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Dr Charles Habib Malik (1906-1987), le rôle majeur du diplomate et universitaire libanais dans la rédaction de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme

Par Claudine Serre
Publié le 12/02/2019 • modifié le 12/02/2019 • Durée de lecture : 10 minutes

Photo prise le 22 septembre 1948 du Palais de Chaillot à Paris lors de l’Assemblée des Nations-Unies à l’issue de laquelle fut adoptée le 10 décembre 1948 la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. L’Assemblée générale de l’ONU s’est ouverte le 21 septembre 1948 et s’est achevée le 10 décembre après avoir adopté à l’unanimité, mais avec l’abstention du bloc soviétique, la Déclaration universelle des Droits de l’homme.

STF / INTERCONTINENTALE / AFP

La Déclaration universelle des droits de l’homme, dont le soixante-dixième anniversaire a été célébré le 10 décembre 2018, doit beaucoup à la présidente du Comité de rédaction, Eleanor Roosevelt, ancienne première dame des Etats-Unis, connue pour ses engagements en faveur des défavorisés ; au Français René Cassin ; à Hansa Mehta, éminente figure de l’indépendance de l’Inde ; mais aussi à un homme qui occupa un rôle central dans les négociations, le Dr Charles Habib Malik, diplomate, homme politique et universitaire libanais.

Du Liban à Harvard puis à Fribourg, un jeune universitaire sous le choc de l’Allemagne nazie

A priori son parcours ne le prédisposait pas à occuper des fonctions de plus en plus stratégiques au sein du système des Nations unies. Né en 1906 à Bitirram, au nord du Liban, village entouré de montagnes où son père était médecin, de parents chrétiens orthodoxes arabes, il est élève à l’Ecole missionnaire américaine de Tripoli, puis étudie à l’université américaine de Beyrouth. Le Liban d’alors représente un mélange exceptionnel d’hommes et de femmes de toutes religions et cultures, y compris celle de la France. Le jeune homme apprend l’arabe, le français, l’anglais et se passionne pour la lecture de la Bible. Il s’intéresse également aux mathématiques, à la physique et à la philosophie, en particulier à la philosophie des sciences.

Envoyé comme étudiant à Harvard en 1932, son sérieux impressionne. Les enseignants décident alors d’octroyer à Charles Malik une bourse pour voyager, et il se rend ainsi à l’université de Fribourg, afin étudier la philosophie auprès de Martin Heidegger. Mais il fit très vite l’objet d’attaques physiques de la part des Nazis qui le prenaient pour un ressortissant juif. Il regagna Harvard, marqué par cette expérience. Il décrira plus tard les professeurs commençant leurs cours par un salut nazi auquel les étudiants répondaient en tendant le bras (1). Après avoir achevé son doctorat sur Les Métaphysiques du Temps et les philosophies de Whitehead et de Heidegger, il retourna à Beyrouth pour enseigner à l’université américaine.

Ambassadeur du Liban aux Etats-Unis et aux Nations unies, un engagement fort dans la rédaction de la Déclaration

A l’issue de la Seconde Guerre mondiale et de l’indépendance du Liban, alors que son souhait était de poursuivre une carrière universitaire, il fut désigné par les officiels comme ambassadeur de son pays aux Etats-Unis et aux Nations unies. Après avoir présenté ses lettres de créance le 19 avril 1945 au président Truman, il fut aussitôt envoyé à la Conférence de San Francisco, où fut négocié et approuvé l’acte fondateur de l’Organisation des Nations unies. Le Liban obtint l’un des dix-huit sièges au Conseil Economique et social. Son travail et son engagement y furent appréciés et remarqués. Il devait, par la suite, en devenir le président.

Pour l’heure, en 1947, son action se concentra sur la Commission des Droits de l’Homme. En janvier 1947, celle-ci se réunit en séance plénière et élit, par acclamations, présidente, l’ancienne première dame des Etats-Unis Eleanor Roosevelt ; vice-président, le Dr Peng-Chun-Chang, diplomate chinois ; rapporteur, le Dr Charles Malik. Les premiers débats furent avant tout philosophiques. Le Dr Peng reprochait à ses collègues américains et européens d’être trop centrés sur leurs propres cultures occidentales, figées dans les principes du XIXème siècle, moment fort des empires coloniaux, et de tenir des propos paternalistes et condescendants. La Déclaration universelle, déclara le Dr Peng, devra contenir également des idées de Confucius et de Saint Thomas d’Aquin, auquel Charles Malik se référait. Ce débat intellectuel nourrissait les échanges entre les deux hommes lors de dîners qu’organisait Eleanor Roosevelt. Celle-ci tenait en effet à ce que les dix-huit membres du Comité de rédaction de la Déclaration apprennent à mieux se connaître, ainsi qu’à prendre en considération leurs différences culturelles.

