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Du 14 décembre 2016 au 9 janvier 2017, une exposition s’est tenue au Grand Palais sur quatre sites en danger de destruction au Proche et au Moyen-Orient. Cette exposition a été organisée par la Réunion des musées nationaux, le Grand Palais et le musée du Louvre, en collaboration avec la startup française Iconem et sous le patronage de l’Unesco. Même si l’exposition a clôturé ses portes (1), il nous a semblé important d’en faire le compte rendu, car l’enjeu est de taille et la problématique actuelle : sur les 814 sites inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco en 2016, 37 sont en péril en raison des pillages, de la guerre, des destructions délibérées, du délabrement…
La durée d’exposition a été courte, mais le Grand Palais a mené une importante campagne de communication et a offert la gratuité de la visite afin que le public se déplace massivement pour prendre connaissance de ces merveilles patrimoniales en danger. Le succès a été au rendez-vous, avec chaque weekend une longue file d’attente devant le musée, et chaque jour de nombreux visiteurs, souvent émus, dans les trois salles consacrées à cette exposition.
La visite débutait avec trois textes émouvants, développant la démarche de cette exposition. Le premier, « Sites éternels », détaillait le contenu de l’exposition. Le second, « Revoir Palmyre », était de Jean-Luc Martinez, président-directeur du musée du Louvre, qui expliquait avoir souhaité monter cette exposition à l’initiative du Président de la République lors de la destruction des monuments les plus célèbres de Palmyre en 2015. Il aurait recueilli plus de cinquante propositions de projets, dont « Sites éternels, de Bâmiyân à Palmyre » est la synthèse et l’aboutissement. Le dernier texte enfin était d’Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco. Celle-ci rappelait que les hommes et leur patrimoine sont fondamentalement liés, et que la protection des uns ne va pas sans la préservation de l’autre. Cette introduction s’accompagnait de la vidéo de la destruction des bouddhas de Bâmiyân en Afghanistan en mars 2001 par les talibans. Ces bouddhas n’ont pas subi les effets collatéraux de la guerre, ils ont été dynamités pour ce qu’ils représentaient. Leur destruction relève donc d’un acte délibéré de suppression de la culture et de l’histoire.
Les quatre sites choisis par les commissaires de l’exposition sont de remarquables vestiges de civilisations. Ces quatre lieux emblématiques du Proche et du Moyen-Orient sont Khorsabad au nord de l’Irak actuel, et trois sites syriens : Palmyre, la Grande Mosquée de Damas et le Krak des chevaliers, présentés dans une scénographie remarquable et originale. En collaboration avec la startup Iconem qui œuvre pour la préservation de la mémoire du patrimoine grâce aux nouvelles technologies, le musée a compilé d’anciennes photographies, des images récentes, des modélisations 3D, des peintures et des cartes afin de projeter sur les murs de la salle principale les paysages, les statues et les mosaïques offerts par ces sites. Les murs sont devenus d’immenses écrans sur lesquels on a pu admirer la beauté de ces trésors désormais physiquement inaccessibles, voire détruits en ce qui concerne Palmyre. Des pièces relatives à ces quatre lieux ont été déplacées du musée du Louvre, comme un remarquable relief funéraire palmyrénien de la première moitié du IIIe siècle. L’intérêt de l’exposition était visuel et a été entièrement atteint, tant l’iconographie et les œuvres d’art étaient magnifiques, de même que l’objectif, le musée ayant offert la possibilité de voir ou revoir ces monuments et de sensibiliser le public à la question de la protection du patrimoine culturel et archéologique.
Dans la dernière salle, quelques œuvres d’art étaient à admirer, comme les relevés des mosaïques de la Grande mosquée de Damas, et les interviews d’artistes engagés dans la préservation du patrimoine pouvaient être écoutées. Mais surtout, on pouvait voir le travail de la startup Iconem. Au centre de la salle, Iconem proposait une modélisation 3D en réalité augmentée de l’arche de Palmyre grâce à des appareils connectés. Le visiteur pouvait, sur l’appareil, voir l’arche telle qu’elle était avant sa destruction, telle qu’elle est actuellement, obtenir des informations sur ce monument et voir la modélisation effectuée à partir des parties détruites du bâtiment. Il pouvait faire pivoter le monument afin de le voir sous tous les angles. Au-delà de cette exposition, la startup a en effet une grande ambition : « grâce à nos relevés de terrains et à nos algorithmes de retraitement visuel, nous sommes en mesure de produire de véritables doubles numériques des vestiges ou zones archéologiques. Nous offrons ainsi à la communauté scientifique et au grand public un moyen innovant d’explorer les célèbres sites de notre patrimoine mondial » (2). Ludique, didactique et remarquable, ce travail mérite d’être soutenu et poursuivi.
Cette exposition qui vient de s’achever est un bel hommage à la richesse du patrimoine archéologique et civilisationnel du Proche-Orient. Les musées du Louvre et du Grand Palais ont ému les visiteurs et ravi leurs yeux. On pourrait cependant regretter certains éléments, notamment concernant Palmyre, en particulier la reprise de la ville par l’Etat islamique le 12 décembre 2016 qui n’est pas apparu sur la chronologie de l’exposition, et dont la dernière date précise que la « Perle du désert » est désormais libérée des extrémistes. Cette modification n’a très probablement pas pu être effectuée en raison de la simultanéité des dates d’ouverture de l’exposition et de la reprise de la ville. On pourrait aussi regretter la durée de l’exposition, seulement trois semaines. Mais ces petits détails n’ont en rien altéré la qualité et la beauté du travail présenté.
Notes :
(1) L’exposition se poursuit, en ligne, sur le site http://archeologie.culture.fr/proche-orient/
(2) www.iconem.com
Oriane Huchon
Oriane Huchon est diplômée d’une double licence histoire-anglais de la Sorbonne, d’un master de géopolitique de l’Université Paris 1 et de l’École normale supérieure. Elle étudie actuellement l’arabe littéral et syro-libanais à l’I.N.A.L.C.O. Son stage de fin d’études dans une mission militaire à l’étranger lui a permis de mener des travaux de recherche sur les questions d’armement et sur les enjeux français à l’étranger.
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