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Compte rendu de l’exposition « Osiris, Mystères engloutis d’Egypte », à l’Institut du Monde arabe, du 8 septembre 2015 au 31 janvier 2016

Par Louise Plun
Publié le 06/11/2015 • modifié le 20/04/2020 • Durée de lecture : 4 minutes

Le mythe d’un Dieu du panthéon égyptien, Osiris

Osiris est le fils de Nout, déesse du ciel et de Geb dieu de la Terre d’Egypte. Séparés à tout jamais de par leur position géographique, les époux vivent leur amour en secret. De cet amour naissent cinq divinités : le premier est Osiris. Il semble bienveillant, doux, fort et prédestiné à la tâche que lui confie son père Geb, régner sur la terre d’Egypte. Il devient ainsi le premier pharaon. Le troisième est Seth, furieux, jaloux et tricheur. Le quatrième n’est autre que la douce et dévouée déesse Isis, soeur et également future épouse d’Osiris. Celui-ci se révèle être un bon souverain. Il apprend aux hommes l’agriculture, la viticulture, comment contrôler les eaux du Nil qui débordent, les arts, le tissage du coton… Il demeure insouciant et aveugle face à la jalousie qu’éprouve son frère Seth, condamné à régner sur les déserts et jaloux de l’amour passionnel entre Osiris et Isis. Au cours d’un festin, Seth orchestre son plan. Il offre à son frère un coffre, préalablement dimensionné pour lui, dans lequel Osiris rentre parfaitement. Une fois Osiris au fond du coffre, Seth s’empresse de le refermer, l’emprisonnant ainsi, puis le jette dans les eaux du Nil où le dieu pharaon se noie. Isis, sa soeur et aimante épouse, remue ciel et terre et retrouve son amour sur les rives de Byblos.

Selon une des légendes liées à ce mythe d’Osiris, Seth réussit à s’emparer à nouveau de son frère, mais cette fois il dépèce son corps en quatorze morceaux qu’il éparpille sur la terre égyptienne. Isis, aidée par sa soeur Nephthys, rassemble les membres du pharaon. Anubis lui prodigue des soins, frotte ses membres d’huile et les panse. Osiris ressuscite. Isis se transforme alors en épervier, se pose sur le sexe de son époux et conçoit un fils, Horus, qui succédera plus tard à son père sur le trône d’Egypte, après avoir été élevé secrètement loin de Seth, qui s’est approprié le trône de son frère. Horus affrontera en effet son oncle en combat singulier pour finalement retrouver son trône.

Le corps d’Osiris, momifié, demeure dans le coffre devenu sarcophage et est caché parmi les roseaux du Nil par Isis. Mais une fois encore Seth retrouve le corps de son frère, le déchiquette et prive ainsi Osiris de son corps et de son règne sur les vivants et sur les morts. Isis se replonge quant à elle dans sa quête des fragments de corps de son époux, le long du Nil. A l’emplacement de chaque morceau retrouvé, elle fait ériger un temple en l’honneur d’Osiris. Un fois toutes les parties de son mari rassemblées hormis son sexe, Osiris peut devenir le dieu de l’au-delà.

C’est ce mythe d’Osiris qui est raconté au fil de l’exposition, par 250 objets issus de dix années de fouilles sous-marines menées par l’archéologue et commissaire de l’exposition Franck Goddio, ainsi que par environ 40 oeuvres exposées habituellement aux musées du Caire et d’Alexandrie. C’est également cette aventure et ces péripéties archéologiques qui sont retracées et dévoilées.

Le récit d’une aventure archéologique

En 1985, Franck Goddio, archéologue sous-marin, fonde l’Institut européen d’archéologie sous-marine (IEASM). En 2000, après des années d’études des textes anciens mentionnant les cités, des prospections géophysiques, des missions de sondages archéologiques et d’explorations sous-marines, lui et son équipe découvrent à quelques kilomètres d’Alexandrie les cités de Thônis-Héracléion et de Canope, submergées de 5 à 7 mètres de profondeur depuis le VIIIème siècle en baie d’Aboukir à la suite d’événements géologiques et de tremblements de terre. L’archéologue explique travailler « de la manière la moins intrusive et la moins destructrice possible, […] à la façon d’un chirurgien moderne », grâce notamment à une technique de photos 3D sous-marines et à des instruments de protection géophysique.

Après la découverte du site d’Héracléion, une avancée considérable réside en la découverte d’une stèle de granite noir sur le même site. Cette stèle comportait le nom égyptien de la ville de Thônis. Il fût ainsi avéré que la cité grecque d’Héracléion et la cité égyptienne de Thônis étaient en fin de compte une et même cité. Le dieu égyptien Osiris n’était autre que le dieu Dionysos pour les Grecs.

Les découvertes postérieures d’un matériel rituel, indiquent par ailleurs l’existence d’un culte rendu à Osiris sur ces sites. En effet, ce type d’objet, qui n’avait jamais été exhumé auparavant, correspondait au matériel utilisé lors de la célébration des Mystères d’Osiris. Les « Mystères », fêtes en l’honneur de la résurrection d’Osiris, prenaient la forme d’une célébration initiatique d’une durée de 21 jours afin de célébrer le dieu Osiris, figure fondatrice de l’Egypte. Selon la stèle dite de Canope, découverte au préalable, la célébration s’achevait par une longue procession nautique sur le Nil, emmenant Osiris du temple d’Amon à son sanctuaire de la ville de Canope, rappelant ainsi le parcours d’Isis lors de la recherche des morceaux de corps de son époux.

L’exposition propose ainsi la découverte du matériel rituel utilisé lors de ces « Mystères » : simpula (sorte de louche), situle (récipient muni d’une anse), passoires, ainsi que des pièces imposantes telle la « Cuve-jardin », une cuve de granite rose qui semblait accueillir un « Osiris végétant », symbole de la régénération d’un dieu éternel.

D’autres pièces colossales viennent compléter cette exposition, compteuse d’un des grands mythes fondateurs de la civilisation égyptienne : « Les Mystères d’Osiris » et narratrice d’un parcours archéologique minutieux et colossal.

Site de l’exposition : http://www.exposition-osiris.com

Publié le 06/11/2015


Louise Plun est étudiante à l’Université Paris Sorbonne (Paris IV). Elle étudie notamment l’histoire du Moyen-Orient au XX eme siècle et suit des cours sur l’analyse du Monde contemporain.


 


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