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Autorité palestinienne

Par Lisa Romeo
Publié le 10/04/2012 • modifié le 23/01/2018 • Durée de lecture : 4 minutes

La mise en place progressive de l’Autorité palestinienne

Le document intitulé « Déclaration de principes sur les arrangements intermédiaires d’autogouvernement », pose les bases d’une entité politique palestinienne dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, à l’exception de Jérusalem, occupées par Israël depuis la guerre des Six jours de 1967. Il est signé le 13 septembre 1993, dans le cadre du processus d’Oslo et des négociations sur le concept d’autonomie (self-government) accordé aux Palestiniens. L’idée d’octroyer aux Territoires occupés le statut d’autonomie avait déjà fait l’objet de tractations lors des accords de Camp David de 1978 mais n’avait finalement pas abouti. L’Autorité se constitue en deux temps. En mai 1994 d’abord, les troupes israéliennes quittent Gaza et Jéricho, laissant ces deux zones autonomes. Le pouvoir est transféré à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat, qui quitte Tunis pour s’installer à Gaza le 1er juillet 1994, dans la joie générale. Les accords d’Oslo II ou accords de Taba de 1995, doivent ensuite mieux définir les modalités de l’autonomie. La Cisjordanie est alors divisée en trois zones. Une première zone (A), où sont concentrées les principales villes et représentant 3 % de la Cisjordanie et 20 % de la population, est administrée directement par l’Autorité. Une Zone B, regroupant les principaux villages, soit 27 %, est placée sous contrôle de l’Autorité et des Israéliens. Les 70 % de la Cisjordanie restante devront faire l’objet de négociations ultérieures.

Le 20 janvier 1996, les élections du Conseil législatif et du président de l’Autorité, élu au suffrage universel direct pour une période de quatre ans, offrent une légitimé à l’Autorité palestinienne. Les Palestiniens des Territoires se déplacent massivement aux urnes (80 %) pour faire entendre pour la première fois leur voix, et Yasser Arafat devient président de la nouvelle organisation politique. Les membres de l’OLP obtiennent, quant à eux, les deux tiers des 88 sièges au Conseil législatif. Quelques mois plus tard, le 24 avril 1996, le premier Conseil national palestinien raye de sa charte les articles niant les droits à l’existence d’Israël. Le nombre des députés, élus pour quatre ans également au suffrage universel direct, passera en 2006 de 88 à 132 membres et l’autonomie s’étend alors à la majeure partie de la population de Cisjordanie. Le chef historique de l’OLP, Yasser Arafat cumulera alors plusieurs mandats jusqu’à sa mort le 11 novembre 2004.

L’Autorité palestinienne est, à l’origine, envisagée pour une période transitoire de cinq ans. Toutefois, l’éloignement d’une perspective de paix entre Israël et les Palestiniens et le non-règlement des principaux litiges retardent toujours plus le remplacement de l’Autorité par une solide instance gouvernementale dans un Etat à part entière. Si bien que le 4 mai 1999, le Conseil central de l’OLP, qui représente toujours la diplomatie palestinienne et reste la seule instance avec laquelle Israël accepte de négocier, admet le report de la proclamation d’un Etat palestinien.

Organisation et rôle de l’Autorité palestinienne

L’Etat d’Israël transfère à l’Autorité palestinienne une quarantaine d’activités répondant aux besoins des zones qu’elle administre : éducation, santé, commerce, industrie, affaires sociales, emploi, agriculture, tourisme… Les Territoires palestiniens peuvent être dorénavant organisés de l’intérieur et non plus uniquement depuis l’exil. Les vingt-quatre ministères qui la composent, regroupent d’ailleurs des dirigeants palestiniens aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur. Les pouvoirs de l’institution se concentrent cependant rapidement dans les mains de quelques hommes et le clientélisme semble vite régner. Face aux pressions, américaines et israéliennes notamment, Arafat accepte en 2003 d’établir un véritable système parlementaire et instaure la fonction de Premier ministre. Abu Mazen est alors nommé chef du gouvernement. Cette fonction est occupée depuis juin 2007 par Salam Fayyad.

