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L’Iran entre deux orages : attentats à Téhéran et crise du Qatar (3/3)

Par Michel Makinsky
Publié le 17/08/2017 • modifié le 08/04/2020 • Durée de lecture : 24 minutes

Michel Makinsky

Lire les parties 1 et 2 :
L’Iran entre deux orages : attentats à Téhéran et crise du Qatar (1/3)
L’Iran entre deux orages : attentats à Téhéran et crise du Qatar (2/3)

Donald Trump et la crise du Qatar ou comment allumer un incendie que d’autres doivent éteindre

Lors de sa visite à Riyad les 20 et 21 mai pour un véritable resserrement des relations bilatérales américano-saoudiennes, le président Trump a soutenu, sur globalement tous les sujets, les options saoudiennes. Il a notamment vivement critiqué l’Iran qu’il convient d’isoler. Il a ensuite fustigé le Qatar, soutien du terrorisme. Le 6 juin, Trump se félicite des retombées de sa visite dans un tweet : « C’est si bien de voir que la visite en Arabie saoudite auprès du Roi et de 50 pays est déjà fructueuse. Ils ont dit qu’ils adopteraient une ligne dure sur le financement… de l’extrémisme et toute référence visait le Qatar ». Le locataire de la Maison Blanche avait oublié que la plus grande base militaire américaine au Moyen-Orient (Al Udeid), centre névralgique des opérations contre Daech, est au Qatar. Il a ce faisant donné un soutien, peut-être involontaire, aux Saoudiens. Signe de la confusion dans le système décisionnaire américain (Trump, Tillerson et le secrétaire à la Défense James Mattis tiennent des propos contradictoires sur un Qatar sponsor du terrorisme et fidèle allié) (1), plusieurs responsables se sont empressés de louer la contribution du Qatar (2) et rappeler qu’il n’est pas question de remettre en cause la base américaine du Qatar (3). Un contrat de $12mds pour la fourniture d’avions F15 américains a été signé dans ce même temps. Un contingent qatari est également engagé dans les opérations militaires contre le Yémen. L’appareil d’Etat américain est fragmenté. Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson, pilier de la posture du président Trump, a appelé les parties prenantes, en particulier saoudiennes, à la retenue (4). Heather Nauert, porte-parole du département d’Etat, reconnaît le 20 juin que l’Amérique s’interroge (sur les mobiles qui ont guidé l’Arabie saoudite et les Emirats dans l’offensive lancée contre le Qatar). Elle avoue la « perplexité » (We are mystified) de l’administration, deux semaines après le début de l’embargo, devant le fait que ses initiateurs n’aient pas communiqué au Qatar ni publié les détails des griefs qui lui sont formulés. Elle ajoute : « Au point où nous en sommes, nous sommes face à une question simple : les actions concernaient-elles véritablement leurs préoccupations quant au prétendu soutien du Qatar au terrorisme ou portaient-elles sur leurs griefs qui couvent depuis longtemps ? » (5). C’est plus qu’une question, c’est un aveu révélateur de l’amateurisme de l’exécutif américain. Ms Nauert n’a pu que répéter que Rex Tillerson et son administration encouragent « toutes les parties à diminuer les tensions et entamer un dialogue constructif ». Comme le note Hussein Ibish, analyste avisé, Washington ne nie pas que le Qatar a des choses à se reprocher, notamment en matière de financement de mouvements terroristes, mais craint les risques de dérapages d’une crise entre ses alliés moyen-orientaux. Tillerson indique que bien que le Qatar ait déjà fait des progrès en la matière, il faut faire plus et plus vite (6). Ceci est plus mesuré que les propos abrupts de Trump mais n’effacera pas la perception de la rudesse présidentielle.

Devant ce qu’elle perçoit (tardivement) comme un dangereux engrenage où elle s’est fait piéger par les Saoudiens, l’administration américaine multiplie les contacts, consultations, conseils et admonestations avec les protagonistes de cette partie qu’elle ne maîtrise pas, l’incendie une fois allumé. Tillerson adjure le 21 juin les Saoudiens et leurs amis de fournir au Qatar une liste de demandes « raisonnables et pratiquables ». Il ajoute qu’il soutient la médiation que le Koweit a décidé de lancer dès le 6 juin avec l’accord du Qatar (7). Pour cet acteur respecté, coutumier des médiations, l’enjeu est de taille (8). Au-delà de la réussite de la démarche de rapprocher des points de vue très opposés, il s’agit de se poser en pôle d’influence ayant suffisamment de poids face à une Arabie dont l’appétit autoritaire augmente. En cas d’échec, le royaume traitera l’émir comme petit vassal dans un Conseil de Coopération du Golfe à sa dévotion. On comprend dès lors l’extrême prudence omanaise (9) qui préserve sa place de discret go-between que Washington finit par percevoir (10). Cette crainte s’avère justifiée. La médiation koweitie est visiblement dans l’impasse, le « club des quatre procureurs » n’envisageant à court terme aucune concession. La publication « opportune » (organisée par qui ?) des accords de 2013/2014 est l’occasion de « remettre les pendules à l’heure », autrement dit de rappeler que les vagues six « principes » n’effacent pas les dits accords.

Une éclaircie ?

