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Compte rendu de la revue Politique étrangère, « Moyen-Orient, le nouveau ‘Grand jeu’ », dossier dirigé par Marc Hecker, IFRI, été 2016

Par Mathilde Rouxel
Publié le 22/08/2016 • modifié le 20/04/2020 • Durée de lecture : 12 minutes

Le premier sujet d’étude, de John McLaughlin, questionne le « Moyen-Orient : en attendant la nouvelle administration américaine ». L’article s’ouvre sur un commentaire de Kissinger, face au printemps arabe de 2011 : « Ce n’est que la scène un de l’acte un d’une pièce en cinq actes » (p.11). Cet article revient sur l’influence, depuis les accords Sykes-Picot, des États-Unis sur le Moyen-Orient. Partant de la guerre froide, l’auteur retrace le processus qui poussa la compétition entre grandes puissances au Moyen-Orient et qui mit Washington face aux « six dimensions conflictuelles » (p.14) qui secouent aujourd’hui le Moyen-Orient. L’accord sur le nucléaire iranien, dans un premier temps, renforce la division entre Perses et Arabes. Inscrit sur cette strate, le conflit entre sunnites et chiites complique les calculs américains, notamment en Irak, où gouvernent les chiites au mépris des 20% de sunnites que compte la population. La troisième strate est celle du terrorisme, la quatrième celle de l’antagonisme entre les groupes terroristes eux-mêmes ; tous ces conflits recouvrant, en cinquième lieu, une profonde opposition entre traditionnalistes et modernistes. Sixièmement, l’auteur insiste sur l’importance de l’implication sur le terrain des grandes puissances. Ces six grandes lignes sont aujourd’hui les objets principaux du travail de la diplomatie américaine au Moyen-Orient, objets amenés à rester prioritaire dans les années à venir. Faisant face aujourd’hui à la menace de l’État islamique, la nouvelle administration américaine devra concéder des efforts diplomatiques, tout en surveillant par ailleurs la bonne volonté de l’Iran sur la question du nucléaire et apaiser les tensions que cette question a fait naître dans ses relations à l’Arabie saoudite ; dans tous les cas, le dossier moyen-oriental reste une tâche incontournable pour la future administration.

« La Russie a-t-elle une grande stratégie au Moyen-Orient ? », s’interroge ensuite Ekatenira Stepanova. Devant le nouvel engagement de la Russie dans le conflit syrien, qui lui a permis de retrouver une place de poids sur la scène internationale, l’auteure se questionne sur le « degré d’improvisation maîtrisée » (p.23) de cette stratégie qui semble régionale. Elle commence par rappeler les difficultés de la Russie post-soviétique à retrouver son influence internationale, en précisant trois orientations qui se dessinent depuis 2010 : « la volonté de devenir un pôle important du ‘monde multipolaire’ » ; ses intérêts pour une « Eurasie post-soviétique » dont elle serait porteuse ; « une aversion pour tout changement de régime par la force », en regard des révolutions de couleurs qui ont secoué l’espace politique dans les années 2000 (p.24). Les printemps arabes, avec leurs changements de régime successifs et la manifestation à peine cachée des puissances extérieures, leurs sont ainsi apparues inquiétantes. Le soutien politique des États-Unis à la révolution de Maïdan en Ukraine en 2013 a accru leur méfiance : l’auteure y voit l’expression au Moyen-Orient d’une stratégie qui dépasse la région. Or, par expérience et par influence, la Russie est – avec les États-Unis – la plus à même d’y intervenir, ce qu’elle fait en Syrie depuis septembre 2015. L’auteure met cependant en garde devant l’idée de « grande stratégie » de la part de Moscou (p.29), son action y demeurant simplement pragmatique, fixant l’objectif d’un retour souverain sur la scène internationale. Ainsi, « il ne faut pas sur-interpréter l’intervention de Moscou » (p.32), le rôle de la Russie ayant été indispensable pour certaines solutions multilatérales (nucléaire iranien, cessez-le-feu en Syrie, conflits au Yémen et en Irak). Le jeu joué par la Russie n’est donc pas « pur opportunisme », mais ne cherche qu’à replacer Moscou dans un multilatéralisme plus inclusif (p.35).

