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Par Anne-Lucie Chaigne-Oudin
Publié le 15/05/2010 • modifié le 24/04/2020 • Durée de lecture : 4 minutes

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RIEGER Bertrand / hemis.fr / Hemis via AFP

Les plans de partage et le statut de Jérusalem

Sur le plan historique, le statut de Jérusalem fait l’objet de propositions dans le contexte des plans de partage de la Palestine mandataire dès 1937. En effet, à cette époque, la Palestine est sous le mandat de la Grande-Bretagne et les oppositions entre juifs et arabes s’intensifient. Le soulèvement d’avril 1936 a pour conséquence la venue d’une commission britannique en Palestine, la commission Peel, présidée par lord Peel. Selon la commission, il apparaît nécessaire de partager la Palestine en trois entités : un Etat juif (Galilée et côte jusqu’à Jaffa), une zone qui resterait sous mandat britannique (Jérusalem et couloir menant de cette ville à la mer) et un Etat arabe (reste du territoire). Ce plan est refusé par les trois parties.

En 1938, un autre plan de partage est proposé par la commission britannique Woodhead, reprenant le partage de la Palestine en trois zones comme l’avait proposé la commission Peel, la partie arabe étant augmentée de la partie nord de la Galilée. Ce plan est à nouveau rejeté.

En 1947, à la suite de la Seconde Guerre mondiale, l’ONU vote le 29 novembre le plan de partage de la Palestine en trois zones : un Etat juif (côte de Saint-Jean-d’Acre à Ashdod, Galilée orientale et majorité du désert du Néguev), un Etat arabe (Galilée, Cisjordanie, Bande de Gaza, petite partie ouest du Néguev), Jérusalem sous tutelle internationale pour des raisons religieuses (ville sainte pour les trois religions monothéistes, juifs, musulmans et chrétiens).

Jérusalem lors des guerres israélo-arabes

A la suite de la première guerre israélo-arabe de 1948-1949, Israël, en plus de la partie issue du plan de partage de l’ONU, garde les territoires acquis pendant la guerre, occupant ainsi 78% de la Palestine. Israël se compose alors de la Galilée, de la côte jusqu’à Gaza, de Jérusalem-Ouest et du Néguev en totalité. L’Egypte administre la bande de Gaza, quant à la Transjordanie, elle occupe Jérusalem-Est et la Vieille ville, et annexe la Cisjordanie le 24 avril 1950 à la suite du vote du Parlement jordanien.

Jérusalem est ainsi partagée en deux : l’Est de la ville et la Vieille Ville est occupé par la Transjordanie et l’Ouest par Israël. Dans la Vieille Ville se trouvent les lieux saints des trois religions : le mur des Lamentations (vestige du temple d’Hérode), le Saint-Sépulcre et l’esplanade des Mosquées. Le 13 décembre 1949, le Parlement israélien déclare que Jérusalem est la capitale d’Israël. Les organes du pouvoir sont transférés de Tel-Aviv à Jérusalem-Ouest.

Jérusalem depuis 1967

Lors de la guerre des Six Jours (juin 1967), Israël conquiert Jérusalem-Est à la Jordanie et l’annexe : le Parlement israélien déclare le 27 juin 1967 que la ville est unifiée et vote le 30 juillet 1980 la Loi fondamentale qui proclame dans son article premier que Jérusalem est la capitale d’Israël. Cependant, Jérusalem n’est pas reconnue comme la capitale de l’Etat Hébreu par la communauté internationale.

Israël obtient donc Jérusalem-Est. Dans la Vieille Ville, des modifications sont effectuées, notamment autour du mur des Lamentations, avec la construction d’une esplanade sur l’emplacement d’un quartier arabe (le quartier des Maghrébins), et avec la reconstruction du quartier juif, dont la surface est agrandie par l’expulsion des habitants arabes.

A Jérusalem-Est s’ajoute l’annexion de 72 km2 de campagne arabe, dans laquelle sont construits des quartiers juifs dès 1968, afin de renforcer la présence juive à Jérusalem : construction de Ramat Eshkol en 1968, Givat Shapira en 1969 et Givat Hamivtar en 1973 (quartiers qui jouxtent le nord de Jérusalem-Ouest), puis quatre nouveaux quartiers inaugurés en 1973 afin de marquer le territoire de la ville, au nord Neve Yaakov, à l’est Talpiot, au sud Gilo et au nord ouest Ramot Allon. Dans les années 1980-1990, les constructions de quartiers juifs se poursuivent, pour atteindre 164 km2 : Pisgat Zeev qui jouxte Neve Yaakov, Givat Hamatos en 1994 et Har Homa en 1997, situés au sud est, ainsi que Rammat Shlomo en 1996 au nord est. A côté des quartiers juifs, s’intercalent des quartiers arabes.

En outre, toujours afin de consolider la présence juive à Jérusalem, le gouvernement israélien met en œuvre en 1982 le projet Grand Jérusalem. Des implantations juives sont créées autour de la municipalité, entre 10 et 20 km de Jérusalem. Au nord de Jérusalem : Beit Horon, Beit El, Giv’on, Givat Zeev. A l’est, Maalé Adoumin et au sud Efrata.

Ces politiques de constructions se font par des expropriations de terres arabes. En droit international, ces expropriations et les constructions juives sont considérées comme illégales.

Sur le plan démographique, la population juive était de 275 000 personnes en 1967 et elle s’élève aujourd’hui à 475 000. Quant à la population arabe, elle était de 70 000 personnes en 1967 et est passée à 245 000 aujourd’hui.

La loi israélienne de 1980 considère Jérusalem-Est comme partie intégrante de son territoire et Jérusalem comme capitale de l’Etat. Pour l’Etat hébreu, la décision de 2010 de poursuivre les constructions à Jérusalem-Est est donc légale. Elle n’est en revanche pas acceptée par les Palestiniens, pour lesquels toute nouvelle construction remet en cause leur volonté que Jérusalem soit la capitale de leur futur Etat, par l’augmentation de la population israélienne. Il en est de même pour la communauté internationale qui considère ces constructions juives comme des colonies, au même titre que les colonies juives construites en Cisjordanie.

La réaction palestinienne à cette annonce s’est manifestée par des violences à Jérusalem, entre Palestiniens et police israélienne, ainsi qu’en Cisjordanie, bouclée entre le 11 et le 16 mars.

Publié le 15/05/2010


Anne-Lucie Chaigne-Oudin est la fondatrice et la directrice de la revue en ligne Les clés du Moyen-Orient, mise en ligne en juin 2010.
Y collaborent des experts du Moyen-Orient, selon la ligne éditoriale du site : analyser les événements du Moyen-Orient en les replaçant dans leur contexte historique.
Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne, a soutenu sa thèse sous la direction du professeur Dominique Chevallier.
Elle a publié en 2006 "La France et les rivalités occidentales au Levant, Syrie Liban, 1918-1939" et en 2009 "La France dans les jeux d’influences en Syrie et au Liban, 1940-1946" aux éditions L’Harmattan. Elle est également l’auteur de nombreux articles d’histoire et d’actualité, publiés sur le Site.


 


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