Tillerson a-t-il le poids et l’autorité nécessaires (affaibli à Washington par Trump qui le désavoue sur le renouvellement des waivers nucléaires de l’Iran) pour imposer un compromis qui acterait les « efforts » (11) du Qatar ? Multipliant les consultations et échanges, il s’emploie à persuader le bloc saoudien de trouver une « porte de sortie honorable ». On peut penser que le Qatar, qui ne peut indéfiniment laisser prospérer cette crise, consentira un certain nombre de concessions. De fait, le secrétaire d’Etat enregistre un premier succès. Nous avons en effet signalé le Memorandum of Understanding signé le 11 juillet entre le Qatar et l’Amérique (« fruit de plusieurs semaines de discussions entre experts ») prévoyant de conduire pendant les prochains mois et années une série de mesures conjointes pour interrompre et tarir les sources de financement du terrorisme et lutter contre ce fléau au niveau global. Le ministre qatari des Affaires étrangères a déclaré que l’accord n’était pas lié à la crise qui affecte le Qatar et le bloc des quatre. Mais il est évident que Tillerson espère manifestement que cet accord dégèle l’impasse, bien que le contenu de celui-ci ne coïncide pas vraiment avec la liste de mesures exigées par ce bloc, ni avec les accords de 2013/2014. De fait, tout en se félicitant de cet heureux développement, l’Arabie saoudite, les Emirats, Bahrein, l’Egypte, ont publié un communiqué conjoint félicitant l’Amérique de ses initiatives pour éradiquer le terrorisme mais qu’ils surveilleraient attentivement le comportement du Qatar (12). Ils ajoutent que « cette étape est insuffisante », car « on ne peut faire confiance aux autorités qataries » (13). L’embargo sera maintenu tant que le Qatar n’aura pas cessé sa politique « d’ingérence ,d’incitation au terrorisme…. de discours encourageant la haine » (14). On retrouve là quelques extraits du catalogue des exigences du quatuor.

Moins d’une semaine après la signature de ce MOU avec l’Amérique, l’émir Tamim signe un décret amendant sa législation anti-terroriste, en y apportant une définition du terrorisme, des actes terroristes et fixant un régime de gel des financements terroristes et établissant une réglementation de ce financement (15). C’est une première étape significative que les « procureurs » saoudiens ne peuvent traiter par le mépris. Mais il est prématuré de prévoir si elle permettra une sortie de crise. En tout cas, elle en améliore les conditions. Cette première éclaircie dans un ciel tourmenté est indiscutablement à mettre au crédit de Tillerson, certes, avec l’appui d’autres ‘bonnes volontés’, mais qui vient à point nommé redorer son blason diplomatique.

Le 21 juillet, il déclare que les « Etats-Unis sont satisfaits » des efforts consentis par le Qatar qu’il dit prêt à « s’asseoir avec ses quatre protagonistes » sachant que pour Doha, « la souveraineté et la dignité de tous les cinq pays doit être respectée dans ces discussions » (16). Il ajoute qu’il espère que « les quatre pays considéreront comme signe de bonne foi la levée de ce blocus terrestre ». En clair, il demande un « geste ». Anwar Gargash, ministre des Affaires étrangères des Emirats Arabes Unis, a salué la parution du décret qatari amendant sa législation anti-terroriste (17). Ce premier pas sera-t-il suffisant pour que le « geste » suggéré par Tillerson soit fait par le « groupe des quatre » du bloc saoudien ?

Mais d’un autre côté, la médiation koweitie va-t-elle pouvoir se poursuivre ? La marge de manœuvre diminue, pour les raisons que nous venons d’indiquer. Un symptôme supplémentaire l’illustre. Le 20 juillet, le Koweït (qui n’a plus d’ambassadeur à Téhéran depuis 2016) ordonne la fermeture des missions culturelles et militaires de l’ambassade d’Iran et la réduction de 19 à 4 du personnel diplomatique. Le motif avancé serait l’implication de la République islamique dans l’affaire du démantèlement de la « cellule Abdali » en 2015. Les autorités koweities ont en plus gelé l’activité des commissions bilatérales qui traitent les dossiers intéressant les deux pays (18). Téhéran a convoqué le chargé d’affaires koweiti et protesté contre ces mesures. Une annonce plus étrange de source azérie (19), fait état de l’injonction koweitie délivrée le 20 juillet à l’ambassadeur iranien (?) de quitter le territoire sous 48 jours. Ceci confirme non seulement une dégradation des relations entre l’Iran et le Koweit, mais aussi le poids des pressions de Riyad et ses alliés pour mettre au pas le Koweit désormais en peine pour se poser en médiateur dans le dossier qatari. Toutefois, le 24 juillet, le ministère inranien des Affaires étrangères indique que finalement les relations diplomatiques irano-qataries sont maintenues au niveau des ambassadeurs. Au-delà, ces épisodes nous font toucher du doigt une rude réalité : l’affaiblissement de l’influence de Washington, ou , plutôt de sa capacité à imposer à ses interlocuteurs des lignes de conduite (20). La visite triomphale de Trump à Riyad, les mirifiques contrats signés (y compris avec le Qatar), ne doivent pas faire illusion. Les « alliés stratégiques » entendent jouer leur propre partition. Ceci ne veut pas dire que l’Amérique ne dispose plus de moyen de pression sur sa « clientèle » moyen-orientale, tant s’en faut : l’exemple le plus emblématique en est la base installée au Qatar, et le niveau gigantesque de la coopération militaire entre Washington et les monarchies. Le « reset » de la relation américano saoudienne est trop visible pour être ignoré. Nous voulons plutôt signifier que les Etats-Unis n’ont guère les moyens de dicter leur conduite à ces encombrants alliés quand intérêts et visions divergent.
Un sous-produit bien involontaire de cette incapacité a été de pousser Téhéran et Ankara à un rapprochement tactique.

