Accueil / Portraits et entretiens / Entretiens
Aurélie Daher est titulaire d’une thèse en science politique de Sciences Po Paris. Elle a été chercheur à l’Université d’Oxford et a enseigné à l’Université de Princeton. Elle travaille essentiellement sur la politique libanaise, l’alliance syro-iranienne et le chiisme politique.
En 2014, elle a publié Le Hezbollah, Mobilisation et Pouvoir aux éditions PUF, Paris.
Le dossier de la présidentielle libanaise est bloqué depuis une vingtaine de mois. Au départ, les candidatures se sont opposées autour de l’éternelle rivalité entre Samir Geagea, chef des Forces libanaises, principal parti chrétien affilié au 14 Mars pro-occidental et pro-saoudien, et Michel Aoun, chef du Courant Patriotique Libre, principal parti chrétien du 8 Mars pro-syrien et pro-iranien. Une première candidature sur laquelle la classe politique a réellement commencé à plancher n’a été proposée qu’en décembre 2015, il y a deux mois, lorsque l’ancien Premier ministre Saad Hariri a soumis le nom de Sleiman Frangié, chef des Marada, un petit parti chrétien pro-syrien. Cela a alors provoqué la surprise. Mais les Libanais allaient être encore plus étonnés à la mi-janvier, quand Samir Geagea répondait à l’initiative de Hariri en annonçant publiquement son soutien… à la candidature de Aoun.
Le Hezbollah dans cette configuration est le véritable arbitre. Son comportement étonne actuellement les observateurs. En effet, son candidat est officiellement Aoun. Pourtant, malgré l’initiative de Geagea, il se retient d’envoyer ses députés au Parlement pour entériner l’élection de Aoun. La raison à cela est qu’en réalité, le premier choix du Hezbollah est Frangié. Mais accepter Frangié dans la configuration actuelle, c’est accepter également Hariri au poste de Premier ministre. C’est un double deal. Et le Hezbollah ne veut pas d’un retour du chef du Courant du Futur à la tête du gouvernement.
Elles n’ont pas une incidence aussi bloquante qu’on le soutient parfois. Certes, l’Iran comme l’Arabie devront donner leur bénédiction à l’élection du candidat qui réussira à être retenu. Mais l’Iran tout d’abord laisse les mains libres au Hezbollah en la matière, Téhéran fait totalement confiance à son protégé. Quant à l’Arabie, étant donné que Aoun comme Frangié sont soutenus par un groupe du 14 Mars, elle ne semble pas avoir non plus d’objection impossible à lever dans un cas comme dans l’autre. Quasiment tout est négociable à priori.
Il y a plusieurs raisons à cela. La principale relève de difficultés budgétaires du Royaume conjuguées à des soucis de succession ; le roi précédent s’était engagé à financer ce don à l’armée libanaise, mais ses successeurs ne veulent plus le payer. Ils attendent du roi actuel qu’il le fasse, ce qui ne semble pas être dans ses prévisions.
Difficilement. Il y a aujourd’hui plus d’un million et demi de réfugiés syriens, auxquels s’ajoutent près d’un demi million de réfugiés palestiniens. Soit un total de deux millions pour une population libanaise estimée à un peu plus de quatre millions. Un réfugié pour deux Libanais. Cela cause d’énormes soucis sur le plan du logement, de l’éducation, du travail, et dans une certaine mesure, à l’aune des progrès réalisés par l’Etat islamique et Jabhat al-Nusra, sur le plan sécuritaire.
Elle est double. L’Etat islamique menace le territoire libanais depuis la Syrie, les frontières étant tenues tant bien que mal par l’armée, et dans une certaine mesure par le Hezbollah. Mais c’est aussi une menace interne, déjà installée au Liban, à travers les poches de non-droit qui parsèment les régions sunnites, notamment dans le nord. Dans ces zones sous autorité étatique faible, l’Etat islamique comme Jabhat al-Nusra ont leurs sympathisants voire des militants disposés à leur servir de relais en territoire libanais.
Lire également :
Entretien avec Aurélie Daher – Le point sur le Hezbollah
Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.
Aurélie Daher
Aurélie Daher est titulaire d’une thèse en science politique de Sciences Po Paris. Elle a été chercheur à l’Université d’Oxford et a enseigné à l’Université de Princeton. Elle travaille essentiellement sur la politique libanaise, l’alliance syro-iranienne et le chiisme politique.
En 2014, elle a publié Le Hezbollah, Mobilisation et Pouvoir aux éditions PUF, Paris.
Autres articles sur le même sujet
Le Liban et son environnement régional n’en finissent pas de changer de visage ces derniers mois. Le 9 février, après des discussions tumultueuses, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a finalement formé un gouvernement. Constitué de personnalités reconnues dans leur domaine, il comporte aussi des (...)
par Entretiens,
Politique •
13/02/2025 • 6 min
,
,
dans
En réponse à l’assassinat du haut responsable du Hezbollah Fouad Chokr dans une frappe israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth le 30 juillet, le Hezbollah a lancé une riposte sur le territoire israélien le 25 août. Juste avant cette riposte attendue depuis plusieurs semaines, l’armée israélienne (...)
par Entretiens,
Politique, Zones de guerre •
05/09/2024 • 6 min
,
,
dans
Ancien journaliste d’investigation à l’Orient Today et ancien analyste senior chez Kharon Data, Albin Szakola répond aux questions des Clés du Moyen-Orient sur la présence militaire israélienne à la frontière avec le Liban.
par Entretiens,
Politique, Zones de guerre •
20/08/2024 • 4 min
,
,
dans
Depuis les frappes dans la banlieue sud de Beyrouth le 30 juillet et l’assassinat du chef politique du Hamas Haniyet à Téhéran dans la nuit du 30 au 31 juillet, les menaces se multiplient, faisant craindre une guerre majeure, notamment au Liban. Israël et le Hezbollah libanais se livrent une guerre (...)
par Entretiens,
Économie, Politique, Zones de guerre •
19/08/2024 • 4 min
,
,
dans
Poursuivre votre lecture
Zones de guerre
Liban
Politique
Jean Marcou, professeur émérite à Sciences Po Grenoble-UGA, chercheur au CERDA2, chercheur associé à l’IFEA (Istanbul), à la FMES (Toulon) et au CFRI (Paris), revient dans cet entretien sur les raisons expliquant la chute de Damas, et sur la question de savoir si le HTC a reçu un appui extérieur. Il (...)
par Entretiens,
Diplomatie, Zones de guerre •
12/12/2024 • 7 min
,
,
dans
L’élection de Joseph Aoun à la présidence libanaise et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre pour succéder à Najib Mikati ouvrent un (...)
par Analyses de l’actualité,
Politique, Diplomatie •
23/01/2025 • 5 min
,
dans
31/07/2024 • 4 min
21/12/2023 • 6 min
08/12/2023 • 5 min
04/11/2023 • 7 min