L’Autorité n’a, par ailleurs, pas le droit de former une armée mais gère les forces de police. On trouve une police « ordinaire » ainsi que sept autres pôles de sécurité différents qui se concurrencent, dont un chargé de la sûreté du président et un autre de celle d’Israël. L’Etat hébreu continue cependant de contrôler les frontières, les colonies et la majeure partie de la sécurité.

Les limites de l’Autorité

Le premier obstacle à l’établissement d’un véritable organe de pouvoir dans les Territoires est l’émiettement des surfaces qu’elle dirige. En effet, la plus grande partie des territoires revendiqués par les Palestiniens, située en zone C, est « grignotée » par la colonisation israélienne et l’Autorité palestinienne ne peut bloquer ce phénomène.

Avec le déclenchement de la seconde Intifada en septembre 2000, l’Autorité est fortement affaiblie et la méfiance des Palestiniens à son égard s’accroît. De plus, l’opinion israélienne interprète ce soulèvement comme une preuve que l’Autorité s’oppose à la paix. Ariel Sharon, élu Premier ministre en mars 2001, accuse Arafat de terrorisme et refuse tout contact avec l’organe. L’Autorité a pourtant condamné à plusieurs reprises les attentats-suicides contre les civils. Les chars israéliens prennent pour cible les symboles de l’institution, le quartier général (la Mouqata) d’Arafat est détruit en 2002 et ce dernier est assigné à résidence dans la ville de Ramallah. L’Autorité peine alors à s’imposer véritablement et est fortement soupçonnée de corruption et de détournement de fonds.

La victoire du Hamas lors des élections législatives du 25 janvier 2006 révèle alors un mécontentement général contre la politique du Fatah au sein de l’Autorité. Les deux fractions palestiniennes s’affrontent violemment. L’Autorité, qui est extrêmement dépendante de l’aide internationale, perd d’importantes sources de financement. Israël refuse en effet de lui reverser les taxes tant que le Hamas, qui n’a pas reconnu l’Etat hébreu, fait partie de l’Autorité palestinienne. Les Etats-Unis et l’Union européenne s’alignent sur cette position et retirent également une bonne partie de leur financement.

Après l’échec de l’établissement d’un gouvernement d’union nationale, le Hamas prend le contrôle de la bande de Gaza en juin 2007. L’Autorité palestinienne, toujours plus diminuée, ne dirige donc plus que les populations palestiniennes de la Cisjordanie. Son président actuel, Mahmoud Abbas, qui a succédé à Yasser Arafat en 2005, manque par ailleurs de légitimité politique. Son mandat devait en effet prendre fin le 8 janvier 2009 mais aucune élection n’a pu être organisée. Toutefois, ses nombreuses faiblesses ne doivent pas faire oublier que l’Autorité palestinienne permet d’établir l’embryon d’un futur Etat indépendant.

Bibliographie :
 Jean-Paul Chagnollaud, Sid-Ahmed Souiah, Atlas des Palestiniens, un peuple en quête d’un Etat, Paris, Editions Autrement, 2011.
 Alain Gresh, Israël, Palestine, Vérités sur un conflit, Paris, Fayard, 2007.
 Henry Laurens, L’Orient arabe à l’heure américaine, de la guerre du Golfe à la guerre d’Irak, Paris, Armand Colin, 2005.
 Nadine Picaudou, Les Palestiniens, un siècle d’histoire, Bruxelles, Editions Complexe, 2003.
 Aude Signoles, Les Palestiniens, Paris, Editions Le Cavalier Bleu, 2005.

Publié le 10/04/2012


Lisa Romeo est titulaire d’un Master 2 de l’université Paris IV-Sorbonne. Elle travaille sur la politique arabe française en 1956 vue par les pays arabes. Elle a vécu aux Emirats Arabes Unis.


 


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