Très vite, dans les discussions qui durèrent près de deux ans, les régimes communistes voulurent imposer dans les principes de la Déclaration la prééminence de la communauté sur l’homme. Eleanor Roosevelt, soutenue par Charles Malik et le Français René Cassin, devinant les menaces qui pèseraient alors sur les libertés individuelles, s’opposa à une telle orientation. Charles Malik réagit très vivement. Pour lui, l’être humain et son individualité passaient avant tout groupe, classe sociale, religion ou race. Pour cet illustre libanais « La pensée et la conscience sont les éléments les plus sacrés et les plus inviolables de l’homme. Le groupe peut se tromper autant qu’un être humain ; dans tous les cas c’est seulement l’être humain qui est compétent pour en juger. »

Eleanor Roosevelt appuya ses propos : « La déclaration de Charles Malik est d’une importance primordiale… Il ne s’agit pas d’exclure l’individu de la société mais de reconnaître que dans chaque société, chaque être humain a des droits individuels qui doivent être protégés. »

Soutien à Eleanor Roosevelt pour une intégration claire de l’égalité hommes-femmes dans la Déclaration

Le Dr Malik allait aussi jouer un rôle central dans la pleine reconnaissance de l’égalité entre les hommes et les femmes. Sur les dix-huit membres du Comité de rédaction, il n’y avait que deux femmes. Outre Eleanor Roosevelt, Hansa Mehta, héroïne de l’indépendance de l’Inde et proche de Gandhi, représentait son pays. De discussions en discussions, celle qui avait hissé le drapeau de l’Inde en 1947 intervenait en ayant à l’esprit le sort des filles et des femmes de l’Inde. Elle s’imposa très vite dans les négociations, d’abord sur les points concernant l’éducation. Il n’était pas question de rédiger une Déclaration universelle qui, de facto, ne concernerait que certains pays occidentaux. Priorité fut donc donnée à l’enseignement primaire avant l’enseignement secondaire.

Les rédactions des articles 1 et 2 donnèrent lieu à d’âpres discussions. Hansa Mehta refusa avec énergie l’emploi du terme « tous les hommes » « all men » pour représenter l’ensemble des habitants de la planète à l’article 1 de la Déclaration. Elle démontra clairement que la mention du mot « homme » serait utilisée dans de nombreux pays pour exclure les femmes des droits qui seraient inscrits dans le texte de la Déclaration.

Après de longues, parfois interminables, discussions et sessions, et avec les soutiens de quelques délégations, dont l’appui essentiel de Charles Malik sur la prise en compte des droits des femmes, Hansa Mehta réussit, au bord de l’épuisement, à obtenir que le mot « hommes » soit remplacé par l’expression « êtres humains ». C’est celui qui est utilisé dans la version française. Article premier : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. » L’article 2 mentionne les droits « sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de religion, d’opinion politique etc. »

La question de l’universalisme des droits de l’homme, chère à Charles Malik, donna lieu à des discussions serrées, en particulier sur la question du respect de la liberté individuelle. Le problème de la diversité culturelle donna lieu à des débats. Après des échanges avec des représentants de différentes religions, il apparut, notamment grâce au rayonnement de ce diplomate libanais également universitaire et spécialiste des religions, qu’un socle commun de droits humains pouvait être reconnu pas l’ensemble des Etats concernés.

Selon l’historienne Mary Ann Glendon (2), le diplomate libanais estimait qu’avec le temps, « … les principes de la Déclaration mettraient en lumière un accord implicite déjà opérationnel, peut-être inconsciemment, dans les systèmes et modes de vie des différents Etats et peut-être consciemment, agrandiraient et renforceraient les points d’accords. » Ce qui ne manqua pas d’arriver.

Cependant, en mai 1948, la fondation de l’Etat d’Israël et la question palestinienne divisaient les rédacteurs de la Déclaration en deux camps. Charles Malik se retrouvait partagé entre son patriotisme arabe et ses valeurs chrétiennes et humaines. Il participa à la préparation de la déclaration que les délégués arabes allaient publier lorsque les armées égyptiennes, jordaniennes, syriennes et libanaises entreraient en Palestine, le 15 mai. Pour autant, il continua de se plonger dans la rédaction de la Déclaration.

