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Couverture médiatique des conflits au Moyen-Orient : comment dépasser l’indifférence ?

Par Mathilde Rouxel
Publié le 23/01/2015 • modifié le 05/05/2020 • Durée de lecture : 13 minutes

EGYPT, Cairo : Egyptian demonstrators take part in a protest in central Cairo to demand the ouster of President Hosni Mubarak and calling for reforms on January 25, 2011. The protesters, carrying flags and chanting slogans against the government, rallied in a protest inspired by the uprising in Tunisia which led to the ouster of Zine El Abidine Ben Ali.

AFP PHOTO/MOHAMMED ABED

L’indifférence aujourd’hui face aux événements en Syrie est manifeste. À la suite du discours du pape François, qui dénonçait en mai 2014 la « mondialisation de l’indifférence » dont est l’objet le pays [4], s’est posée la question de l’indifférence des médias. Cette conscience du détachement de l’intérêt des réseaux d’information pour la guerre syrienne a été particulièrement ravivée au moment de la reprise du conflit israélo-palestinien en juillet 2014. Dans Le Figaro du 17 juillet 2014, Alexandre Devecchio interrogeait Georges Malbrunot, journaliste spécialiste du Moyen-Orient, sur le problème posé par la situation en Syrie, qui « suscite l’indifférence des médias » : « Pourquoi la guerre en Syrie intéresse-t-elle moins ? La situation à Damas n’est-t-elle pas aussi dramatique qu’à Gaza [5] ? ». Au spécialiste de répondre à ce sujet : « Il y a un phénomène de lassitude, et le conflit syrien mobilise moins de ressorts nationaux que celui entre Israël et les Palestiniens, qui est passionnel. La guerre en Syrie dure depuis plus de trois ans. Après avoir misé sur une chute rapide de Bachar el-Assad, les diplomaties et les médias occidentaux ont dû réviser leurs positions. D’autre part, la situation s’est complexifiée. (…) Moindre couverture égale moindre intérêt [6]. »

Les conflits à Gaza ne bénéficient pourtant pas plus de l’attention d’un spectatoriat habitué, lassé par une guerre qui n’en finit pas. Si les projecteurs ont en effet braqué leurs feux sur les cinquante jours de bataille entre le Hamas et l’armée israélienne, le monde est aujourd’hui retombé dans une indifférence qui inquiétait déjà, dès le début du conflit, certains journalistes habitués au schéma médiatique que suivent ces types de conflit : « Une sinistre impression de déjà-vu. L’énième affrontement entre Israël et les Palestiniens de Gaza est aussi tragique que les précédents. Il n’y a pas si longtemps, il aurait mobilisé ceux qui veulent incarner la communauté internationale – l’ONU, les Etats-Unis, l’Europe, la Russie. Plus maintenant. Le pire, dans ce dernier épisode d’une guerre qui n’en finit pas, est l’indifférence qu’il suscite. Elle est la marque d’une nouvelle donne : le conflit israélo-palestinien n’a rien perdu en intensité dramatique, mais il a beaucoup perdu en importance stratégique [7]. »

Mais de quelle indifférence s’agit-il ? Comment cette actualité-là, telle qu’elle est filmée, peut-elle être réactivée comme une actualité historique importante ? L’objectif de cet article est de réfléchir sur la possibilité de pallier à cette indifférence devant l’actualité tragique du monde arabe en la filmant autrement que sous les canaux principaux d’information. Résonne ainsi, en arrière-plan d’une telle réflexion, la célèbre formule que Daney offre au sujet de l’œuvre vidéo de Godard Dans les années 1970 (et au moment de la très médiatisée guerre du Vietnam), Godard se détourne du cinéma pour expérimenter le travail de la vidéo, et celui du témoigner-autrement. Il obtiendra même une chaire à la très récente université de Vincennes à Paris où il enseignera la vidéo. Il est souvent considéré comme un pionnier dans l’utilisation des caméras vidéo. : « L’horreur devant l’indifférence qui confère aux films de Godard le pathos d’un sursaut moral est devenu à la télévision indifférence pure et simple devant l’horreur [8] ».

Puisqu’il semble que « la guerre devient supportable dès qu’elle devient ennuyeuse [9] », il s’agira de proposer une critique constructive en étudiant moins la manière dont les médias dominants favorisent la production d’une amnésie que d’autres manières de filmer, des approches nouvelles qui maintiennent cette horreur en se préservant – si c’est en leur pouvoir – d’un façonnage de la mémoire par les médias.

