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Le Liban ne cèdera pas à la tentation du chaos syrien et régional !

Par Carole André-Dessornes
Publié le 26/09/2014 • modifié le 23/04/2020 • Durée de lecture : 11 minutes

Lebanese security forces inspect the scene of a blast on December 27, 2013 in Beirut, Lebanon. A powerful blast rocked Lebanese capital Beirut early Friday, amid reports about casualties.

Eyup Coskun / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP

Le Liban, malheureusement comme de coutume, est le terrain de prédilection des débordements des crises régionales et la guerre en Syrie ne fait pas exception. Malgré cela, le pays n’a pas sombré dans la tourmente, contrairement à ce que d’aucuns se plaisent à répéter. Bien que le Liban soit le théâtre privilégié de règlements de comptes tout autant que des luttes d’influences, la grande majorité de la population n’entend pas se laisser à nouveau prendre dans une folie meurtrière, étant déjà passée par bien des épisodes tragiques. Certains voudraient profiter de toutes les dissensions, mais la réalité est encore plus complexe et ce qui se passe en Syrie ne manque pas de le rappeler.
Le conflit syrien n’est pas sans conséquences pour les pays voisins et en particulier pour le Liban qui, à bien des égards, demeure vulnérable…
Un certain nombre de problèmes économiques, sociaux et sécuritaires sont à mettre en relation avec ce qui se déroule chez ce voisin depuis 2011.

Avec l’intervention du Hezbollah aux côtés de l’armée du régime syrien, il est clair que la crise a fait un pas supplémentaire du côté libanais en fragilisant un peu plus le pays. La bataille de Qousseir [1] Le Hezbollah a été, à maintes reprises, accusé de mettre le pays « à feu et à sang » en y important un conflit extérieur.
Il semblerait que le financement de groupuscules radicaux par des pétromonarchies du Golfe n’ait pas fait le poids face à l’engagement des combattants du Hezbollah dans cette guerre. Pour Téhéran, perdre l’allié syrien est impensable. A travers le conflit syrien, tout comme pour l’Irak, c’est la redistribution du pouvoir dans la région qui se joue.

Les Conséquences directes de la crise syrienne sur l’économie libanaise

Une des conséquences de la crise syrienne et de la paralysie de l’Etat est d’avoir dopé le trafic de haschich [2]. Ceci n’est pas une nouveauté, chaque guerre favorise ce type de commerce ; la guerre en Syrie n’échappe pas à la règle. Depuis 2012, la demande aurait augmenté de 50%. Ce trafic profite également à des réfugiés syriens.
A cela, il faut ajouter la contrebande intense au nord de Tripoli, pour faire face aux pénuries chroniques de produits de consommation de base en Syrie.
Le secteur bancaire semble, quant à lui, tirer son épingle du jeu. Les dépôts bancaires syriens de la classe moyenne ont augmenté. Il faut comprendre que le Liban apparaît toujours comme une valve de sécurité, permettant de contourner le système bancaire étatique de la Syrie, à plus forte raison dans le contexte actuel.

Le secteur touristique, l’un des moteurs économiques de la croissance, lui, doit faire face aux conséquences de la crise syrienne sur le pays. Le nombre de touristes est en chute libre depuis 2011 ; il faut également préciser que la part des visiteurs en provenance des pays du Golfe s’est effondrée après la décision des gouvernements de ces monarchies de boycotter le Liban craignant pour la sécurité de leurs ressortissants.
Par ailleurs, des villes ont été touchées de plein fouet économiquement en raison de la situation en Syrie. Ainsi en 2012, en raison du sentiment d’insécurité lié à l’apparition de Cheikh Ahmad el-Assir (religieux sunnite de tendance salafiste né à Sidon qui s’est fait connaître par sa position radicale contre le Hezbollah) – devenu un véritable phénomène médiatique – Saïda s’est ajoutée à la liste des zones à éviter. Ce personnage obscur avait fini par paralyser la vie économique et dresser les Libanais les uns contre les autres en bafouant l’autorité étatique et en exacerbant les tensions. Il n’a pas hésité à envoyer ses hommes attaquer un barrage de l’armée libanaise causant la mort de deux officiers. La ville avait fini par être mise en quarantaine y compris par les habitants de la région, l’activité commerciale chutant de 75% entre 2011 et 2014.
Autre exemple avec Byblos qui, privée de touristes en provenance du Golfe, a dû gérer les vagues d’attentats. La crise syrienne a fait perdre 80% de ses visiteurs à la ville [3].
Certains Libanais vivant à l’étranger ont fini par se détourner de leur pays. A cela il faut ajouter d’autres conséquences loin d’être négligeables pour le Liban, comme la question des réfugiés syriens.