Malgré les efforts d’Eleanor Roosevelt et d’autres intervenants de ne pas être empêchés de poursuivre la rédaction de la Déclaration par la situation internationale au Moyen-Orient, à cela s’ajouta un autre motif de tension, avec la nomination par Staline d’un nouveau délégué soviétique, Alexei P. Pavlov. Celui-ci voulut remettre en cause tous les points déjà acceptés entre les dix-huit rédacteurs. Lors des attaques de cet ambassadeur contre les Etats-Unis, notamment sur la question du racisme, et sa volonté d’imposer des points de vue purement communistes, Eleanor Roosevelt tint bon, et reçut le soutien, outre de René Cassin, de Charles Malik et du Canadien John Humprhrey qui n’entendait pas remettre en cause dans la Déclaration les droits aux libertés individuelles.

Alors qu’il fallait aboutir à un accord pour faire adopter la Déclaration en décembre 1948, lors de la tenue de l’Assemblée Générale des Nations unies à Paris, les relations entre le bloc soviétique et les Etats occidentaux étaient au plus bas et le monde était à nouveau au bord d’une confrontation majeure. Les avions américains et britanniques survolaient Berlin. L’atmosphère était si tendue qu’Eleanor Roosevelt écrivit qu’elle avait peur de ne pas obtenir les deux tiers des votes nécessaires pour l’adoption de la Déclaration, craignant un refus de la part des pays arabes pour des raisons religieuses, et des pays communistes pour des raisons politiques.

Un rôle majeur dans l’adoption de la Déclaration en pleine crise Est-Ouest

Le 9 décembre 1948 à 20 heures 30, Charles Malik monta à la tribune et introduisit la Déclaration devant l’Assemblée Générale des Nations unies. Il déclara que, contrairement aux précédentes, celle-ci, par son universalité, représentait une nouveauté car elle réussissait à intégrer une synthèse de toutes les traditions et sagesses, de l’Asie, de l’Amérique Latine et des autres continents. Une telle prouesse n’avait jamais été réalisée dans l’Histoire.

Il rendit hommage à l’Inde qui avait apporté le principe de non-discrimination, en particulier à l’égard des femmes. La France, déclara-t-il, avait offert l’élégance de la rédaction. Il y eut, après lui, trente-cinq interventions. Puis, Eleanor Roosevelt, en tant que présidente du Comité de rédaction, déclara que cette Déclaration pourrait devenir la Magna Carta de tous les êtres humains, et que son adoption deviendrait un événement aussi important que la Déclaration des droits de l’homme de 1789 en France et de la United States Bill of Right des Etats-Unis.

Au dernier moment, des tentatives furent effectuées par des Etats catholiques d’Amérique Latine, comme le Chili, pour insérer le « droit à la vie, y compris pour les fœtus ». Les Soviétiques quant à eux, sous les ordres de Joseph Staline, tenaient des propos de plus en plus agressifs envers les Etats-Unis. L’URSS se rendait compte du succès grandissant du pont aérien des pays occidentaux, en particulier des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et dans une moindre mesure, de la France, dont l’aviation militaire était alors engagée en Indochine, pour ravitailler Berlin et ses habitants face au blocus soviétique.

Aussi l’adoption de la Déclaration n’était pas assurée. Eleanor Roosevelt craignait que certains Etats la refusent. Mais Charles Malik joua alors un rôle crucial, comme le raconte son fils, Habib Malik, interrogé à l’occasion de la célébration du 70ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, dans un entretien au quotidien Le Temps (3). Son père, le Dr Malik a en effet agi en coulisses, la nuit avant le vote final :
« Il commença par féliciter les Soviétiques, puis, avec le diplomate pakistanais Muhammad Zarafullah Khan, il s’efforça de convaincre les Saoudiens de s’abstenir lors du vote. Ces derniers refusaient l’idée de pouvoir changer de religion, un choix qui était considéré comme un acte d’apostasie (4). »
« Quant à mon père, on peut lui attribuer la paternité de l’article 18 de la Déclaration universelle au sujet de la liberté de religion. Pour l’anecdote, en juin 1948, alors qu’il faisait la navette entre New York et Washington, l’ex-First Lady Eleanor Roosevelt, première présidente de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, lui demanda s’il pouvait rédiger le préambule de la Déclaration. C’est sa version qui fut adoptée (5).  »

Finalement, après 83 réunions, dont certaines de plusieurs jours, voire de plusieurs semaines et 170 amendements, le 10 décembre 1948, la Déclaration universelle fut adoptée, sans vote contraire, ce qui représentait une prouesse diplomatique, et avec huit abstentions : Biélorussie, Tchécoslovaquie, Pologne, Arabie saoudite, Afrique du Sud, Union soviétique, Ukraine et Yougoslavie. L’Assemblée générale de l’ONU réserva à Eleanor Roosevelt une ovation debout.