Mohammad-Reza Djalili évoque ensuite « L’Iran dans les crises du Moyen-Orient », en montrant que les préoccupations de la République islamique se déploient en une « sauvegarde de l’intérêt supérieur du régime » et en une « défense de l’intérêt national » qui guident sa politique régionale comme internationale. Isolé dans la région, six événements majeurs ont conditionné l’évolution de la politique régionale du pays. L’intervention américaine en Afghanistan en 2001 et la défaite des talibans fut un atout pour l’Iran. La guerre d’Irak et la chute de Saddam Hussein en 2003 marqua par la suite la disparition de toute menace pour la sécurité de l’Iran, qui espère même faire de l’Irak un nouveau partenaire. Son image fut dorée par son soutien au Hezbollah et par la reconstruction suite à la guerre qui opposait en 2006 l’armée israélienne au Hezbollah sur le territoire libanais. Le déclenchement des printemps arabes en 2010-2011 transforma en revanche la situation régionale ; soutenant la « vague d’éveil islamique » en Tunisie, en Égypte ou au Barheïn, son opposition au soulèvement populaire en Syrie, son seul allié, place l’Iran dans une situation ambigüe et complexe. Le déclenchement de la guerre civile en Syrie depuis 2012, perçue par Téhéran comme par Damas comme un complot des Occidentaux, amena l’Iran à s’impliquer militairement ; la prise de Mossoul par Daech en juin 2014 l’obligea par la suite à entrer en conflit avec ce mouvement violemment hostile au chiisme et dangereux pour sa stabilité. La rupture en 2016 des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie saoudite, liée à la mort à Riyad par peine capitale d’un important chef religieux chiite et de 46 autres personnes tombées pour « terrorisme » marque la fin de plusieurs décennie de conflits larvés entre les deux grandes puissances régionales. L’auteur définit pour finir les diverses formes d’une stratégie iranienne consciente de ses faiblesses militaires (du fait notamment des sanctions internationales). Elle passe par l’engagement par procuration et par une stratégie militaire asymétrique jouant sur la dissuasion (construction massive de missile, constitution hors du territoire national de milices sympathisantes de la République islamique). Cependant, une tentative d’élargissement de son influence régionale basée sur une politique pro-chiite se trouve vite limitée ; ses actions contre l’influence américaine l’ont par ailleurs enfoncé dans l’isolement. Les accords récents sur le nucléaire iranien ouvrent de nouveaux horizons diplomatiques et préparent peut-être une nouvelle place sur l’échiquier régional, si l’Iran ne choisit pas à nouveau la voie de la radicalisation.

Répondant aux interrogations sur l’avenir d’un Iran réintégré dans le jeu politique international, « L’émancipation contrainte de la politique étrangère saoudienne » est le sujet analysé par Louis Blin. L’auteur rappelle avant tout la piètre image de l’Arabie saoudite dans les pays occidentaux, qu’il explique par une incompréhension de « la place de la religion dans la politique extérieure saoudienne » (p.49) mais aussi de son opposition à l’Iran. L’auteur tient ainsi à mettre en garde sur le lieu commun qui voudrait que la politique étrangère saoudienne soit guidée par l’idéologie wahhabite : si cette influence religieuse est « loin d’être négligeable » (p.50), la persistance du confrérisme prouve qu’elle n’est pas dominante. Le wahhabisme récusant par principe le nationalisme, il est plutôt un handicap dans le concert des nations ; Riyad propose au contraire un « patriotisme salafisé » (p.51). L’auteur désigne la religion comme soft power de l’Arabie saoudite, bien faible à côté de l’aide financière, principal outil d’influence (influence au Liban, en Égypte, à l’OLP). Aujourd’hui « entre lâchage américain et menace iranienne » (p.53), l’Arabie saoudite lutte pour ne pas se retrouver isolée. Consciente de ses faiblesses face à l’hubris de l’Iran, les dossiers yéménites et syriens ont pour objectif de parer à une éventuelle instabilité dans la région du Golfe et à isoler l’Iran de ses alliés ; la suspension de la livraison d’équipements militaires au Liban (contrat Donas) en février 2016 entre dans cette logique, soulignant la puissance financière de l’Arabie saoudite. Selon l’auteur, en Syrie, défendre la thèse d’un soutien de Riyad à l’OEI serait une erreur : l’Arabie saoudite est l’ennemi numéro 1 de Daech depuis 2014, et Riyad ne s’emploie qu’à cimenter une opposition unie au régime et aux groupuscules extrémistes. Des accords de coopération signés en 2015 et 2016 avec la Russie montraient les Saoudiens « prêts à faire preuve de pragmatisme avec l’Iran » (p.58). Le lancement de la campagne yéménite en mars 2015 avait pour objectif d’exister face à l’armée iranienne : si la guerre du Yémen, trop longue et coûteuse financièrement et humainement, n’a pas mobilisé les Saoudiens, on y a vu la tentative de forger un patriotisme nouveau chez les jeunes citoyens. Une nouvelle politique est en cours de définition en Arabie saoudite, qui s’émancipe tant de sa dépendance stratégique vis-à-vis des États-Unis que du cliché qui la présente « immobile sous le poids d’un wahhabisme obscurantiste » (p.60).