L’étude portera donc sur la possibilité de trouver de nouveaux outils critiques, de travailler l’image et sa contre-image. Nous évoquerons donc d’abord la possibilité pour les peuples d’écrire eux-mêmes leur histoire autour de l’interrogation de la notion appelée « Révolution 2.0 [10] » en 2011, sa récupération voire sa (re)création médiatique en Occident et ses enjeux, pour finir sur la présentation d’un collectif de cinéastes, Abou Naddara, qui offre sur internet la possibilité d’un regard autre sur la Syrie et ses habitants.

La jeunesse écrit son histoire : la « Révolution 2.0 »

Les soulèvements de 2011 ont suscité l’apparition d’un nouveau régime d’images. L’accès facilité à l’enregistrement et à la diffusion a provoqué un flux d’images provenant de Tunisie, d’Égypte, de Libye, de Syrie qui témoignent d’un mouvement populaire souvent laïc et démocrate [11] sans précédent dans le monde arabe. Les jeunes qui filment la révolution ne ressentent pas la nécessité de vendre aux télévisions les images qu’ils ont captées des événements qui les entouraient : la plateforme internationale d’information proposée par Internet est pour eux beaucoup plus intéressante. Les images qui nous arrivaient du monde arabe en lutte via internet avaient cela d’intéressant qu’elles échappaient aux stratégies audiovisuelles de recodage de l’événement : brutes, elles ne pouvaient tomber dans une spectacularisation de l’actualité [12] et proposaient au contraire une mémoire singulière, populaire.

Dans les vidéos postées par cette jeunesse arabe se lit aussi l’idée que la mémoire n’impose pas seulement de se souvenir de ce qui s’est passé, mais qu’elle est aussi le vecteur dynamique de luttes à venir, dans une conception de type nietzschéenne [13] de la mémoire qui en appelle à la composition d’une mémoire active, tendue vers le futur. L’usage de YouTube et des réseaux sociaux questionnent la manière dont on va se souvenir des événements, interrogent la mémoire de ces interventions dans le présent de leur déroulement, mais aussi dans leur prolongement.

Ce que l’on découvre alors dans ce processus révolutionnaire nouveau, c’est une jeune génération qui propose, semble-t-il, son propre modèle de contestation. À l’ère conjointe de l’individualisme et des réseaux sociaux, on assiste dans ces pays d’Afrique du Nord à de nouvelles formes d’engagement militant, un « engagement distancié [14] » qui se définit tant par un renouvellement des modes d’action collective que dans les formes de sociabilité convoquées. La pratique soutenue et régulière des réseaux explique effectivement en partie cette caractéristique des nouveaux mouvements de lutte qui ne s’inscrivent plus au sein d’une organisation idéologique clairement identifiée. Esthétiquement, les messages fleurissent à travers divers médias, se recoupent, mais restent le produit de réalisations individuelles, et souvent personnelles.

Résultant ou non de ces nouveaux types de plateformes revendicatrices [15], le travail de diffusion d’idées politiques contestataires sur internet par la jeunesse éduquée et urbaine permet néanmoins d’affirmer que le geste de la révolution, les rassemblements dans la rue et la manifestation physique de son mécontentement n’est que la partie émergée de l’iceberg. Depuis plusieurs années déjà, en Tunisie, en Egypte, les mentalités changent, se transforment. Les jeunes étudiants partent en Europe, aux Etats-Unis, où, sans perdre leurs racines, ils s’expriment librement sur la politique de leur pays, sur la mentalité des générations qui les précèdent, et sur la religion. Au sein même des pays concernés, les mouvements de révoltes ont été annoncés par un mécontentement qui tendait à se généraliser, et dont on trouvait aisément la trace sur internet : dans le sillage des développements des blogs en Tunisie à partir de 2006, et suite aux révoltes populaires du bassin minier de Gafsa, dans le sud-ouest du pays, en 2008, la jeunesse se mobilise et on peut constater avec clarté un changement de trajectoire et une politisation des blogs contre la censure et pour une révolution politique et idéologique [16]. Ces mouvements précurseurs de la révolution tunisienne de 2011, née du prolétariat Nouzouh [17], témoignent d’une volonté de prise en main de l’histoire par les nouvelles générations. Ce besoin de proposer une alternative est née de l’absence de médias libres et de la puissance de la censure ; et en définitive, l’aspiration de ces « cyberdissidents » à la liberté a créé, selon Mounir Ben Salah, « l’événement qui marquera à jamais l’histoire humaine des mutations politiques [18] » : « Le public a découvert par ces réseau sociaux l’autre face de la réalité du quotidien ; il s’est approprié, de son côté, le rêve, a soulevé des questions et est devenu lui-même acteur du processus de mutation [19] ».