La Russie est également inconfortable. Fidèle soutien des Iraniens, elle souhaite aussi accroître sa position au Moyen-Orient, et a depuis longtemps renforcé ses relations avec l’Arabie saoudite, notamment sur les hydrocarbures et sur la question des cours du baril. Ce dossier comporte aussi une dimension gazière : le Qatar, comme l’Iran et comme la Russie, est un acteur majeur d’un groupe de producteurs qui est en train de s’organiser. Ce pôle gazier joue un rôle et la donne énergétique pèse probablement. La Russie, embarrassée, essaie de persuader l’Arabie saoudite de chercher une issue négociée à cette situation tendue. Elle entretient avec Riyad un dialogue continu en dépit de profondes divergences de vues sur des sujets très importants, notamment sur la Syrie : les conversations se poursuivent difficilement, et si le trio Russie, Iran,Turquie est au centre de ces discussions, la Russie voudrait amener les Saoudiens et les Américains à être partie prenante, ou à ne pas créer d’obstacles supplémentaires. Le rôle éventuel de la Russie dans le déclenchement de la crise qatarie (nous avons évoqué la présence de sites russes dans l’épisode du piratage de sites qataris et des enquêteurs américains auraient estimé que des hackers russes seraient impliqués) laisse perplexe, les rumeurs précitées ne permettant pas de conclure dans un sens ou un autre. Elles ont été vigoureusement démenties par les autorités russes. Mark Katz, bon expert des politiques russes, conclut justement : « Au final, Moscou veut faire des affaires avec toutes les parties en conflit dans ce différend » (21). Maxim A. Suchlov estime que Moscou a été pris par surprise et n’avait pas vu émerger ce cocktail explosif. Rapidement V. Poutine a multiplié les concertations avec l’ensemble des responsables de la région pour encourager une solution diplomatique. Les démarches russes se poursuivent. La Russie avait tablé sur un développement de ses relations avec le Qatar, et le trouble qui naît du fait de cette crise complique ses calculs. Celle-ci poursuit en même temps la discussion d’importants projets pétroliers avec les Saoudiens, qu’elle entend ne pas mettre en péril. Aussi V. Poutine, tout en promouvant la recherche de compromis, ne veut pas se placer en « go-between » ni passer pour être dans le « camp » qatari (22).

L’Iran, ciblé comme le Qatar, pourrait en tirer avantage

Dès le début de la crise, le gouvernement iranien a adopté une double posture : il a invité le Qatar et ses protagonistes à résoudre leur désaccord par la voie diplomatique et les a mis en garde contre les dangers d’une escalade (23). Les media se sont enflammés sur le sujet, les opinions étant partagées entre ceux, notamment réformateurs, qui poussent à prendre parti pour le Qatar, y voyant une opportunité pour l’économie iranienne et ceux qui invitent à faire preuve de retenue (24), de neutralité dans une « guerre de sheikhs » (25). Tous condamnent l’Arabie saoudite. Surtout, Téhéran a dénoncé la responsabilité américaine dans le déclenchement de cette crise en mettant en cause l’attitude de Trump lors de sa visite à Riyad où il avait par ailleurs fustigé l’Iran comme sponsor du terrorisme (26). N’oublions pas que les relations irano-qataries sont loin d’être harmonieuses. L’exploitation du champ gazier conjoint de South Pars est un sujet de frictions car l’Iran reproche au Qatar de tirer des quantités de gaz bien supérieures aux siennes (en avril 2017, le Qatar a mis fin à un moratoire), Téhéran n’ayant pas beaucoup de moyens de moderniser son extraction mais ayant décidé de combler son retard. L’augmentation de la part iranienne de production gazière est un enjeu prioritaire (27), d’où une nervosité perceptible sur ce sujet. Dès le lancement du blocus saoudien, Javad Zarif a tweeté que « les voisins sont permanents ; la géographie ne peut être changée, la coercition n’est pas une solution » et que « le dialogue est impératif » (28). L’Iran a très vite compris qu’une opportunité se présentait à lui. En prenant parti pour son voisin, et surtout en ouvrant immédiatement son espace aérien (29) aux avions qataris qui ont pu trouver une route ainsi que ses ports maritimes (30), Téhéran a tenté un pari qui pourrait s’avérer payant. Initialement dénoncée par Trump et le bloc saoudien comme une menace régionale soutenant le terrorisme, donc promis à l’isolement, la République islamique voit se présenter un rapprochement avec un acteur majeur du gaz, qui partage avec elle cet enjeu stratégique. Une occasion rêvée pour elle, et sans doute une erreur (stratégique) majeure du bloc précité et de son myope allié transatlantique. Au passage, Téhéran peut aussi profiter d’une convergence avec Ankara (31) ,bienvenue au moment où les deux capitales ont encore des divergences sérieuses sur la Syrie.

