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Cheikh Zayed ben Sultan al-Nahyan, émir d’Abu Dhabi et président des Emirats arabes unis

Par Lisa Romeo
Publié le 25/11/2010 • modifié le 02/03/2018 • Durée de lecture : 4 minutes

Cheikh Zayed ben Sultan al-Nahyan en 1976, tenant un faucon. Le faucon est le symbole national des EAU

AFP

Enfance et formation

Né vers 1918 à Al-Aïn, à 160 km à l’est d’Abu Dhabi, cheikh Zayed est le quatrième et dernier fils du Cheikh Sultan bin Zayed Al-Nahyan qui gouverna l’émirat d’Abu Dhabi entre 1922 et 1926. Il appartient à la prestigieuse famille des al-Nahyan qui règne depuis plusieurs siècles sur la région d’Abu Dhabi.

De sept à neuf ans, il fréquente l’école coranique. Il décide ensuite de partir vivre au sein d’une tribu bédouine dans le désert. Il y découvre alors l’importance de son héritage traditionnel et s’initie, avec passion, à la fauconnerie et à la chasse. Cette expérience lui permet d’acquérir une connaissance précise du territoire d’Abu Dhabi et de ses habitants. C’est d’ailleurs pour cette raison que son frère ainé Cheikh Chakhbut bin Khalifa al-Nahyan, qui gouverne l’émirat depuis 1928, le charge de guider les géologues à travers la région dans leurs recherches de gisements de pétrole dans les années 1930-1940.

Cheikh Zayed, gouverneur d’Al-Aïn (1946-1966)

En 1946, son frère le nomme à la tête de l’administration du secteur d’Al-Aïn. Il décide alors de développer le potentiel agricole de l’oasis en mettant en place un vaste projet de réaménagement. Il rénove notamment le système d’irrigation et pousse les principaux propriétaires de l’eau à répartir l’accès à l’irrigation de manière plus équitable. Il déjoue aussi habilement les manœuvres de l’Arabie Saoudite qui cherche à mettre la main sur une partie de la région. Cet épisode révèle déjà ses grandes qualités diplomatiques.

En 1953, il voyage pour la première fois en Grande-Bretagne et en France pour accompagner son frère Cheikh Chakhbut négocier la légalité des concessions pétrolières. La découverte de l’Europe le conforte dans le besoin urgent d’ouvrir et de moderniser son pays. En effet, jusqu’à ce moment, Abu Dhabi, tout comme les émirats voisins dits Etats de la Trêve, dispose pour uniques ressources du produit de la pêche et du commerce des perles, secteurs en déclin depuis la Seconde Guerre mondiale. Les premières exploitations pétrolières au début des années 1960 offrent alors de nouvelles possibilités au pays. Toutefois, Cheikh Chakhbut ne semble pas décidé à investir véritablement dans le précieux liquide et maintient donc l’émirat dans une certaine pauvreté. Les Al-Nahyan choisissent alors de le remplacer par Cheikh Zayed, qui a gagné en popularité grâce à ses travaux à Al-Aïn et qui se montre bien plus ouvert au progrès. Il devient ainsi émir d’Abu Dhabi le 6 août 1966.

Cheikh Zayed et l’unification des Emirats

Une fois à la tête de l’Emirat, Cheikh Zayed prêche pour l’unification de l’ensemble des émirats voisins. Pour lui, l’unité arabe est un moyen essentiel pour accéder au progrès. L’annonce en 1968 du retrait des forces britanniques (effectué en 1971) à l’est du canal de Suez lui fournit l’occasion idéale d’œuvrer en faveur de l’unité. Depuis 1891 en effet, les différents Emirats s’étaient liés à la Grande-Bretagne : en échange de la protection britannique, ils s’engagent à lui confier leur politique étrangère. La fin du protectorat semble être le moment opportun de se constituer en Etat fort. Il rencontre dans un premier temps, le 18 février 1968, l’émir de Dubaï, Cheikh Rached ben Saïd Al-Maktoum, pour rassembler leurs deux émirats tout en appelant les gouverneurs des cinq autres émirats qui constitueront les Emirats Arabes Unis, ainsi que les cheikh du Qatar et de Bahreïn à en faire de même.

Cheikh Zayed met alors tout en œuvre pour favoriser les négociations entre les différents émirs à un moment où personne n’y croit réellement. La fédération des Emirats Arabes Unis voit finalement le jour le 2 décembre 1971, regroupant Abu Dhabi, Dubaï, Sharjah, Ajman, Umm al-Qaïwain et Fujairah. Un an plus tard, la principauté de Ras al-Khaïmah se joint à la fédération. Cheikh Zayed est alors élu président du jeune Etat, position qu’il occupe jusqu’à la fin de sa vie, étant réélu tous les cinq ans.

L’œuvre du président des Emirats arabes unis (EAU)

Cheikh Zayed cherche tout au long de sa présidence à mettre les richesses du pays au service du peuple. Il investit immédiatement dans les services hospitaliers et dans l’éducation et met en place un vaste programme de développement urbain prévoyant la construction de routes et de logements. Il sort ainsi la région de la pauvreté pour la doter d’infrastructures modernes.

Sur le plan international, il se veut panarabe et soutient fermement la cause palestinienne. Il finance et appuie de multiples programmes de reconstruction et de développement dans l’ensemble du monde arabe ainsi que dans de nombreux pays africains et asiatiques. Il joue également un rôle non négligeable dans le rapprochement entre les autres Etats du Golfe en créant le Conseil de Coopération du Golfe (CCG) en 1981 qui regroupe le Koweït, le Qatar, l’Arabie Saoudite, Oman, Bahreïn et les EAU.

Cependant, tout en transformant les Emirats Arabes Unis tout au long de sa présidence, Cheikh Zayed poursuit la mise en valeur du passé et des traditions ancestrales du pays. Dans le respect de la tradition bédouine, l’environnement reste une de ses préoccupations majeures. Des réserves naturelles sont formées, de nombreux arbres sont plantés afin de conserver malgré tout un environnement naturel de qualité. L’Islam occupe par ailleurs une place particulière dans sa philosophie : il prône notamment un Islam tolérant et condamne toutes manifestations des extrémistes religieux. Il engage son pays dans la lutte contre le terrorisme à la suite des attentats du 11 septembre 2001.

Cheikh Zayed a su concilier traditions et modernisation pour construire un Etat solide apprécié et respecté sur la scène internationale, grâce à ses capacités modératrices. A partir de l’an 2000, sa santé se dégrade. A sa mort, le 3 novembre 2004, son fils ainé Cheikh Khalifa bin Zayed al-Nahyan lui succède à la tête de l’Etat. Une période de deuil de 40 jours est alors organisée en l’honneur du fondateur du pays.

Bibliographie :
Revue annuelle des Emirats Arabes Unis, 2003, Trident Press
Doroltry Stannard (dir), Le Grand guide d’Oman et des Emirats, Paris, Editions Gallimard, 1999
Hamdi Tamman, Zayed ben Sultan Al-Nahyan, Le Chef et La Grande Marche, Abu Dhabi

Publié le 25/11/2010


Lisa Romeo est titulaire d’un Master 2 de l’université Paris IV-Sorbonne. Elle travaille sur la politique arabe française en 1956 vue par les pays arabes. Elle a vécu aux Emirats Arabes Unis.


 


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