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Par Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Publié le 09/03/2010 • modifié le 17/06/2020 • Durée de lecture : 2 minutes

Dans ce contexte, et dans celui des nouvelles orientations idéologiques du président américain Wilson énoncées dans ses 14 points, l’idée d’envoyer une commission dans les provinces arabes de l’ancien Empire ottoman se précise, afin d’enquêter sur place sur les volontés des populations. Le président Wilson souhaite que cette commission composée d’Américains, de Britanniques, de Français et d’Italiens enquête sur l’opinion des populations concernant leur avenir, dans tous les territoires liés par les accords Sykes-Picot.

Mais en dépit des souhaits de Wilson, la commission est finalement constituée uniquement par des Américains, issus des milieux missionnaires protestants. Présidée par le docteur Henri King, auteur d’ouvrages de théologie et de philosophie et par Charles Crane, industriel de Chicago, tous deux membres de la Conférence de la paix, la commission débute son enquête en mai 1919 et se rend dans la zone d’occupation britannique en Palestine (Jaffa, Jérusalem, Caza de Ramleh et de Lydda, région d’Hébron), dans la zone d’occupation arabe en Syrie (Damas, Déraa, Baalbeck, Homs, Hama), et dans la zone d’occupation française au Liban jusqu’à Alexandrette (Beyrouth, Djbail, Batroum, Bkerké, Saïda, Tyr, Ainab, Baadba, Zahlé, Tripoli, Alexandrette, Lattaquié) et en Cilicie, la Mésopotamie n’étant finalement pas incluse. Globalement, l’enquête met en évidence la volonté, dans les milieux musulmans de Syrie, du Liban et de Palestine, de l’unité arabe et de l’indépendance, et dans les milieux maronites et grecs-catholiques, de la présence française et de la création d’un Liban indépendant.

La commission sort son rapport à l’automne 1919. Mais ses recommandations ne sont pas prises en compte, car dans le même temps, Wilson doit faire face à d’autres décisions et à un état de santé préoccupant. En outre, le sénat américain rejette le traité de Versailles et les responsables américains se retirent de la conférence de la paix. Le rapport de la commission King-Crane n’est connu qu’en décembre 1922 et n’a aucune influence car les mandats ont déjà été attribués à la France sur la Syrie et le Liban et à la Grande-Bretagne sur la Palestine et l’Irak. Publié dans le journal américain Editor and Publisher, le rapport conclut à deux choix. En premier choix, la demande d’aide américaine est plébiscitée, suivie du mandat français et en dernier recours du mandat britannique. En second choix : l’aide britannique est demandée si celle des Etats-Unis n’est pas possible.

Bibliographie
« Report of American section of inter-allied commission of mandates in turkey », in Editor and Publisher, 2 décembre 1922.
Pierre MILZA, Les relations internationales de 1918 à 1939, Armand Colin, Collection Cursus, Paris, 2003, 236 pages.
Edmond RABBATH, La formation historique du Liban politique et constitutionnel, Librairie orientale, Beyrouth, 1973, 586 pages.

Publié le 09/03/2010


Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.


 


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