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EN LIEN AVEC L’ACTUALITE EN EGYPTE : qui sont les Coptes ?

Par Lisa Romeo
Publié le 11/10/2011 • modifié le 02/03/2018 • Durée de lecture : 4 minutes

Les origines des coptes

L’Eglise égyptienne se serait constituée sous la prédication de l’évangéliste Marc vers 43-48 à Alexandrie. La nouvelle foi aurait probablement trouvé d’abord un certain écho dans l’importante communauté juive de la ville et se serait ensuite diffusée progressivement dans les campagnes égyptiennes. L’Eglise d’Alexandrie devient alors un important centre intellectuel de la chrétienté et compte au Ve siècle une centaine d’évêchés dispersés dans l’ensemble du territoire.

Les dogmes et les rites coptes

Dans un contexte de rivalité entre les patriarcats d’Alexandrie et de Constantinople et dans le souci de définition des dogmes du christianisme, l’Eglise d’Egypte marque son particularisme au Ve siècle et s’éloigne définitivement de l’Eglise romaine sans pour autant se rattacher à l’Eglise gréco-slave issue du schisme de 1054 entre les Eglises d’Orient et d’Occident. En effet, passée sous domination byzantine, l’Eglise d’Egypte ne voit pas d’un très bon œil la volonté de Constantinople de contrôler son église. Par ailleurs, la doctrine du christianisme n’est pas encore véritablement définie et de nombreux courants et écoles de pensée se disputent son interprétation durant les premiers siècles. Différents synodes et conciles sont alors organisés pour s’accorder sur les dogmes et contrer certains mouvements hérétiques.

C’est notamment sur la question de la trinité divine que l’Eglise d’Egypte se sépare définitivement de l’Eglise romaine. Lors du concile de Chalcédoine en 451, la double nature du Christ, humaine et divine, est affirmée. Les coptes soutiennent alors que l’humanité et la divinité sont unies et constituent une seule nature « sans mélange et sans confusion » : ils se déclarent monophysites (tout comme l’Ethiopie, les Arméniens et les jacobites de Syrie). Les monophysites égyptiens, qui prêchent en langue copte et non en grec, sont rapidement soutenus par une majorité de la population qui rejette de plus en plus les milieux hellénisés du pouvoir. Pendant les siècles qui suivent, certains ont cherché à réconcilier les monophysites à la foi romaine, en vain, isolant toujours plus les coptes au sein du monde chrétien.

Aujourd’hui, ces querelles dogmatiques n’ont pas vraiment de sens et l’Eglise copte suit dans sa grande généralité les principes de la chrétienté, s’appuyant sur les Saintes Ecritures et sur les différents textes liturgiques et canoniques des conciles. Ils ne reconnaissent cependant pas les théories du purgatoire qu’ont développé les catholiques au Moyen-Age. La Vierge Marie détient aussi selon eux un rôle essentiel : elle est la Theotokos, la Mère et la Génitrice de Dieu.

La principale originalité des coptes réside dans sa liturgie qui s’imprègne d’influences pharaoniques et grecques. Ses rites sont dits alexandrins. La religion est un élément essentiel pour les coptes, ses messes pouvant durer jusqu’à trois heures sont très largement suivies. La vie du fidèle est ponctuée de nombreuses journées de jeûne, pèlerinages et fêtes religieuses.

L’évolution des coptes dans le temps

L’Egypte passe en 641 de la domination byzantine à une domination musulmane. La conquête musulmane laisse dans un premier temps une relative liberté aux coptes. Ceux-ci apportent une précieuse aide pour le développement de la vie économique et administrative du pays. Les coptes prennent alors le statut de dhimmi et payent au calife un tribut. Mais leur sort se dégrade au fur et à mesure que les dynasties et les souverains assoient leur pouvoir.

De nombreux coptes se convertissent à l’Islam. C’est aussi vers le Xème siècle que la langue copte commence à être reléguée au seul usage liturgique au profit de l’arabe comme langue vivante. Le siège du patriarcat est transféré d’Alexandrie au Caire au XIème siècle. La population copte représente 10 % des Egyptiens à partir de la domination des Ottomans. La production intellectuelle, artistique et architecturale importante qui avait marqué les premiers temps de l’Eglise copte commence à décliner à partir du XIIIème siècle et ne connaitra un renouveau qu’au XIXème siècle avec l’arrivée au pouvoir de Mehmet Ali (1805-1849). En effet, soucieux du développement de l’Egypte, le khédive favorise l’émancipation de la communauté copte. L’égalité entre les chrétiens et les musulmans est finalement proclamée en 1855.

Fervents nationalistes, les coptes se considèrent comme les véritables descendants des pharaons. Ils participent activement à la lutte pour l’indépendance égyptienne du parti Wafd. De nombreux coptes accèdent alors à des fonctions dans l’administration gouvernementale et une bourgeoisie chrétienne se constitue peu à peu. L’émancipation est accompagnée d’un renouveau culturel et spirituel. Des écoles, comme les Ecoles du dimanche, font redécouvrir aux chrétiens leurs richesses culturelles et religieuses. Le monachisme connait également un renouveau certain.

Avec la révolution de 1952, la politique de socialisation et le retour à un parti unique par Nasser éloignent une nouvelle fois les coptes de la vie publique et poussent certains d’entre eux à quitter le pays. La Constitution égyptienne proclame l’égalité des citoyens sans distinction de religion mais précise également que l’Islam est la religion de l’Etat. L’accentuation par le président du caractère arabe et musulman de l’Egypte isole les coptes dans la société égyptienne. L’arrivée de Sadate au pouvoir en 1970 améliore dans un premier temps leur situation, mais la montée de l’intégrisme dans le pays augmente leur insécurité.

Bibliographie :
Laurence Albert, Les Coptes, la foi du désert, Paris, Editions de Vecchi S.A, 1998
Jean-Michel Billioud, Histoire des chrétiens d’Orient, Paris, L’Harmattan, 1995
Christian Cannuyer, L’Egypte copte, les chrétiens du Nil, Paris, Découvertes Gallimard/Institut du Monde arabe religion, 2000
Jean-Pierre Valognes, Vie et mort des chrétiens d’Orient, des origines à nos jours, Paris, Fayard, 1994

Publié le 11/10/2011


Lisa Romeo est titulaire d’un Master 2 de l’université Paris IV-Sorbonne. Elle travaille sur la politique arabe française en 1956 vue par les pays arabes. Elle a vécu aux Emirats Arabes Unis.


 


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