L’afflux permanent de réfugiés syriens au Liban pèse lourdement sur l’équilibre du pays

Selon la représentante de l’Unicef au Liban, Mme Annamaria Laurini [4], ce sont « plus de 13 000 réfugiés syriens qui arriveraient chaque semaine au Liban ». Le nombre de réfugiés enregistrés auprès du HCR est largement inférieur au nombre total des réfugiés.

Selon les estimations de l’Onu et du gouvernement, 75% des déplacés syriens se trouvent dans les régions les plus pauvres situées au nord et à l’est du pays, comme l’Akkar, Tripoli et la Békaa.
Le ministre de l’Economie et du commerce, Alain Hakim, lança un appel le 9 mai 2014 aux pays donateurs (parmi lesquels figurent entre autres les pays du Golfe, Koweït, Arabie saoudite, les Emirats arabes unis…la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, le Japon, la Norvège), insistant sur le fait que le Liban est le pays « qui accueille le plus de réfugiés syriens au monde avec 40% du total des déplacés (…) » [5].
Cette présence pèse sur le marché de l’emploi. La question des travailleurs syriens reste une question récurrente ; la concurrence entre travailleurs libanais et syriens est plus intense que jamais, ces derniers étant bien moins coûteux, jusqu’à deux fois moins chers que la main d’œuvre locale. Tout ceci ne fait qu’accentuer les tensions sociales. Il faut néanmoins rappeler qu’une grande partie de la main d’œuvre travaillant dans le secteur du bâtiment est d’origine syrienne et ce, déjà bien avant la guerre.
Selon le rapport de la Banque mondiale, les premières années de la guerre en Syrie engendreraient des pertes pour le Liban s’élevant à 7,5 milliards de dollars [6] pour la période de 2012 à 2014.
Toujours est-il que 170 000 Libanais pourraient s’ajouter au million de Libanais vivant déjà sous le seuil de pauvreté. A cela s’ajoute l’augmentation des soins médicaux auprès des hôpitaux, ce qui ne manque pas là aussi d’exercer une pression supplémentaire sur le système libanais de santé.
Quant aux écoles publiques, elles ont accueilli plus de 70 000 réfugiés, soit bien au-delà des capacités du système scolaire public du pays, sachant que bon nombre des enfants ne sont pas scolarisés. Selon l’Unicef, plus de la moitié des réfugiés enregistrés en 2013 étaient des enfants.
Un autre point est également à souligner, les difficultés des échanges commerciaux qui ont tendance à tirer les prix des produits de base vers le haut ainsi que le prix de l’immobilier, le tout ayant une incidence majeure sur les ménages les plus vulnérables.

Face à cet afflux de réfugiés syriens, le ministre libanais de l’Intérieur, Nohad Machnouk, a annoncé le 8 mai 2014 des mesures limitant l’entrée sur le territoire de réfugiés palestiniens de Syrie : le Liban ne délivrera plus de visa à la frontière syro-libanaise aux réfugiés palestiniens et la prolongation des visas ne sera plus automatique… Sur 500 000 Palestiniens vivant en Syrie, 75 000 auraient quitté le pays dont 53 000 auraient trouvé asile au Liban qui déjà compte sur son territoire douze camps de réfugiés palestiniens établis à partir de 1948.
De cette question des réfugiés et du conflit syrien, surgit une autre problématique, celle d’une sécurité territoriale mise à mal.

Des problèmes politiques et sécuritaires amplifiés par la tragédie syrienne

L’assassinat à Beyrouth de Mohammad Chatah (ancien ministre des Finances de Fouad Siniora et ancien conseiller aux Affaires internationales de Saad Hariri) le 27 décembre 2013 se rendant à une réunion de la coalition du 14 mars portant sur la question de la sécurité et sur la Syrie a été un véritable traumatisme, rappelant l’attentat perpétré contre Wissam el-Hassan – général des Renseignements – en octobre 2012. Les deux hommes étaient des proches de la famille Hariri et hostiles au régime syrien et leur mort n’a pas manqué de susciter des réactions accusant les « ennemis du Liban », et donc pointant du doigt le régime syrien et son allié libanais, le Hezbollah.

La question sécuritaire au Liban se traduit d’un côté par des actes isolés et ponctuels et de l’autre par des heurts frontaliers et continus. Des flambées régulières de violence ont lieu à Tripoli, entre partisans de Bachar el-Assad et opposants libanais.
Le village d’Al-Qaa situé dans la région de Hermel - au pied du Mont Anti-Liban - dernière localité avant la frontière syrienne, vit depuis 3 ans au rythme des événements syriens. Al-Qaa est pris en tenaille entre Ersal au sud, fief des rebelles sunnites au Liban et le bastion du Hezbollah plus à l’est. La pression monte depuis quelques temps et les roquettes tombent régulièrement près du village.
Le village de Kfar Hamel et ses environs ont également été frappés à plusieurs reprises en 2013, lesquelles frappes ont commencé le lendemain de la reconnaissance officielle [7] par le Hezbollah de son appui militaire à Bachar al-Assad.