Des responsabilités prestigieuses aux Nations Unies et au Liban après l’adoption de la Déclaration universelle

« Je ne vois pas », déclara Charles Malik, « comment, sans sa présence nous aurions pu accomplir tout ce que nous avons accompli. » De son côté, Eleanor Roosevelt ne manqua pas de lui rendre hommage, tant leur collaboration était devenue empreinte de complicité et de respect mutuel. L’ancienne Première dame des Etats-Unis proposa ainsi que celui-ci devienne en 1951 son successeur à la présidence de la Commission des droits de l’homme, poste qu’il assuma jusqu’en 1953. Tout en occupant ces fonctions, il reprit celle d’ambassadeur du Liban auprès des Etats-Unis de 1953 à 1955.

Le 18 novembre 1956, le diplomate et universitaire fut nommé ministre des Affaires étrangères et de l’Education du Liban. Son rôle au sein des Nations unies connut une ultime et belle reconnaissance, puisqu’en 1958, il fut chargé de présider l’Assemblée générale des Nations unies, charge prestigieuse décidée par l’ensemble des Etats membres. A cette occasion, il fut rappelé que le Dr Malik avait, depuis 1945, participé à chaque Assemblée générale de l’Organisation.

De retour dans des activités universitaires, il reçut un nombre considérable de distinctions honorifiques d’universités américaines et étrangères. De son côté, Eleanor Roosevelt fut proposée pour être lauréate du prix Nobel de la paix, mais la France, notent les historiens américains, ayant souhaité que ce prix fût partagé avec le Français René Cassin, le Comité Nobel aurait suspendu cette nomination. Par la suite, en 1962, John Kennedy annonça à Eleanor Roosevelt qu’il avait adressé un courrier au Comité Nobel de la Paix d’Oslo en sa faveur. Elle lui répondit qu’elle pensait que rien n’en sortirait.

Eleanor Roosevelt eut raison et décéda la même année, sans reconnaissance internationale suprême. Ce sera finalement René Cassin, seul, qui sera désigné lauréat du prix Nobel de la paix en 1968. Ni le Dr Malik, qui avait tant œuvré au sein des Nations unies pour un rapprochement entre l’Orient et l’Occident, ni Hansa Mehta, ni certains des autres membres du Comité de rédaction, n’eurent droit à une reconnaissance aussi prestigieuse.

Charles Malik s’éteignit le 28 décembre 1987, à Beyrouth, ayant laissé derrière lui un impact considérable sur les valeurs que défendent encore aujourd’hui les Nations unies.

Pour appréhender l’histoire au jour le jour de cette négociation, il est recommandé la lecture d’un excellent ouvrage historique : A World Made New, Eleanor Roosevelt and the Universal Declaration of Human Rights, par Mary Ann GLENDON, Random House, New York 2002. ISBN 0-375-76046-6. Mary Ann Glendon est professeure de droit à l’université d’Harvard (Etats-Unis).

Lire également les articles de Claudine Serre :
 Eve Curie, une héroïne de la France Libre dans les conflits du Proche et Moyen-Orient (1904-2007)
 Caroline Kurhan, Palais oubliés d’Egypte
 Entretien avec le Dr Mechtild Rössler, directrice de la Division du patrimoine et du Centre du patrimoine mondial à l’UNESCO – Les enjeux du patrimoine mondial

Notes :
(1) Charles Malik, Quatorze mois en Allemagne, manuscrits non publiés dans les papiers de Charles Malik, Library of Congress, retranscrits dans A world made new, Eleanor Roosevelt and The Universal Declaration of Human Rights par Mary Ann Glendon, Random House, New York, 2002.
(2) A world made new, Eleanor Roosevelt and the Universal Declaration of Human Rights, page 222.
(3) Mon père, Charles Malik, a rédigé l’article sur la liberté de religion, entretien avec Stéphane Bussard, Le Temps, quotidien suisse, 9 décembre 2018.
(4) Idem.
(5) Idem.

Publié le 12/02/2019


Après une jeunesse entre la France et les Etats-Unis, Claudine Serre, diplomate honoraire, a occupé des postes au Quai d’Orsay tant dans les secteurs politiques et stratégiques qu’économiques et culturels portant sur les différentes régions du monde ou traitées dans le cadre des organisations internationales du système des Nations unies. Par ailleurs titulaire d’un doctorat de troisième cycle en histoire, elle est ancienne auditrice de l’IHEDN (40ème session nationale). Claudine Serre était jusqu’à fin 2014 Deuxième Conseillère à la Délégation Permanente de la France auprès de l’Unesco.


 


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