Jean Marcou s’intéresse pour sa part au sujet de « La Turquie en quête d’un nouveau positionnement au Moyen-Orient », le pays, ébranlé par les dynamiques des printemps arabes, se trouvant aujourd’hui « confronté à un environnement (…) qui lui est souvent à nouveau hostile » (p.63). La question des résultats inégaux de son activisme diplomatique en Irak et en Syrie, qui lui sont frontaliers, est centrale pour comprendre ce retournement d’influence au Moyen-Orient : en raison des liens forts noués avec ses deux voisins, la Turquie s’est enlisée dans des relations ambigües. Le rapport avec la Syrie s’est enlisé avec la guerre, délitement politique déjà expérimenté avec Irak. Mais la stratégie contradictoire de la Turquie en Syrie, qui a « lâché » (p.65) le régime baasiste au profit d’une opposition divisée a transformé la situation en « cauchemar syrien » (p.65). Face à la constitution d’un Kurdistan syrien quasi-indépendant, la position – formellement antikurde – d’Ankara s’est trouvée difficile à défendre en regard du conflit syrien : le siège de Kobané en 2014 a mené à une « tolérance suspecte – voire peut-être une aide plus directe – d’Ankara à l’égard des organisations djihadistes » (p.66) – conciliation difficile à tenir, notamment à partir de la prise de Mossoul en 2014 par Daech. Cette schizophrénie, qui poussa tout de même la Turquie à participer à la coalition anti-Daech, reste due à la position d’Ankara face à la position des Kurdes, que la chute du califat risque de renforcer. Au-delà du voisinage direct, l’opposition de la Turquie et de la Russie sur le terrain syrien a conduit leurs relations à s’envenimer elles aussi, malgré l’importance de leurs intérêts énergétiques et économiques. L’entrée de la Russie dans le conflit syrien, en septembre 2015, et l’abattage par les Turcs du SU-24 russe qui avait violé leur espace aérien fit de cette rivalité une confrontation ouverte. Le conflit a également saboté le rapprochement d’Ankara et de Téhéran, amorcé en 2010 sur la question d’une alternative aux sanctions américaines dans la crise du nucléaire iranien. L’auteur prend néanmoins le soin de noter que dans le cas de la Russie comme de l’Iran, les relations entretenues et perdues par la Turquie étaient encore faibles : les séquelles de l’histoire, qui opposa longtemps ces grandes puissances, n’ont pas su passer outre les tensions provoquées par les désaccords marqués sur la question syrienne. Du côté arabe, l’image d’Ankara, autrefois symbole de réussite économique et soutien aux régimes post-révolutionnaires dominés par les partis islamiques (Égypte, Tunisie, Libye, Maroc), s’est ternie avec le remplacement de ces mêmes régimes, l’Égypte en tête. Seules ses relations avec le Golfe, et particulièrement l’Arabie saoudite, s’en sont trouvées améliorées. L’Occident, enfin, se trouva gêné par la mansuétude d’Ankara vis-à-vis de Daech et de son attitude envers les Kurdes ; les nécessaires négociations engagées avec l’Union européenne sur la crise migratoire permirent pourtant un rapprochement, bien qu’ambigu, des deux puissances. En définitive, c’est bien le partenariat stratégique passé avec l’Arabie saoudite qui permet le mieux de circonscrire l’ère du nouveau positionnement de la Turquie dans la région : pour retrouver une aura et une influence, c’est à présent au Caire et à Tel Aviv qu’Ankara va devoir faire la cour.