Le Front al-Nosra a donc revu ses priorités dans le but de combattre le parti chiite, devenu son principal ennemi. La lutte contre le Hezbollah ne se limite donc plus à la Syrie. Pour le Front, cette lutte passe nécessairement par le Liban, ce qui ne s’est pas fait attendre…en effet, de nombreux attentats, et la liste est longue, ont visé les cibles chiites, le but étant de causer le plus de dégâts possibles.
Pour ne citer que quelques exemples, le 21 janvier 2014, la banlieue sud de Beyrouth a été à nouveau secouée par un attentat qui a visé le fief du Hezbollah déjà touché début janvier par une attaque meurtrière. Selon la Croix Rouge, cette explosion revendiquée par le Front al-Nosra, a fait au moins 4 morts et 35 blessés.
Le 19 février vers 9h30 (heure locale), les quartiers sud de Beyrouth ont été frappés par un double attentat. Il s’agissait de 2 voitures piégées, conduites par des hommes, qui ont explosé à 50 m de distance l’une de l’autre. Cette attaque terroriste a eu lieu à proximité du Centre culturel iranien et des bureaux de la chaîne iranienne IRIB à Beyrouth.
Deux roquettes sont tombées, le 26 mai dernier, sur les quartiers de la banlieue sud de Beyrouth (fief du Hezbollah) [8]. Militants du mouvement libanais et civils sont indistinctement visés.
Alors que la saison estivale approchait à grands pas, le terrorisme s’est invité une nouvelle fois dans le pays : mardi 24 juin, à l’hôtel Duroy de Raouché (à Beyrouth), a eu lieu une explosion qui a fait 11 blessés en plus de la mort du candidat à cette attaque-suicide. C’est donc le troisième attentat-suicide en cinq jours, après les attentats à Darh el-Baïdar (à l’est du pays) et de Tayyouné (à l’entrée de la banlieue sud de Beyrouth) qui ont fait respectivement un mort et 30 blessés pour l’un et une douzaine de blessés pour l’autre…Ces attentats ont eu lieu peu après l’annonce des pays du Golfe d’autoriser leurs ressortissants à se rendre au Liban. Comme on peut aisément l’imaginer, cela a stoppé net la reprise des réservations de ces derniers dans les hôtels.

Quant à la crise présidentielle libanaise, elle est toujours au point mort, bloquant petit à petit les institutions. Cette paralysie autour de la question présidentielle est interprétée, par de nombreux observateurs, comme un refus de l’Iran qu’un président opposé à sa politique régionale soit élu au Liban. Il est évident que la meilleure protection pour le pays est de mettre en avant une politique de neutralité, ce qui est particulièrement délicat avec le rôle joué par le Hezbollah. Walid Joumblatt a rappelé combien il est urgent de rester attachés aux frontières établies et de tout mettre en œuvre pour soutenir toute politique de distanciation et ce en dépit des difficultés rencontrées.

Le Liban, déjà lié à l’imbroglio syrien, se voit rattrapé par la crise irakienne à travers l’intrusion sur son territoire de l’Etat islamique (Daech en arabe) et du Front al-Nosra, déjà présents en Syrie. La création du califat par l’EI en juin 2014 a, en quelques sortes, dopé ce mouvement.
Samedi 2 août, les djihadistes de l’EI et du Front ont attaqué Ersal (ville frontalière de l’est du Liban). Cette région du Liban a toujours été ouverte à toutes sortes de trafics, les frontières étant particulièrement poreuses. Il n’est pas réellement surprenant que les djihadistes de ces mouvances voient dans cette frontière avec la Syrie un champ d’action, voire une possibilité pour eux de s’y établir et d’y élargir le front.
Depuis le début de la guerre en Syrie, le Jurd [9] de Ersal a toujours servi de zone tampon permettant aux combattants syriens de s’infiltrer, de récupérer des armes et de transférer des blessés. Le Hezbollah s’est bien gardé d’intervenir au cours de cette attaque.
Les affrontements qui ont opposé l’armée libanaise et les djihadistes ont fait plusieurs morts aussi bien du côté de l’armée que du côté de ces combattants radicaux. Des soldats et des membres des FSI sont retenus en otage, soit au total 35 personnes ; 5 soldats ont été libérés le 30 août dernier, les autres seraient encore entre les mains des djihadistes qui n’ont pas hésité à décapiter un premier soldat et à poster la vidéo sur la toile le 30 août 2014 et à décapiter un deuxième soldat le 6 Septembre, ce qui n’a pas manqué de susciter des représailles de type communautaire. L’armée se trouve, bien malgré elle, embarquée dans les soubresauts d’une guerre qui oppose le régime Baas syrien à ses opposants.
Bien avant cette attaque, Ersal avait déjà fait l’objet de violences, c’est ainsi que le 30 mars de cette année, 3 soldats libanais sont morts et 3 autres au moins ont été blessés lors d’une opération-suicide perpétrée devant un barrage militaire dans la ville, non loin de la frontière.
Nombreux sont ceux qui redoutent que les victoires de l’EI et la proclamation du Califat ne contribuent au réveil de cellules dormantes au Liban qui pourraient semer le trouble à Saïda et dans les camps palestiniens de Aïn el-Héloué, Bourj el Brajneh (au sud de Beyrouth), Tripoli…

