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Par Lisa Romeo
Publié le 18/07/2011 • modifié le 02/03/2018 • Durée de lecture : 3 minutes

La chute de l’Empire ottoman et l’installation des puissances dans la région

Pendant la guerre de 1914-1918, l’Orient ottoman prend une importance capitale pour les Alliés qui rêvent depuis le XIXème siècle de se partager les provinces de l’« homme malade de l’Europe ». La Grande-Bretagne poursuit l’ambition de sécuriser et de contrôler l’ensemble des routes qui relient les Indes aux Iles Britanniques. Elle cherche à étendre, au fil des années, sa présence et son influence sur le Golfe, le Sud de l’Irak et l’Iran. Au début du XXème siècle, un nouvel objectif vient orienter les choix du gouvernement de Sa Majesté : la main mise sur les nappes pétrolières que l’on commence à découvrir en Mésopotamie afin d’assurer le ravitaillement de ses navires et de son armée sans trop de frais. La Grande-Bretagne obtient d’ailleurs, en 1899, une première concession pour la prospection pétrolière. Dans ce contexte, l’entrée en guerre de l’Empire ottoman aux côtés des empires centraux en 1914 représente donc une bonne opportunité pour les Puissances d’élargir leurs intérêts dans la région. L’armée britannique s’empare de Bassorah à partir du 21 novembre 1914. Au printemps 1917, Bagdad est contrôlé et le 4 novembre 1918, c’est au tour de Mossoul de tomber. Quelques jours auparavant, le 30 octobre, un armistice est signé à Moudros entre les Alliés et les Ottomans vaincus. Les troupes britanniques dominent alors largement la région.

Les négociations entre Alliés pour le vilayet de Mossoul

Avant même que la guerre ne soit gagnée, les Alliés s’organisent entre eux pour sceller le destin des provinces arabes de l’Empire à l’agonie. Depuis novembre 1915, le Français François Georges-Picot et le Britanniques Mark Sykes négocient, secrètement, son partage en zone d’influence. En ce qui concerne la Mésopotamie, le vilayet de Mossoul sera rattaché à la zone française alors que les vilayets de Bagdad et de Bassorah reviendraient à la Grande-Bretagne. En 1918, les Britanniques ne conçoivent toutefois plus la région de la même manière même si leur politique irakienne n’est pas encore véritablement définie. Les ressources pétrolières, dont Mossoul semble regorger, ont pris une importance capitale pour l’alimentation en énergie de son armée et de ses navires. Il ne leur est dorénavant plus possible de laisser Mossoul aux Français. Ces derniers n’ont pas réellement les moyens de s’opposer au projet. Georges Clemenceau, président du Conseil de novembre 1917 à janvier 1920, doit céder Mossoul à la Grande-Bretagne. Il est convenu que la France obtienne, en échange, une participation de 25 % de l’exploitation des gisements que pourront fournir ses champs pétroliers. Les accords de San Remo d’avril 1920 consacrent l’établissement du mandat britannique sur Mossoul.

Les revendications turques sur Mossoul

Les ambitions britanniques vont en effet à l’encontre des revendications des nationalistes turcs dirigés par Mustafa Kemal (1881-1938) en lutte contre les Alliés depuis 1919. Ils défendent ardemment l’unité et l’indépendance d’un Etat turc délimité qui comprend l’ensemble des terres non occupées par les alliés au moment de la signature de l’armistice de Moudros. Ils considèrent donc que le vilayet de Mossoul doit être rattaché à la Turquie. La question est soigneusement laissée en suspens lors des négociations du traité de Lausanne de 1923 qui définit les conditions de paix entre les Alliés et les Turcs. La Turquie va finalement tourner sa politique étrangère vers l’Occident et chercher à assainir ses relations avec ses deux principaux ennemis : la Grèce et la Grande-Bretagne. Le traité turco-irako-britannique d’Ankara fixe enfin en 1925 les frontières de la jeune république de Turquie. La Turquie accepte que Mossoul revienne à l’Irak contre la promesse d’une participation de 10 % aux bénéfices d’une éventuelle production pétrolière. Le 16 décembre 1925, la Société des Nations rattache Mossoul à l’Irak, sous mandat britannique.
Des champs pétroliers y sont découverts en 1927 et fournissent à l’Irak la moitié de sa production et fait du pays un des plus importants producteurs de pétrole au monde.

Bibliographie :
Antoine Hokayen, Marie-Claude Bittar, L’Empire ottoman, les Arabes et les grandes puissances 1914-1920, Beyrouth, Les Editions Universitaires du Liban, 1981.
Majid A. Majid, L’Emergence d’un Etat à l’ombre d’un empire : Irak-Grande-Bretagne, Paris, Publications de la Sorbonne, 1996.
Pierre Pinta, L’Irak, Paris, Karthala, 2003.

Publié le 18/07/2011


Lisa Romeo est titulaire d’un Master 2 de l’université Paris IV-Sorbonne. Elle travaille sur la politique arabe française en 1956 vue par les pays arabes. Elle a vécu aux Emirats Arabes Unis.


 


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