Dernier article du dossier, Georges Malbruno s’intéresse aux « Contradictions françaises au Moyen-Orient ». Datant le dernier succès de la politique extérieure française au Moyen-Orient au véto opposé à l’ONU par Jacques Chirac sur le dossier de la guerre en Irak (le précédent datant de 1996, lorsque Hafez el-Assad imposa la France à la table des négociations du cessez-le-feu entre Israël et Hezbollah, qui se battaient pour la libération du Sud-Liban), l’auteur propose un retour chronologique sur les relations diplomatiques entretenues avec la région depuis la présidence de Nicolas Sarkozy, débutée en 2007. Aucun des trois objectifs fixés ne fut atteint : son projet d’Union pour la Méditerranée (UPM) ne vit jamais le jour, l’offre d’aide aux pays arabes voulant accéder au nucléaire civil fut déclinée, notamment par les Émirats qui préférèrent aux Français un consortium coréen ; le dossier israélo-palestinien, malgré les bonnes relations entretenues avec Netanyahou, n’avança sur aucun front. Vers le Golfe, Sarkozy privilégia le Qatar à l’Arabie saoudite ; ceci mena au soutien de Doha à l’intervention en Libye – soutien nuancé, puisque l’on se rendit compte, trop tard, qu’il armait les islamistes et suivait un agenda différent de celui des Français. Sarkozy irrita ainsi le roi saoudien, poids lourd de la région, irritabilité renforcée par le rapprochement français avec la Syrie ennemie. En se rapprochant de Bachar el-Assad, Sarkozy espérait, en vain, recréer un dialogue avec Netanyahou ; bien que multipliant les séjours à Damas, Sarkozy n’obtint rien de plus que l’ouverture d’une ambassade syrienne à Beyrouth, « qui semblait accréditer l’idée que Damas avait renoncé à ses prétentions tutélaires sur son voisin libanais » (p.80). Il affirma par ailleurs une posture ferme vis-à-vis de Téhéran, contredite par un rapprochement de l’allié iranien qu’était Bagdad ; de nombreuses déconvenues, restera éclairant l’échec de Total sur l’attribution des champs pétroliers en Irak. L’auteur cite un diplomate qui reconnait « l’absence de vision d’ensemble » de la France sur ces dossiers difficiles (p.81), compliqués encore par les printemps arabes de 2011. La proximité de la France avec Ben Ali et sa complaisance vis-à-vis de Moubarak firent des renversements de régimes un événement choquant pour le Quai d’Orsay et l’Elysée. Devant les événements syriens, la France prend position contre le dictateur. Les liens entretenus avec le Qatar incitèrent la France à « déléguer ensuite à l’émirat, puis à l’Arabie, la gestion de l’aide au rebelles dits modérés » (p.82) – aides qui fondirent dans les mains de leurs alliés islamistes. L’arrivée de François Hollande au pouvoir en 2012 ne put changer la donne : la France, suivie par la Grande-Bretagne, se prépare dès 2013 à frapper militairement. Mais Washington refuse de suivre les préparations françaises et l’intervention n’a pas lieu. La montée des djihadistes rendit rapidement un soutien à l’ossature de l’État syrien indispensable pour ne pas plonger dans le « chaos islamo-djihadiste » (p.83) ; l’État s’emmêla manifestement dans des « tergiversations » (p.84) qui menèrent à la situation suspendue que nous connaissons aujourd’hui. L’auteur note par ailleurs que sur la question du Golfe comme du Maghreb, François Hollande renversa les influences, s’intéressant davantage à l’Arabie saoudite qu’au Qatar, à l’Algérie qu’au Maroc ; le soutien au président al-Sissi en Égypte, après le renversement du président démocratiquement élu (et reconnu par la France) Mohamed Morsi fut également un revirement, aux contrats trop intéressants pour discuter la situation humanitaire. Devant la carte complexe de ces relations diplomatiques, où « beaucoup de belles intentions, mais au final peu de réalisations » (p.85) virent le jour, l’auteur insiste sur l’urgence de fixer un nouveau cap, clair, à la politique étrangère de la France au Moyen-Orient.
En marge de ce dossier, un article de Matthieu Cimino analyse « Le Hezbollah et la guerre en Syrie ». L’auteur présente l’influence iranienne dans l’implication de l’organisation dans le conflit syrien : l’engagement « sous contrainte » (p.115) du Hezbollah en Syrie a en effet rapidement nuit à son image dans son pays, le Liban. Bien que leurs soldats aient été présents sur le front depuis 2011, Nasrallah n’a avoué leur implication qu’au moment de la bataille stratégique de Qoussayr, menée en autonomie complète par 2000 hommes du Hezbollah en avril 2013. L’auteur souligne également le fait qu’« au niveau organique, le Hezbollah s’approche désormais d’une armée conventionnelle, minorée d’une force aérienne » (p.117), et peut désormais se prévaloir au niveau tactique d’une nouvelle génération de combattants, formés pour l’usage des armes de pointes fournies par l’Iran. Il semble par ailleurs que la qualité de la formation des combattants libanais impliquerait que « les Russes, impressionnés par la combativité du parti dans le Qalamoun, enverraient discrètement leurs forces spéciales se ‘faire la main’ aux côtés du Hezbollah » (p.119). Bien que mieux organisé encore et plus efficace, le Hezbollah trouve la sécurité de ses opérations menacées depuis l’intervention en Syrie, la confidentialité des actions devenant de plus en plus difficile à contrôler, et les cas sérieux d’infiltration se révélant de plus en plus nombreux. Malgré certaines fuites compromettantes pour l’organisation, la popularité du Hezbollah a su surmonter auprès de l’opinion la mauvaise presse induite par les conséquences négatives de son implication en Syrie. L’entrée dans la guerre des combattants de l’Organisation État islamique a permis à Nasrallah de retourner le discours et de présenter le Hezbollah comme la première organisation à être venue lutter contre le terrorisme et à assurer la défense du Liban. Au sein même du pays, les sunnites tiennent finalement à dépasser les graves dissensions qui les séparent et à ne pas rompre le dialogue avec le Hezbollah pour se prémunir contre une confessionnalisation ouverte du conflit, aujourd’hui toujours niée par le Hezbollah qui prétend défendre le pays dans son entièreté et son pluralisme. L’avenir de la guerre reste cependant une grande inconnue pour l’organisation, qui va rapidement devoir faire face soit au risque d’enlisement du conflit, s’il était amené à se poursuivre, soit à l’hostilité d’une population syrienne loin d’être prête à la légitimer.