Très rapidement, une très forte tendance a pris le dessus : ceux qui considèrent que s’ouvre à la République islamique un accès inespéré au marché qatari, une occasion à saisir indispensable à l’économie iranienne. Les besoins urgents du Qatar en denrées alimentaires dont l’embargo le prive, ont été la première priorité. Les premiers envois d’urgence ont été suivis d’un flot considérable, désormais régulier (32), de denrées livrées tant par mer (33) que par voie aérienne. Même si c’est coûteux, le Qatar est à l’abri d’une pénurie alimentaire que l’interruption des livraisons de provenances habituelles pouvait créer. Non moins vite, des responsables économiques iraniens ont déclaré leur intérêt pour les perspectives d’exportations vers le Qatar : le ministère de l’Industrie, des Mines et du Commerce a préparé l’envoi d’une délégation au Qatar pour étudier les marchés potentiels (34), le secteur agroalimentaire se mobilisant en priorité pour expédier de la nourriture (35). Allant plus loin, sera aussi étudié le renforcement de la présence des entreprises iraniennes. De son côté, le secteur du transport maritime a travaillé sur des tarifs compétitifs adaptés à la demande qatarie.

L’Iran a également tiré profit de cette situation en fournissant son voisin en matériaux de construction nécessaires aux futures installations prévues pour la coupe du monde de 2022 et pour satisfaire aussi sa demande croissante pour le développement général de ses infrastructures. En sus, le 9 août, Ankara, Téhéran et Doha ont conclu un accord de principe pour organiser une « route commerciale » destinée à faciliter et accélérer à moindre coût les flux de marchandises turques vers le Qatar via l’Iran. Elles partiront de la ville turque de Mardin pour être chargées au port iranien de Bouchehr sur des navires Ro-Ro jusqu’au Qatar. En plus, pour échapper aux contraintes des Emirats arabes unis, le Qatar a décidé de déplacer son hub régional de transbordements maritimes du port dubaiote de Jabal Ali au port omanais de Sohar. Les Emirats, qui commencent à mesurer les inconvénients du blocus qu’ils imposent au Qatar, ont décidé, après concertation avec l’Organisation Internationale de l’Aviation Civile auprès de qui le Qatar avait déposé plainte (outre les plaintes auprès de l’OMC), d’accorder le 8 août aux avions qataris un accès à une route faisant partie de son espace aérien au dessus de la mer, à titre provisoire.

Téhéran essaie tout autant de capitaliser des gains stratégiques avec son voisin en adoptant une posture qui est à la fois un appui affirmé et le maintien d’une ouverture en direction de l’Arabie saoudite conviée à quitter le registre de la menace pour celui de la détente. Si le premier axe semble réaliste et prometteur, le second paraît hors d’atteinte tant que la rigidité du royaume persiste, encouragée par Trump.

Il est cependant permis de se demander si les dirigeants du royaume ne sont pas en train d’infléchir quelque peu leur attitude. Percevant les dangers générés par une accumulation de tensions avec l’Iran, et commençant peut-être à mesurer les succès limités de la stratégie de confinement de la République islamique, Riyad semble envoyer très récemment quelques « ballons d’essai » en vue d’une désescalade. Le 13 août, l’Agence IRNA annonce que le ministre irakien de l’intérieur Qasim Al Araji aurait déclaré la veille (12 août) que le prince saoudien Bin Salman lui aurait demandé de jouer le rôle de médiateur entre l’Iran et l’Arabie saoudite pour tenter de diminuer les tensions bilétérales. Il ajoute que le roi lui aurait déjà exprimé une requête similaire. Al Araji aurait demandé à ses interlocuteurs de traiter ‘convenablement’ les Iraniens se rendant en pèlerinage à La Mecque. De fait, des « gestes » ont été faits du côté saoudien : le bureau du Guide Suprême en charge du pèlerinage a pu ouvrir ses portes sur place. Peu après l’annonce de cette « médiation », Bahram Qassemi, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a déclaré que Téhéran accueille positivement toute médiation d’un pays de la région pour dégeler les relations entre Riyad et Téhéran. Mais il souligne, dans une interview à Al Jazeera, que l’Iran attend des manifestations concrètes de cette volonté de dégel de la part du royaume. Autre symptôme : la visite de Muqtada al-Sadr en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis suggère une manœuvre complexe entre l’Irak et les deux têtes du « front anti-Téhéran ». Le jeune leader chiite a eu des échanges de vues avec les dirigeants des deux pays sur les dossiers irakiens, syriens, yéménites. Pour l’Irak, il s’agit d’alléger un peu l’encombrante tutelle de Téhéran, par un rééquilibrage qui lui donnera plus d’oxygène pour sa reconstruction et son positionnement régional. Pour Riyad, l’objectif est de diminuer l’emprise iranienne perçue comme menaçante, apporter un peu de réconfort aux sunnites irakiens brimés, prendre pied chez un voisin dont les saoudiens se sentent écartés. L’Arabie saoudite a demandé d’ouvrir un consulat à Najaf, de créér une commission mixte pour les échanges commerciaux et d’ouvrir un point de passage frontalier. Riyad veut exploiter la division des chiites irakiens qui sont loin d’être tous alignés sur Téhéran. L’Arabie saoudite aimerait contrer l’influence iranienne au sein de cette communauté chiite irakienne divisée. Il n’est pas certain que ces initiatives enthousiasment Téhéran, mais l’Iran peut difficilement refuser une ‘main tendue’. Assurément, Saoudiens et Emiratis ne peuvent espérer que les Irakiens se détourneront de l’Iran mais tenter d’obtenir de Bagdad une dose de rééquilibrage a du sens. Le dossier irakien n’est pas le seul. Il semblerait, selon l’analyste Paul Salem, qu’une inflexion soit aussi perceptible sur la crise syrienne. Il signale que le royaume aurait demandé au Haut Conseil de Négociation d’ouvrir sa porte à des groupes d’opposants des négociations du Caire et de Moscou réputés plus flexibles quant au futur de Bachar el-Assad dans la phase de transition politique. Le Haut Conseil a démenti que Riyad ait demandé aux opposants d’accepter que Bachar el-Assad reste au pouvoir provisoirement, mais a confirmé qu’inclure plus de groupes d’opposants syriens était souhaité par le royaume. Autre symptôme, l’Arabie saoudite aurait récemment suspendu des livraisons d’armes à des groupes armés proches des Frères musulmans et, selon The New Arab (16 août), a cessé d’appuyer ces groupes. Or, notons que, de son côté, Washington a annoncé (New York Times, 19 juillet) avoir interrompu l’assistance clandestine apportée par la CIA à des groupes armés luttant contre le régime de Damas. Il est vrai que la chute du maître de Damas n’est pas une priorité pour Trump, comme il l’a déjà dit. Le fait que ceci intervienne en même temps que la décrue de l’aide saoudienne (affectant, certes, logiquement les proches des Frères musulmans, bête noire des Saoudiens), n’est peut-être pas fortuit.
Par ailleurs, Paul Salem croit savoir que bin Salman aimerait trouver une issue au conflit du Yémen. Pour notre part nous n’avons pas encore détecté d’avancée saoudienne significative dans la recherche d’une solution pacifique au Yémen.

