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Décès de l’idéologue du Hezbollah, Mohammed Hussein Fadlallah

Par Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Publié le 06/07/2010 • modifié le 03/05/2020 • Durée de lecture : 3 minutes

Mourners sit close to the covered body of Lebanese Shiite Muslim Grand Ayatollah, Mohammed Hussein Fadlallah are seen on July 5, 2010 at a mosque in Beirut’s southern suburbs, one day before his funeral following his death on July 4 at the age of 75. Fadlallah, a former spiritual mentor of the Lebanese militant group Hezbollah, was a top authority of Shiite Islam revered in Lebanon and the region, including his native Iraq.

AFP PHOTO/ANWAR AMRO

Le parcours de Mohammed Hussein Fadlallah

Mohammed Hussein Fadlallah est né en 1935 à Najaf en Irak. Son père, Libanais arrivé en Irak en 1928, étudiait la théologie dans cette ville. Mohammed Hussein Fadlallah s’intéresse très jeune à la théologie et devient enseignant à Najaf, tout en suivant les enseignements des grands clercs de la Hawza (école religieuse dans laquelle sont formés les religieux chiites). Il s’engage dans le parti chiite al-Da’wa (« l’Appel à l’islam ») créé à Najaf en 1957-1958 par Mohammed Bâqir al-Sadr et en devient, selon ses propres dires, « l’un des théoriciens ». [1] Il écrit également dans la revue Les Lumières islamiques, dont il fait partie du comité de rédaction et est membre de l’Association des oulémas de Najaf, créée en 1960 par Muhsin al-Hakim.

Dans les années 1960, Mohammed Hussein Fadlallah se rend au Liban, à l’appel d’un groupe de croyants, où il fonde une cellule d’al-Da’wa, qui est toujours restée secrète et qui se dissout au sein du Hezbollah lors de sa création en 1982. Il s’installe dans l’est de Beyrouth, dans le quartier de Nab’a, où vivent des Palestiniens et des chiites originaires du Sud Liban et met en place des structures sociales et caritatives (écoles, dispensaires, lieux de cultes pour les chiites), tout en poursuivant ses enseignements : « ses activités, son enseignement et les idées qu’il défendait dans ses sermons et ses conférences attirèrent des jeunes, irakiens et libanais ; son discours, alliant islam, nationalisme et anti-impérialisme, leur semblait nouveau ». [2] Néanmoins, la guerre civile libanaise, au cours de laquelle le quartier de Nab’a est détruit en 1976, met fin à son initiative. Il s’installe alors dans la banlieue sud de Beyrouth, à Bir al-‘Abed, où il créé un nouveau réseau social et humanitaire, et où il reprend ses enseignements.

Les liens avec l’Iran et avec le Hezbollah

Les relations de Mohammed Hussein Fadlallah avec l’Iran et le Hezbollah évoluent : la période d’entente des années 1980 est suivie par une période de tension à partir des années 1990.

A la suite de la Révolution iranienne de février 1979, un gouvernement islamique est mis en place en Iran, auquel Mohammed Hussein Fadlallah apporte son soutien. Dans les années 1980, il critique néanmoins le régime islamique iranien dans ses écrits. Concernant le Hezbollah, Mohammed Hussein Fadlallah ne souhaite pas y exercer de fonctions, mais accepte de donner son avis si on le sollicite : « si Fadlallah revendique son indépendance intellectuelle et politique par rapport au Hezbollah, il ne nie pas en avoir été l’idéologue ». [3] Il est en effet à l’origine de l’idéologie du mouvement et forme un grand nombre des dirigeants et des membres du Hezbollah. Il est alors considéré comme le « guide spirituel » du parti et est connu pour son soutien à la résistance et à la cause palestinienne, pour sa lutte contre Israël et pour son opposition à l’impérialisme. Fadlallah est également très impliqué dans la revue du Hezbollah al-‘Ahd, où il écrit de nombreux articles et dans laquelle sont publiés ses entretiens, ses prêches et ses discours.

A partir des années 1990, la tension monte entre Mohammed Hussein Fadlallah et l’Iran en raison de divergences sur la doctrine et sur l’exercice de l’autorité religieuse. En effet, en 1995, Mohammed Hussein Fadlallah accède au statut de Marja’ et exprime ses réticences à l’égard du régime iranien. Cela entraine la rupture entre Mohammed Hussein Fadlallah et l’Iran, puis avec le Hezbollah qui décide de suivre la marja’iyya de Khamenei, au pouvoir en Iran. Les relations reprennent néanmoins entre Fadlallah et le parti, notamment lors de la guerre de l’été 2006, au cours de laquelle Fadlallah apporte son soutien au Hezbollah.

Mohammed Hussein Fadlallah se considère comme une autorité religieuse moderne, notamment sur la question des droits des femmes, et par son implication dans les réseaux sociaux et humanitaires.

Bibliographie

Laurence LOUËR, Chiisme et politique au Moyen-Orient, Perrin, Paris, 2009, 196 pages.
Sous la direction de Sabrina MERVIN, Le Hezbollah, état des lieux, Actes Sud, Paris, 2008, 363 pages.

Publié le 06/07/2010


Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.


 


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