Ces récents affrontements à Ersal ont remis au premier rang des préoccupations la question du contrôle des frontières. Certains ministres souhaitent une mise en application de la résolution 1701 de l’ONU et en particulier les articles 11, 12, 13 et 14 [10] qui octroient à la FINUL la mission de prêter assistance au gouvernement libanais dans la sécurisation des frontières de manière à empêcher toute entrée d’armes sans le consentement de ce dernier. On comprend très vite que ces points aient pu faire l’objet, lors de leur adoption, d’une opposition de la Syrie ainsi que de ses alliés libanais.

Lors de l’élection présidentielle syrienne, les ressortissants syriens à l’étranger ont pu voter dans leurs ambassades. Le vote organisé à l’ambassade de Syrie à Beyrouth [11], où les réfugiés se sont rendus en masse, a été l’occasion pour le régime syrien de se rappeler au bon souvenir d’un pays qu’il avait placé sous sa tutelle directe jusqu’en avril 2005.
Les routes menant à la capitale ont été saturées au point que le périmètre de Baabda était totalement bloqué, les électeurs venant de Baalbeck-Hermel, de Bourj-Hammoud et de la banlieue sud de Beyrouth…La télévision syrienne n’a pas hésité à parler de plébiscite, lequel a été organisé par le Hezbollah s’employant à mobiliser des points de rassemblements pendant toute la durée du vote.

Conclusion

Non, le conflit syrien ne fera pas exploser le Liban ! Après quinze ans de guerre civile, une double occupation, des crises politiques à répétition… tel le roseau, le Liban peut se targuer de plier sans jamais rompre. A cela il faut ajouter un point essentiel qui repose sur l’intérêt que représente le Liban pour les acteurs régionaux avec son système bancaire, son aéroport et les ports tous fort utiles… voire incontournables.
L’écrasante majorité des Libanais refuse l’idée même d’un retour à la guerre civile. Il est grand temps de jeter les bases nouvelles et solides du vivre-ensemble au Liban pour faire fasse à toutes ces secousses dans la région, comme le souligne si bien Samir Frangié dans son appel à une « intifada » de la paix [12]. Il rappelle également que la paix durable au Liban passe par « le recouvrement par l’État de sa souveraineté bafouée depuis 1969 », et par « la libération de l’État des conflits entre les communautés » [13].
Si les impacts régionaux de la crise syrienne sont indéniables et la pression régionale se fait de plus en plus sentir, le Liban est parvenu jusqu’à maintenant à éviter que le pire.

Notes :

Publié le 26/09/2014


Carole André-Dessornes est Chercheure - Consultante en Géopolitique depuis 16 ans travaillant sur les questions générales et les thèmes portant sur la violence sous toutes ses formes au Moyen-Orient.
Docteure en sociologie (Doctorat obtenu sous la direction de Farhad Khosrokhavar à l’EHESS) et membre associée au Cadis, Carole André-Dessornes est également, entre autres, titulaire d’un DEA d’études diplomatiques et Stratégiques, de 2 maîtrises d’histoire.
Elle intervient également dans des institutions comme l’École Militaire de Spécialisation de l’Outre-Mer et de l’Etranger (EMSOME), le CEDS…les hôpitaux psychiatriques auprès du personnel soignant et administratif sur la Géopolitique du Proche et Moyen-Orient ainsi que sur les impacts de la géopolitique sur la santé mentale.
Elle est l’auteur de nombreux articles sur le Moyen-Orient, ainsi que de plusieurs ouvrages : « 1915-2015, un siècle de tragédies et de traumatismes au Moyen-Orient », aux éditions L’Harmattan, collection la Bibliothèque de l’IreMMO, octobre 2015, « Les femmes-martyres dans le monde arabe : Liban, Palestine, Irak », aux éditions l’Harmattan, décembre 2013. A publié en 2006 un ouvrage sur « La géopolitique, un outil au service de l’entreprise » aux éditions EMS.


 


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