On perçoit également la tentation pour Téhéran de se poser aussi comme « contributeur » à la sécurité régionale. L’idée de constituer un mécanisme de sécurité régionale (36) est une idée très ancienne de la diplomatie iranienne, qui a souvent vanté auprès de ses voisins incrédules l’intérêt pour les pays de la région de s’organiser de façon autonome ( = sans les USA). Régulèrement avancée, cette suggestion est toujours repoussée par lesdits voisins qui non seulement ne veulent pas se débarrasser du « parapluie américain », (aujourd’hui moins que jamais) mais en outre demandent à Téhéran de faire preuve de crédibilité en la matière. En l’occurrence, le refus iranien de déférer à un arbitrage ou une juridiction internationale le contentieux des Ilots d’Abu Musa, de la Petite et de la Grande Tomb occupés par l’Iran et revendiqués par les Emirats arabes unis, pèse sur ce paysage.

A dire vrai, le bloc saoudien a commis une erreur de calcul : en sommant Doha de couper ses relations et sa coopération avec l’Iran, il s’exposait nécessairement à un refus (37) ; bien plus, il a suscité l’inverse : un rapprochement. Naturellement, il ne faut pas en exagérer la portée mais pour l’heure les deux partenaires y trouvent avantage. Rohani a réaffirmé le 25 juin à l’Emir Tamim (38) l’engagement de l’Iran à ses côtés et surtout la volonté de renforcer les liens et la coopération entre les deux pays. Il a d’ailleurs insisté sur le développement des relations économiques bilatérales par le secteur privé. Au bout du compte, un certain consensus semble émerger parmi les analystes : par rapport au but escompté, le blocus intenté par Riyad et ses alliés est partiellement contournable, ce dont Téhéran essaie de tirer des bénéfices (39). Au plan régional, ils sont visibles, mais bridés par la pression américaine sur les banques internationales qui n’osent pas opérer avec l’Iran, bloquant ainsi le financement des investissements. Pèsent aussi sur ce paysage les incertitudes que Trump fait planer quant au sort réservé à l’application de l’Accord Nucléaire (JCPOA).

Un sous-produit de la crise : le rapprochement Téhéran-Ankara

Assurément imprévu par le bloc saoudien, ce développement a été très largement favorisé par la rigidité des injonctions adressées au Qatar et à la Turquie. De même que Doha doit couper ses liens avec Téhéran, le Qatar doit renvoyer les troupes turques (en très petit nombre) et la Turquie fermer sa base militaire. Sans surprise, ces prétentions furent repoussées avec hauteur. L’opération d’isolement du Qatar a engendré un double effet : conforter la relation de Doha et d’Ankara, et provoquer un rapprochement, certes circonstanciel, entre Turcs et Iraniens dont le stock de convergences n’était pas si garni.

Comme beaucoup, la Turquie a été prise par surprise par la décision d’isoler le Qatar le 5 juin. Une situation embarrassante car elle cultive des relations très cordiales avec le Qatar tout en souhaitant développer des liens stratégiques avec l’Arabie saoudite et les autres monarchies du Golfe. La base turque installée au Qatar depuis 2015 est un enjeu qui n’est pas symbolique. Aussi, quand l’Arabie saoudite demanda à ses alliés de mettre en œuvre les mesures d’isolement du Qatar, Erdogan, très gêné, adjura dans un communiqué les membres du Conseil de Coopération du Golfe à « résoudre leurs problèmes par la négociation, le dialogue et la communication » (40). Un message peu susceptible d’être entendu, au moins au début de la crise.

Aussi, avec autant de célérité que l’Iran, la Turquie agit pour aider son voisin à subvenir à ses besoins immédiats en nourriture (41). De même, Ankara a multiplié les démarches diplomatiques auprès des pays du Golfe lors d’une tournée (42) pour favoriser une sortie de crise. Le 13 juin, Erdogan, tout en ne critiquant pas Riyad, a qualifié le blocus d’« inhumain et non-islamique ». Peu à peu, Erdogan comprend que cette évolution devient dangereuse pour la sécurité turque. La Turquie, amie des Frères musulmans qu’elle ne dédaignerait pas d’abriter, réalise que si le bloc saoudien veut soumettre le Qatar par la force, ou un changement de régime, la Turquie se trouve rapidement exposée (43). Ceci change la donne et contraint Erdogan, tout en ne s’opposant pas frontalement au royaume, à prendre des dispositions pour sa survie, celle-ci passant par une solidarité militaire avec le Qatar. Le 7 juin, le Parlement adopte d’urgence deux accords (signés depuis longtemps) prévoyant le déploiement de troupes au Qatar et des prestations d’entraînement par la gendarmerie turque (44). Ceci doit être considéré comme un tournant. Ironiquement, l’accord de défense passé avec le Qatar était initialement destiné à protéger ce dernier…. contre l’Iran (45).

