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Par Oriane Huchon
Publié le 13/02/2017 • modifié le 06/05/2020 • Durée de lecture : 3 minutes

Lire la partie 1 : Les migrations dans le monde arabe (1/2)

IV. Le Maghreb, point de passage des flux illégaux de personnes vers l’Europe

Les migrations illégales d’Afrique sub-saharienne passent par le Maghreb pour atteindre les rives nord de la Méditerranée, dans l’espoir de meilleures conditions de vie en Europe. Mais, comme dans le cas du Proche-Orient, les migrations africaines sont bien plus importantes à l’intérieur du continent que vers l’extérieur.

Selon le rapport de la Banque mondiale sur les chiffres de 2013 : « Au total, 23,2 millions de migrants étaient originaires d’Afrique subsaharienne, dont 26 % environ vivaient dans des pays de l’OCDE et 65,6 % dans des pays de la région. La Somalie, le Burkina Faso, le Soudan, la République démocratique du Congo, le Nigéria et la Côte d’Ivoire étaient les principaux pays d’origine des migrants. Au total, la région a accueilli 18 millions de migrants. La majorité des migrants d’Afrique (en particulier de pays plus pauvres) émigrent vers d’autres pays africains, essentiellement l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire, le Nigéria, le Kenya et l’Éthiopie » (1). Ainsi, selon le HCR, 18 millions de réfugiés, de déplacés internes et d’individus risquant de devenir apatrides auraient reçu aide et assistance directement sur le continent africain en 2015.

Tous les migrants ne sont pas des réfugiés. Dans les flux de migrations, la grande majorité des migrants est légale et emprunte l’avion pour se rendre où elle le souhaite. Afin de donner des chiffres sur la « crise des réfugiés » que connaît l’Europe actuellement, nous détaillerons ci-après uniquement les flux illégaux des migrants qui frappent aux portes de l’Espace Schengen. Nous détaillerons les statistiques de Frontex, l’agence en charge de la frontière européenne, qui comptabilisent le nombre de passages illégaux de la frontière. Un migrant peut tenter plusieurs passages. Migrants économiques, réfugiés de zones de conflit ou d’Etats totalitaires, ou tous ces critères réunis, les profils sont variés.

Pour les migrants illégaux qui tentent le voyage jusqu’à l’Europe, les conditions de transit sont extrêmement difficiles. Il y a deux sortes de routes : maritimes et terrestres.
La route maritime par les Îles Canaries a perdu son attrait depuis des accords signés en 2007 entre l’Espagne, le Sénégal et la Mauritanie. Ainsi, si en 2006, 32 000 migrants illégaux étaient entrés en Europe par cette route, ils étaient 874 en 2016.
L’itinéraire maritime entre le Maroc et l’Espagne est plus emprunté, mais des accords bilatéraux entre ces deux Etats ont permis de maintenir le flot de migrants illégaux inférieur à 9 000 / an depuis 2008. Les Maliens, les Soudanais et les Sud-Soudanais, les Camerounais, les Nigérians, les Centrafricains et les Tchadiens empruntent cet itinéraire. En 2015 pourtant, la communauté la plus présente était les Syriens.
Ceux qui partent des côtes libyennes sont en revanche nombreux. Depuis trois ans, c’est l’itinéraire maritime le plus emprunté depuis le Maghreb, avec plus de 180 000 passages en 2016. Cet itinéraire est privilégié par les populations sub-sahariennes et maghrébines. D’autres, moins nombreux, partent des côtes égyptiennes vers l’Italie (Calabre et Pouilles).
La Méditerranée orientale est un gros point de passage maritime, via la Turquie et vers les côtes des îles grecques. Les Africains prennent l’avion jusqu’en Turquie et tentent ensuite la traversée depuis la Turquie jusqu’aux îles grecques, porte d’entrée de l’Europe. Les autres qui embarquent en Turquie vers la Grèce sont majoritairement Syriens, Irakiens, Yéménites et Afghans. Un peu plus de 180 000 passages ont été enregistrés en 2016, beaucoup moins que lors du pic de 2015 qui avait comptabilisé 885 386 tentatives.

Les deux autres itinéraires existants sont terrestres. La route des Balkans, suite logique du parcours pour ceux qui ont accosté en Grèce, a connu un record d’affluence en 2015 avec plus de 764 000 tentatives de passage. En 2016, Frontex en a comptabilisé 122 000. Les migrants sont majoritairement Syriens, Irakiens et Afghans, mais aussi Somaliens. Enfin, la route de l’Est passe par les Etats d’Europe Orientale et est majoritairement empruntée par des Syriens et des Afghans.

Carte : entrées illégales dans l’espace Schengen comptabilisées en 2016 par Frontex


Infographie : l’origine des réfugiés arrivés en Europe en 2016


Source : Infographie Le Figaro. Données de l’UNHCR

Note :
(1) http://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2015/12/18/international-migrants-and-remittances-continue-to-grow-as-people-search-for-better-opportunities-new-report-finds

Sources :
Les sources sont indiquées sur les tableaux et les cartes. Toutes ont été consultées en février 2017. Les bases de données de la Banque mondiale, de l’UNHCR, de l’UNWRA, d’Eurostat et de Frontex ont été utilisées.

Bibliographie :
 La Banque mondiale, « Les migrations internationales atteignent un niveau record », 18 décembre 2015.
 Laurine Benjebria, « Migrants : une année exceptionnelle en chiffres », Le JDD, 26 décembre 2015.
 Guillaume Descours, « En 2016, l’Europe a vu le nombre d’arrivées de migrants fortement diminuer », Le Figaro, 18 décembre 2016.
 Hana Jaber, « Qui accueille vraiment les réfugiés ? », Le Monde diplomatique, octobre 2015.
 Blandine Le Cain, « Un million de réfugiés ont traversé la Méditerranée en 2015 », Le Figaro, 31 décembre 2015.
 Alexanre Pouchard et Pierre Breteau, « Le nombre de migrants a explosé au XXIe siècle », Le Monde, 3 septembre 2015.
 Philippe Rekacewicz, « Carte, Les réfugié·es palestinien·nes et les personnes vulnérables en besoin d’assistance au Moyen-Orient en 2016 », visionscarto.net, 27 janvier 2017.
 Maxime Vaudano et les Décodeurs, « Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéos », Le Monde, 18 décembre 2015.

Publié le 13/02/2017


Oriane Huchon est diplômée d’une double licence histoire-anglais de la Sorbonne, d’un master de géopolitique de l’Université Paris 1 et de l’École normale supérieure. Elle étudie actuellement l’arabe littéral et syro-libanais à l’I.N.A.L.C.O. Son stage de fin d’études dans une mission militaire à l’étranger lui a permis de mener des travaux de recherche sur les questions d’armement et sur les enjeux français à l’étranger.


 


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