Ce numéro d’été de Politique étrangère apparaît fondamental pour comprendre les enjeux dans lesquels se trouvent impliqués les principales forces en présence : l’Iran, l’Arabie saoudite, la Turquie, mais aussi, en tout état de cause, les États-Unis ou encore la France. Avec un riche panel d’analyses approfondissant la question d’un « nouveau ‘Grand jeu’ » qui se déploierait dans la région, cet ouvrage nous offre des clés indispensable pour mieux comprendre ce qui est survenu depuis : le coup d’État manqué en Turquie et la répression qui s’en est suivie, le siège d’Alep et les bombardements russes, les attentats perpétrés ou désamorcés au Liban, dans la région de la Békaa.

Publié le 22/08/2016


Suite à des études en philosophie et en histoire de l’art et archéologie, Mathilde Rouxel a obtenu un master en études cinématographiques, qu’elle a suivi à l’ENS de Lyon et à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, Liban.
Aujourd’hui doctorante en études cinématographiques à l’Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle sur le thème : « Femmes, identité et révoltes politiques : créer l’image (Liban, Egypte, Tunisie, 1953-2012) », elle s’intéresse aux enjeux politiques qui lient ces trois pays et à leur position face aux révoltes des peuples qui les entourent.
Mathilde Rouxel a été et est engagée dans plusieurs actions culturelles au Liban, parmi lesquelles le Festival International du Film de la Résistance Culturelle (CRIFFL), sous la direction de Jocelyne Saab. Elle est également l’une des premières à avoir travaillé en profondeur l’œuvre de Jocelyne Saab dans sa globalité.


 


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