La Turquie entend montrer son engagement militaire aux côtés du Qatar. Le 19 juin, des exercices militaires conjoints se sont déroulés (46). Le 22 juin, l’armée turque révèle que 113 militaires turcs sont déployés au Qatar (effectif symbolique) et que des personnels seront déployés avec des véhicules blindés. Le 7 août, la marine turque et la marine qatarie ont conduit un exercice conjoint impliquant des centaines d’hommes, combiné avec un exercice terrestre engageant des troupes d’infanterie et d’artillerie. Selon Al Jazeera, la Turquie prévoit de stationner progressivement 3000 hommes au Qatar et d’y maintenir une brigade.

Ce faisant, elle entend peut-être honorer aussi une dette à l’égard d’Erdogan. Selon certaines sources, des unités qataries auraient été déployées après la tentative de coup d’état pour protéger Erdogan pendant quatre jours (47). Symétriquement, Erdogan doit se souvenir de ce que Téhéran, dès le début de l’insurrection, avait assuré le chef de l’Etat turc de sa solidarité.

L’engagement turc aux côtés du Qatar affecte la posture stratégique de la Turquie dans son ensemble, tout comme celle de l’Iran. Le président turc a en effet été contraint de choisir entre les bonnes relations avec le Qatar et son objectif de se rapprocher des monarchies sunnites. Il espérait conserver une attitude pragmatique ménageant les uns et les autres (48). Comme le notent divers observateurs, il a tenté en vain une « diplomatie téléphonique futile largement médiatisée » (49),mais au bout du compte, « Ankara a décidé d’interprêter les mesures contre le Qatar comme si elles avaient été prises contre la Turquie ». Pour Erdogan, (c’est la perception turque ou, du moins celle désignée par lui), la Turquie est la ‘suivante sur la liste’. Un scénario improbable mais qui reflète l’état d’esprit de ce dernier. Les mêmes sources considèrent que le soutien sans faille apporté par le président égyptien à la ‘punition’ du Qatar, au nom de la lutte contre les Frères musulmans (chéris des Turcs), a contribué à l’alignement d’Ankara sur le Qatar. In fine, le tournant ainsi adopté ne laisse pas d’autre choix à la Turquie que de se rapprocher (au moins sur la problématique qatarie, car des divergences subsistent sur d’autres dossiers comme la Syrie (50)) de Téhéran. La chose n’allait pas de soi. Du coup, la coopération économique entre la Turquie et l’Iran devrait connaître un dynamisme plus soutenu, alors qu’elle souffrait de déséquilibres accentués par la fraîcheur des relations politiques bilatérales. Les deux pays ont décidé de progresser dans la laborieuse négociation d’un accord de libre-échange (PTA) qui doit encore franchir de sérieux obstacles (l’Iran demande à la Turquie l’élimination des quotas placés sur les marchandises iraniennes, la modification d’une liste de 140 produits iraniens, la suppression de taxes douanières supplémentaires sur les biens hors du périmètre du PTA) (51). Le secteur de l’énergie pourrait aussi donner lieu à une plus ample coopération (52) au-delà des fournitures de gaz iranien. La perspective de cette amélioration ne doit pas faire perdre de vue que le choix en faveur de Doha peut causer du dommage au commerce turc avec les partisans du bloc saoudien (53). Il reste que le rapprochement turco-iranien-qatari, bien qu’encore récent, porte en lui les germes de conséquences stratégiques qui n’ont pas échappé aux analystes israéliens attentifs à cette évolution. Ils se demandent si cette convergence ne pourrait pas porter atteinte à la posture stratégique de l’état hébreu (54). Une bonne question pour l’instant sans réponse.

In fine, la crise déclenchée par le bloc saoudien, supposée défendre les membres du « club », le Conseil de Coopération du Golfe, non seulement pourrait (elle est loin d’être achevée) ne pas produire les résultats escomptés par lui (mais restons prudents, tout peut arriver), mais porte en elle les germes de fragilisation, de fissuration du Conseil (55) en tant qu’organisation collective. Le CCG ne progresse pas dans le traitement de ses propres ambigüités et limites, et les initiatives mal calculées de Trump contribuent à cette vulnérabilité.

En guise de conclusion

La République islamique fait face à un cumul de défis que le nouveau gouvernement iranien devra relever dans un contexte particulièrement lourd. Au premier chef, l’attitude de Donald Trump, qui brandit maintes menaces, entretient l’incertitude. En second lieu, le problème brûlant du gel persistant des flux financiers avec les banques internationales terrorisées par les pressions américaines pénalise lourdement les investissements de partenaires étrangers pourtant indispensables au redécollage de l’économie. Nous avons vu que les attentats terroristes perpétrés à Téhéran pouvaient permettre aux ultras et à l’appareil sécuritaire de peser sur les orientations réformatrices du chef de l’Etat. En revanche, le blocus saoudien sur le Qatar offre à celui-ci des marges de manœuvre régionales inédites.