Les défenseurs de cette « Révolution Facebook », qui posent l’usage de ces images diffusées par le réseau horizontal que propose internet comme facteurs principaux des soulèvements arabes, sont cependant, avant d’être arabes, des analystes occidentaux, qui répondent semble-t-il aussi par-là à un recodage de la mémoire, à une réécriture de l’histoire qui correspond à une vision et d’une perception très occidentale du monde arabe. Deux grands problèmes sont à soulever face aux deux grandes idées défendus par les créateurs de cette « Révolution 2.0 » : dans un premier temps, une analyse de la mobilisation populaire qu’ont connue les pays en révolte ne peut se limiter au travail des cyberactivistes sans tromper l’histoire. Ensuite, « il ne s’agit évidemment pas de signer l’arrêt de mort de la télévision, dont les images seraient devenues caduques avec la propagation des révoltes arabes, incapable de suivre, avec ses grilles d’information rigides, la contamination transnationale de ces événements imprévus [20] », puisque les chaînes de télévisions n’hésitent pas à piocher dans les vidéos postées sur internet pour proposer, toujours, une sélection d’images destinées à informer.

Circulation de l’image et de l’information, d’un média à l’autre

Le pouvoir du cybermilitantisme est assez rapidement remis en cause par certains spécialistes. La position de Jean-Pierre Filiu [21]. est intéressante à ce titre : pour lui, le mouvement de contestation qui devient une révolution se fait dans la rue, internet n’étant qu’un facteur qui se réduit d’ailleurs considérablement au fur et à mesure du déroulement de la mobilisation. L’importance donnée à l’impact des réseaux sociaux sur la mobilisation populaire apparait alors comme une utilisation intellectuelle utile pour penser autrement ces sociétés arabes, et ainsi déplacer simplement un panel de stéréotypes qui peut empêcher de penser la complexité du monde arabe. En effet, ce sont des conclusions comme celles auxquelles se réfère Zeinab Touati, lorsqu’elle explique que « les récentes révolutions dans certains pays arabes sont l’occasion d’observer d’un autre œil les populations arabes et musulmanes jusque-là jugées comme dépourvues de toute ambition et de toute capacité à agir politiquement [22] », que critique sans doute Smain Laacher lorsqu’il écrit : « Les articles, courts ou longs, creux ou bavards, faussement savants ou profondément ignorants, experts en généralités ou professionnels du bon sens fait science [sur le printemps arabe], se comptent par centaines. Dans ce registre, les médias français ont indéniablement occupé une place importante dans la constitution d’une sorte de vision molle et finalement profondément stéréotypée des soulèvements populaires, à l’issue d’une définition incertaine [23]. »

Smain Laacher met en garde contre des analyses qui répondent davantage à des concepts réfléchis en regard de certaines nouveautés politiques et technologiques qu’à la réalité des faits sur le terrain. Son analyse de la « force exagérée » attribuée aux réseaux sociaux est intéressante en ce qu’elle prend le contrepied des analyses nées dans l’immédiateté des événements : « Jamais des dispositifs communicationnels n’ont été de si près associés à des transformations politiques d’une telle profondeur. En un mot, la « révolution arabe » leur devrait tant qu’ils sont devenus, aux yeux d’un grand nombre de commentateurs, l’outil politique déterminant de la mobilisation des masses et de leur conquête de nouveaux doits et de nouvelles libertés. Ce type d’assertion est au mieux une demi-vérité. Nous ne sous-estimons nullement le rôle que ces nouveaux modes d’information ont pris dans les mouvements sociaux en cours dans un grand nombre de pays arabes. Mais une analyse sociologique rigoureuse interdit de les surestimer et d’en faire un instrument de la libération nationale des peuples opprimés. (…) Prenant Internet comme un centre, en le soustrayant à la fois des structures sociales et des luttes – qui n’ont jamais cessé dans les pays arabes -, c’est opérer un acte de déshistoricisation. Il n’est nul besoin de remonter très loin dans le temps pour trouver, en particulier en Tunisie et en Egypte, des formes de diffusion des idées et des informations non contrôlées par les pouvoirs, ainsi que des modes de désobéissance civile à la domination coloniale [24]. » Cet auteur ne considère ainsi pas les réseaux sociaux comme moteur de la révolution, et préfère les présenter comme les nouveaux supports de ce que Gabriel Tarde appelait la « conversation sociale ».

