 novembre 1953, le roi Ibn Séoud meurt. Son fils ainé Saoud lui succède à la tête du royaume. Fayçal est confirmé par son frère comme ministre des Affaires étrangères et désigné comme prince héritier.
Pendant son règne, le roi Saoud se montre peu capable de gouverner son pays, plus intéressé par la chasse au faucon, les promenades à cheval et les parties de plaisir. Fayçal prend alors en main les affaires du pays, mais la mauvaise gestion du roi Saoud entraine des difficultés dans le domaine économique et en politique extérieure. Fayçal est nommé Premier ministre de 1958 à 1960 afin de redresser l’économie du royaume, mais son frère le contraint à démissionner. Il revient néanmoins au pouvoir en 1962, à la demande de Saoud. Sur le plan de la politique extérieure, Fayçal s’oppose au président égyptien Nasser et à sa politique panarabe, et au communisme. Sur le plan intérieur, il apparaît nécessaire à la famille royale de remplacer le roi Saoud par son frère Fayçal. Le 29 octobre 1964, les princes du sang et les oulémas proclament Fayçal roi d’Arabie saoudite.
Le 2 novembre 1964, le nouveau roi prête serment sur le Coran. Le souverain, très pieux, attache une grande importance à ses devoirs religieux, et applique la loi du Coran. En politique intérieure, il souhaite moderniser le pays tout en respectant ses traditions et en politique extérieure, il entend devenir le champion de l’unité arabe, tout en entretenant l’amitié avec les Etats-Unis. Fayçal est en effet un opposant au communisme, et les Etats-Unis sont considérés comme les garants du libéralisme et de l’anti-communisme. Fayçal s’oppose en outre au sionisme.
Sur le plan intérieur, le roi Fayçal prend plusieurs mesures. Dans le domaine économique, il met en place une politique visant à moderniser le pays, par des plans de développement quinquennaux. Le roi Fayçal modifie également les structures de l’administration, en redéfinissant les fonctions de chaque ministère. Ainsi, dans le domaine de la Défense, Fayçal remplace l’Ikwan, organisation militaire, par une Garde nationale, une armée et une Milice du désert. Sur le plan agricole, il augmente le budget du ministère de l’Agriculture, se penche sur la recherche de nappe phréatiques et met en œuvre un plan de « fertilisation du désert » où il fait pousser des céréales. Dans le domaine des voies de communication, il lance la construction de ports, de routes, de chemin de fer, d’aéroports. Dans l’éducation, des écoles gratuites sont ouvertes et dans la santé, des hôpitaux et dispensaires gratuits sont également construits.
Ces investissements, outre la volonté de modernisation du pays voulu par le roi, sont rendus possible par les revenus du pétrole.
Sur le plan extérieur, le roi, qui s’est opposé à la création de l’Etat d’Israël en 1947, entretient des relations cordiales avec les Etats-Unis, pourtant soutien de l’Etat hébreu. Le roi souhaite défendre l’unité arabe et mettre en œuvre une politique destinée à reprendre la ville de Jérusalem, ville sainte (de même que La Mecque et Médine). Comme l’évoque Benoit-Méchin : « Il s’est juré à lui-même de ne pas mourir sans avoir été prier à la Mosquée El Aqsa et y avoir embrassé la pierre du Dôme du Rocher où le Prophète a laissé l’empreinte de son pied. Or, depuis juin 1967, le Dôme du Rocher et la Mosquée El Aqsa sont aux mains des Israéliens » [1]. Il pense pouvoir s’appuyer sur la diplomatie américaine pour parvenir à mettre en œuvre « la dynamique de la paix ». Cependant, la guerre israélo-arabe de 1973 le pousse à prendre des mesures contre l’Occident, estimant que l’Occident ne prend pas en considération les demandes arabes : Fayçal est à l’origine des mesures prises par l’OPEP (augmentation de 70% du prix du pétrole ; réduction de 5% de la production par mois jusqu’à ce qu’Israël se retire de tous les territoires occupés depuis 1967). En parallèle, Fayçal apporte son appui aux Palestiniens et à l’OLP de Yasser Arafat. Il entreprend également de détacher la Syrie et l’Egypte de l’URSS et de les rapprocher des Etats-Unis.
Fayçal est également à l’initiative de la création en 1972 de l’Organisation de la Conférence islamique, appelée de nos jours Conférence islamique, dont la charte décide d’une solidarité musulmane et d’une coopération économique, sociale et culturelle. Elle réunit 42 Etats musulmans et le siège du secrétariat général de la Conférence est installé à Djedda.
Le 25 mars 1975, le roi Fayçal est assassiné par son neveu Fayçal Ibn Messaed. L’émir Khaled, frère de Fayçal, devient roi d’Arabie saoudite.
Pour aller plus loin avec les articles publiés dans Les clés du Moyen-Orient :
– Hussein ibn Talal, roi de Jordanie
Bibliographie :
Georges de Bouteiller, L’Arabie saoudite, cité de Dieu, cité des affaires, puissance internationale, Paris, PUF, 1981, 218 pages.
Benoit-Méchin, Fayçal, roi d’Arabie, Paris, Albin Michel, 1975, 302 pages.
David Rigoulet-Roze, Géopolitique de l’Arabie saoudite, Paris, Armand Colin, 2005, 308 pages.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.
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