Le 17 août est confirmée, après la rencontre à Tanger de Sheikh Abdallah ben Ali Al-Thani avec le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman, la décision approuvée le 16 août par le roi Salman d’ouvrir à des citoyens qataris l’accès au pèlerinage de La Mecque, les frais de transport aérien étant pris en charge par le roi. Une décision saluée par le ministre qatari des Affaires étrangères, qui a malgré tout, selon l’AFP, regretté la « politisation du pèlerinage ». Ce geste saoudien est bien réel et témoigne d’une certaine volonté de dégel, mais on ne peut considérer que le fond de la crise entre le royaume et l’Emirat soit réglé.

La France, dont le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian, suit ce dossier, pourrait contribuer, par ses relations régionales, à une concertation utile.

Notes :

(1) Qatar Signs $12 Billion Deal for U.S. F-15 Jets Amid Gulf Crisis, Bloomberg, 14 juin 2017 ; Giorgio Cafiero and Theodore Karazik, America and Qatar’s Latest Defence Deal, LobeLog, 15 juin 2017.
(2) Us military lauds Qatar,s ays flights unaffected, Gulf Times, 5 juin 2017.
(3) Trump, Qatar, and Shifting sands in the Gulf, The Washington Institute for Near East Policy, 1er juin 2017. Trump a été obligé de réaffirmer le 12 juillet que Washington n’abandonnera pas sa base et entend entretenir de bonnes relations avec le Qatar : US will maintain good relations with Qatar, Gulf Times, 15 juillet 2017.
(4) Laura Rozen, US urges dialogue to ease Qatar crisis, Al Monitor, 6 juin 2017.
(5) Heather Nauert, U.S. Department of State Diplomacy in Action, Department Press Briefing, June 20, 2017.
(6) Hussein Ibish,Washington’s Competing Priorities in the Qatar Crisis, Arab Gulf States Institute in
Washington (AGSIW), 22 juin 2017.
(7) Qatar backs Kuweit mediation efforts over rift with Arab states, Trend News, 12 juin 2017.
(8) Giorgio Cafiero,Stakes high for Kuwait as mediator in Qatar crisis, Al-Monitor, 27 juin 2017.
(9) Giorgio Cafiero and Theodore Karazik, Kuwait, Oman and the Qatar Crisis, Middle East Institute, 22 juin 2017.
(10) Trump administration looks to Oman for help navigating Middle East, Al-Monitor, 23 juillet 2017.
(11) Laura Rozen, Tillerson calls on Saudi bloc to lift blockade on Qatar, Al-Monitor, 21 juillet 2017.
(12) U.S., Qatar sign an agreement on combating terrorism financing, Reuters, 11 juillet 2017.
(13) Saudi and allies : Anti-Qatar sanctions to stay in place, PressTV, 12 juillet 2017.
(14) Qatar’s anti terror deal with US leaves neighbours cold,Financial Times, 12 juillet 2017.
(15) Qatari emir amends laws to bolster against terrorism agency, Reuters, 20 juillet 2017. Une mesure saluée par les Emirats arabes unis : UAE Welcomes Qatari Decision to Amend Anti-Terrorim Laws, The New York Times, 21 juillet 2017.
(16) Tillerson urges Arab states to lift Qatar ‘land blockade’, Reuters, 21 juillet 2017. Le ministre britannique des Affaires étrangères , Boris Johnson, a joint sa voix à cet appel : U.K. joins U.S. in Calling for an end to Boycott of Qatar, Bloomberg, 23 juillet 2017.
(17) UAE welcomes Qatari decision to amend anti-terrorist legislations, Reuters, 21 juillet 2017.
(18) Kuwait shuts Iran cultural mission, Tehran summons chargé d’affaires, Tehran Times, 20 juillet 2017.
(19) Kuwait orders Iranian envoy to leave within 48 days, Trend News, 20 juillet 2017. L’Agence Reuters confirme, d’après une source iranienne (agence Isna) que l’ambassadeur Iranien, Alireza Enayati doit quitter le pays sous 45 jours (délai modifié) : Kuwait orders Iran envoy to leave within 45 days : Iran’s ISNA news, Reuters, 20 juillet 2017.
(20) Thomas Seibert, Qatar crisis reflects waning US influence, Agence Global, 17 juillet 2017.
(21) Mark N. Katz, Russia and the Qatar crisis, LobeLog, 8 juin 2017.
(22) Maxim A.Suchkov, Russia’s reading on what is at stake in Qatar crisis, Al-Monitor, 8 juin 2017.
(23) Iran urges explicit dialogue between Qatar, Persian Gulf States, PressTV, 5 juin 2017.
(24) Une prudence perceptible chez les vétérans du corps diplomatique qui déconseillent aux autorités de prendre parti dans la querelle : The Qatar Crisis : How do Iranian view the story ? Iranian Diplomacy, 7 juin 2017.
(25) Iranians debate whether to take advantage of Qatar crisis”, Al- Monitor, 6 juin 2017.
(26) Iran blames Trump for the worst rift in the Arab world in years, Reuters, 5 juin 2017.
(27) The Qatar-Iran Gas Field Behind the Diplomatic War in the Middle East, Haaretz et Reuters, 7 juin2017.
(28) Ladane Nasseri, Saudi-led rupture With Qatar Pushes Nation Into Iran’s Embrace, Bloomberg, 6 juin 2017.
(29) Qatar Airways Circumvent Airspace Restrictions via Iran, Iran Financial Tribune, 6 juin 2017 ; Iran’s airspace open to Qatari flights, Tehran Times, 7 juin 2017.
(30) Iranian ports open to Qatari-flagged ships, Tehran Times, 7 juin 2017.
(31) Iran ‘s Zarif makes surprise visit to Turkey amid Arab rift, Tehran Times, 7 juin 2017.
(32) Iran Supplies Continue to Help Ease Qatar Blockade, Iran Financial Tribune, 17 juin 2017 ; Iran sends 1000 tons of food to Qatar daily, Tehran Times, 23 juin 2017.
(33) Iran Plans Direct Shipping Route to Qatar, Iran Financial Tribune, 8 juillet 2017.
(34) Iran Sending Delegation for Qatar Market Survey, Iran Financial Tribune, 8 juin 2017.
(35) Selon le président de la confédération des exportateurs iraniens, Mohammad Lahuti, le Qatar importe $ 4 à 5 milliards de nourriture par an, Mehr News, 6 juin 2017.
(36) Javad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères, a proposé récemment un mécanisme de consultation et de résolution des conflits à l’image de celui d’Helsinki. Une telle idée est inacceptable pour les Saoudiens, comme le souligne Georges Malbrunot : Crise du Golfe : l’Iran en embuscade, Le Figaro, 16 juin 2017.
(37) Doha Says Tehran Ties Not Negociable, Iran Financial Tribune, 21 juin 20217.
(38) Rouhani vows stronger ties with embattled Qatar, Tehran Times, 26 juin 2017.
(39) Shahir Shahidsaless, Saudi-led Blockade of Qatar Could Boost Iran, The Atlantic Council, 10 juillet 2017.
(40) Turkey can’t afford to take sides in Qatar crisis, Al-Monitor, 6 juin 2017.
(41) Turkey sent 15 planes of food to Qatar in last 5 days, Trend News, 12 juin 2017.
(42) Turkish minister lands in Qatar aiming to help ease Gulf rift, Reuters, 14 juin 2017. Saudi Arabia working on list of Qatar’ grievances’ as Turkey FM arrives in Jeddah, middleeasteye.net news, 16 juin 2017.
(43) Erdogan tries to juggle Iran, Saudi Arabia amid Qatar crisis, Al-Monitor, 13 juin 2017.
(44) Turkish parliament okays troop deployment in Qatar amid Saudi threats, Tehran Times, 8 juin 2017. Diplomacy, Turkey’s parliament ratifies Qatar military deals, Hurriyet daily news, 7 juin 2017.
(45) If push comes to come, will Turkey defend Qatar against Iran ?, Al-Monitor, 16 mai 2017.
(46) Turkish troops hold exercises in Qatar in show of support, Reuters, 19 juin 2017.
(47) Turkish military will protect Qatari regime if necessary, Al-Monitor, 12 juin 2017.
(48) La tournée d’Erdogan au Qatar, en Arabie saoudite, au Koweit, les 23/24 juillet, est une tentative de ‘sauver la face” d’une position équilibrée sans espoir de résultat concret, Trend News, 18 juillet 2017.
(49) After rushing to Qatar’s aid, Turkey may have to rethink its Mideast ties, Al-Monitor, 8 juin 2017.
(50)Russia, Turkey, Iran fail to agree on Syria de-escalation zones, Reuters, 5 juillet 2017.
(51) Iran agrees to Revise PTA With Turkey, Iran Financial Tribune, 18 juillet 2017.
(52) Iran wants Turkish companies for energy projects, Hurriyet Daily news, 23 juillet 2017.
(53) Turkey’s economic dilemma : Win Qatar or lose the Gulf ?, Al-Monitor, 18 juillet 2017.
(54) Turkey’s power–play in Qatar leads to warmer relations with Iran, The Jerusalem Post, 1er juillet 2017.
(55) Kristian Coates Ulrichsen, Implications of the Qatar Crisis for Regional Security in the Gulf, Expertbrief, Alsharq Forum, June2017.