La notion de « Révolution 2.0 » ne serait ainsi selon ce raisonnement qu’une construction médiatique occidentale utile pour présenter en quelques grandes lignes les particularités de ces révolutions, dont un caractère « novateur » est utile à mettre en avant, parce que vendeur. Par ailleurs, le caractère alternatif de cette méthode d’information des événements se trouve biaisé par la façon dont les médias, comme le soulignait Dork Zabunyan, ont récupéré les images qui circulaient sur YouTube et les réseaux sociaux pour leur faire connaître le même traitement de sélection et de construction d’un sens historique que leurs propres images. Pour Smain Laacher, « C’est dire que, si les technologies de communication sont intervenues dans le déroulement des événements, celui-ci a été la condition de possibilité du développement des discours qui ont pris forme sur les réseaux sociaux. Ce sont précisément ces relations de dépendance réciproque, que les événements entretiennent avec les médias, qui sont occultées par les discours qui attribuent un pouvoir causal aux réseaux sociaux et qui, en conséquence, empêchent de décrire et de comprendre précisément les dynamiques qui ont animé les mouvements et les mobilisations en cours dans les pays arabes [25]. »

Il est néanmoins intéressant de noter avec l’auteur que « bien peu d’enquêtes sont disponibles sur les relations de dépendance réciproque qui se nouent entre l’organisation routinière du monde quotidien et la mise en intrigue [26] » médiatique des enjeux politiques. Dans ce contexte néanmoins, il est difficile d’accorder aux réseaux sociaux une valeur alternative en raison du traitement des faits bruts offerts par les images publiées sur internet.

Loin de toute politique, une autre tentative de mettre en mouvement l’histoire : le collectif Abou Naddara

Comment créer des images qui ne commandent pas la mémoire pour lui dire « ce dont elle doit se souvenir [27] » ? Comment présenter une actualité dans toute son importance historique, en échappant au principe d’efficacité suivi par les médias dominants et sans proposer de grille de lecture des événements, qui n’opère chez le spectateur il ne semble aucune modification de la perception des conflits en présence ?

Si la solution ne semble pas être dans l’enregistrement de l’exceptionnel, peut-être est-il dans la présentation du simple quotidien – un quotidien en temps en guerre, avec les enjeux qu’il charrie. C’est le pari que fait le collectif d’anonymes syrien Abou Naddara, collectif de vidéaste formé en 2010 mais actif depuis les débuts du conflit syrien, postant chaque lundi sur leur chaîne Vimeo une courte vidéo qui évoque, simplement, ce que c’est que de vivre en Syrie en temps de guerre. La question qui se pose avec cette manière de montrer l’horreur sans l’exposer est celle de la modification de nos manières de voir ; afin d’échapper à l’indifférence, il s’agit de créer les outils pour une mémoire dont on doit se souvenir.

Sans se soumettre aux mécanismes compassionnels d’une peinture du pays déchiré d’une part, ou à un processus d’héroïsation d’autre part, Abou Naddara pose des questions aux spectateurs du conflit syrien, aux dirigeants de tous bords, aux médias de toute nationalité. Comme pour donner la parole à une communauté qui ne sait plus s’unir, ce collectif pratique une désidentification qui fait de sa parole une parole qui n’est pas politique en soi mais qui le devient au nom du peuple syrien – quel qu’il soit. En refusant de choisir un parti, il rend ainsi au conflit toute sa complexité, en donnant un visage à tous les Syriens.

Si le collectif ne critique pas, et parfois utilise, la présence des archives brutes postées sur internet par des anonymes, il condamne néanmoins l’usage qui en est fait dans les médias dits « du monde libre » ou dans les réseaux d’informations du régime syrien. Au-delà du caractère jugé parfois voyeuriste de cette masse d’images anonymes, dont l’ampleur empêche toute définition spécifique, le collectif met en procès l’utilisation ouvertement détournée par le régime lui-même au profit spécifique de la politique de défense de Bachar al-Assad.