Publié le 17/08/2017


Outre une carrière juridique de 30 ans dans l’industrie, Michel Makinsky est chercheur associé à l’Institut de Prospective et de Sécurité en Europe (IPSE), et à l’Institut d’Etudes de Géopolitique Appliquée (IEGA), collaborateur scientifique auprès de l’université de Liège (Belgique) et directeur général de la société AGEROMYS international (société de conseils sur l’Iran et le Moyen-Orient). Il conduit depuis plus de 20 ans des recherches sur l’Iran (politique, économie, stratégie) et sa région, après avoir étudié pendant 10 ans la stratégie soviétique. Il a publié de nombreux articles et études dans des revues françaises et étrangères. Il a dirigé deux ouvrages collectifs : « L’Iran et les Grands Acteurs Régionaux et Globaux », (L’Harmattan, 2012) et « L’Economie réelle de l’Iran » (L’Harmattan, 2014) et a rédigé des chapitres d’ouvrages collectifs sur l’Iran, la rente pétrolière, la politique française à l’égard de l’Iran, les entreprises et les sanctions. Membre du groupe d’experts sur le Moyen-Orient Gulf 2000 (Université de Columbia), il est consulté par les entreprises comme par les administrations françaises sur l’Iran et son environnement régional, les sanctions, les mécanismes d’échanges commerciaux et financiers avec l’Iran et sa région. Il intervient régulièrement dans les media écrits et audio visuels (L’Opinion, Le Figaro, la Tribune, France 24….).


 


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