La diversité des images de la quotidienneté que le collectif nous donne à voir offre un visage à toutes ces figures de femmes, de déserteurs, d’enfants qui cohabitent avec la guerre (dont on n’entend en général que l’écho lointain, la bande sonore), parfois dans le rire et la joie – car même en temps de guerre, peut-être même surtout en temps de guerre, la vie passe et continue.

En se positionnant ainsi en déplacement par rapport à la masse d’images, devenue un puits pour les réseaux médiatiques de tous bords et de toute nationalité, Abou Naddara trouve un moyen pacifiste, apolitique mais exigeant, de complexifier le réel pour mettre en évidence la complexité sur le terrain et rappeler l’horreur d’une guerre qui n’en finit pas. L’ordinaire misérable des gens est montré sans pathos, la chronologie des événements est brouillée, on découvre des images absentes des médias dominants, qui ne montrent pas cet aspect des choses : humour, critique et humanité se côtoient dans ces productions qui pourraient, si elles étaient suivies davantage, nous sensibiliser à nouveau à la gravité des conflits moyen-orientaux ou arabes.

Conclusion

Les médias, confrontés aux complexités politiques, idéologiques et géostratégiques des conflits au Moyen-Orient, ne peuvent jamais, matériellement, nous livrer un témoignage exhaustif des événements. Ceci est dû à la difficulté de se rendre sur le terrain, d’évaluer sans juger les différents enjeux, souvent liés au confessionnalisme ou à des problèmes communautaires particulièrement délicats à appréhender. La prolongation de certains conflits ajoute à cette lassitude générale qui caractérise de nombreux médias, au même titre que l’audimat qui voit sans cesse, depuis des années et souvent sans les comprendre, les mêmes images de guerre et, apparemment, les mêmes acteurs en présence. À l’heure des grands débats sur la question du « journalisme citoyen », il s’agit aujourd’hui de comprendre quel peut être le rôle d’internet comme solution alternative aux médias traditionnels. Si la sélection partielle (et donc nécessairement partiale) ou le détournement des matières brutes proposées par les images postées par la jeunesse arabe sur YouTube ou les réseaux sociaux par les médias traditionnels en font désormais davantage une nouvelle forme de source qu’un apport informationnel alternatif, d’autres formes de témoignage ou de présentation des états de fait sont possibles.

Bibliographie :
 Amin Allal, Thomas Pierret (dir.), Au cœur des révolutions arabes. Devenir révolutionnaires, Paris, Armand Colin-Iremam, 2013, 314 p.
 Hamit Bozarslan, Sociologie politique du Moyen-Orient, La découverte, collection repères, Paris, 2011, 125 p.
 Laurent Bonnefoy, Myriam Catusse (dir.), Jeunesses arabes, Du Maroc au Yémen : loisirs, cultures et politiques, Paris, La découverte, 2013, 373 p.
 Mounir Ben Salah, Réseaux sociaux et révolutions arabes, Paris, Michalon, 2012, 288 p.
 Smain Laacher, Insurrections arabes : utopie révolutionnaire et impensé démocratique, Paris, éditions Buchet Chastel, 2013, 324 p.
 Vincent Cloarec, Henry Laurens, Le Moyen-Orient au XXe siècle, Paris, Armand Colin, collection U Contemporaine, 2003, 255 p.
 Le site web d’Abou Naddara : www.abounaddara.com/
 Les vidéos du collectif sur Vimeo : http://vimeo.com/user6924378

Publié le 23/01/2015


Suite à des études en philosophie et en histoire de l’art et archéologie, Mathilde Rouxel a obtenu un master en études cinématographiques, qu’elle a suivi à l’ENS de Lyon et à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban.
Aujourd’hui doctorante en études cinématographiques à l’Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle sur le thème : « Femmes, identité et révoltes politiques : créer l’image (Liban, Egypte, Tunisie, 1953-2012) », elle s’intéresse aux enjeux politiques qui lient ces trois pays et à leur position face aux révoltes des peuples qui les entourent.
Mathilde Rouxel a été et est engagée dans plusieurs actions culturelles au Liban, parmi lesquelles le Festival International du Film de la Résistance Culturelle (CRIFFL), sous la direction de Jocelyne Saab. Elle est également l’une des premières à avoir travaillé en profondeur l’œuvre de Jocelyne Saab dans sa globalité.


 


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